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Renouée du japon, la terreur
Date 02/10/2015
Ico Grand banditisme (invasives)

Reynoutria japonica, Renouée du Japon, Poitiers quartier Chilvert

Renouée du Japon, Poitiers quartier Chilvert


Reynoutria japonica (Renouée du japon) appartient à la famille Polygonaceae, aux côtés des Sarrasin, Rhubarbes et autres Rumex. La Sauvage se dresse sur une tige solide parcourue de plusieurs «nœuds», signe distinctif des Renouées, qu'elles soient minuscules (Polygonum aviculare, la petite Renouée des oiseaux) ou géantes, comme la Renoué du Japon.


Pour le grand public, la désignation Renouée du Japon recouvre généralement trois plantes proches, assez difficiles à différencier: Renoutrya japonica (la Renouée du Japon à proprement parler, aux feuilles brusquement tronquées à la base et glabres à la face inférieure), Reynoutria sachalinensis (la Renouée de Sakhaline, plus rare, dont les feuilles, plus grandes, sont cordées à la base et possèdent quelques poils épars sur les nervures à la face inférieure) et Reynoutria x-bohemica (la Renouée de Bohême, une hybride des deux précédentes, très vigoureuse et compétitive). Les trois fausses jumelles ont des comportements semblables.


Reynoutria japonica, Renouée du Japon, Poitiers quartier gare
Feuilles tronquées de la Renouée du Japon (généralement à peine plus longues que larges).


Les grandes renouées sont d'excellentes comestibles. C'est d'ailleurs à ce titre qu'elles furent introduites en Europe, dès le moyen âge, depuis l'Asie (Chine, Corée, Japon et Sibérie). Capables de produire une biomasse importante en un temps record, elles ont tout le potentiel de bonnes fourragères (en pratique malheureusement, le bétail n'en raffole pas). L'homme préfère consommer les jeunes pousses ou l'extrémité des grandes tiges, cuites dans l'eau comme des asperges.


Reynoutria sp, Poitiers Chilvert

Jeune pousse d'une renouée géante, Poitiers quartier Chilvert


Les grandes renouées profitèrent d'une seconde vague d'importation vers l'Europe au 18ème siècle, sans doute pour leurs qualités ornementales: elles poussent haut et vite, avant d’agrémenter, à la fin de l'été, leurs massifs de fleurs blanches très mellifères (précieuses pour les insectes à l'approche de l'automne). L’espèce Reynoutria japonica ne dispose a priori pas de pieds mâles fertiles en France (des hybridations avec les autres renouées géantes, pour peu qu'elles se croisent sur un même territoire, restent possibles, pouvant aboutir à des spécimens fertiles).


Reynoutria japonica, Renouée du Japon, Poitiers bord de Clain

Fleurs de la Renouée du Japon en automne: un festin pour les diptères!


A ce point de l'article, on est en droit de se demander comment la Renouée du Japon a réussit à devenir l'archétype même de la plante invasive, et pourquoi la simple évocation de son nom cause des sueurs froides à ceux qui la côtoient de près... Car il se trouve que la Sauvage est aujourd'hui épinglée comme une véritable peste végétale, une terreur surveillée de très près par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature!


Reynoutria japonica, Sauvages du Poitou


Comme on l'a vu, en Europe, Reynoutria japonica n'a guère pu compter sur la reproduction sexuée (via des fleurs) pour se propager. Sa survie et son développement repose donc sur son mode de reproduction végétatif... Et ce dernier s'avère d'une efficacité redoutable!

Reynoutria japonica est vivace, avec des rhizomes démesurés capables de s'enfoncer à 2m de profondeur et de s'étendre jusqu'à 7m autour d'un seul pied. Ses racines libèrent une toxine dans le sol, pénalisant toute vie végétale alentour, histoire de saper la concurrence. Si l'on tente de s'en débarrasser, il faut savoir que le moindre centimètre de rhizome oublié en terre donnera naissance à un nouveau plant... De plus, en milieu humide (bords de rivières), une tige emportée par le courant et laissée à même le sol suffit pour démarrer une bouture.


Le moins que l'on puisse dire, c'est que les colonies géantes de Reynoutria japonica imposent le respect. Fauchées aux pieds, elles sont capables de repartir de plus belles et ce en un temps record (les jeunes pousses peuvent atteindre 3m de hauteur en une seule saison), occupant un espace ahurissant et laissant tous les autres végétaux sur le carreau. Autant de paysages où la biodiversité est mise à mal.


