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Vocabulaire de la botanique (6): inflorescences et capitules
Date 13/11/2017
Ico Initiation à la botanique joyeuse!
Inflorescences et capitules, Sauvages du Poitou
Dans l'ordre: grappe de la Cardamine des prés, épi de la Verveine officinale, ombelle du Lierre grimpant et capitule du Cirse commun.

Après les articles consacrés aux fleurs régulières et aux fleurs irrégulières, continuons notre promenade autour des mots qui nous permettent de décrire, et donc d'observer avec acuité, les fleurs de nos Sauvages. Notre vocabulaire est suffisamment fourni pour décrire les organes sexuels des plantes un par un, jusque dans le détail. Reste à prendre un peu de recul pour regarder l'ensemble: l'inflorescence. La fleur est-elle seule et isolée, tel un Robinson perché en haut de son cocotier? Ou les fleurs sont-elles au contraire nombreuses sur la tige, réunies en bande?
Rassemblez vos hommes. On se met en formation...
(Il faut sauver le soldat Ryan, Steven Spielberg)

Les inflorescences simples, Sauvages du Poitou

Grappe: ensemble de fleurs pédicellées sur un axe, le pédicelle étant la petite ramification qui porte la fleur, l'ultime pédoncule en quelque sorte.

Épi: ensemble de fleurs sessiles (dépourvues de pédicelle) sur un axe.

Corymbe: les fleurs, aux pédicelles de plus en plus courts au fur et à mesure qu'on se rapproche du sommet, s'épanouissent toutes sur un même plan.

Les inflorescences simples, Sauvages du Poitou

Ombelle: les fleurs sont portées par des pédicelles rayonnants, égaux ou presque.

Cyme bipare: deux axes secondaires s'insèrent sous l'axe principal (ex: Mouron des oiseaux).

Cyme unipare: sous l'axe principal s'insère une seule ramification secondaire, qui porte elle-même une ramification, etc. Lorsque l'ensemble dessine une «queue de scorpion», on parle de Cyme scorpioïde (ex: Myosotis des champs).

Comme pour les fleurs, la diversité des inflorescences peut être une réponse façonnée par l’évolution à la diversité des insectes qui les fréquentent (et vice versa, les insectes évoluant aussi pour répondre à l’anatomie de leurs fleurs préférées). Ainsi, grappes et épis sont bien adaptés au vol stationnaire de certains insectes, alors que les grandes ombelles forment des pistes d’atterrissage praticables pour les gros coléoptères.


Cette liste n'est bien sûr pas exhaustive, et plusieurs combinaisons sont possibles. Vous connaissiez déjà les feuilles simples et les feuilles composées... Voilà maintenant les inflorescences simples et les inflorescences composées!


Les leçons de botanique de Sauvages du Poitou!


Exemple d'inflorescence composée: les grappes de grappes des fleurs du Troène commun (Ligustrum vulgare) qui forment ce qu'on appelle une «panicule». Ce n’est pas les butineurs qui se plaindront d'une telle surenchère, les fleurs du Troène commun étant aussi mellifères que parfumées.


Ligustrum vulgare, Troène commun, Poitiers Chilvert

Panicule dense du Troène commun, Poitiers quartier Chilvert


Il est une famille de Sauvages, les Apiaceae ou «Ombellifères», qui s'est fait une spécialité dans la confection d'ombelles sophistiquées. Certains membres du clan vont jusqu'à afficher des ombelles d'ombelles (on parle plutôt d'ombelles d'ombellules), à l'image de l’omniprésent Cerfeuil des bois (Anthriscus sylvestris) au printemps.


Anthriscus sylvestris, Cerfeuil des bois, Poitiers bords de Boivre

Ombelle d'ombellules du Cerfeuil des bois, Poitiers bords de Boivre


Je capitule! Vous m'avez conquis sans résistance!

(La Tulipe noire, Christian-Jacque)

Pourtant, même la plus inspirée des Ombellifères ne peut rivaliser avec l'ingéniosité des Asteracées (les «Composées») qui semblent atteindre des sommets d'astuce en matière d'inflorescence. Il faut dire que les Astéracées sont une des familles les plus récentes dans la grande histoire de l'évolution végétale, et qu'elles bénéficient à ce titre des trouvailles les plus modernes en matière de reproduction.


