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Dactyle aggloméré, trois doigts de poésie
Date 07/06/2017
Ico Prairies

Dactylis glomerata, Dactyle aggloméré, Poitiers bords de Boivre

Dactyle aggloméré, Poitiers bords de Boivre


Dactylis glomerata (Dactyle aggloméré) appartient aux légions Poaceae, qui représentent sans doute une des familles les plus anciennes et les plus répandues du règne végétal (20% de la couverture végétale de la planète, de l’Antarctique au Poitou!). Et pourtant... Les Poacées, c'est à dire l'herbe, la pelouse, le gazon, au mieux les céréales, ne passionnent guère les foules. C'est à peine si on les remarque sous nos pieds. Quand à l'apprenti botaniste, il préfère souvent les laisser de côté, ce clan étant réputé difficile d’accès et ses membres nombreux et ardus à identifier.
Holmes, vous ne résoudrez jamais cette enquête...
(Sherlock Holmes, Guy Ritchie)

Il est vrai que l'examen attentif d'un brin d'herbe revient un peu à tenter de couper un cheveux en quatre: les Poacées sont passées Maîtres dans l'art de la miniaturisation. Chez elles, le vent fait office de butineur et la danse des minuscules pièces florales tient lieu de parade nuptiale. C'est un chef d’œuvre de mécanique de précision qui attend l’observateur persévérant! Je vous recommande de (re)visiter notre article consacré à leurs inflorescences et au vocabulaire associé avant de vous lancer à la rencontre de notre Sauvage du jour.

Dactylis glomerata, Dactyle aggloméré, Poitiers bords de Boivre
Pour reconnaître le Dactyle aggloméré, il suffit de savoir compter jusqu'à trois!

Mais pas de panique, Dactylis glomerata est plutôt aisé à reconnaitre, et ce avec ou sans loupe! Son nom vient du grec daktulos, le «doigt», peut-être à cause de l’extrémité des épis (ou panicules) de la Sauvage, qui forme une sorte de gros doigt (ou pouce) suivi de deux doigts plus petits. Chaque doigt est composé d'un groupe d'épillets serrés et fournis, d'où le Dactyle «aggloméré» ou «pelotonné».

Les trois doigts du Dactyle aggloméré, Sauvages du Poitou!

Dans une autre version, le nom de la sauvage viendrait du «dactyle», un élément métrique en poésie qui désigne une syllabe accentuée suivie de deux syllabes brèves, à l'image des trois phalanges d'un doigt: la première est longue, les deux suivantes courtes. Prononcez son nom à haute voix pour le retenir: DA-cty-le: une syllabe très accentuée suivie de deux syllabes plus discrètes!

Dactylis glomerata, Dactyle aggloméré, Poitiers bords de Boivre
Inflorescence verdâtre-violacée du Dactyle aggloméré: les étamines au filet très allongé à maturité confient leur pollen au vent

D'autres détails peuvent nous renseigner: la tige de Dactylis glomerata (ou plutôt son chaume) est recouverte d'une gaine aplatie, comme si la Sauvage était passée sous presse. Enfin, la ligule longue et déchirée est caractéristique.

Dactylis glomerata, Dactyle aggloméré, Poitiers bords de Boivre
Feuille large, ligule longue et déchirée et gaine aplatie du Dactyle aggloméré

Que les botanistes aguerris en mal d'aventures se rassurent, Dactylis glomerata reste une espèce éminemment complexe: au laboratoire, la Sauvage présente un patrimoine génétique variable, et les débats à son sujet sont loin d'êtres terminés: et si ce taxon n'était que le brin d'herbe qui cache la forêt? Les sous espèces sont nombreuses, même si le tri est quasiment impossible sur le terrain... La biblique Flora Gallica nous propose par exemple d'observer la micro rugosité des feuilles à la lumière rasante et au grossissement x100 pour reconnaitre la méditerranéenne D.glomerata subsp. hispanica!

Loin des laboratoires, Dactylis glomerata est une vivace très commune qui installe ses touffes dans les prairies baignées de soleil, aux bords des routes et des chemins, sur des sols riches en azote (amendements des culture et/ou pollution automobile). Grâce à son système racinaire dense et puissant qui capte l'humidité en profondeur, la Sauvage reste verte jusqu'au cœur de l'été, quand le parterre autour semble réduit à l'état de paillasson cramoisi.

