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Amarantes, les super-héros
Date 29/08/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Amaranthus deflexus, Amarante couchée, Poitiers gare

Amarante couchée: introduite en France au début du 20ème siècle, l'Amarante couchée tend à devenir commune au cœur des villes.


Les Amaranthus (Amarantes ou Argon en poitevin saintongeais) appartiennent au clan qui porte leur nom, Amaranthaceae. Leurs fleurs minuscules sont généralement verdâtres ou rougeâtres, avec un périanthe herbacé, sec ou membraneux. Amarantos en grec signifie «qui ne flétrit pas»: même cueillies, leurs fleurs ne risquent guère de faner.


Le genre Amaranthus compte en France une douzaine d’espèces peu évidentes à différencier et sujettes à hybridation. On peut croiser au cœur des villes, entre autres: Amaranthus deflexus (Amarante couchée),  Amaranthus retroflexus (Amarante réfléchie), Amaranthus hybridus (Amarante hybride) et Amaranthus blitum (Amarante livide).


Amaranthus deflexus, Amarante couchée, Poitiers gare

Amarante couchée, Poitiers quartier gare


L'Amarante couchée (A.deflexus) et l'Amarante livide (A.blitum) présentent des ports étalés sur le sol. Les feuilles nous permettent de les différencier, ovales (ou rhomboïdales) chez l'Amarante couchée, échancrées (émarginées) à leur bout pour l'Amarante livide.


Amaranthus blitum, Amarante livide, Poitiers centre

Feuilles émarginées de l'Amarante livide, Poitiers centre


L'Amarante réfléchie (A.retroflexus) et l'Amarante hybride (A.hybridus) se distinguent par des ports dressés avec presque un mètre de hauteur à pleine maturité. Chez l'Amarante réfléchie, la tige et les pétioles sont fortement pubescents. Les feuilles ont souvent un bord de limbe ondulé. Chez l'Amarante hybride, tige et pétioles sont glabres ou légèrement velus.


Amaranthus retroflexus, Amarante réfléchie, Nouaillé-Maupertuis (86)

Amarante réfléchie, Nouaillé-Maupertuis (86)


Vous l'aurez compris, ces quelques conseils d'identification sont loin d'être suffisants ou exhaustifs! D'autant plus que les différences s'amenuisent lorsqu'on observe des Amarantes sur un bout de trottoir misérable, ou la plante pousse et se développe comme elle peut, à partir du peu qu'elle trouve... L'examen minutieux de leurs fleurs minuscules, assisté d'une flore experte, sont souvent nécessaires pour aller jusqu'à l’espèce.


Amarnthus hybridus, Amarante hybride, Buxerolles (86)

Amarante hybride, Buxerolles (86)


Les Amarantes réfléchie (A.retroflexus), hybride (A.hybridus) et livide (A.blitum) sont des annuelles, principalement pollinisée par le vent. Elles se resèment abondamment, produisant plusieurs milliers de graines par pied.


L'Amarante couchée (A.deflexus) est une vivace solidement enracinée. Au jardin, cette dernière peut se montrer envahissante... Il faut dire qu'elle ne craint guère que les limaces et les escargots, ces derniers n'étant pas légions à l'heure estivale où la Sauvage pointe le bout de ses feuilles.

J’ai un ami coincé dans l’œsophage d’une limace.

(Epic la bataille du royaume secret, Chris Wedge)

Pourtant, d'autres variétés d'Amarantes spécialement sélectionnées pour la culture ou l'ornement peuvent se révéler intéressantes à côtoyer.


Amaranthus deflexus, Amarante couchée, Poitiers quartier Chilvert

Amarante couchée: une usine à graines.


Car les Amarantes étaient cultivées par les amérindiens (Arizona), les Incas, les Mayas ou encore les Aztèques pour leurs graines avec lesquelles ils confectionnaient une farine (sans gluten) et des galettes. Les civilisations précolombiennes considéraient d'ailleurs la Sauvage (alors domestiquée) comme une plante sacrée et lui réservait une place de choix jusque dans leurs rituels.


C’est en tant que légumes (ainsi que pour leurs qualités ornementales) que nombre d’Amarantes furent introduites en Europe. Leurs grains et leurs jeunes feuilles riches en protéines, en vitamines A, C et en sels minéraux, sont consommées crues ou cuites comme des épinards.


Les Amarantes ont finalement quitté les jardins pour trouver la liberté au cœur des villes et des champs cultivés où elles apprécient les excès d’azote. Les espèces les plus rudérales, comme l’Amarante couchée (A.deflexus), furent probablement importées accidentellement, leurs graines s’étant introduites clandestinement via les transports de marchandises.


Amaranthus deflexus, Amarante couchée, Poitiers quartier gare

Amarante couchée: aux sombres héros du caniveau.

