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Buglosse toujours verte, en rouge et bleu
Date 24/06/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Pentaglottis sempervirens, Buglosse toujours verte, Poitiers bords de Clain

Buglosse toujours verte, Poitiers bords de Clain

- Quoi la vache ? C’est toi la vache !

(La Haine, Mathieu Kassovitz)

Pentaglottis sempervirens (Buglosse toujours verte) appartient aux Boraginaceae, le clan de la Bourrache ou de la Consoude. Pentaglottis sempervirens partage d'ailleurs avec ses deux sœurs le goût de la majesté, puisqu'à maturité, elle peut atteindre un bon mètre de hauteur. Son nom courant, Buglosse, tire son origine du grec et signifie «langue de bœuf», une référence à la forme de ses feuilles raides et longues (jusqu'à 30cm de long), ovales, acuminées (se terminant brusquement en pointe à leur extrémité), sessiles en haut de la tige et longuement pétiolées à la base.


La Buglosse toujours verte apprécie les terres humides, ombragées et riches en azote. Ses grappes de fleurs bleues apparaissent entre avril et septembre. C'est une vivace qui se multiplie abondamment chaque année par semis spontanés et par bourgeonnement des racines. Et pourtant... Vous n'en croiserez pas à tout bout de champs.


Pentaglottis sempervirens, Buglosse toujours verte, Poitiers bords de Clain

Feuille de Buglosse toujours verte: un air de Consoude... Poitiers bords de Clain


Si la Buglosse toujours verte est assez courante dans le nord ouest de notre pays et en Bretagne, sa présence est moins marquée dans le Poitou. Chez nos voisins des Pays de Loire, elle est devenue si rare qu'un arrêté (1993) l'a placée en espèce protégée. Dans le sud ouest, il faut être un sacré veinard pour la croiser; quand aux promeneurs de l'est de la France, ils n'ont quasiment aucune chance de rencontrer la belle...


Pentaglottis sempervirens, Buglosse toujours verte, Poitiers bords de Clain

Petites fleurs bleues de la Buglosse toujours verte, Poitiers bords de Clain

Tu as la main, verte, mais de quelle couleur est le reste ?
(Batman & Robin, Joel Schumacher)

On nomme Pentaglottis sempervirens la «toujours verte» à cause de ses feuilles (les plus jeunes sont agréables en salade ou en potage), mais c'est de la teinture rouge qu'on peut fabriquer à partir de ses racines. Ses fleurs bleues comestibles sont parfois utilisées dans la cuisine sauvage comme décorations;  leur goût séduit cependant bien moins que celui de sa sœur de sève, la Bourrache.


Pentaglottis sempervirens, Buglosse toujours verte, Poitiers bords de Clain

Buglosse toujours verte, Poitiers bords de Clain


Pentaglottis sempervirens, Sauvages du Poitou


Pour aller plus loin:

- Pentaglottis sempervirens sur Tela-botanica

 

Gaillet gratteron, le pot de colle
Date 09/06/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Galium aparine, Gaillet gratteron, Poitiers chemin de la Cagouillère

Gaillet gratteron, Poitiers chemin de la Cagouillère


Galium aparine (Gaillet gratteron ou Guifron en poitevin-saintongeais) appartient au clan Rubiaceae, dont fait partie le célèbre caféier (Coffea). Autrefois, on pensait certains Gaillets capables de faire cailler le lait; une croyance (invalidée aujourd'hui) qui aurait inspiré le nom de la plante, Gala signifiant «lait» en grec. Pour d'autres, l'origine du nom serait latine, Gallus signifiant «coq» et la forme des feuilles ressemblant aux pattes d'une poule.


Galium aparine, Gaillet gratteron, Poitiers chemin de la Cagouillère

Fleurs discrètes du Gaillet gratteron: corolle à 4 lobes pointus, 4 étamines libres autour d'un pistil à deux styles au centre.


Galium aparine est une annuelle qui aime les terrains riches en azote, en matière organique animale et végétale. Originaire des sous-bois,  elle se plait aujourd'hui sur les terres amendées et cultivées, où sa présence concurrentielle aux céréales (qu'elle renverse en leur grimpant dessus) n'est pas la bienvenue.


Galium aparine, Gaillet gratteron, Poitiers bords de Boivre

Feuilles du Gaillet gratteron: sessiles, verticillées et mucronées.


Sa tige carrée et ses partie aériennes sont hérissées de petits aiguillons recourbés qui lui permettent de s'accrocher à tout ce qui lui tombe sous la feuille. Aparine en latin signifie littéralement «qui s'agrippe»; et pour agripper, Galium aparine agrippe! C'est un véritable tentacule végétale qui se colle aux plantes alentour pour s'élever et trouver la lumière; mais aussi aux fourrures des animaux et aux vêtements des promeneurs, qui en disséminent les graines malgré eux (les fruits, des diakènes, sont aussi munies de crochets).

Vous allez à Paris ? Hein ? A Lyon ? Oh oui, oh ben alors...
Ça me rapprochera toujours un petit peu. Bon allez va !

