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Herbe-à-Robert, la diabolique
Date 10/05/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Geranium robertianum, Herbe à Robert, Poitiers bords de Boivre

Herbe à Robert, Poitiers bords de Boivre


Geranium robertianum (Herbe à Robert) appartient aux Geraniaceae, la famille des véritables géraniums «sauvages» (les célèbres fleurs de nos balcons étant en réalité des Pelargonium). Le terme Geranium dériverait du terme grec Geranos, la «grue», les fruits du Geranium présentant des petites pointes ressemblant au bec (ou à la tête) du volatile.


Geranium robertianum doit peut être son surnom à St Robert, évêque de Salzbourg, qui en découvrit les nombreuses vertus médicinales au 8ème siècle (selon d'autres sources, Robert serait simplement une déformation du mot latin ruber qui signifie «rouge»).


Geranium robertianum, Herbe à Robert, Poitiers bords de Boivre

Duo de fleurs de l'Herbe à Robert: 5 sépales, 5 pétales roses ou rouges, 10 étamines pourpres (rangées selon deux cercles imbriqués de 5 étamines) autour d'un pistil composé de 5 carpelles soudés.


L'Herbe à Robert est annuelle; elle peut en certaines circonstances être bisannuelle, voire vivace, et se perpétuer depuis ses rhizomes stolonifères. Mais c'est généralement grâce à ses graines, disséminées depuis des capsules explosives, qu'elle assure sa multiplication. Elle fleurit entre avril et octobre; ses petites fleurs — qui s'épanouissent et flétrissent dans un laps de temps très court pour laisser place à des capsules poilues — apparaissent toujours deux par deux sur chaque pédoncule.


Geranium robertianum, Herbe à Robert, Poitiers bords de Boivre

Duo de fruits (capsules) de l'Herbe à Robert: quand les Sauvages font leur Hellfest!


Il existe une espèce très proche souvent confondue, bien que moins commune, le Géranium pourpre, Geranium purpureum, dont la répartition en France se concentre au sud d'une diagonale allant de Normandie jusqu’en Savoie. Dans le Poitou, les deux espèces peuvent se côtoyer. Les fleurs du Géranium pourpre sont plus petites que celles de l'Herbe à Robert, rose-pourpre vif et leurs anthères sont jaunes, alors qu'elles sont rouge/orangé chez l'Herbe à Robert. Mais gare au piège: chez les deux espèces, les anthères une fois ouvertes sont couvertes d'un pollen jaune!


Geranium purpureum, Géranium pourpre, Poitiers quartier Chilvert

Le délicat Géranium pourpre, aux anthères jaunes d'or.


Geranium purpureum versus Geranium robertianum, Poitiers quartier Chilvert

Géranium pourpre à gauche, Herbe à Robert à droite: une histoire de taille et d'étamines!

- Qui c’est lui?

- Lui? C’est la main du Diable.

- Lui aussi?

- Oui... mais lui c’est la gauche.

(On l’appelle Trinita, Enzo Barboni)

L'Herbe à Robert tolère tout type de sols et d'expositions (elle prolifère sur les sols forestiers riches en matière organique). Elle est à ce point capable d'adaptation que dans une situation de sécheresse (ou à l'approche de l'hiver), ses feuilles découpées se couvrent d'une pigmentation rouge-vermillon qui la protège de la déshydratation.


Dans le Poitou, l'Herbe à Robert est parfois surnommée Fourchette du diable, à cause des longues pointes qui terminent ses duo de fruits. Il faut reconnaitre que la Sauvage est rusée comme un diable : en séchant, par un effet ressort lié à l’enroulement de leurs parois, ses fruits explosent et projettent les semences à plusieurs dizaines de centimètres autour de la plante! On raconte que les sorcières plantaient jadis l'Herbe à Robert devant leur maison pour être averties de l'arrivée d'un visiteur, les fleurs se tournant en direction de l'intrus. Aujourd'hui, on plante parfois la Sauvage devant les fenêtres: son odeur repousserait les moustiques. On peut obtenir le même effet en frottant ses feuilles sur sa peau... Mais rien ne vaut la bonne vieille citronnelle!


Geranium robertianum, Herbe à Robert, Poitiers bords de Boivre

Feuilles de l'Herbe à Robert: opposées, palmatiséquées en des segments petiolulés (comme munis d'un petit pétiole), eux mêmes pennatifides.


Il n'est pas une partie de l'Herbe à Robert qui n'est été utilisée par l'homme (elle a sans doute été introduite en Europe en tant qu'herbe médicinale): la plante est très tannique et donc astringente. En infusion, elle permet de lutter contre diarrhée, dysenterie et soulage les inflammations de l'estomac, des intestins ou des reins (néphrites); en gargarisme, elle permet de traiter les angines et les inflammations des amygdales; en usage externe, elle est cicatrisante, soulage les maux de dents... Autrefois, sa racine était utilisée pour tanner les cuirs.

- Vous me prenez pour le diable ?

- Vous en avez la beauté.