Dactylis glomerata, Dactyle aggloméré, Vouneuil-sous-Biard (86)
Dactyle aggloméré, une Sauvage très fréquentée à la belle saison.
S’il était allergique aux graminées, ça le rendrait plus attachant je trouve.
(L’âge de glace, Chris Wedge et Carlos Saldanha)
Dactylis glomerata est une plante riche en protéines. Si ses touffes grossières sont considérées comme de vulgaires herbes folles au jardin, la Sauvage est une fourragère appréciée dans les prairies de fauche ou les pâturages. Sa résistance à la sécheresse rend sa culture aisée (elle ne craint guère que l'humidité et quelques maladies cryptogamiques, dont le célèbre Ergot du seigle), pour le plus grand bonheur des éleveurs, mais aussi pour celui des vendeurs de mouchoirs: le pollen de Dactylis glomerata, hautement volatile, est en partie responsable des concerts d'éternuements et des rivières de larmes de ceux qui souffrent du rhume des foins à la belle saison!

Dactylis glomerata, Sauvages du Poitou!


Le petit monde de Dactylis glomerata


Comme bon nombre de graminées, le Dactyle aggloméré… agglomère bon nombre de papillons qui s’en nourrissent! Entre juin et juillet, dans les lisières forestières et les friches du Poitou, il accueille notamment la chenille d’un papillon aussi minuscule qu’abondant: l’Hespérie de la houque (Thymelicus sylvestris). Celle-ci fait partie d’une grande famille dont les membres ont un aspect si ressemblant les uns des autres que le seul critère fiable pour les distinguer est la reconnaissance de la forme des parties génitales des mâles!

Thymelicus sylvestris, Hespérie de la houque (crédit photo: Olivier Pouvreau)
Hespérie de la houque: des ailes en «biplan» inimitables!

Pas de panique pour notre petite Hespérie, que l’on pourrait seulement confondre avec sa cousine l’Hespérie du dactyle (Thymelicus lineola), une autre mangeuse de dactyle outre-Manche. Les distinguer est un jeu d’enfant, à condition d'aimer les contorsions et de savoir approcher les papillons sans leur faire peur: il faut parvenir à se positionner face à elles afin de vérifier le dessous de l’extrémité de leurs antennes. Si elles sont fauves, il s’agit de l’Hespérie de la houque. Si elles sont noires, vous avez affaire à l’Hespérie du dactyle. Comme avec les Poacées, l'enquête repose sur l'observation des détails!


Bout des antennes fauve à gauche pour l'Hespérie de la Houque, versus bout des antennes noir à droite pour l'Hespérie du Dactyle.

Le Dactyle aggloméré est bien pratique à l’Hespérie de la Houque: la gaine foliaire aplatie de la Sauvage permet au papillon d’y pondre et d'y cacher ses œufs à l’abri des regards. Mieux encore, elle servira d’abri à la chenille qui y passera l’hiver. Celle ci poursuivra sa croissance au printemps, logeant d’abord dans une feuille pliée en gouttière puis, plus grande, se tenant allongée sur le dessus des feuilles: une chenille verte et longue sur une feuille verte et longue reste le meilleur moyen pour passer la belle saison en toute quiétude, loin des importuns.

Thymelicus sylvestris, Hespérie de la houque (crédit photo: Olivier Pouvreau)
Hespérie de la Houque (photo Olivier Pouvreau)



Pour aller plus loin:
- Dactylis glomerata sur Tela-botanica
- Dactylis glomerata sur Botarela
 

Orchis bouc, la piñata mexicaine
Date 18/06/2016
Ico Prairies

Himantoglossum hircinum, Orchis bouc, Biard (86)

Orchis bouc, Biard (86)


Himantoglossum hircinum (Orchis bouc) appartient à la prestigieuse famille des Orchidaceae, dont les membres fascinent les amoureux de nature. Peut être parce que parmi les 20.000 espèces connues sur le globe (on en découvre chaque année de nouvelles parait-il), seules 120 foulent le territoire français. Ou plus simplement, à cause de l'originalité de leurs fleurs (voir l'article complet sur le sujet) et de la sexualité complexe qui les accompagne. Ce qui est moins connu en revanche, c'est l'origine du mot Orchidée: celles ci doivent leur patronyme a leurs tubercules souterrains... Orchis étant le «testicule» en latin!

J’me laverai pas pour garder ton odeur!

(La vie est un long fleuve tranquille, Étienne Chatiliez)

Himantoglossum hircinum, notre Orchis bouc, enfonce en peu plus avant le clou de la poésie: il doit son nom à l'odeur peut sympathique qu'il dégage à son pic de floraison, qui pourrait séduire une chèvre en manque d'affection (Hircus est le «bouc» en latin... Les autochtones parlent plutôt d'une odeur de chabichou!). En réalité, l'odeur est surtout chargée d'attirer les insectes qui assurent sa fécondation, une stratégie plus économique pour la Sauvage que de se lancer dans la production de nectar (des populations d'Himantoglossum hircinum produisant un peu de nectar ont déjà été observée en Europe centrale, comme si la Sauvage était finalement devenue capable de récompenser les butineurs avant qu'ils ne se lassent de la supercherie).