Et je voudrais remercier ma grand-mère pour avoir toujours été aussi gentille avec moi, et de m’avoir aidé à sauver le monde et puis tout ça.
(Mars Attacks, Tim Burton)

La culture de l'Amarante reste d'actualité dans des pays comme le Kenya, l'Ouganda, la Zambie ou le Zimbabwe. Sont généralement retenues des variétés annuelles à grandes feuilles, comme l'Amarante fournaise (A.tricolor), ou à graines, comme l'Amarante élégante (A.hypochondriacus), l'Amarante hybride (A.hybridus), l'Amarante à queue de renard (A.caudatus) ou encore l'Amarante rouge (A.cruentus).


Amaranthus caudatus, Amarante à queue de renard, Poitiers quartier Chilvert

La spectaculaire Amarante à queue de renard


Une O.N.G. kényane - Strategic Poverty Alleviation Systems - invite à considérer la culture de l'Amarante comme une solution face aux problèmes de malnutrition du continent africain: plus nutritive que le soja, plus facile à cultiver, elle tolère les sols pauvres, secs, se montre résistante face aux prédateurs et aux maladies et requiert peu d'eau...


Alors la prochaine fois que vous croisez un membre du clan Amaranthus, regardez de plus près: il se pourrait que derrière un masque de mauvaise herbe citadine, incognito sur un bout de trottoir, se cache le membre d'une famille de super Sauvages. Même si certaines d'entre elles (A.deflexus, A.retroflexus, A.hybridus) sont surveillées dans certaines régions françaises: il ne faudrait pas que, basculant du côté obscure de la force, leurs supers pouvoirs transforment ces globe-trotteuses en de nouvelles invasives sur notre sol!


Amaranthus, Sauvages du Poitou


Pour aller plus loin:

- Amaranthus deflexus sur Tela-botanica

- Amaranthus retroflexus sur Tela-botanica

 

Héliotrope d'Europe, sur la plage abandonnée...
Date 13/08/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Heliotropium europaeum, Héliotrope d'Europe, Poitiers quartier Chilvert

Héliotrope d'Europe, Poitiers quartier Chilvert


Heliotropium europaeum (Héliotrope d'Europe) appartient au gang Boraginaceae, celui de la Bourrache; mais c'est surtout avec le Myosotis des champs (Myosotis arvensis) — la petite souris aux inflorescence caractéristiques en «queue de scorpion» — que l'air de famille est le plus flagrant.


Heliotropium europaeum, Héliotrope d'Europe, Poitiers Mérigotte

Inflorescences caractéristiques (cymes scorpioïdes) de l'Héliotrope d'Europe, Poitiers quartier Mérigotte


Heliotropium europaeum est une plante thermophile: elle s'épanouit sur les sols chauds et secs, souvent pierreux, brûlés par le soleil. C'est une Sauvage caractéristique des sols laissés à nu pendant l'été. En période de sécheresse estivale, sa santé insolente contraste avec le monde végétal qui grille autour!


Heliotropium europaeum, Sauvages du Poitou


Son nom vient des termes grecs Hêlios «soleil» et Tropo «se tourner vers»: la Sauvage, avide de chaleur, oriente tout au long de la journée son feuillage vers le soleil... En réalité, c'est là une caractéristique très commune chez les végétaux, thermophiles ou non!

Le seul rêve que je fais c’est la surface du Soleil, chaque fois que je ferme les yeux c’est toujours le même.
(Sunshine, Danny Boyle)

Heliotropium europaeum, Héliotrope d'Europe, Poitiers Bellejouanne

Jeune pousse d'Héliotrope d'Europe, Poitiers quartier Bellejouanne


Au cœur de l'été, Heliotropium europaeum dresse ses inflorescences blanches à 30cm de hauteur. La belle n'est pas rare dans le Poitou, même si ses colonies sont plutôt parsemées; elle est anuelle et se resème spontanément chaque année.


Heliotropium europaeum, Héliotrope d'Europe, Poitiers parc des expositions

Colonie d'Héliotrope d'Europe, Poitiers parc des expositions


Toute la plante est toxique (alcaloïdes), dangereuse pour l'homme comme pour les herbivores. Elle était autrefois réputée pour ses propriétés anti-verruqueuses; c'est pourquoi certains continuent de surnommer Heliotropium europaeum «Herbe aux verrues» (mais c'est le plus souvent la Grande Chélidoine, Chelidonium Majus, que les gens désignent par ce sobriquet).


Pour aller plus loin:

- Heliotropium europaeum sur Tela-botanica

- Identification assistée par ordinateur


Heliotropium europaeum, Héliotrope d'Europe, Poitiers Chilvert

Feuilles de l'Héliotrope d'Europe: simples, alternes, ovales ou elliptiques.

 

Herbe de saint Jacques, la mal aimée
Date 30/07/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Jacobaea vulgaris, Herbe de saint Jacques (Fasciation), Biard (86)

Fasciation « smiley » chez l’Herbe de saint Jacques... Une bonne bouille pour une Sauvage qui n'attire pourtant pas les sympathies!