Reynoutria japonica, Renouée du Japon, Poitiers bord de Clain

Feu d'artifice automnal de la Renouée du Japon


Les plus perspicaces se demanderont peut être: comment se fait-il qu'une plante présente sur le territoire depuis le Moyen-âge devienne brusquement, au 20ème siècle, une hors-la-loi incontrôlable? Qui a fâché Reynoutria japonica?


Répondre à cette question reste une affaire de spécialistes, mais on peut entendre aujourd'hui quelques pistes de réflexions intéressantes:


Revenons aux origines asiatiques de Reynoutria japonica: au Japon, la Sauvage habitait le plus souvent les flancs des volcans; autant dire des sols naturellement hostiles et perturbés. Reynoutria japonica est donc dès son berceau une plante coriace, élevée à la dure, qui se sent comme un pied dans une pantoufle sur les sols métallifères. Les pollutions industrielles qu’elle tolère ont favorisé l'expansion de la sauvage en milieu urbain (et au-delà depuis) en pénalisant ses concurrentes. Mais surtout, les travaux de terrassement autour des villes ont boosté sa propagation : rien de tel que quelques coups de pelleteuses dans ses rhizomes pour la disperser. Aujourd'hui, Reynoutria japonica est devenue, à force de voyages et surtout à force de côtoyer l'homme, une invasive avec laquelle il convient de faire preuve d'humilité et de la plus grande vigilance.


Reynoutria japonica, Renouée du Japon, Poitiers quartier Chilvert
Tige densément tachée de rouge (parfois complètement rouge) de la Renouée du Japon.

Addenda (février 2016): les scientifiques anglais terminent cette année un programme de recherche démarré en 2004, qui vise à tester l'introduction de prédateurs naturels de la Renouée du Japon en Europe (sur son aire d'origine, l'expansion de la Sauvage est naturellement contrôlée par la faune autochtone). Un psylle (sorte de petite cigale), Aphalara itadori, présente des résultats très prometteurs; tout laisse à penser que son introduction sera validée puis généralisée sous peu. (source: La Garance voyageuse, N°112)


Pour aller plus loin:

- Identification assistée par ordinateur

- Reynoutria japonica sur Tela-botanica

- Une recette de cuisine originale pour (essayer de) se réconcilier avec la Sauvage!

 

Oxalis corniculé, le protecteur
Date 25/09/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Oxalis corniculata, Oxalis corniculé, Poitiers Chilvert

Oxalis corniculé, Poitiers quartier Chilvert


Oxalis corniculata (Oxalis corniculé) appartient au clan éponyme, celui des Oxalidaceae. Les Oxalis doivent eux-mêmes leur nom aux termes grecs Oxus et Als, respectivement «acide» et «sel». Toutes les parties des Oxalis sont acidulées du fait de l'acide oxalique qu'elles contiennent. On peut d'ailleurs les rajouter crues aux salades sauvages, où elles remplaceront quelque peu le vinaigre (ou le citron). Attention toutefois à ne pas en abuser: l'acide oxalique peut à forte dose troubler les systèmes digestif, gastrique (irritations), urinaire (calculs rénaux), ou aggraver les états rhumatismaux

Le miel n’est pas vraiment le miel sans le vinaigre.

(Vanilla sky, Cameron Crowe)

Oxalis corniculata, Oxalis corniculé, Poitiers Chilvert

Fleur de l'Oxalis corniculé, Poitiers quartier Chilvert


La caractéristique la plus évidente des Oxalis est la forme de leurs feuilles, divisées en 3 folioles (comme le trèfle), en forme de cœur.


Oxalis corniculata, Oxalis corniculé, Poitiers Chilvert

Feuille de l'Oxalis corniculé: alternes, trifoliées, folioles obcordées.


Les feuilles de l'Oxalis corniculé peuvent aborder une palette de couleurs variables, allant du vert clair au violet foncé. Il se distingue des autres Oxalis grâce à ses fleurs jaunes en ombelles, son port rampant, ses tiges aériennes qui bouturent allégrement et un détail qu'il nous faut dénicher à la loupe: on peut observer des stipules très marqués à la base des pétioles.


Oxalis corniculata, Oxalis corniculé

Oxalis corniculé: des stipules soudées au pétiole, très marquées, anguleuses.


