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Renouée des oiseaux, la piétinée
Date 09/10/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Polygonum aviculare, Renouée des oiseaux, Poitiers quartier gare

Renouée des oiseaux, Poitiers quartier gare


Polygonum aviculare (Renouée des oiseaux ou Courée en poitevin saintongeais) appartient aux Polygonaceae, le clan des Renouées, du Sarrasin, des Rhubardes et autres Rumex. Les Polygonum (Renouées) tirent leur nom des termes grecs Polys «plusieurs» et Gonu «genoux»: leur tige solide est parcourue par de nombreux «nœuds». Il faudra bien se pencher pour observer ceux de Polygonum aviculare... la Sauvage est le plus souvent planquée sous nos chaussures!

- Bon dieu de merde tu me piétines la gueule.

- Ben excuse moi j’te croyais mort.

- Et ben tu t’es trompé, connard.

(Apocalypse Now, Francis Ford Coppola)

Polygonum aviculare, Renouée des oiseaux, Saint Benoît (86)

Sous les pneus des voitures en ville: petites feuilles ovales, elliptiques ou lancéolées

de la Renouée des oiseaux.


Polygonum aviculare est une herbe commune sur tout le globe. C'est la «mauvaise herbe» des chemins, des gazons usés, des terrains de jeux, celle qui perce entre deux pavés, dans les fissures du revêtement d'une cour ou d'un parking, autant de lieux fréquentés et de sols abîmés (nus et fortement tassés).


Polygonum aviculare, Renouée des oiseaux, Poitiers Chilvert

Fleur discrète à 5 tépales de la Renouée des oiseaux, Poitiers quartier Chilvert


Bien qu'annuelle (plus rarement pérennante), Polygonum aviculare avait tout pour devenir de la mauvaise graine: elle est capable de pousser dans des conditions misérables, sur des terres si dures qu'on aurait du mal à y planter une pioche, elle résiste aux piétinements, son mode de dispersion sur le territoire est efficace et ingénieux (voir plus bas)... Mais voilà, sa taille réduite ne cause guère d'inquiétudes et de considérations; ses fleurs blanches de quelques millimètres de diamètre ne marquent ni les regards (si ce n’est ceux des oiseaux), ni les butineurs (les fleurs s’autopollinisent).


Polygonum aviculare, Renouée des oiseaux, Poitiers centre ville

Renouée des oiseaux: l'art du micro carré potager sur macadam!


Les fruits (des akènes) pyramidaux de Polygonum aviculare font le régal des volatiles («aviculare» signifie oiseaux en latin). Les graines qui ne sont pas becquetées finissent collées sous les pattes des animaux ou sous les baskets des passants, qui disséminent malgré eux les générations suivantes. Enfin, la belle habille et protège les sols dégradés de l'érosion et de l'exposition directe au soleil par son couvert dense.


Polygonum aviculare, Renouée des oiseaux, Poitiers Chilvert

Renouée des oiseaux, l'amie de tous les oiseaux! Poitiers quartier Chilvert


Certains hommes avisés se sont quand même penché vers la Sauvage: il s'avère que Polygonum aviculare est comestible, pour nous comme pour les animaux (les fermiers la connaissent plus souvent sous le nom d'Herbe à cochon).


Mais c'est surtout grâce à son usage en médecine populaire que la sauvage a obtenu ses citations. La plante est tannique (asséchante), hémostatique (cicatrisante), riche en vitamine C et en flavonoïdes. Son infusion est réputée soulager les toux et les bronchites. Même si sa réputation subsiste (ses sommités fleuries sont inscrites à la liste A des plantes médicinales de la pharmacopée française), la médecine moderne montre moins d'enthousiasme à l'égard de la sauvageonne et les études à son sujet n’abondent guère.


Polygonum aviculare, Renouée des oiseaux, Chasseneuil-du-Poitou (86)

Renouée des oiseaux à la conquête de la misère, un tentacule après l'autre!

Et si la Sauvage ne vous convainc pas en tant que plante médecine, reste cette ancienne tradition vénitienne: pour prophétiser notre sort après le trépas, cueillir un brin de Renouée des oiseaux. En commençant par la pointe, compter chaque nœud jusqu'à la racine, en répétant tour à tour paradiso (paradis), purgatorio (purgatoire) et inferno (enfer)... Lorsqu'on arrive au dernier nœud, notre destin post mortem est fixé!


