04/05/2015

Myosotis des champs, Poitiers bords de Boivre
Myosotis arvensis (Myosotis des champs ou Aimemou — pour Myosotis — en poitevin-saintongeais) appartient aux Boraginaceae (c'est le clan de la Bourrache). Myosotis vient des termes grecs myos et ous, et signifie littéralement «oreille de souris»; une référence à la forme et au duvet de ses feuilles lancéolées.

Myosotis des champs au printemps, Poitiers bords de Clain
Myosotis arvensis est parfois annuelle, souvent bisannuelle. Elle affectionne les sols sablonneux, pauvres en argile, en humus et en matière organique. Dans son milieu naturel originel, Myosotis Arvensis pousse sur les dunes, ou sur les rives ensablées des fleuves et des rivières. Trouver des colonies importantes de la plante en dehors de ce contexte peut être le signe inquiétant d'un sol lessivé, usé, maltraité, en perte grave de cohésion.

Myosotis rameux, Poitiers sous Blossac
On peut croiser plusieurs Myosotis de petite taille dans le même genre de milieu. Le Myosotis des champs (Myosotis arvensis) s'en distingue essentiellement par les longs pédicelles qui portent ses fleurs à maturité, nettement plus longs que ses calices. Chez le Myosotis rameux (Myosotis ramosissima), le plus velu, les pédicelles égalent au plus les calices. Les pédicelles du Myosotis raide (Myosotis stricta) ne sont quasiment pas visibles, comme si ses minuscules fleurs (2mm au plus) étaient directement fixées sur la tige. Enfin, le Myosotis bicolore (Myosotis discolor) est le seul a présenter des fleurs de différentes couleurs, allant du blanc au bleu, en passant par le jaune.

Les minuscules fleurs aux couleurs variées du Myosotis bicolore, Biard aérodrome (86)
Chez tous ces Myosotis, l'inflorescence (la partie haute de l'ensemble des fleurs sur la tige) est courte lorsque les fleurs sont encore en bouton, enroulée en spirale. Elle se déplie et se redresse au fil du temps, à l'image d'une queue de scorpion... D'où l'un des nombreux surnoms des Myosotis: «herbe aux scorpions».

Inflorescence caractéristique (cyme scorpioïde) du Myosotis des champs, alias «Herbe aux scorpions».
Mais le surnom le plus célèbre des Myosotis est sans doute «Ne m’oublie pas». Ils sont le symbole du souvenir et de la mémoire, et pas seulement en France; les allemands les appellent «Vergissmeinnicht», les anglais «forget-me-not»!

On raconte l'histoire suivante: un jour, un chevalier en armure voulut offrir une fleur sauvage à l'élue de son cœur. Il se pencha au bord d'une rivière pour cueillir un Myosotis, mais le poids de l'armure le fit basculer dans l'eau... Alors qu'il se noyait, le chevalier amoureux lança toutefois la fleur bleu azur à sa dame en lui criant: ne m'oublie pas! La belle, dans sa candeur, s'imagina que le vaillant en détresse lui criait le nom de la fleur!

Au bord de l'eau, un Myosotis de belle taille, le Myosotis des marais (Myosotis scorpioides), une vivace aux fleurs pâles de 5 à 10mm, les sépales recouverts de poils appliqués.

Myosotis des champs: la Sauvages qui murmurait à l'oreille des butineurs...

Un Myosotis taille XL (jusqu'à 50cm): le Myosotis des forêts (Myosotis sylvativa), une vivace aux fleurs bleu intense de 5 à 10mm, les sépales couverts de poils crochus, les feuilles du bas rétrécies à leur base en un pétiole ailé.
Pour aller plus loin:
- Norb de Sauvages du Poitou raconte le Myosotis au micro de France Bleu Poitou
- Myosotis arvensis sur Tela-botanica
- Myosotis arvensis: identification assistée par ordinateur
- Myosotis ramosissima sur Tela-botanica
- Myosotis ramosissima: identification assistée par ordinateur
- Myosotis stricta sur Tela-botanica
- Myosotis discolor sur Tela-botanica
- Myosotis discolor: identification assistée par ordinateur
- Myosotis sylvatica sur Tela-botanica
- Myosotis scorpioides sur Tela-botanica
- Myosotis scorpioides: identification assistée par ordinateur
- Comment le Myosotis communique avec les insectes sur le blog Des fleurs à notre porte
03/05/2015

Grande Chélidoine, Biard (86)
Chelidonium majus (Grande Chélidoine) appartient à la famille Papaveraceae, ce qui en fait la sœur des Pavots et autres Coquelicots, des plantes productrices de latex (substance toxique liquide, collante et coagulante) à la floraison souvent spectaculaire.