A titre de comparaison, ces stipules ne sont pas visibles chez l'Oxalis droit (Oxalis fontana), une espèce proche au port érigé. Chez l'Oxalis dressé (Oxalis dillenii), une autre espèce moins répandue, les stipules moins marquées, régulièrement arquées (non anguleuses) et il n'y a jamais de boutures aériennes.


Oxalis fontana, Oxalis droit, Poitiers quartier Chilvert

Le port dressé de l'Oxalis droit, le bien nommé.


Oxalis fontana, Oxalis droit, Poitiers quartier Chilvert

Oxalis droit: contrairement à l'Oxalis corniculé, la base du pétiole n'est pas élargie en stipules.


L'Oxalis corniculé est une annuelle, voir une pérennante (vivace à la vie courte), dont les fruits explosifs (des capsules) dispersent les graines alentour. Au contact du sol, les tiges rampantes peuvent s'enraciner en plusieurs points d'ancrage autour du plant principal (le seul à avoir une racine pivotante vigoureuse), permettant à la Sauvage de couvrir rapidement les territoires dégagés qui s'offrent à elle.


Oxalis corniculata, Oxalis corniculé, Poitiers Chilvert

Oxalis corniculé, Poitiers quartier Chilvert


C'est pourquoi la belle n'a pas forcément la côte auprès des jardiniers. Les conseils et les méthodes pour se débarrasser d'elle abondent sur la toile; de même que les retours déçus de ceux qui ne parviennent jamais vraiment à l'éradiquer. Il est pourtant intéressant de noter que l'Oxalis corniculé affectionne les sols où la terre est laissée nue (en attente d'un semis par exemple, ou dans les rangs intermédiaires d'un potager), lessivés par les intempéries en hiver ou brûlés par le soleil en été.


Un sol nu est un sol où la vie disparait drastiquement (champignons, animaux, insectes, vie microbienne...). Mais il se trouve que la nature est bien faite: le sol sait assurer sa propre protection en cas de désertification. L'Oxalis est une de ses réactions salutaires.

En couvrant un sol piteux, la Sauvage protège celui-ci des précipitations et favorise la renaissance d'une vie microbienne à l'ombre sous son feuillage. Alors, amis jardiniers qui regardez l'Oxalis d'un œil peu amical, sachez que cette dernière ne cherche qu'à préserver la richesse de votre sol! Si vous décidez de l'écarter, il convient de suivre son exemple et de la suppléer dans son rôle en couvrant le sol (paillis par exemple), ou en ravivant (végétalisant avec des engrais vert par exemple) les parcelles désertées.

Oxalis corniculata, Sauvages du Poitou

L'Oxalis corniculé est présente sur toute la planète. Le cœur dessiné par ses feuilles et la ténacité de la Sauvage, ont marqué les esprits des amoureux de la nature des cinq continents... De l'autre côté du globe, au Japon, elle («Katabami») a fait partie des Kamon les plus repris par les clans guerriers (les Kamon sont des blasons stylisés qui représentaient les grandes familles). L'image est belle: l'Oxalis, petit samouraï végétal, prêt à tous les sacrifices pour protéger son seigneur, le sol!


Oxalis corniculata, Katabami

Oxalis corniculé et le Kamon japonais «Katabami»


Pour aller plus loin:

- Oxalis corniculata: identification assistée par ordinateur

- Oxalis corniculata sur Tela-botanica

- Oxalis fontana: identifications assistée par ordinateur

- Oxalis fontana sur Tela-botanica



Oxalis corniculata, Oxalis corniculé, Poitiers Chilvert

Fruits (capsules allongées) de l'Oxalis corniculé.

 

Mélisse officinale: entre l'abeille et le citron
Date 18/09/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Melissa officinalis, Mélisse officinale, Poitiers quartier gare

Mélisse officinale: un parfum de citron au bord de la route.


Melissa officinalis (Mélisse officinale) appartient à la famille Lamiaceae, les plantes à tige carrée et à fleurs en forme de gueule ouverte (lamia est une «ogresse» dans la mythologie grec). La Mélisse officinale tire son nom du grec melissa, l’abeille (qui vient de meli, le miel). Restons dans le domaine haut en couleur de la mythologie grec: Mélissa est le prénom d'une nymphe - fille du roi de Crète Melissos - qui inventa l’apiculture et éleva Zeus, le roi des dieux, en le nourrissant de miel. Il est vrai que la Sauvage est mellifère. Les butineurs affectionnent ses feuilles au parfum citronné (les moustiques moins il parait), à tel point que certains apiculteurs frottent la plante dans leurs ruches pièges pour attirer les essaims en quête de logis.


