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Ornithogale en ombelle, la ponctuelle
Date 21/05/2015
Ico Haies & forêts

Ornithogalum umbellatum, Ornithogale en ombelle, Béceleuf (79)

Ornithogale en ombelle, Béceleuf (79)


Ornithogalum umbellatum (Ornithogale en ombelle ou Aillochon en poitevin-saintongeais) appartient à la famille contemporaine Asparagaceae (c'est la classification qui est récente, et non ses membres!), ce qui en fait la petite sœur des célèbres Asperges. Ornithos gala, en grec, est littéralement le «lait d'oiseau», à cause de sa couleur délicate, mais surtout parce que la Sauvage est fantastique(ment belle), comme le lait d'oiseau! Umbellatis en latin est bien sûr l'«ombrelle» ou le «parasol», une référence à ses fleurs étoilées qui apparaissent entre début avril et juin au dessus d'une rosette de feuilles linéaires couchées au sol.


Ornithogales: le lait d'oiseau! Sauvages du Poitou


Ornithogalum umbellatum est une vivace qui se multiplie efficacement via ses semences et ses bulbilles souterraines (si sa présence reste modérée dans le Poitou, elle est devenue depuis son introduction une véritable invasive en Amérique du Nord). Elle aime les terrains ensoleillés et argileux; ses colonies importantes peuvent être le signe d'un sol compacté et pauvre en vie microbienne aérobie.


Ornithogalum umbellatum, Ornithogale en ombelle, Poitiers bords de Boivre

Fleur de l'Ornithogale en ombelle: 6 tépales blancs dessus, verts dessous (moitié pétales, moitié sépales!), 6 étamines libres (au filet aplati) entourent le pistil au centre.


Il existe une confusion en France autour du genre Ornithogalum: on peut lire dans Flora Gallica, (la bible des botanistes), qu'il existe probablement plusieurs espèces confondues sur le terrain avec l'Ornithogale en ombelle (O.divergens, O.kochii, O.orthophyllum...). Le seul élément discriminant entre ces espèces serait l'extraction et l'observation minutieuse du bulbe, parfois à l'état juvénile, parfois à l'état adulte...  La plupart des observateurs (dont je fais partie) se contentent de noter Ornithogalum umbellatum sur leurs relevés, histoire de ne pas prendre le risque de déterrer et de sacrifier la perle rare!


Ornithogalum umbellatum, Ornithogale en ombelle, Poitiers bords de Boivre

Dame d'onze heures, il est 11h00, et c'est l'heure de ne pas tondre la pelouse!


Ornithogalum umbellatum est souvent surnommée Dame d'onze heures... La faute à sa ponctualité: la Sauvage ouvre ses fleurs blanches lorsque l'ensoleillement est à sa plénitude, généralement vers 11 heures du matin. En réalité, par ciel couvert, quelle que soit l'heure affichée à notre montre, Ornithogalum umbellatum ne s'ouvre guère!


Ornithogalum umbellatum, Sauvages du Poitou


Toute la plante est toxique, pour l'homme comme pour le bétail et les animaux domestiques. Ornithogalum umbellatum est cependant utilisée sous forme d’élixir floral, les fameux élixirs du docteur Bach, pour soulager les personnes sous le coup d'un choc mental ou d'un deuil difficile... La méthode de fabrication, toute en poésie, consiste à récupérer les qualités «émotionnelles» de la fleur à travers la rosée matinale qui la recouvre; jusqu'à en extraire un peu de son aptitude à ouvrir les bras — ou plutôt les pétales — à la grande lumière!

Vous savez, on peut trouver du bonheur même dans les endroits les plus sombres. Il suffit de se souvenir d’allumer la lumière.
(Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban, J.K. Rowling)

Ornithogalum umbellatum, Ornithogale en ombelle, Poitiers bords de Boivre

Feuilles linéaires de l'Ornithogale en ombelle: comme de l'herbe.


Pour aller plus loin:

- Ornithogalum umbellatum sur Tela-botanica

- Identification assistée par ordinateur

 

Herbe-à-Robert, la diabolique
Date 10/05/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Geranium robertianum, Herbe à Robert, Poitiers bords de Boivre

Herbe à Robert, Poitiers bords de Boivre


Geranium robertianum (Herbe à Robert) appartient aux Geraniaceae, la famille des véritables géraniums «sauvages» (les célèbres fleurs de nos balcons étant en réalité des Pelargonium). Le terme Geranium dériverait du terme grec Geranos, la «grue», les fruits du Geranium présentant des petites pointes ressemblant au bec (ou à la tête) du volatile.


Geranium robertianum doit peut être son surnom à St Robert, évêque de Salzbourg, qui en découvrit les nombreuses vertus médicinales au 8ème siècle (selon d'autres sources, Robert serait simplement une déformation du mot latin ruber qui signifie «rouge»).