(Arsène Lupin, Jean-Paul Salomé)

Pieris napi sur Geranium robertianum, Poitiers bords de Clain

Herbe à Robert, diaboliquement belle! Même un ange comme la Piéride du navet (Pieris napi) s'y laisse prendre...



Pour aller plus loin:

- D'autres espèces citadines de Géraniums sur Sauvages du Poitou

- Norb de Sauvages du Poitou raconte l'Herbe à Robert au micro de France Bleu Poitou

- Geranium robertianum: identification assistée par ordinateur

- Geranium robertianum sur Tela-botanica

- l'Herbe-à-Robert sur le site de Zoom Nature

- Geranium purpureum sur Tela-botanica


Geranium robertianum, Herbe à Robert, Poitiers quartier Chilvert

La naissance de Robert (Herbe à Robert et ses cotylédons caractéristiques en forme de rein)

 

Grande Chélidoine, la dermatologue
Date 03/05/2015
Ico Murs et rocailles

Chelidonium majus, Grande Chélidoine, Biard (86)

Grande Chélidoine, Biard (86)


Chelidonium majus (Grande Chélidoine) appartient à la famille Papaveraceae, ce qui en fait la sœur des Pavots et autres Coquelicots, des plantes productrices de latex (substance toxique liquide, collante et coagulante) à la floraison souvent spectaculaire.


Chelidonium majus, Grande Chélidoine, Poitiers Chilvert

Fleurs groupées (presque en ombelles) de la Grande Chélidoine : 2 sépales (qui tombent après la floraison, on peut les voir ici sur les fleurs pas encore ouvertes), 4 pétales, nombreuses étamines autour d'un pistil surmonté de 2 stigmates.


Chelidonium signifie «Hirondelle», Chelidonium majus est donc littéralement la Grande hirondelle. Ses premières floraisons printanières coïncident avec l’arrivée des oiseaux migrateurs de retour d’Afrique (et le départ des oiseaux avec ses premières fanaisons), mais il existe une autre légende qui pourrait expliquer le nom de la Sauvage: on raconte que les hirondelles ouvrent les yeux de leurs oisillons avec une bectée de suc de la plante, ce qui n’est bien sûr que pure fantaisie. Il faut dire qu'en médecine populaire, la Grande Chélidoine était autrefois réputée pour traiter les affections ophtalmiques. Une fantaisie en entrainant une autre, certains lui accordaient même le pouvoir de rendre la vue aux aveugles. C’est en tout cas ce qui valut à la Grande Chélidoine son autre nom vernaculaire : la Grande Éclaire.


Chelidonium majus, Sauvages du Poitou


Chelidonium majus, Grande Chélidoine, Poitiers quartier Chilvert

Feuilles de la Grande Chélidoine: «molles», alternes, pennatiséquées en segments plus ou moins lobés.


La Grande Chélidoine exige un sol basique ou calcaire pour pousser; c'est pourquoi on la retrouve fréquemment au pied des murs et des ruines (roches calcaires). Elle affectionne les excès d'azote et donc les bords de routes (pollution automobile).


Étant la seule représentante du genre Chelidonium, on peut se demander pourquoi la Grande Chélidoine est qualifiée de «Grande». Il faut se souvenir qu’autrefois, Chelidonium minus alias Petite Chélidoine désignait une Renonculacée, la Ficaire (aujourd’hui Ficaria verna). S’il n’existe aucun lien de parenté entre les deux sauvages, ces dernières partagent au moins le jaune d’or de leurs fleurs, ainsi qu’une alliance avec le peuple fourmi pour assurer le transport de leur graines.


Chelidonium majus, siliques, Poitiers bords de Clain

Capsules allongées de la Grande Chélidoine, Poitiers bords de Clain


En effet, la Grande Chélidoine est une vivace qui colonise rapidement l'espace alentour grâce aux semences (regroupées dans une capsule ou silique) disséminées par les fourmis. Ces dernières sont attirées par l'excroissance charnue des graines (élaïosome) qu'elles abandonnent dans les fissures des murs ou qu'elles emportent sous terre jusque dans leurs fourmilières. Ainsi, ses colonies s’étendent d'un saut de fourmi à un autre.


Chelidonium majus, siliques, Poitiers quartier Chilvert

Les graines de la Grande Chélidoine (munies d’un élaïosome blanc bien visible) attendent la fourmi qui les emportera (myrmécochorie)...


Jadis, les alchimistes utilisaient la Grande Chélidoine dans la formule qui aurait permis de transformer les métaux en or... La quête reste entière (ou du moins secrète) en ce jour, mais la Grande Chélidoine doit aujourd'hui sa célébrité au pouvoir supposé anti-verrues (antimitotique) de son latex jaune orangé  — d'où son surnom d'«Herbe aux verrues». Bien que son efficacité ne soit pas prouvée, son usage reste répandu et il n'est pas difficile de trouver des témoignages élogieux, ou tout au contraire déçus, à son sujet!