 Polygonum aviculare, Sauvages du Poitou


Pour aller plus loin:

- Polygonum aviculare: identification par ordinateur

- Polygonum aviculare sur Tela-botanica


Euphorbia prostrata, Euphorbe prostrée, Poitiers quartier Chilvert Euphorbia maculata, Euphorbe maculée, Saint-Sauvent (87)

Faute de se pencher suffisamment, on risque fort de confondre notre Renouée des oiseaux avec quelques Euphorbes au port rampant: à gauche, l'Euphorbe prostrée (Euphorbia prostrata) qui se distingue de par les poils de ses capsules répartis irrégulièrement. A droite, l’Euphorbe maculée (Euphorbia maculata) qui se distingue de par ses capsules pourvues d'une pilosité uniforme.

 

Renouée du japon, la terreur
Date 02/10/2015
Ico Grand banditisme (invasives)

Reynoutria japonica, Renouée du Japon, Poitiers quartier Chilvert

Renouée du Japon, Poitiers quartier Chilvert


Reynoutria japonica (Renouée du japon) appartient à la famille Polygonaceae, aux côtés des Sarrasin, Rhubarbes et autres Rumex. La Sauvage se dresse sur une tige solide parcourue de plusieurs «nœuds», signe distinctif des Renouées, qu'elles soient minuscules (Polygonum aviculare, la petite Renouée des oiseaux) ou géantes, comme la Renoué du Japon.


Pour le grand public, la désignation Renouée du Japon recouvre généralement trois plantes proches, assez difficiles à différencier: Renoutrya japonica (la Renouée du Japon à proprement parler, aux feuilles brusquement tronquées à la base et glabres à la face inférieure), Reynoutria sachalinensis (la Renouée de Sakhaline, plus rare, dont les feuilles, plus grandes, sont cordées à la base et possèdent quelques poils épars sur les nervures à la face inférieure) et Reynoutria x-bohemica (la Renouée de Bohême, une hybride des deux précédentes, très vigoureuse et compétitive). Les trois fausses jumelles ont des comportements semblables.


Reynoutria japonica, Renouée du Japon, Poitiers quartier gare
Feuilles tronquées de la Renouée du Japon (généralement à peine plus longues que larges).


Les grandes renouées sont d'excellentes comestibles. C'est d'ailleurs à ce titre qu'elles furent introduites en Europe, dès le moyen âge, depuis l'Asie (Chine, Corée, Japon et Sibérie). Capables de produire une biomasse importante en un temps record, elles ont tout le potentiel de bonnes fourragères (en pratique malheureusement, le bétail n'en raffole pas). L'homme préfère consommer les jeunes pousses ou l'extrémité des grandes tiges, cuites dans l'eau comme des asperges.


Reynoutria sp, Poitiers Chilvert

Jeune pousse d'une renouée géante, Poitiers quartier Chilvert


Les grandes renouées profitèrent d'une seconde vague d'importation vers l'Europe au 18ème siècle, sans doute pour leurs qualités ornementales: elles poussent haut et vite, avant d’agrémenter, à la fin de l'été, leurs massifs de fleurs blanches très mellifères (précieuses pour les insectes à l'approche de l'automne). L’espèce Reynoutria japonica ne dispose a priori pas de pieds mâles fertiles en France (des hybridations avec les autres renouées géantes, pour peu qu'elles se croisent sur un même territoire, restent possibles, pouvant aboutir à des spécimens fertiles).


Reynoutria japonica, Renouée du Japon, Poitiers bord de Clain

Fleurs de la Renouée du Japon en automne: un festin pour les diptères!


A ce point de l'article, on est en droit de se demander comment la Renouée du Japon a réussit à devenir l'archétype même de la plante invasive, et pourquoi la simple évocation de son nom cause des sueurs froides à ceux qui la côtoient de près... Car il se trouve que la Sauvage est aujourd'hui épinglée comme une véritable peste végétale, une terreur surveillée de très près par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature!


Reynoutria japonica, Sauvages du Poitou


Comme on l'a vu, en Europe, Reynoutria japonica n'a guère pu compter sur la reproduction sexuée (via des fleurs) pour se propager. Sa survie et son développement repose donc sur son mode de reproduction végétatif... Et ce dernier s'avère d'une efficacité redoutable!

Reynoutria japonica est vivace, avec des rhizomes démesurés capables de s'enfoncer à 2m de profondeur et de s'étendre jusqu'à 7m autour d'un seul pied. Ses racines libèrent une toxine dans le sol, pénalisant toute vie végétale alentour, histoire de saper la concurrence. Si l'on tente de s'en débarrasser, il faut savoir que le moindre centimètre de rhizome oublié en terre donnera naissance à un nouveau plant... De plus, en milieu humide (bords de rivières), une tige emportée par le courant et laissée à même le sol suffit pour démarrer une bouture.