Geranium robertianum, Herbe à Robert, Poitiers bords de Boivre

Duo de fleurs de l'Herbe à Robert: 5 sépales, 5 pétales roses ou rouges, 10 étamines pourpres (rangées selon deux cercles imbriqués de 5 étamines) autour d'un pistil composé de 5 carpelles soudés.


L'Herbe à Robert est annuelle; elle peut en certaines circonstances être bisannuelle, voire vivace, et se perpétuer depuis ses rhizomes stolonifères. Mais c'est généralement grâce à ses graines, disséminées depuis des capsules explosives, qu'elle assure sa multiplication. Elle fleurit entre avril et octobre; ses petites fleurs — qui s'épanouissent et flétrissent dans un laps de temps très court pour laisser place à des capsules poilues — apparaissent toujours deux par deux sur chaque pédoncule.


Geranium robertianum, Herbe à Robert, Poitiers bords de Boivre

Duo de fruits (capsules) de l'Herbe à Robert: quand les Sauvages font leur Hellfest!


Il existe une espèce très proche souvent confondue, bien que moins commune, le Géranium pourpre, Geranium purpureum, dont la répartition en France se concentre au sud d'une diagonale allant de Normandie jusqu’en Savoie. Dans le Poitou, les deux espèces peuvent se côtoyer. Les fleurs du Géranium pourpre sont plus petites que celles de l'Herbe à Robert, rose-pourpre vif et leurs anthères sont jaunes, alors qu'elles sont rouge/orangé chez l'Herbe à Robert. Mais gare au piège: chez les deux espèces, les anthères une fois ouvertes sont couvertes d'un pollen jaune!


Geranium purpureum, Géranium pourpre, Poitiers quartier Chilvert

Le délicat Géranium pourpre, aux anthères jaunes d'or.


Geranium purpureum versus Geranium robertianum, Poitiers quartier Chilvert

Géranium pourpre à gauche, Herbe à Robert à droite: une histoire de taille et d'étamines!

- Qui c’est lui?

- Lui? C’est la main du Diable.

- Lui aussi?

- Oui... mais lui c’est la gauche.

(On l’appelle Trinita, Enzo Barboni)

L'Herbe à Robert tolère tout type de sols et d'expositions (elle prolifère sur les sols forestiers riches en matière organique). Elle est à ce point capable d'adaptation que dans une situation de sécheresse (ou à l'approche de l'hiver), ses feuilles découpées se couvrent d'une pigmentation rouge-vermillon qui la protège de la déshydratation.


Dans le Poitou, l'Herbe à Robert est parfois surnommée Fourchette du diable, à cause des longues pointes qui terminent ses duo de fruits. Il faut reconnaitre que la Sauvage est rusée comme un diable : en séchant, par un effet ressort lié à l’enroulement de leurs parois, ses fruits explosent et projettent les semences à plusieurs dizaines de centimètres autour de la plante! On raconte que les sorcières plantaient jadis l'Herbe à Robert devant leur maison pour être averties de l'arrivée d'un visiteur, les fleurs se tournant en direction de l'intrus. Aujourd'hui, on plante parfois la Sauvage devant les fenêtres: son odeur repousserait les moustiques. On peut obtenir le même effet en frottant ses feuilles sur sa peau... Mais rien ne vaut la bonne vieille citronnelle!


Geranium robertianum, Herbe à Robert, Poitiers bords de Boivre

Feuilles de l'Herbe à Robert: opposées, palmatiséquées en des segments petiolulés (comme munis d'un petit pétiole), eux mêmes pennatifides.


Il n'est pas une partie de l'Herbe à Robert qui n'est été utilisée par l'homme (elle a sans doute été introduite en Europe en tant qu'herbe médicinale): la plante est très tannique et donc astringente. En infusion, elle permet de lutter contre diarrhée, dysenterie et soulage les inflammations de l'estomac, des intestins ou des reins (néphrites); en gargarisme, elle permet de traiter les angines et les inflammations des amygdales; en usage externe, elle est cicatrisante, soulage les maux de dents... Autrefois, sa racine était utilisée pour tanner les cuirs.

- Vous me prenez pour le diable ?

- Vous en avez la beauté.

(Arsène Lupin, Jean-Paul Salomé)

Pieris napi sur Geranium robertianum, Poitiers bords de Clain

Herbe à Robert, diaboliquement belle! Même un ange comme la Piéride du navet (Pieris napi) s'y laisse prendre...



