Oxalis corniculé, Poitiers quartier Chilvert
Oxalis corniculata (Oxalis corniculé) appartient au clan éponyme, celui des Oxalidaceae. Les Oxalis doivent eux-mêmes leur nom aux termes grecs Oxus et Als, respectivement «acide» et «sel». Toutes les parties des Oxalis sont acidulées du fait de l'acide oxalique qu'elles contiennent. On peut d'ailleurs les rajouter crues aux salades sauvages, où elles remplaceront quelque peu le vinaigre (ou le citron). Attention toutefois à ne pas en abuser: l'acide oxalique peut à forte dose troubler les systèmes digestif, gastrique (irritations), urinaire (calculs rénaux), ou aggraver les états rhumatismaux
Le miel n’est pas vraiment le miel sans le vinaigre.
(Vanilla sky, Cameron Crowe)
Fleur de l'Oxalis corniculé, Poitiers quartier Chilvert
La caractéristique la plus évidente des Oxalis est la forme de leurs feuilles, divisées en 3 folioles (comme le trèfle), en forme de cœur.
Feuille de l'Oxalis corniculé: alternes, trifoliées, folioles obcordées.
Les feuilles de l'Oxalis corniculé peuvent aborder une palette de couleurs variables, allant du vert clair au violet foncé. Il se distingue des autres Oxalis grâce à ses fleurs jaunes en ombelles, son port rampant, ses tiges aériennes qui bouturent allégrement et un détail qu'il nous faut dénicher à la loupe: on peut observer des stipules très marqués à la base des pétioles.
Oxalis corniculé: des stipules soudées au pétiole, très marquées, anguleuses.
A titre de comparaison, ces stipules ne sont pas visibles chez l'Oxalis droit (Oxalis fontana), une espèce proche au port érigé. Chez l'Oxalis dressé (Oxalis dillenii), une autre espèce moins répandue, les stipules moins marquées, régulièrement arquées (non anguleuses) et il n'y a jamais de boutures aériennes.
Le port dressé de l'Oxalis droit, le bien nommé.
Oxalis droit: contrairement à l'Oxalis corniculé, la base du pétiole n'est pas élargie en stipules.
L'Oxalis corniculé est une annuelle, voir une pérennante (vivace à la vie courte), dont les fruits explosifs (des capsules) dispersent les graines alentour. Au contact du sol, les tiges rampantes peuvent s'enraciner en plusieurs points d'ancrage autour du plant principal (le seul à avoir une racine pivotante vigoureuse), permettant à la Sauvage de couvrir rapidement les territoires dégagés qui s'offrent à elle.
Oxalis corniculé, Poitiers quartier Chilvert
C'est pourquoi la belle n'a pas forcément la côte auprès des jardiniers. Les conseils et les méthodes pour se débarrasser d'elle abondent sur la toile; de même que les retours déçus de ceux qui ne parviennent jamais vraiment à l'éradiquer. Il est pourtant intéressant de noter que l'Oxalis corniculé affectionne les sols où la terre est laissée nue (en attente d'un semis par exemple, ou dans les rangs intermédiaires d'un potager), lessivés par les intempéries en hiver ou brûlés par le soleil en été.
L'Oxalis corniculé est présente sur toute la planète. Le cœur dessiné par ses feuilles et la ténacité de la Sauvage, ont marqué les esprits des amoureux de la nature des cinq continents... De l'autre côté du globe, au Japon, elle («Katabami») a fait partie des Kamon les plus repris par les clans guerriers (les Kamon sont des blasons stylisés qui représentaient les grandes familles). L'image est belle: l'Oxalis, petit samouraï végétal, prêt à tous les sacrifices pour protéger son seigneur, le sol!
Oxalis corniculé et le Kamon japonais «Katabami»
Pour aller plus loin:
- Oxalis corniculata: identification assistée par ordinateur
- Oxalis corniculata sur Tela-botanica
- Oxalis fontana: identifications assistée par ordinateur
- Oxalis fontana sur Tela-botanica
Fruits (capsules allongées) de l'Oxalis corniculé.