Le coup du capitule, Sauvages du Poitou!


Les Astéracées ont miniaturisé leurs fleurs, de manière à pouvoir en entasser le plus grand nombre sur un seul réceptacle... Jusque-là, rien d'extraordinaire. Mais elles ont aussi conçu un emballage marketing très particulier à destination des butineurs: les minuscules fleurs (les «fleurons») sont regroupées en une inflorescence qui prend l'apparence d'une grosse fleur unique, nommée capitule. Ainsi, certaines fleurs se chargent d'imiter les pétales à la périphérie (les fleurons ligulés), pendant que les autres dessinent un cœur au centre (les fleurons tubuleux). Le butineur, pensant plonger dans une fleur aux rondeurs généreuses, pollinise d'un coup d'un seul une myriade de fleurs...


Le Capitule par Sauvages du Poitou!

Si l'on appelle sépales les feuilles spécialisées qui entourent et protègent une fleur, on appelle bractées les feuilles spécialisées qui entourent et protègent une inflorescence (ou un capitule). La collerette formée par l''ensemble des bractées se nomme involucre.


Difficile de rendre hommage à la richesse des fleurs à capitule en quelques coups de crayons. Les variations sur ce thème sont nombreuses : les fleurons peuvent être stériles, mâles, femelles ou les deux en même temps. Le dessin ci-dessus pourrait illustrer, par exemple, le capitule du Séneçon jacobée (Jacobaea vulgaris), qui présente des fleurons tubuleux hermaphrodites (mâles et femelles) au centre de ses fleurs, et des fleurons ligulés strictement femelles à leur périphérie.

Jacobaea vulgaris, Séneçon jacobée, Poitiers bords de Boivre

Capitules du Séneçon jacobée, Poitiers bords de Boivre


En terme de pollinisation (et donc de reproduction) les Astéracées ont en quelque sorte initié l'ère industrielle du règne végétal! Marketing, efficacité, industrie... On ne fait pas dans la poésie champêtre, mais remarquez comme les fleurs à capitules vivent en parfaite adéquation avec leur temps (et donc le notre). Sur les 10 sauvages les plus obersvées dans les villes françaises (source Sauvages de ma rue), la moitié sont des Asteracées: Pissenlit, Laiteron potager, Laitue scariole, Séneçon commun et Vergerette du Canada. Alors si vous découvrez avec cet article les subtilités du capitule, sachez que vous avez forcément observés ceux ci à maintes reprises, et ce depuis votre tendre enfance...


Leucanthemum vulgare, Marguerite commune, Biard (86)

Capitule de la Marguerite commune, Biard (86)


Ainsi, la Marguerite commune (Leucanthemum vulgare) présente des fleurons tubuleux jaunes en son centre, et des fleurons ligulés blancs à sa périphérie. Cette Mélitée orangée (Melitaea didyma), coincée comme un marque-page entre «je t’aime à la folie » et « pas du tout», l’a sans doute compris: nul amoureux (et surtout nul botaniste) n’a jamais effeuillé les pétales de la Marguerite. Ce sont les fleurons ligulés qu'on effeuille!

Achillea millefolium, Achillée millefeuille, Beauvoir (86)
Achillée millefeuille, Beauvoir (86)


Enfin, regardons de près les fleurs de l'Achillée millefeuille (Achillea millefolium): si cette sauvage a l'allure d'une Ombellifère, elle n'en a que l'allure. Chacune des petites fleurs de ses corymbes est en réalité un capitule constitué de fleurons tubuleux et ligulés blancs (parfois rosés). On peut dire de ce membre de la famille Asteracée que ses inflorescences (composées) sont des corymbes de capitules... Pas moins!

T’es comme Superman, mais sans les collants.