Jacobaea vulgaris (Herbe de saint Jacques, Séneçon jacobée ou Sanisson — pour Séneçon — en Poitevin-saintongeais) appartient à la grande famille Asteraceae, dont les membres présentent une multitude de fleurs minuscules accolées les unes aux autres pour former des capitules (un observateur non averti risque de considérer le capitule comme une fleur unique, mais c'est un trompe l’œil). Longtemps considérée et identifiée comme un Séneçon (d'où son appellation encore utilisée de Séneçon jacobée), la belle a récemment (2005) gagné son titre de noblesse botanique et le droit de porter un nom spécifique: Jacobaea. Une dénomination inspirée de son pic de floraison situé autour de la Saint Jacques (25 Juillet).

Mais vous voyez bien que Jacquart c’est mieux que Jacquouille, alors si vous ne comprenez pas ça vous n’avez qu’a prendre de la Juvamine bordel!
(Les visiteurs, Jean-Marie Poiré)

Jacobaea vulgaris, Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre

Capitules de l'Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre


On croise deux Jacobeae proches (aux feuilles assez polymorphes, ce qui ne facilite rien) sur les routes du Poitou: Jacobeae vulgaris (Herbe de saint Jacques ou Séneçon jacobée) en abondance et, plus rarement, Jacobaea erucifolia (Séneçon à feuille de roquette). Un critère de différenciation intéressera les apprentis botanistes: le calicule (petites feuilles spécifiques à la base du calice) du Séneçon jacobée est court et discret alors que celui du Séneçon à feuille de roquette est lâche et très développé.


Jacobaea vulgaris, Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre

Calicule court de l'Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre


Jacobaea vulgaris est une vivace (parfois bisanuelle) pionnière et souvent solitaire qui s'installe principalement sur les bords de route, les friches agricoles, les terrains vagues, les lisières... La Sauvage dresse ses fleurs pendant la saison estivale, entre juin et aout. On racontait autrefois que la longue tige de Jacobaea vulgaris faisait partie des «ramons», les tiges et rameaux sur lesquels chevauchaient les sorcières pour se rendre au sabbat. Par la suite, les ramons se transformèrent en de vulgaires balais dans l'imaginaire collectif.


Jacobaea vulgaris, Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre

Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre


Jacobaea vulgaris est toxique. Sa consommation (fraiche ou fauchée) est dangereuse pour les porcs, les chevaux ou les bovins, les alcaloïde qu'elle contient pouvant léser le foie des animaux; la Sauvage souffre pour cette raison d'une mauvaise réputation, et nombreux sont ceux qui lui font la chasse, à commencer par les éleveurs équins.


Jacobaea vulgaris, Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre

Feuille de l'Herbe de saint Jacques: pennatipartite en segments lobés ou crénelés, les inférieures pétiolées, les supérieures sessiles et embrassantes.


Jacobaea vulgaris est en revanche une ressource de premier choix pour les oiseaux et pour les papillons de nuit. Entre les chenilles tigrées du remarquable Goutte de sang (Tyria jacobaeae) et la Sauvage, c'est une véritable histoire d'amour... Et d'équilibre. Lorsque les chenilles pullulent et dévorent les fleurs (les chenilles en profitent pour se bourrer d'alcaloïdes, dissuadant les oiseaux de les bouloter), Jacobaea vulgaris abonde moins l'année suivante. Les chenilles en manque de nourriture se font plus rares la troisième année, permettant à la plante de proliférer. Les chenilles font alors leur retour en nombre la quatrième année, la boucle est bouclée! A vous d'observer, il y a des années à chenilles et des années à Herbes de saint Jacques...

Chaque espèce possède des instincts qui en fin de compte créent un équilibre avec la nature. Chaque espèce sauf celle dans laquelle je venais de naitre.

(Kyle XY, Eric Bress et J. Mackye Gruber)


Chenille du Goutte de sang sur Herbe de saint Jacques (crédit photo: Olivier Pouvreau)

Chenilles du Goutte de sang sur Herbe de saint Jacques, Biard (86)

Pour aller plus loin:

- Jacobaea vulgaris sur Tela-botanica

- Identification assistée par ordinateur


Tyria jacobeae & Jacobeae vulgaris, Sauvages du Poitou


Senecio inaequidens, Séneçon du Cap, Poitiers gare

Un autre Séneçon à l'allure proche de notre Herbe de saint Jacques, mais dont les feuilles linéaires permettent une identification aisée: le Séneçon du cap (Senecio inaequidens). Une vivace originaire d'Afrique du sud, largement naturalisée dans le sud de la France, qui voyage peu à peu vers le Nord de l'Europe: comme ici, fraîchement débarquée d'un train sur le quai en gare de Poitiers!

 

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