(L'auto-stoppeur, Coluche)

Galium aparine, Sauvages du Poitou!
Fruit crochu de Gaillet gratteron égaré sur le canapé : un souvenir de promenade ? (epizoochorie)


Gaillet gratteron, le pot de colle! Sauvages du Poitou


A force de s’incruster dans les jardins via les bas de pantalon, le Gaillet gratteron a fini par se faire remarquer. Ses parties aériennes très fournies ont servi autrefois à rembourrer les matelas; avec un tel garnissage, il ne fallait pas s’étonner si les siestes s’éternisaient et si les dormeurs restaient collés, au lit. A propos de coucherie, on racontait autrefois que celui ou celle qu’on surprenait avec un brin de gaillet collé dans le dos (Gaillet d’avril) avait surement un(e) amant(e) secret(e) quelque part, l’échantillon végétal trahissant un rendez-vous et des galipettes champêtres!


Galium aparine, Gaillet gratteron, Poitiers bords de Boivre

Quand le Gaillet gratteron s'emmêle les tentacules : sans doute les conséquences de la présence du Phytopte du Gaillet (Cecidophyes galii), un acarien qui s'attaque aux feuilles de la Sauvage.


L’usage populaire du Gaillet gratteron veut qu’une infusion massée sur la peau soulage un coup de soleil, une brulure, un eczéma, ou fasse même office shampoing anti-pelliculaire… Les jeunes pousses (lorsqu’elles sont encore tendres) de Galium aparine sont comestibles, crues en salade ou cuites, bien que légèrement amères. Les petits fruits cueillis verts (bon courage pour le ramassage), grillés à sec, écrasés et finalement mis à bouillir dans de l'eau fournissent un excellent succédané de café. Pour rappel, Galium aparine est de la même fratrie que le caféier, peut-être est-ce là un goût de famille?

Je m’appelle John Caffé, comme le café sauf que ça s’écrit pas pareil !
(La Ligne Verte, Stephen King)

Gaillet gratteron, le café du shérif!

Gaillet gratteron, le café du shérif!


Et puis qui sait, garder la Sauvage près de soi augmente ses chances de pouvoir observer l'incroyable Moro sphinx (Macroglossum stellatarum), un papillon capable de vol stationnaire et d'une vitesse de déplacement ahurissante, au point d'être surnommé le Sphinx Colibri. Car c'est sur les Galium, mais aussi sur d'autre Sauvages collantes du clan Rubiaceae, comme la Garance voyageuse (Rubia peregrina), que le papillon pond et installe sa progéniture.


Macroglossum stellatarum sur Galium verum, Roches-Prémarie-Andillé (86)

Chenille du Moro sphinx (ici sur Galium verum).


Timarcha tenebricosa, Crache sang, Biard (86)

Crache sang (Timarcha tenebricosa), un coléoptère qui se nourrit exclusivement de Gaillets à feuilles tendres (ici Galium mollugo).


Si le Gaillet gratteron (Galium aparine) est le plus célèbre des Gaillets (peut être parce qu'il est le plus attachant!), on peut croiser d'autres membres de sa tribu dans les jardins et aux bords des routes. La liste n'est pas exhaustive, mais parmi les plus communs:


le Gaillet Mollugine (Galium mollugo) est une vivace à la taille plus modeste, mais dont la floraison blanche est plus généreuse (les fleurs sont regroupées en panicules étalés). Les tiges, les feuilles et les fruits glabres de ce dernier n'accrochent ni les pantalons, ni les mains qui les caressent...


Galium mollugo, Gaillet Mollugine, Biard (86)

Gaillet Mollugine (Galium mollugo), Biard (86)


Un peu moins urbains, les Gaillet jaune (Galium verum) et Gaillet croisette (Cruciata laevipes) sont deux vivaces qui fréquentent les prairies ou les bords des routes de campagne. Le Gaillet jaune dresse des feuilles très minces, non agrippantes, et des fleurs jaunes groupées en panicules le long de sa tige.


Gaillet jaune, Galium verum, Salilhès (15)

Gaillet jaune (Galium verum), Salilhès (15)


Le Gaillet croisette forme parfois d'importantes colonies qui dégagent une odeur de miel au printemps. Ses fleurs jaunes sont portées par des pédoncules bien plus courts que ses feuilles ovales, poilues, non agrippantes, et toujours groupées (verticillées) par quatre.


Gaillet croisette, Cruciata laevipes, Quinçay (86)

Gaillet croisette (Cruciata laevipes), Quinçay (86)



Pour aller plus loin:

- Norb de Sauvages du Poitou raconte le Gaillet gratteron au micro de France Bleu Poitou


- Galium aparine sur Tela-botanica

- Galium aparine: identification assistée par ordinateur

- Galium mollugo sur Tela-botanica

- Galium mollugo: identification assistée par ordinateur

- Galium verum sur Tela-botanica

- Galium verum: identification assistée par ordinateur

- Cruciata laevipes sur Tela-botanica

- Cruciata laevipes: identification assistée par ordinateur

- Le Gratteron, capitaine crochet de l'escalade sur le site Zoom Nature

 

Cerfeuil des bois, l'usual suspect
Date 31/05/2015
Ico Haies & forêts

Anthriscus sylvestris, Cerfeuil des bois, Poitiers bords de Boivre (86)

Cerfeuil des bois, Poitiers bords de Boivre (86)


Anthriscus sylvestris (Cerfeuil des bois) appartient à la famille Apiaceae, appelée aussi Ombellifères, à cause de leurs inflorescences rayonnantes en forme d'ombrelle (on parle plutôt d'«ombelle» en botanique) des membres de ce groupe. Les Ombellifères offrent un défi de taille pour l'apprenti botaniste: un coup d’œil trop superficiel ne permet pas de les différencier; l'erreur n'est pourtant pas permise, car leur fratrie compte quelques Sauvages mortelles, dont la célèbre Conium maculatum, alias Grande ciguë.