Himantoglossum hircinum, Sauvages du Poitou!


Himantoglossum hircinum, Orchis bouc, Poitiers sous blossac

Rosette de feuilles glabres et charnues de l'Orchis bouc en automne


Himantoglossum hircinum est donc vivace de par son tubercule. La Sauvage affectionne les prairies calcaires pauvres et sèches, baignées de lumière. Comme ses consœurs, la belle nait dans des conditions peu habituelles: les graines d'Orchidées sont produites en quantité (jusqu'à un millier par fruit pour l’Orchis bouc, et jusqu’à 50 fruits par pied), mais elles sont minuscules (0,05 millionième de gramme pour l’Orchis bouc, de la poussière en somme) et en quelque sorte incomplètes. Pour germer, celles ci nécessitent l'aide d'un champignon «compagnon» (mycorhize) qui assurera leur alimentation dans les premiers stades de développement. Autant dire que le renouvellement des colonies d'Orchidées repose sur un équilibre naturel précis et précaire (en France, une espèce sur six est menacée de disparition). Leur floraison signe toujours le succès d'une recette magique dont l'issue était pourtant très incertaine!

Le monde est plein de magie, il suffit d’y croire. Alors faîtes un vœu... C’est bon? Bien. Maintenant croyez-y de tout votre cœur.

(Les frères Scott, Mark Schwahn)

Un milieu adéquat ne garantie pas pour autant la floraison d'Himantoglossum hircinum d'une année à l'autre: une fois installée, la Sauvage possède son rythme propre, où alternent floraisons spectaculaires et périodes discrètes de reproduction végétative (la probabilité de fleurir augmente avec le nombre de feuilles de la rosette).


Himantoglossum hircinum, Orchis bouc, Poitiers bords de Boivre

Orchis bouc, Poitiers bords de Boivre


Paradoxalement, certaines Orchidées – à l’image de notre Orchis bouc - ont trouvé une terre d’accueil toute à leur convenance dans les nouveaux no man’s land que sont les bords d’autoroute, les aéroports ou les jachères. C’est pourquoi entre mai et juillet, il n'est pas rare de croiser Himantoglossum hircinum sur les pelouses des jardins municipaux ou au bord des routes, même les plus fréquentées. N'allez pas croire pour autant que la belle est une pioche banale parmi les trésors du clan Orchidaceae: faites fi de son allure élancée (jusqu'à un mètre de hauteur), de ses couleurs un poil ternes et de son parfum douteux pour vous rapprocher d'elle...


Himantoglossum hircinum, Orchis bouc, Chezeau (86)

La danse de l'Orchis bouc, Chezeau (86)

Tous les trésors ne sont pas d'argent et d'or!

(Pirates des Caraïbes, la malédiction du Black Pearl, Gore Verbinski)

Himantoglossum hircinum fait honneur à la réputation de son clan: sa floraison offre un spectacle édifiant, digne de l'explosion d'une piñata mexicaine! Himas est la «lanière» et glossa la «langue» (bien pendue) en grec: les trois lobes du labelle de ses fleurs se déroulent comme des serpentins. Un éperon court (généralement dépourvu de nectar) prolonge le labelle interminable, sépales et pétales convergent au dessus des organes reproducteurs pour former un «casque» protecteur.


Himantoglossum hircinum, Orchis bouc, Buxerolles (86)

Orchis bouc, Buxerolles (86)

- Ça va trancher chérie!

- Mais non, qu’est ce que tu fais, il faut dire «ça va couper chérie»! Pas «ça va trancher»!

- Ah bon?

(La Cité de la peur, les Nuls)

Si les fleurs d'Himantoglossum hircinum sont ornées d'un «casque», celui ne peut pas grand chose face aux lames acérées d'une tondeuse à gazon... La Sauvage colonise pourtant les pelouses rases, et ne se plait guère dans les zones de friche laissées à l'abandon. Reste donc à trouver un terrain d'entente pour que tous profitent du spectacle de sa floraison; le mieux étant que les jardiniers (ou techniciens de espaces verts) apprennent à repérer ses rosettes au printemps pour les contourner et les laisser s'épanouir!


Pour aller plus loin:

- Norb de Sauvages du Poitou raconte l'Orchis bouc au micro de France Bleu Poitou

- Himantoglossum hircinum sur Tela botanica

- Himantoglossum hircinum, identification assistée par ordinateur

- Himantoglossum hircinum sur le site de  la Société Française d'Orchidophilie de Poitou-Charentes et Vendée

- Le coté obscure de l'Orchis bouc sur le site de Zoom Nature

- Orchis bouc, les caprices d'une Orchidée sur le site de Zoom Nature


Himantoglossum hircinum, Orchis bouc, Biard (86)

Orchis bouc: un paysage pour le moins fantastique!