Melissa officinalis: la reine d'abeille! Sauvages du Poitou


Melissa officinalis est une vivace. Sa présence à l'état sauvage, loin des villes, nous raconte que l'homme a habité autrefois là où se dressent ses touffes citronnées, parfois de véritables buissons: en France, la belle n'est indigène qu’en région méditerranéenne (Corse). Les spécimens les plus intéressants (le parfum de la Mélisse «originelle» n’a rien d’agréable) furent invités dans les jardins de tout le pays, depuis des temps anciens. Sa rusticité lui a parfois permis de perdurer après la disparition des habitations. Melissa officinalis intéressera donc les archéologues en quête d’indices de présence humaine, autant que les gourmands!

Tu appelles ça de l’archéologie?

(Indiana Jones et la dernière croisade, Steven Spielberg)

Melissa officinalis, Mélisse officinale, Poitiers bords de Boivre

Fleur de Mélisse officinale: une corolle blanche formée d'une lèvre supérieure concave et échancrée et d'une lèvre inférieure trilobée (en 3 lobes inégaux).


Car Melissa officinalis est terriblement rustique: elle tolère tous les sols. Sa faculté à drageonner (reproduction végétative) et à se ressemer spontanément, couplée à sa capacité d'adaptation, en font une invité exubérante au jardin. Ceci dit, il y a des invasions plus désagréables que celle de Melissa officinalis qui embaume l'atmosphère et régale les abeilles!


Melissa officinalis, Mélisse officinale, Poitiers bords de Boivre

Mélisse officinale, Poitiers bords de Boivre


Les feuilles de Melissa officinalis s'abîment dans le courant de l'été, dégageant une odeur de moins en moins avenante. Si vous tentez d'apprivoiser la Sauvage au jardin ou au balcon, c'est le moment pour la tailler; elle donnera de nouvelles feuilles saines, et vous couperez court à ses nombreux semis spontanés, limitant ses débordements.


Melissa officinalis, Mélisse officinale, Poitiers bords de Boivre

Feuilles de la Mélisse officinale en été: opposées, ovales, largement crénelées ou dentées.


On lit souvent que la Mélisse attire les insectes sympathiques au jardin (abeilles en tête) tout en repoussant ceux qui ont moins bonne presse (punaises, pucerons, moustiques…). Cette considération exagérée tend surtout à prouver à quel point l’homme l'affectionne. En réalité, la Mélisse est une hôtesse généreuse pour nombre d’insectes, au risque de se faire croquer par de drôles de bestioles. Ainsi, les rejetons de la Casside verte (Cassida viridis), un coléoptère qui apprécie particulièrement les Lamiacées, peuvent la grignoter sans modération. Ses larves arborent en toutes circonstances un bonnet d’excréments afin de couper l’appétit de leurs prédateurs !

Cassida viridis, Sauvages du Poitou!

Cassida viridis, Casside verte, Poitiers bords de Boivre Cassida viridis, Casside verte, Poitiers bords de Boivre
Casside verte sur Mélisse, larve et imago, Poitiers bords de Boivre

Mais laissons les Cassides et leur terrible chapeau décourager d'autres gourmands. La délicieuse odeur de citronnelle de la Mélisse ne trompe pas: ses feuilles comestibles parfument à merveille plats et desserts. Sa tisane est digestive et apaisante (particulièrement efficace sur les terrains anxieux, spasmodiques ou les sujets susceptibles de tachycardie nerveuse). L'essence de Mélisse pure peut même provoquer une sensation d'engourdissement et un ralentissement du pouls... Plus modérément, son effet relaxant en fait une excellente candidate pour la dernière tisane de la soirée. Bonne nuit citronnée!
Quand je suis avec toi je suis plus calme, je respire plus lentement, même si mon cœur bat plus vite.
(Ma première fois, Marie-Castille Mention-Schaar)

Pour aller plus loin:

- Melissa officinalis sur Tela-botanica

- La Mélisse à travers l'histoire sur le blog Books of Dante

- La Mélisse par Nathalie Ronat (thèse de la Faculté de Pharmacie)


Melissa officinalis, Mélisse officinale, Poitiers bords de Boivre

Mélisse officinale en graine, Poitiers bords de Boivre

 

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