(90210 Beverly Hills, Rob Thomas)

Pourtant, même la légendaire Achillée s'incline devant l’Edelweiss (Leontopodium nivale), une montagnarde qu'on rencontrera peut être si l'on parvient à passer la barre des 1200 mètres d’altitude (même avec une échelle de pompier, c'est impensable dans le Poitou). L'Edelweiss rassemble des capitules jaunes (composés de fleurons tubuleux) par paquet de cinq ou six, et les entoure d'une couronne de feuilles blanches pointues et duveteuses (des bractées) qui revêtent l'allure de pétales. En somme, l’Edelweiss, une super Sauvage, a inventé le capitule de capitules, le super capitule!


Leontopodium nivale, Edelweiss, Sauvages du Poitou!


D'autres leçons de botanique consacrées aux fleurs sur Sauvages du Poitou:

- Le vocabulaire de la botanique (4): les fleurs régulières

- Le vocabulaire de la botanique (5): les fleurs irrégulières

- Le vocabulaire de la botanique (7): Poacées, herbes, céréales, pelouses et gazons


Articles consacrés à la pollinisation par les insectes sur Sauvages du Poitou:

- Insectes pollinisateurs (1): la Sauvage et le coléoptère

- Insectes pollinisateurs (2): la Sauvage et le diptère

- Insectes pollinisateurs (3): la Sauvage et le papillon


Pour aller plus loin:

- L'inflorescence sur Wikipedia.

 

Vocabulaire de la botanique (5): fleurs irrégulières
Date 20/10/2017
Ico Initiation à la botanique joyeuse!

Bouquet de fleurs sauvages zygomorphes du Poitou!

Bouquet de fleurs sauvages zygomorphes du Poitou!

(Dans l'ordre: Lamier jaune, Vesce cultivée, Aristoloche clématite, Orchis bouc, Orobanche, Orchis vert, Violette odorante, Lamier pourpre et Euphraise raide)


Après l'article consacré aux fleurs régulières (les fleurs en tout point symétriques par rapport à leur centre, de forme «classique» et circulaire en somme), il est temps de se pencher vers des spécimens d'apparence plus excentrique: les fleurs irrégulières (ou «zygomorphes») qui apportent avec leurs silhouettes alambiquées un cortège de nouveaux mots. On peut dégager quelques clans de Sauvages emblématiques (mais pas exclusifs) au sein de ce courant botanico-artistique.

On dirait un Picasso période déstructurée!

(Sacré Robin des Bois, Mel Brooks)

Les fleurs irrégulières, Sauvages du Poitou!




La famille Fabaceae (où se côtoient des célébrités telles que les Fèves, Pois, Haricots, Trèfles, Luzernes, Vesces, Gesses...) est une des plus riches en matière de fleurs irrégulières. Et plus particulièrement ses membres qualifiés de «Papilionacés»: c'est dans les filets des amateurs de papillons, mais surtout au fond des cales des voiliers de plaisance (Hisse et ho!) qu'on va attraper les mots nous permettant de décrire leur cinq pétales.


La fleur papilionacée, Sauvages du Poitou

Étendard : le pétale supérieur, généralement le plus large.

Ailes : les deux pétales latéraux.

Carène : ensemble des deux pétales inférieurs.

Cytisus scoparius, Genêt à balais, Biard (86)


Les fleurs jaunes vif d'un Genêt à balais (Cytisus scoparius) s’avèrent très pédagogique: on observe sans peine l’étendard au-dessus, de même que les deux ailes disposées de chaque côté de la carène (la carène est en fait composée de deux pétales soudés entre eux).


Leptidea sinapis sur Lotus corniculatus, Biard (86)


L’Argus bleu (Polyommatus icarus) face au Lotier corniculé (Lotus corniculatus): un papillon et une Papillonacée, deux amis forcément inséparables! Le large étendard du Lotier corniculé, bombé vers l’avant comme s’il avait le vent dans le dos, surplombe les deux ailes. Les ailes recouvrent et cachent une carène fortement coudée, comme une petite corne. C’est peut-être de là que la sauvage tire son nom, corniculatus étant la corne en latin.



T’es mal placé dans la chaîne alimentaire pour faire ta grande gueule!

