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Clématite vigne-blanche, l'Herbe aux gueux
Date 26/11/2015
Ico Haies & forêts

Clematis vitalba, Clématite vigne-blanche, Poitiers bords de Boivre

Fruits (akènes) de la Clématite vigne-blanche, Poitiers bords de Boivre


Clematis vitalba (Clématite vigne-blanche ou Viouche en poitevin-saintongeais) est une liane appartenant aux Ranunculaceae, un vaste gang de Sauvages toxiques et bigarrées.


Clematis vient du grec klematis qui signifie «sarment», le rameau grimpant de la vigne dont notre Sauvage a l'allure. Vitalba est la fusion des mots latins vitis et alba, littéralement la «vigne blanche», un nom inspiré de la couleur de ses fleurs et de ses fruits.


Clematis vitalba, Clématite vigne-blanche, Poitiers gare

Fleur de Clématite vigne-blanche: 40 à 80 étamines libres! La fleur ne possède en réalité pas de pétales, mais 4 à 5 sépales blancs qui ressemblent à des pétales (pétaloïdes).


Clematis vitalba est une vivace vigoureuse qui aime la richesse des milieux de type forestiers. Elle apprécie également les excès d'azote des milieux urbains (pollution automobile). En ville, malgré ses airs d'envahisseuse, elle est un atout de taille pour la biodiversité: ses fleurs sont susceptibles d'abriter et de nourrir une faune variée: abeilles, bourdons, papillons...


Horisme vitalbata, Horisme rayé, Poitiers quartier Chilvert Eupithecia haworthiata, Eupithécie de la Clématite, Poitiers quartier Chilvert

L'Horisme rayé (Horisme vitalbata) et l'Eupithécie de la Clématite (Eupithecia haworthiata), parmi les nombreuses créatures fantastiques qui dépendent des Clématites, leur plante hôte.


Ses feuilles composées imparipennées affichent des folioles très polymorphes: généralement ovales, lancéolées, un peu en forme de cœur (cordées) à leur base, tantôt entières, crénelées ou dentées... Une palette de formes bien fournie!


Clematis vitalba, Clématite vigne-blanche, Poitiers quartier gare

Feuilles composées de la Clématite vigne-blanche


Ses fruits plumeux (des akènes surnommés «les cheveux de vierge») restent accrochés longtemps, jusqu'au cœur de l'hiver (alors même que la Sauvage a perdu ses feuilles), comme autant de boules argentées qui attendent d'être dispersés par le vent.


Clematis vitalba, Clématite vigne-blanche, Poitiers bords de Clain

Soleil d'hiver sur les fruits de la Clématite vigne-blanche,

Poitiers bords de Clain


Clématite vigne blanche, Sauvages du Poitou!


Les tiges de Clematis vitalba s'épaississent et se lignifient en vieillissant, formant des lianes enchevêtrées, suffisamment épaisses pour supporter le poids d'un enfant! Une aubaine pour les apprentis Tarzans, ou pour les vanniers qui ont parfois utilisée la Sauvage dans la confection de leurs ouvrages.


Clematis vitalba, Clématite vigne-blanche, Poitiers gare  Clématite vigne-blanche, Dagneux (01)

Liane épaisse de la Clématite vigne-blanche


Les lianes s'appuient sur d'autres végétaux, généralement les arbres, pour grimper jusqu'à la lumière. Pour ce faire, elles doivent combiner longueur (il faut être capable d'atteindre la canopée, aussi haute soit elle), souplesse et surtout légèreté, sans quoi elles risqueraient de s'effondrer sous leur propre gigantisme. Les tiges de Clematis vitalba, loin d'être pleines, sont naturellement percées de trous (visibles à l’œil nu): c'est toujours ça de moins à porter.


Clematis vitalba, Clématite vigne-blanche, Poitiers gare  Clématite vigne-blanche, Poitiers

Tiges poreuses de la Clématite vigne-blanche: le secret de la légèreté?


Clematis vitalba est toxique; un contact cutané avec sa sève est irritant. Autrefois, les mendiants se massaient la peau avec ses feuilles fraiches pour s'infliger des plaies et susciter la pitié des passants. Un marketing masochiste qui va valu à la Sauvage le sobriquet d'«Herbe aux gueux».