Myosotis des champs, Poitiers bords de Boivre
Myosotis arvensis (Myosotis des champs ou Aimemou — pour Myosotis — en poitevin-saintongeais) appartient aux Boraginaceae (c'est le clan de la Bourrache). Myosotis vient des termes grecs myos et ous, et signifie littéralement «oreille de souris»; une référence à la forme et au duvet de ses feuilles lancéolées.
Myosotis des champs au printemps, Poitiers bords de Clain
Myosotis arvensis est parfois annuelle, souvent bisannuelle. Elle affectionne les sols sablonneux, pauvres en argile, en humus et en matière organique. Dans son milieu naturel originel, Myosotis Arvensis pousse sur les dunes, ou sur les rives ensablées des fleuves et des rivières. Trouver des colonies importantes de la plante en dehors de ce contexte peut être le signe inquiétant d'un sol lessivé, usé, maltraité, en perte grave de cohésion.
Myosotis rameux, Poitiers sous Blossac
On peut croiser plusieurs Myosotis de petite taille dans le même genre de milieu. Le Myosotis des champs (Myosotis arvensis) s'en distingue essentiellement par les longs pédicelles qui portent ses fleurs à maturité, nettement plus longs que ses calices. Chez le Myosotis rameux (Myosotis ramosissima), le plus velu, les pédicelles égalent au plus les calices. Les pédicelles du Myosotis raide (Myosotis stricta) ne sont quasiment pas visibles, comme si ses minuscules fleurs (2mm au plus) étaient directement fixées sur la tige. Enfin, le Myosotis bicolore (Myosotis discolor) est le seul a présenter des fleurs de différentes couleurs, allant du blanc au bleu, en passant par le jaune.
Les minuscules fleurs aux couleurs variées du Myosotis bicolore, Biard aérodrome (86)
Chez tous ces Myosotis, l'inflorescence (la partie haute de l'ensemble des fleurs sur la tige) est courte lorsque les fleurs sont encore en bouton, enroulée en spirale. Elle se déplie et se redresse au fil du temps, à l'image d'une queue de scorpion... D'où l'un des nombreux surnoms des Myosotis: «herbe aux scorpions».
Inflorescence caractéristique (cyme scorpioïde) du Myosotis des champs, alias «Herbe aux scorpions».
Mais le surnom le plus célèbre des Myosotis est sans doute «Ne m’oublie pas». Ils sont le symbole du souvenir et de la mémoire, et pas seulement en France; les allemands les appellent «Vergissmeinnicht», les anglais «forget-me-not»!
On raconte l'histoire suivante: un jour, un chevalier en armure voulut offrir une fleur sauvage à l'élue de son cœur. Il se pencha au bord d'une rivière pour cueillir un Myosotis, mais le poids de l'armure le fit basculer dans l'eau... Alors qu'il se noyait, le chevalier amoureux lança toutefois la fleur bleu azur à sa dame en lui criant: ne m'oublie pas! La belle, dans sa candeur, s'imagina que le vaillant en détresse lui criait le nom de la fleur!
Au bord de l'eau, un Myosotis de belle taille, le Myosotis des marais (Myosotis scorpioides), une vivace aux fleurs pâles de 5 à 10mm, les sépales recouverts de poils appliqués.
Myosotis des champs: la Sauvages qui murmurait à l'oreille des butineurs...
Un Myosotis taille XL (jusqu'à 50cm): le Myosotis des forêts (Myosotis sylvativa), une vivace aux fleurs bleu intense de 5 à 10mm, les sépales couverts de poils crochus, les feuilles du bas rétrécies à leur base en un pétiole ailé.
Pour aller plus loin:
- Norb de Sauvages du Poitou raconte le Myosotis au micro de France Bleu Poitou
- Myosotis arvensis sur Tela-botanica
- Myosotis arvensis: identification assistée par ordinateur
- Myosotis ramosissima sur Tela-botanica
- Myosotis ramosissima: identification assistée par ordinateur
- Myosotis stricta sur Tela-botanica
- Myosotis discolor sur Tela-botanica
- Myosotis discolor: identification assistée par ordinateur
- Myosotis sylvatica sur Tela-botanica
- Myosotis scorpioides sur Tela-botanica
- Myosotis scorpioides: identification assistée par ordinateur
- Comment le Myosotis communique avec les insectes sur le blog Des fleurs à notre porte