(L’âge de glace, Chris Wedge et Carlos Saldanha)

Du côté des Lamiaceae (anciennement «Labiées»), représentées par les Menthes, Mélisses, Thyms, Romarins, ou Origans, on puise l'inspiration dans la mythologie grecque: la jeune et séduisante Lamia était l'amante de Zeus. Un jour, la femme du Dieu, Héra la jalouse, tua leur enfant illégitime. Lamia, inconsolable, décida qu'aucune mère n'avait le droit d'être heureuse, et se transforma en un monstre qui mangeait les enfants des autres! Ainsi, les fleurs des Lamiaceae qui évoquent une gueule ouverte doivent leur nom à la terrible ogresse... Leurs pétales deviennent tout naturellement des «lèvres».


Lamiaceae...? Sauvages du Poitou!


Les lèvres se présentent toujours deux par deux: une supérieure et une inférieure (quoi de plus normal pour une bouche). Quant à l'entrée du tube formé par la corolle, elle est désignée comme étant... «La gorge»!


Rosmarinus officinalis, Romarin officinal, Poitiers Chilvert


Fleurs du Romarin officinal (Rosmarinus officinalis): la lèvre supérieure de la corolle forme une sorte de «casque» fendu (on appelle «casque» un sépale ou un pétale supérieur recourbé vers l'avant). La lèvre inférieure possède trois lobes, le central plus large et concave: c'est la «piste d'atterrissage» pour les butineurs.


Melittis melissophyllum, Mélitte à feuilles de mélisse, Poitiers bords de Boivre


Fleurs de la Mélitte à feuilles de mélisse (Melittis melissophyllum): Les grandes corolles blanche ou roses de la Mélitte à feuilles de mélisse — une forestière qui fleurit entre mai et juillet — sont composées d’un tube très saillant, à gorge très élargie. La lèvre supérieure, un peu concave, est entière. La lèvre inférieure se découpe en trois lobes étalés : deux lobes latéraux et un grand lobe médian plus foncé, comme une grosse langue pendante. Bien souvent, c’est la première chose qui nous frappe lorsqu’on rencontre une Lamiacée en fleur : elle nous tire la langue !


Les fleurs zygomorphes des Lamiacées cachent parfois des mécanismes complexes, destinés à favoriser leur reproduction. Ainsi, les butineurs qui s'engouffrent dans les corolles de la Sauge des prés (Salvia pratensis) s'opposent à des «barreaux» qui barrent l'accès au nectar. En forçant le passage, le butineur enclenche une mécanique de contrepoids qui fait pivoter des étamines vers le bas, jusqu'à ce que leur anthère touche le dos de l'insecte pour y déposer le pollen.

Salvia pratensis, Sauvages du Poitou!

Les épaules ainsi saupoudrées, le butineur s'envole vers d'autres fleurs où son dos caressera la «langue de serpent» qui surplombe la fleur, en fait le style recourbé d'un pistil à maturité... Ingénieuse nature!


Salvia pratensis, Sauge des prés, Chezeau (86)

Sauge des prés et butineur, Chezeau (86)



Je suis un artiste et mon œuvre c’est moi.

(Hell, Bruno Chiche)

Les Orchidées (Orchidaceae) constituent une grande famille éclectique et c'est probablement en son sein qu'on trouve les artistes les plus perchés! Si le vocabulaire qui permet d'observer leurs chefs d’œuvres devient un poil plus hermétique, le piège réside surtout dans la ressemblance entre pétales et sépales (certains auteurs préfèrent même parler de six tépales), tous richement colorés. Disons qu'une fleur d'Orchidée présente généralement une structure à trois sépales (une première couronne extérieure) et trois pétales (une seconde couronne intérieure), disposés autour d'une pièce centrale nommée «colonne» qui regroupe les organes sexuels de la plante. Plongeons du côté obscur de la botanique:


Fleur de l'orchidée, Sauvages du Poitou!


Le sépale dorsal et les deux pétales latéraux convergent souvent pour former un «casque» protecteur au-dessus de la colonne. L'élément le plus spectaculaire est le pétale inférieur qui sert d'appât et de piste atterrissage pour les butineurs: on nomme celui-ci «labelle». Ce dernier est parfois prolongé d'un éperon vers l'arrière.