Pour aller plus loin:

- D'autres espèces citadines de Géraniums sur Sauvages du Poitou

- Norb de Sauvages du Poitou raconte l'Herbe à Robert au micro de France Bleu Poitou

- Geranium robertianum: identification assistée par ordinateur

- Geranium robertianum sur Tela-botanica

- l'Herbe-à-Robert sur le site de Zoom Nature

- Geranium purpureum sur Tela-botanica


Geranium robertianum, Herbe à Robert, Poitiers quartier Chilvert

La naissance de Robert (Herbe à Robert et ses cotylédons caractéristiques en forme de rein)

 

Grande Chélidoine, la dermatologue
Date 03/05/2015
Ico Murs et rocailles

Chelidonium majus, Grande Chélidoine, Biard (86)

Grande Chélidoine, Biard (86)


Chelidonium majus (Grande Chélidoine) appartient à la famille Papaveraceae, ce qui en fait la sœur des Pavots et autres Coquelicots, des plantes productrices de latex (substance toxique liquide, collante et coagulante) à la floraison souvent spectaculaire.


Chelidonium majus, Grande Chélidoine, Poitiers Chilvert

Fleurs groupées (presque en ombelles) de la Grande Chélidoine : 2 sépales (qui tombent après la floraison, on peut les voir ici sur les fleurs pas encore ouvertes), 4 pétales, nombreuses étamines autour d'un pistil surmonté de 2 stigmates.


Chelidonium signifie «Hirondelle», Chelidonium majus est donc littéralement la Grande hirondelle. Ses premières floraisons printanières coïncident avec l’arrivée des oiseaux migrateurs de retour d’Afrique (et le départ des oiseaux avec ses premières fanaisons), mais il existe une autre légende qui pourrait expliquer le nom de la Sauvage: on raconte que les hirondelles ouvrent les yeux de leurs oisillons avec une bectée de suc de la plante, ce qui n’est bien sûr que pure fantaisie. Il faut dire qu'en médecine populaire, la Grande Chélidoine était autrefois réputée pour traiter les affections ophtalmiques. Une fantaisie en entrainant une autre, certains lui accordaient même le pouvoir de rendre la vue aux aveugles. C’est en tout cas ce qui valut à la Grande Chélidoine son autre nom vernaculaire : la Grande Éclaire.


Chelidonium majus, Sauvages du Poitou


Chelidonium majus, Grande Chélidoine, Poitiers quartier Chilvert

Feuilles de la Grande Chélidoine: «molles», alternes, pennatiséquées en segments plus ou moins lobés.


La Grande Chélidoine exige un sol basique ou calcaire pour pousser; c'est pourquoi on la retrouve fréquemment au pied des murs et des ruines (roches calcaires). Elle affectionne les excès d'azote et donc les bords de routes (pollution automobile).


Étant la seule représentante du genre Chelidonium, on peut se demander pourquoi la Grande Chélidoine est qualifiée de «Grande». Il faut se souvenir qu’autrefois, Chelidonium minus alias Petite Chélidoine désignait une Renonculacée, la Ficaire (aujourd’hui Ficaria verna). S’il n’existe aucun lien de parenté entre les deux sauvages, ces dernières partagent au moins le jaune d’or de leurs fleurs, ainsi qu’une alliance avec le peuple fourmi pour assurer le transport de leur graines.


Chelidonium majus, siliques, Poitiers bords de Clain

Capsules allongées de la Grande Chélidoine, Poitiers bords de Clain


En effet, la Grande Chélidoine est une vivace qui colonise rapidement l'espace alentour grâce aux semences (regroupées dans une capsule ou silique) disséminées par les fourmis. Ces dernières sont attirées par l'excroissance charnue des graines (élaïosome) qu'elles abandonnent dans les fissures des murs ou qu'elles emportent sous terre jusque dans leurs fourmilières. Ainsi, ses colonies s’étendent d'un saut de fourmi à un autre.


Chelidonium majus, siliques, Poitiers quartier Chilvert

Les graines de la Grande Chélidoine (munies d’un élaïosome blanc bien visible) attendent la fourmi qui les emportera (myrmécochorie)...


Jadis, les alchimistes utilisaient la Grande Chélidoine dans la formule qui aurait permis de transformer les métaux en or... La quête reste entière (ou du moins secrète) en ce jour, mais la Grande Chélidoine doit aujourd'hui sa célébrité au pouvoir supposé anti-verrues (antimitotique) de son latex jaune orangé  — d'où son surnom d'«Herbe aux verrues». Bien que son efficacité ne soit pas prouvée, son usage reste répandu et il n'est pas difficile de trouver des témoignages élogieux, ou tout au contraire déçus, à son sujet!

- Si je peux juste me permettre...
- Tu ne te permets juste rien du tout. Tu vas d’abord me soigner cette mauvaise peau et ensuite tu te permets, ok ?
(C’est arrivé près de chez vous, Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde)


Pour aller plus loin:

- Identification assistée par ordinateur

- Chelidonium majus sur Tela-botanica

- Chélidoine, par delà les murs sur le site Zoom Nature

- Chélidoine, comme un petit Coquelicot sur le site Zoom Nature

Chelidonium majus, semences, Poitiers quartier Chilvert
Grande Chélidoine: Bon voyage! (myrmécochorie)
 

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