 

Saxifrage à trois doigts, la mineuse
Date 19/05/2016
Ico Murs et rocailles

Saxifraga tridactylites, Saxifrage à trois doigts, Poitiers quartier gare

Saxifrage à trois doigts, Poitiers quartier gare


Saxifraga tridactylites (Saxifrage à trois doigts) appartient à la famille qui porte son nom, Saxifragaceae. Les Saxifrages sont légions, regroupant plus de 400 espèces connues; la plupart d'entre elles sont taillées pour l'escalade et la vie à flanc de falaise. Leur nom vient d'ailleurs du latin saxum, «rocher» et frangere, «briser»: elles sont les mineuses, les «perce-pierres», à cause de leur faculté à s'insérer dans le moindre recoin ou la moindre fissure...


Saxifraga tridactylites, Saxifrage à trois doigts, Poitiers gare

Saxifrage à trois doigts, Poitiers quartier gare


Si les Saxifrages, de par leur nombre et leur similitudes, sont souvent délicates à différencier, Saxifraga tridactylites se laisse facilement identifier en milieu citadin. Elle doit son nom à ses feuilles charnues caractéristiques «à trois doigts», parfois rougeâtres, couvertes de poils glanduleux.


Saxifraga tridactylites, Saxifrage à trois doigts, Poitiers gare

Feuilles de Saxifraga tridactylites: alternes sur la tige, sessiles, à 3 lobes (parfois 5).

Tuant une mouche

J'ai blessé

Une fleur

(Kobayashi Issa)

Saxifraga tridactylites est à la botanique ce que le haïku est à la poésie: un bijou saisonnier (elle est annuelle), subtil, qu'on risque fort de piétiner faute d'attention (au sommet de sa forme, elle dépasse guère les 10cm). Elle fleurit au début du printemps sur les murs, les rochers ou les sols sablonneux. Difficile pour elle de perdurer au delà du mois de mai: lorsque les chaleurs estivales pointent, la vie à flanc de falaise devient vite un enfer!


Saxifraga tridactylites, Sauvages du Poitou


Saxifraga tridactylites, Saxifrage à trois doigts, Poitiers gare

Saxifrage à trois doigts, Poitiers gare


En poussant là où la vie se résume à l'état minéral, Saxifraga tridactylites rejoue inlassablement la grande histoire des plantes, sorties des océans il y a 400 millions d'années pour conquérir la terre ferme (en réalité, c'est l'eau qui s'est retirée progressivement, et non pas les algues qui se seraient lassées de la baignade!).

La vie trouve toujours son chemin...

(Jurassic park, Steven Spielberg)

Les pionnières comme Saxifraga tridactylites induisent un micro-climat par leur (modeste) couvert et favorisent l'accumulation d'humus et de substrat en mourant. Elles permettent ainsi à d'autres espèces plus exigeantes de s'installer derrière elles, initiant le mouvement naturel qui tend à transformer les déserts en forêts fertiles... En somme, si Saxifraga tridactylites casse la pierre, ce n'est pas à coup de pioche, mais en semant les conditions qui autorisent le déploiement du vivant!


Saxifraga tridactylites, Saxifrage à trois doigts, Poitiers gare

Fleur de la Saxifrage à trois doigts: un calice en tube terminé par 5 lobes, 5 pétales arrondis, et pour les heureux possesseur d'une loupe, 10 étamines libres autour d'un pistil à deux styles!


Autrefois, selon la théorie des signatures qui voulait que l'aspect d'un végétal exprime ses vertus thérapeutiques, on reconnaissait aux Saxifrages la capacité de dissoudre les calcul rénaux... Après tout, les Perce-pierres avaient déjà de solides réputations de mineuses et de casseuses de cailloux! À vrai dire, c'est sans doute à cause des grappes de bulbilles de certaines Saxifrages (comme Saxifraga granulata) que l'homme avait tissé un lien entre les mineuses et les petites «pierres au reins» qui le faisait souffrir.


De son côté, Saxifraga tridactylites ne présente pas ce genre de bulbilles, mais une racine grêle et fragile. Jadis, elle était utilisée plus spécifiquement en traitement de la jaunisse... Infusée dans de la bière!

- Moi, mon truc, c’est de rajouter une petite goutte de bière quand j’ai battu les œufs...

(Le dîner de cons, Francis Veber)

Pour aller plus loin:

- Saxifraga tridactylites sur Tela-botanica

- Identification assistée par ordinateur


Saxifraga tridactylites, Saxifrage à trois doigts, Poitiers quartier gare

Saxifrage à trois doigts, Poitiers quartier gare

 


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