Anacamptis morio, Orchis bouffon, Biard Petit Mazay (86)


Fleurs l'Orchis bouffon (Anacamptis morio): les trois sépales et les deux pétales latéraux, nettement striés, forment un «casque» qui protège la colonne. Le labelle, plus large que long, est maculé en son centre, divisé en trois lobes (les lobes latéraux sont crénelés) et prolongé à l’arrière par un éperon. C'est généralement une offrande de nectar qui permet aux sauvages d'attirer les butineurs dans leurs fleurs; l’éperon peut en constituer la réserve. Mais chez la plupart des Orchidées, l’éperon n’est qu’un leurre dénué de récompense. Ainsi, notre Orchis bouffon n’a rien d’autre à offrir à ses visiteurs que de belles promesses dans un emballage trompeur.


Les Orchidées usent de nombreux subterfuges de ce genre pour attirer les pollinisateurs. Chez les Ophrys par exemple, le labelle s'est transformé au fil de l'évolution en une imitation de la seule chose qui compte plus qu'un festin aux yeux d'un insecte: un partenaire pour la reproduction. 


Ophrys apifera, Ophrys abeille, Biard (86)


Ainsi chez l’Ophrys abeille (Ophrys apifera), les trois sépales très étalés sont généralement roses. Les deux pétales latéraux sont très courts, disposés au-dessus du labelle. Ce dernier est trilobé, brun-rouge, dépourvu d’éperon, flanqué d’un motif coloré (nommé la «macule») digne d’un tatouage de chef indien. De loin, le labelle évoque le corps d’une abeille. C’est en tout cas ce que pensent les mâles de plusieurs espèces d’abeilles solitaires qui reconnaissent l'abdomen de leur femelle (les phéromones sexuelles dégagées par la fleur parachèvent l'illusion) sur lequel ils se précipitent et se frottent, assurant la pollinisation. Autre appât: deux petits nectaires luisants sont situés de part et d’autre de la base du labelle. On les surnomme les pseudo-yeux.

Les Orchidées étonnent, fascinent, et le vocabulaire sophistiqué qui leur est associé ne saurait être présenté ici de manière exhaustive.




Je vous invite à nous retrouver dans un prochain article, où il sera question des inflorescences particulières en grappes, en ombelles, en corymbes ou encore en capitules (pour ne citer que les plus célèbres), et du vocabulaire spécifique aux Poaceae (ou Graminées), des Sauvages aux fleurs très discrètes. To be continued...


D'autres leçons de botanique consacrées aux fleurs sur Sauvages du Poitou:

- Le vocabulaire de la botanique (4): les fleurs régulières
- Le vocabulaire de la botanique (6): inflorescences et capitules
- Le vocabulaire de la botanique (7): Poacées, herbes, céréales, pelouses et gazons

Articles consacrés à la pollinisation par les insectes sur Sauvages du Poitou:
- Insectes pollinisateurs (1): la Sauvage et le coléoptère
- Insectes pollinisateurs (2): la Sauvage et le diptère
- Insectes pollinisateurs (3): la Sauvage et le papillon

Pour aller plus loin:

- Société Française d'Orchidophilie de Poitou-Charentes et Vendée

 

Vocabulaire de la botanique (4): fleurs régulières
Date 07/09/2017
Ico Initiation à la botanique joyeuse!

Nymphaea alba, Nénuphar blanc, Réserve naturelle nationale du Pinail (86)

Fleur régulière (en tout point symétrique par rapport à son centre) du Nénuphar blanc (Nymphaea alba).


Après la trilogie consacrée à l'étude du vocabulaire relatif aux feuilles en botanique, je vous propose de ressortir nos dictionnaires pour nous intéresser à la partie la plus spectaculaire de nos Sauvages: la fleur.


Tout ce qui est vert ne présente forcément de véritables fleurs. Une fleur «vraie» est une fleur qui regroupe à la fois les organes de reproduction, mais aussi tous les accessoires — que nous allons énumérer dans cet article — qui les accompagnent (l'invention la plus importante étant celle du carpelle/fruit).


Bienvenue à Botanic Park avec Sauvages du Poitou!