- Comment vont les jumelles?
- Triplées.
- Triplées? Comme le temps passe vite!
(Brazil, Terry Gilliam)

Anthriscus sylvestris, Cerfeuil des bois, Poitiers bords de Boivre

Ombelle d'ombellules du Cerfeuil des bois, Poitiers bords de Boivre


Commençons donc par identifier quelques éléments qui distinguent Anthriscus sylvestris de ses consœurs: les feuilles  — légèrement odorantes au froissement  — sont très divisées. La tige est coriace, creuse et présente une section anguleuse. Tige et feuilles sont poilues à la base de la plante, mais glabres en hauteur.


Anthriscus sylvestris, Cerfeuil des bois, Poitiers bords de Boivre

Feuilles inodores du Cerfeuil des bois: alternes, tripennatiséquées, avec une base engainante.


Les fruits (des diakènes) sont aussi caractéristiques: allongés, cylindriques et lisses.


Anthriscus sylvestris, Cerfeuil des bois, Poitiers bords de Boivre

Diakènes du Cerfeuil des bois,

Poitiers bords de Boivre


Anthriscus sylvestris est vivace (annuelle ou bisannuelle dans des conditions moins favorables) et pousse (parfois à plus de 1m de hauteur) sur les sols de type forestiers, riches en matière organique végétale. Son feuillage apparait dès l'hiver sur les bords des chemins, puis ses fleurs à partir d'avril (c'est aussi un bon indice pour la reconnaitre: c'est bien souvent la première Ombellifère qu'on croise dans l'année). Les colonies peuvent être importantes, son couvert haut et précoce freinant considérablement la concurrence reléguée à l'ombre; ses nombreuses semences assurent sa large expansion.


Anthriscus sylvestris, Sauvages du Poitou!


Anthriscus sylvestris, Cerfeuil des bois, Béceleuf (crédit photo: Olivier Degorce)

Sortie botanique et cuisine avec Sauvages du Poitou et Amandine Geers au milieu des allées de Cerfeuil des bois: à la rencontre des Sauvages comestibles et toxiques! (Béceleuf, printemps 2017)


Voilà qui risque d'en étonner quelques uns: les jeunes feuilles d'Anthriscus sylvestris sont comestibles, consommées au Japon en soupe (attention, la racine en revanche est toxique, autrefois utilisée comme un abortif). Anthriscus sylvestris n'est que le proche parent sauvage d'une Ombellifère cultivée par l'homme: le Cerfeuil commun (Anthriscus cerefolium).


Anthriscus cerefolium, Cerfeuil commun, Poitiers bords de Boivre

Le Cerfeuil commun et ses petites feuilles bipennatisequées très parfumées


Anthriscus sylvestris est pourtant souvent présenté comme étant toxique, mais c'est là un bon principe de précaution: faute d'expertise, il convient d'adopter l'abstinence alimentaire avec les Ombellifères sauvages qui cachent dans leurs rangs quelques membres peu dissemblables des autres, mais pourtant mortels.


Anthriscus sylvestris, Cerfeuil des bois, Poitiers bords de Boivre

Racine (toxique) du Cerfeuil des bois, Poitiers bords de Boivre

C'est peut être avec Chaerophyllum temulum (Chérophylle penché ou Cerfeuil penché) que le risque de confusion est le plus grand. Ce dernier est toxique; il présente une allure et des feuilles quasi similaires, mais des ombelles penchées avant floraison et une tige pleine a section ronde, poilue de bas en haut.

Anthriscus sylvestris (g) et Chaerophyllum temulum (d)

Feuille du Cerfeuil des bois (dessus à gauche) et feuille du Cerfeuil penché (dessous à droite)


Pour aller plus loin:

- Anthriscus sylvestris sur Tela-botanica

- Antrhiscus sylvetris : identification assistée par ordinateur

- Chaerophyllum temulum sur Tela-botanica

- Anthriscus cerefolium sur Tela-botanica


Anthriscus sylvestris, Cerfeuil des bois, Poitiers bords de Boivre

Fleurs du Cerfeuil des bois: 5 pétales (une constante chez les Apiaceae), légèrement inégaux à la périphérie des ombelles.


Liparus coronatus sur Anthriscus sylvestris, Enssoulesse 86

Le Charançon couronné (Liparus coronatus), grand amateur d'Ombellifères, grignote les réserves bien fournies de Cerfeuil des bois au printemps.

 

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