- Si je peux juste me permettre...
- Tu ne te permets juste rien du tout. Tu vas d’abord me soigner cette mauvaise peau et ensuite tu te permets, ok ?
(C’est arrivé près de chez vous, Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde)


Pour aller plus loin:

- Identification assistée par ordinateur

- Chelidonium majus sur Tela-botanica

- Chélidoine, par delà les murs sur le site Zoom Nature

- Chélidoine, comme un petit Coquelicot sur le site Zoom Nature

Chelidonium majus, semences, Poitiers quartier Chilvert
Grande Chélidoine: Bon voyage! (myrmécochorie)
 

Joyeuses Pâquerettes!
Date 30/04/2015
Ico Prairies

Bellis perennis, Pâquerette, Poitiers bords de Boivre

Capitule de la Pâquerette: joyeuses Pâques!


Bellis perennis (Pâquerette ou Margarite en poitevin-saintongeais) appartient à la famille Asteracea (dites Composées), dont tous les membres présentent une multitude de fleurs minuscules regroupées en un capitule (ici par exemple, le cœur jaune de Bellis perennis est composé de nombreuses fleurs jaunes miniatures en tube, entourées de fleurs blanches imitant la forme de pétales).


Bellis perennis, Pâquerette, Poitiers bords de Boivre

Jour de pluie: la Pâquerette refuse d'ouvrir les volets...


En latin, Bellis perennis est, littéralement, la beauté éternelle... Une référence à la vierge Marie; c'est la fleur de l’innocence. Les chrétiens aiment à raconter une histoire à son sujet: Un jour, Marie voulut consoler son fils Jésus qui s'était piqué avec une épine en lui offrant Bellis perennis. Une goutte de sang du christ tomba sur les pétales, laissant depuis à leur extrémité un léger ton rosé.

Tous les pays qui n'ont plus de légende seront condamnés à mourir de froid.
(La Quête de joie, Patrice de La Tour du Pin)

Bellis perennis, Pâquerette, Poitiers Chilvert

Bellis perennis, à jamais la plus belle! Poitiers quartier Chilvert


Bellis perennnis montre ses fleurs blanches toute l'année durant, en dehors des périodes de gel, mais son nom Pâquerette vient de ses floraisons particulièrement massives autour des fêtes de Pâques. Elle pousse sur tous les types de sols, jusqu'à 2200 mètres d'altitude. Le vent ressème spontanément ses fruits (cependant dépourvus de soies pour le vol, ils ne vont guère loin), pendant que la plante d'origine se propage grâce à ses stolons (elle est vivace).


La Sauvage supporte bien le piétinement; elle s’adapte aux tontes régulières, ses tiges florifères repoussant rapidement après le passage des tondeuses… Bref, la Sauvage est toute à son aise en compagnie de l’homme et l'affection est généralement réciproque.


Bellis perennis, Pâquerette, Buxerolles (86)

Fruits de la Pâquerette: des akènes dépourvus de soies (les plumes pour voler), plutôt rare chez les Astéracées...


Bellis perennis ferme ses fleurs à la tombée de la nuit, et s'ouvre avec l'apparition du soleil. Elle se ferme également lors des averses, voir légèrement avant selon la légende; elle permettrait ainsi d'annoncer les pluies juste avant l'arrivée de celles-ci, telle une grenouille météo!


Météo Pâquerette, Sauvages du Poitou!



Bellis perennis, Pâquerette, Poitiers quartier Chilvert

Jeunes feuilles spatulées disposées en «rosette»,

Pâquerettes, Poitiers quartier Chilvert


Bellis perennis est une comestible riche en calcium, mais crue, sa saveur est âcre. C’est pourquoi ses capitules ne servent le plus souvent qu’à décorer les plats. Ses propriétés médicinales sont évoquées depuis la renaissance : elle serait antalgique (en usage externe ou interne) au même titre de que la célèbre Arnica des montagnes (Arnica montana), mais la pharmacopée française ne la retient pas en tant que plante médicinale.


Erigeron karvinskianus, Vergerette de Karvinski , Rochefort (17)

Une fausse jumelle: La Vergerette de Karvinski


La Vergerette de Karvinski (Erigeron karvinskianus), aussi surnommée Pâquerette des murailles, est une vivace rustique originaire du Mexique, cultivée dans les rocailles. Elle s’ensauvage peu à peu en France, quittant les jardins d’ornement pour vagabonder sur les trottoirs et les murs de nos cités. Si ses capitules ressemblent à ceux de la célèbre Pâquerette, ses tiges ramifiées dressent des feuilles très différentes, souvent trilobées.



Pour aller plus loin:

- Norb de Sauvages du Poitou raconte la Pâquerette au micro de France Bleu Poitou

- Identification assistée par ordinateur

- Bellis perrennis sur Tela-botanica


Melitaea cinxia sur Bellis perennis, Poitiers bords de Clain

La Mélitée du Plantain (Melitaea cinxia) devant son bol de Pâquerette au petit déjeuner

 

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