Bien avant l’apparition des plantes à fleurs vraies, les gymnospermes (aujourd’hui représentés par les pins, les sapins, les épicéas, les cèdres, les mélèzes…) initièrent une sexualité aérienne via des «ébauches» de fleurs, s’en remettant au vent plutôt qu’à l’eau pour accompagner leur reproduction. A travers cette révolution sexuelle, les plantes prenaient un peu plus leur distance vis-à-vis du milieu marin originel. Mais les fleurs des gymnospermes restaient assez rudimentaires, se résumant à des appareils sexuels nus strictement mâles ou femelles, dépourvus d’accessoires sophistiqués, portés par de simples écailles (formant les fameux cônes de nos conifères).


Cedrus libani, Cèdre du Liban, Poitiers quartier Chilvert Cedrus libani, Cèdre du Liban, Poitiers quartier Chilvert

Les «fausses » fleurs d’un escroc de taille : le Cèdre du Liban (Cedrus libani). A gauche, les cônes mâles chargés de pollen. A droite, sur une autre branche, les cônes femelles qui murissent puis se désagrègent pour libérer leurs graines en trois années.

Ça, c'est de l'évolution !

(L'Âge de glace, Chris Wedge)

Les plantes à fleurs vraies, nommées les angiospermes, n'apparaissent que récemment dans la grande histoire de la vie, les premières remontant peut-être au Crétacé, il y a environ 140 millions d'années.


Si les cônes des gymnospermes choisissent forcément leur camp — fille ou garçon — les fleurs vraies des angiospermes présentent en grosse majorité des organes à la fois mâles et femelles (lorsque c'est le cas, la fleur est dite «hermaphrodite»). Aussi, pour commencer notre exploration, emportons un couple de mots dans notre besace : Madame pistil et Monsieur étamine.


Le pistil est l'appareil reproducteur femelle de la fleur, les étamines en sont les organes mâles. La langue française n'étant pas à un traquenard près, notez que le pistil (femelle) est un nom masculin, alors que l'étamine (mâle) est un nom féminin. A ce point, deux voies s'offrent à vous: soit le simple souvenir de ce piège vous aide à retenir qui est qui, soit vous vous perdez définitivement! Reste à espérer que cette astuce orientera votre esprit dans la bonne direction...


Pistil et étamines, Sauvages du Poitou


Chaque fleur présente ses particularités, mais nous pouvons déjà imaginer une fleur «théorique», simple, comme la dessinerait un enfant:


La fleur théorique, Sauvages du Poitou

Pédoncule: petite tige ou «queue» qui porte la fleur ou l’inflorescence.

Réceptacle: sommet élargi du pédoncule sur lequel sont insérées les pièces florales.

Sépales: feuilles spécialisées qui supportent et protègent la fleur.

Pétales: pièces chargées de protéger la fleur et surtout de la rendre attrayante pour les butineurs.

Quel que soit le degré de sophistication d'une fleur vraie, celle-ci n’est jamais qu’un court rameau munis de feuilles modifiées pour la sexualité (voir notre article consacré aux bourgeons). Ainsi, les sépales sont des petites feuilles spécialisées (le plus souvent vertes) qui supportent et assurent un rôle de protection vis à vis du reste de la fleur, avant et parfois même après l'ouverture de celle ci.

Le rôle des sépales, Sauvages du Poitou

Les pétales sont aussi des feuilles spécialisées, aux formes variées et colorées. Leur rôle principal est d'attirer les insectes. Chaque pétale est un panneau publicitaire à destination des butineurs! C’est là une des caractéristiques fortes des angiospermes, les plantes à fleurs vraies s’en remettant souvent aux animaux, principalement les insectes, pour assurer leur reproduction (voir notre série d'articles consacrée aux insectes pollinisateurs). La couleur et les motifs des pétales ne sont pas les fruits du hasard, mais plutôt ceux de l’évolution, chaque fleur choisissant sa tenue en fonction des goûts (et du champ de vison) de ses pollinisateurs préférés : tendance jaune ou bleue pour les abeilles, rose ou bleu lavande pour les papillons diurnes, blanche pour les papillons de nuit…

Le rôle des pétales, Sauvages du Poitou!

L’ensemble des sépales forme le calice, l’ensemble des pétales la corolle. Calice et corolle réunis sont le périanthe, c’est-à-dire tout ce qui dans la fleur enveloppe et protège les organes sexuels.