Fleurs groupées (presque en ombelles) de la Grande Chélidoine : 2 sépales (qui tombent après la floraison, on peut les voir ici sur les fleurs pas encore ouvertes), 4 pétales, nombreuses étamines autour d'un pistil surmonté de 2 stigmates.
Chelidonium signifie «Hirondelle», Chelidonium majus est donc littéralement la Grande hirondelle. Ses premières floraisons printanières coïncident avec l’arrivée des oiseaux migrateurs de retour d’Afrique (et le départ des oiseaux avec ses premières fanaisons), mais il existe une autre légende qui pourrait expliquer le nom de la Sauvage: on raconte que les hirondelles ouvrent les yeux de leurs oisillons avec une bectée de suc de la plante, ce qui n’est bien sûr que pure fantaisie. Il faut dire qu'en médecine populaire, la Grande Chélidoine était autrefois réputée pour traiter les affections ophtalmiques. Une fantaisie en entrainant une autre, certains lui accordaient même le pouvoir de rendre la vue aux aveugles. C’est en tout cas ce qui valut à la Grande Chélidoine son autre nom vernaculaire : la Grande Éclaire.


Feuilles de la Grande Chélidoine: «molles», alternes, pennatiséquées en segments plus ou moins lobés.
La Grande Chélidoine exige un sol basique — ou calcaire — pour pousser; c'est pourquoi on la retrouve fréquemment au pied des murs et des ruines (roches calcaires). Elle affectionne les excès d'azote et donc les bords de routes (pollution automobile).
Étant la seule représentante du genre Chelidonium, on peut se demander pourquoi la Grande Chélidoine est qualifiée de «Grande». Il faut se souvenir qu’autrefois, Chelidonium minus alias Petite Chélidoine désignait une Renonculacée, la Ficaire (aujourd’hui Ficaria verna). S’il n’existe aucun lien de parenté entre les deux sauvages, ces dernières partagent au moins le jaune d’or de leurs fleurs, ainsi qu’une alliance avec le peuple fourmi pour assurer le transport de leur graines.

Capsules allongées de la Grande Chélidoine, Poitiers bords de Clain
En effet, la Grande Chélidoine est une vivace qui colonise rapidement l'espace alentour grâce aux semences (regroupées dans une capsule ou silique) disséminées par les fourmis. Ces dernières sont attirées par l'excroissance charnue des graines (élaïosome) qu'elles abandonnent dans les fissures des murs ou qu'elles emportent sous terre jusque dans leurs fourmilières. Ainsi, ses colonies s’étendent d'un saut de fourmi à un autre.

Les graines de la Grande Chélidoine (munies d’un élaïosome blanc bien visible) attendent la fourmi qui les emportera (myrmécochorie)...
Jadis, les alchimistes utilisaient la Grande Chélidoine dans la
formule qui aurait permis de transformer les métaux en or... La quête
reste entière (ou du moins secrète) en ce jour, mais la Grande Chélidoine doit aujourd'hui sa célébrité au pouvoir supposé anti-verrues (antimitotique) de son latex jaune orangé — d'où son surnom d'«Herbe aux verrues». Bien que son efficacité ne soit pas prouvée, son usage reste répandu et il n'est pas difficile de trouver des témoignages élogieux, ou tout au contraire déçus, à son sujet!
- Si je peux juste me permettre...
- Tu ne te permets juste rien du tout. Tu vas d’abord me soigner cette mauvaise peau et ensuite tu te permets, ok ?
(C’est arrivé près de chez vous, Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde)
Pour aller plus loin:
- Identification assistée par ordinateur
- Chelidonium majus sur Tela-botanica
- Chélidoine, par delà les murs sur le site Zoom Nature

26/04/2015

Colonne vertébrale de la Stellaire holostée
Stellaria holostea (Stellaire holostée ou Herbe à la vierge dans le Poitou) appartient à la famille cosmopolite des Caryophyllaceae, dont les membres présentent généralement des fleurs à cinq pétales et des nœuds (intersections entre tige et feuille) marqués.
Le terme grec holos veut dire «entier» et osteum «os», holostea est donc «tout en os»; les longues tiges quadrangulaires, raides et cassantes de Stellaria holostea étant comme des chaînes de tibias. Jadis, selon la théorie des signatures qui voulait que l'aspect d'un végétal exprime ses vertus thérapeutiques, la plante était utilisée pour soigner les fractures.

Fleur de la Stellaire holostée: 5 sépales, 5 pétales échancrés jusqu'à la moitié, 10 étamines libres autour d'un pistil à 3 styles.
Stellaria holostea est une vivace à souche traçante qui s'étale (reproduction végétative) sur des sols riches et équilibrés. A la belle saison (printemps), elle dresse sa fleur astrale blanche (Stella est «l'étoile» en latin) à cinq pétales échancrés; les semences qui en résulte n'aboutissent que très rarement.

Le reste de l'année (hiver compris), Stellaria holostea subsiste en couchant sur le sol ses parties aériennes «osseuses» et ses feuilles opposées, minces et lancéolées.

Stellaria holostea est comestible en salade, mais peu tendre (ou alors sous forme de très jeunes pousses). Il ne faut pas en abuser à cause de sa qualité légèrement laxative.
Pour aller plus loin:
- Identification assistée par ordinateur
- Stellaria holostea sur Tela-botanica

Fruit en formation (capsule) de la Stellaire holostée: un vaisseau spatial en forme d'œuf au plat!

Stellaire graminée (Stellaria graminea), une petite vivace des prairie, comme une version miniature de la Stellaire holostée.