Le moins que l'on puisse dire, c'est que les colonies géantes de Reynoutria japonica imposent le respect. Fauchées aux pieds, elles sont capables de repartir de plus belles et ce en un temps record (les jeunes pousses peuvent atteindre 3m de hauteur en une seule saison), occupant un espace ahurissant et laissant tous les autres végétaux sur le carreau. Autant de paysages où la biodiversité est mise à mal.


Reynoutria japonica, Renouée du Japon, Poitiers bord de Clain

Feu d'artifice automnal de la Renouée du Japon


Les plus perspicaces se demanderont peut être: comment se fait-il qu'une plante présente sur le territoire depuis le Moyen-âge devienne brusquement, au 20ème siècle, une hors-la-loi incontrôlable? Qui a fâché Reynoutria japonica?


Répondre à cette question reste une affaire de spécialistes, mais on peut entendre aujourd'hui quelques pistes de réflexions intéressantes:


Revenons aux origines asiatiques de Reynoutria japonica: au Japon, la Sauvage habitait le plus souvent les flancs des volcans; autant dire des sols naturellement hostiles et perturbés. Reynoutria japonica est donc dès son berceau une plante coriace, élevée à la dure, qui se sent comme un pied dans une pantoufle sur les sols métallifères. Les pollutions industrielles qu’elle tolère ont favorisé l'expansion de la sauvage en milieu urbain (et au-delà depuis) en pénalisant ses concurrentes. Mais surtout, les travaux de terrassement autour des villes ont boosté sa propagation : rien de tel que quelques coups de pelleteuses dans ses rhizomes pour la disperser. Aujourd'hui, Reynoutria japonica est devenue, à force de voyages et surtout à force de côtoyer l'homme, une invasive avec laquelle il convient de faire preuve d'humilité et de la plus grande vigilance.


Reynoutria japonica, Renouée du Japon, Poitiers quartier Chilvert
Tige densément tachée de rouge (parfois complètement rouge) de la Renouée du Japon.

Addenda (février 2016): les scientifiques anglais terminent cette année un programme de recherche démarré en 2004, qui vise à tester l'introduction de prédateurs naturels de la Renouée du Japon en Europe (sur son aire d'origine, l'expansion de la Sauvage est naturellement contrôlée par la faune autochtone). Un psylle (sorte de petite cigale), Aphalara itadori, présente des résultats très prometteurs; tout laisse à penser que son introduction sera validée puis généralisée sous peu. (source: La Garance voyageuse, N°112)


Pour aller plus loin:

- Identification assistée par ordinateur

- Reynoutria japonica sur Tela-botanica

- Une recette de cuisine originale pour (essayer de) se réconcilier avec la Sauvage!

 

Buddleja du père David, l'Arbre aux papillons
Date 11/09/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Buddleja davidii, Buddleja du père David, Poitiers gare

Feuilles lancéolées et généralement opposées du Buddleja du père David


Buddleja davidii (Buddleja du père David, Arbre aux papillons) est un arbuste originaire de Chine de la famille Loganiaceae dans la classification ancienne ou Scrophulariaceae dans la classification récente.


C'est l'occasion de parler de ces fameuses classifications, au combien nécessaires dans l'étude du vivant: on considère en botanique une classification dite «classique» qui se base sur les particularités morphologiques et chimiques des plantes. Celle ci fut utilisée jusqu'en 1998, année où fut proposé une nouvelle classification dite «phylogénétique». Dans cette dernière, les progrès scientifiques permettaient aussi de prendre en compte les liens de parenté (génétiques) qui existent entre les végétaux, leur histoire sur terre, au delà de leur apparence présente. Cette classification moderne fut révisée, ou plutôt affinée, en 2003, puis en 2009...

À quel famille appartient cet écu?

(Les visiteurs, Jean-Marie Poiré)

Mais peu importe: comprenons simplement que Buddleja davidii, qui appartenait au vaste gang Loganiaceae, aux côté des Digitales ou autres Véroniques, fut récemment expatrié — suite à un test ADN en bonne et due forme — chez les Scrophulariaceae, aux côtés des Molènes, ses sœurs de sèves et de gènes.