Si l'on se penche d'un peu plus près sur ce puzzle, on observe d'autres pièces: les étamines (également appelées androcée, littéralement andros oikos «la maison de l'homme» en grec) sont composées d'une sorte de tige, appelée filet, au bout de laquelle se dresse l'anthère, un réservoir à pollen (le pollen est une sorte de véhicule dans lequel voyagent les spermatozoïdes, grâce au vent ou aux insectes).


Au centre de la fleur se trouvent un ou plusieurs carpelles. C'est l'ensemble des carpelles (libres ou soudés entre eux) qu'on appelle pistil (ou gynécée, littéralement gunè oikos, «la maison de la femme»). Un carpelle/pistil se compose d'un ovaire (qui deviendra le fruit) contenant les ovules (qui deviendront les graines), surmonté d'un tube, le style. Ce dernier se termine en une extrémité visqueuse, le stigmate, chargé de capturer les grains de pollen qui lui passent sous le nez.


Résumons en image:


Psitil, carpelle et étamine, Sauvages du Poitou

L'ovaire peut être disposé au dessus des sépales et des pétales, auquel cas on dit qu'il est supère (et non pas super!). S'il est disposé en dessous, il est infère.

Ovaire supère, Sauvages du Poitou Ovaire infère, Sauvages du Poitou
Elles sont belles mes tomates (fruit issu d'un ovaire supère), elles sont belles mes courgettes (fruit issu d'un ovaire infère)!

Reste à digérer cette aventure en miniature avant d'aborder, dans un prochain article, quelques cas particuliers d'orfèvrerie végétale: les fleurs irrégulières (à la symétrie non radiale), les capitules et autres organisations spécifiques des inflorescences... En attendant, prenez votre temps et suivez les abeilles, elles connaissent le chemin!

Ruta graveolens, Rue fétide, Poitiers chemin de la Cagouillère
La Rue fétide (Ruta graveolens) dresse au centre de ses inflorescences des fleurs à quatre ou cinq pétales oblongs. Lentement, les étamines se redressent les unes après les autres pour féconder le pistil trapu au centre de la fleur. En atteignant le centre, chaque étamine heurte l'étamine qui la précède, lui commandant de revenir à sa place. C'est un peu comme si les étamines battaient un tambour!

Helleborus foetidus, Hellébore fétide, Poitiers Bellejouanne
Les grosses « clochettes » de l’Hellébore fétide (Helleborus foetidus) sont constituées de cinq sépales protecteurs. A l’intérieur, les organes sexuels sont à l'abri de la neige et des rigueurs hivernales. Ces sépales ressemblent fort à des pétales ; on les qualifie pour cette raison de pétaloïdes. Les véritables pétales se cachent sous les sépales. Ils ressemblent à des « cornets » et sont tous remplis d'un précieux nectar ainsi que d’une levure qui en fermentant assure une température supérieure de six degrés dans la clochette par rapport à l’extérieur!

Ornithogalum umbellatum, Ornithogale en ombelle, Béceleuf (79)
Les six pétales libres (c’est-à-dire non soudés entre eux) de l’Ornithogale en ombelle (Ornithogalum umbellatum) sont blancs dessus, verts « feuille » dessous. Difficile de dire s'il s'agit de pétales ou de sépales… Lorsque pétales et sépales sont indifférenciés, les botanistes ne tranchent pas, mais parlent plutôt de tépales. On peut aussi noter les filets aplatis des six étamines qui entourent le pistil.

Suite des leçons de botanique consacrées aux fleurs sur Sauvages du Poitou:

- Le vocabulaire de la botanique (5): les fleurs irrégulières

- Le vocabulaire de la botanique (6): inflorescences et capitules

- Le vocabulaire de la botanique (7): Poacées, herbes, céréales, pelouses et gazons


Articles consacrés à la pollinisation par les insectes sur Sauvages du Poitou:

- Insectes pollinisateurs (1): la Sauvage et le coléoptère

- Insectes pollinisateurs (2): la Sauvage et le diptère

- Insectes pollinisateurs (3): la Sauvage et le papillon

Pour aller plus loin:

- La fleur sur Wikipedia

- La fleur sur Tela-botanica

 


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