Buddleja davidii, Buddleja du père David, gare de Poitiers

Le Buddleja du père David entre en gare de Poitiers,

éloignez vous de la bordure du quai s'il vous plaît!


Quittons les rangs de l'université pour revenir sur le terrain, près de la voie ferrée... Car c'est à cet endroit, et le long des routes, que vous croiserez probablement Buddleja davidii. Importé sous nos latitudes à des fins ornementales, l'arbuste s'est rapidement échappé des jardins. Dans les milieux perturbés par l'homme, il est un pionnier efficace, voire franchement invasif dans certaines régions; il affectionne les terres misérables, ensoleillées, ne craint pas les pollutions citadines et ne connait pas de prédateurs sérieux. La SNCF et Réseau Ferré de France sont des gros consommateurs d'herbicides en France, nécessaires pour l'entretien des voies; pas de quoi faire trembler notre Sauvageon qui a fait des lignes de trains un de ses territoires de prédilection, aux côté des Renouées du Japon, des Ailanthes, des Robiniers faux-accacia et autres hors-la-loi increvables!


Buddleja davidii pousse rapidement (entre 2m et 5m de hauteur à maturité). Ses fleurs violettes disposées en large grappes (panicules) parfument les bosquets entre juin et octobre. Véritable usine à graines, un pied peut produire 3 millions de semences par an que le vent, l'eau (dans les ripisylves qu'il affectionne), les voitures et bien sûr les trains dispersent.


Buddleja davidii, Buddleja du père David, Poitiers gare

Fructification généreuse du Buddleja du père David, Poitiers gare


Le végétal doit son nom Buddleja davidii à deux hommes d'église: celui du pasteur et botaniste anglais Adam Buddle (en guise d'hommage) et celui du Père Armand David, botaniste français et missionnaire; c'est au au 19ème siècle, en Chine, que ce dernier rencontra l'arbuste.


Mais le surnom le plus courant de l'arbuste est Arbre aux papillons. Buddleja davidii est en effet une manne en matière de nectar pour les papillons qu'il attire irrémédiablement.

L’évidence du parfum possède une conviction irrésistible, elle pénètre en nous comme dans nos poumons l’air que nous respirons, elle nous emplit, nous remplit complètement, il n’y a pas moyen de se défendre contre elle.
(Le parfum - Histoire d’un meurtrier, Patrick Süskind)

Vanessa atalanta sur Buddleja davidi, Poitiers bords de Boivre

Vulcain (Vanessa atalanta) au festin de l'Arbre à papillon!


Ses feuilles sont en revanche boudées par les chenilles; malgré son pseudonyme tout en poésie, l'Arbre aux papillons seul ne serait suffire aux bonheurs des papillons.


En milieu urbain, les vastes haies de Buddleja davidi peuvent représenter un déséquilibre écologique: attirant les populations de papillons, l'arbuste ne leur permet pas d'assurer leur reproduction. Si l'arbuste fait preuve d'une générosité bienvenue au cœur d'un paysage végétal riche et varié, il devient un hôte suspect lorsqu'il colonise seul de vastes friches.


Vanessa atalanta sur Buddleja davidi, Poitiers bords de Boivre

Buddleja du père David, Poitiers bords de Boivre


Les racines de Buddleja davidi sont utilisées dans la fabrication de pharmacopées traditionnelles en Chine. La relative toxicité de l'arbuste (sa consommation ne présente à priori pas de danger pour l'homme, ce qui n'en fait pas un arbuste comestible pour autant) devrait cependant nous décourager d'en faire recette, à l'image des chenilles bien avisées.


Misumena vatia sur Buddleja davidi, Poitiers bords de Clain

Un tel afflux de papillons arrange forcément les parties de chasse de la Thomise variable (Misumena vatia)!


Dans son pays d'origine, on nomme l'arbuste Daye Zuiyucao, littéralement «grandes feuilles qui enivrent les poissons»: les fleurs jetées dans un bassin seraient capables d'y enivrer les poissons. En réalité, c'est là le meilleur moyen de les empoisonner! Vous l'aurez compris, Buddleja davidi est un Sauvageon séduisant... Qu'il convient d'apprivoiser avec discernement et surtout parcimonie.


Buddlaja davidii, Sauvages du Poitou


Pour aller plus loin:

- Buddleja davidii sur Tela-botanica

- L'Arbre aux papillons: sympa au jardin mais envahissant dans la nature par Vincent Albouy


Buddleja davidii, Buddleja du père David, Romagne (86)

Buddleja du père David, Romagne (86)

 

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