Clematis vitalba, Clématite vigne-blanche, Poitiers gare  Clématite vigne-blanche, Poitiers quartier gare

Clématite vigne-blanche, Poitiers quartier gare


On raconte également que les garnements d'antan se frottaient les feuilles de la Sauvage dans les narines: le saignement qui s'en suivait permettant d'obtenir une excuse pour ne pas se rendre à l'école! Les coquins en profitaient pour courir la campagne, et peut être pour fumer une cigarette sauvage faite d'un bout de liane poreuse de Clematis vitalba... Une bien mauvaise idée! Car aux effets toxiques de la fumée se rajoute le risque d'ulcération des lèvres ou de la bouche.

«La Clématite sauvage sèche, qu'on appelait la Viouche, était plus facile à fumer. On trouvait cette plante aux longues ramifications dans les haies ou le long des vieux murs humides. On en coupait des tiges bien sèches de cinq à dix centimètres qu'on allumait à un bout. Les bâtonnets ainsi confectionnés sont parcourus de long canaux longitudinaux au travers desquels on pouvait aspirer l'air par un bout et entretenir, de cette manière, la braise conique coiffant l'autre extrémité de ces cigarettes rustiques. La fumée avait une saveur piquante et, après quelques tirées, la langue était soumise à une insupportable irritation si bien qu'il était rare de consommer jusqu'au bout une tige de Viouche incandescente.»


(extrait de Pique-Boche, jeune Poitevin des années noires de Jean Daniau, éditions Cheminements)

Clématite vigne blanche, Sauvages du Poitou!



Pour aller plus loin:

- Norb raconte la Clématite vigne-blanche au micro de France Bleu Poitou

- Clematis vitalba sur Tela-botanica

- Identification assistée par ordinateur


Clematis flammula, Clématite flamme, Poitiers quartier gare

La Clématite flamme (Clématis flammula) est une autre liane, aux feuilles non dentées, bipennées, et aux fleurs parfumées. Sa répartition est essentiellement méditerranéenne; croisée ici à la gare de Poitiers, les fruits volants de la Sauvage auront peut-être profité d'un train pour faire le voyage!

 

Asplenium, l'ancêtre
Date 16/10/2015
Ico Murs et rocailles

Asplenium ceterach, Ceterach, Biard (86)

Cétérach, qui signifie littéralement «fougère» en arabe


Les Asplenium (famille des Aspleniaceae) affichent plusieurs centaines d'espèces, de variétés et d'hybrides de fougères. Bon nombre d'Asplenium se sont taillés une réputation dans le traitement des affections du foie et de la rate; ainsi le clan Asplenium tirerait son nom du grec Splenon qui désigne la rate.


On s'intéressera ici plus particulièrement à quatre habitantes des murs de nos cités: Asplenium trichomanes (Capillaire des murailles), Asplenium scolopendrium (Scolopendre), Asplenium ruta-muraria (Doradille des murailles ou Rue des murailles) et Asplenium ceterach (Cétérach). Mais avant de faire place à ces quatre vénérables anciennes, revenons sur les particularités du peuple Filicophyta — alias peuple fougères —, fier de ses quelques 13.000 espèces recensées à ce jour, terrestres ou aquatiques, discrètes ou géantes (jusqu'à 20m de haut pour certaines espèces arborescentes)!


Les fougères représentent un embranchement dans la grande histoire végétale. Leur règne commence entre celui des algues, des mousses (qui n'ont pas encore de système vasculaire, donc pas de racines, de tiges ou de feuilles) et celui des plantes à graines, puis des plantes à fleurs. Les fougères possèdent donc déjà des racines, des tiges et des feuilles parcourues de vaisseaux (on parle de frondes plutôt que de feuilles), mais précèdent l'«invention» de la graine.


Asplenium adiantum-nigrum, Capillaire noire, Puits d'Enfer (Exireuil, 79)

Capillaire noire (Asplenium adiantum-nigrum), Puits d'Enfer (Exireuil, 79)

La vie trouve toujours son chemin.

(Jurassic park, Steven Spielberg)

Leur perpétuation est assurée par l'intermédiaire de semences primitives, les spores, produites par les sporanges. Les spores sont des cellules simples et microscopiques; contrairement aux graines, produites par les fleurs, qui sont des structures complexes (capables même d'intégrer un stock de nutriments pour la plante à naître) et suffisamment grosses pour être observables à l’œil nu.


La vie déteste les cases trop bien rangées: il y a plus de 300 millions d'années, apparurent des fougère à graines... complètement disparues aujourd'hui!


Asplenium scolopendrium, Scolopendre, Poitiers bords de Boivre

Sous les frondes (feuilles) de la Scolopendre, ses sporanges, c'est à dire «sacs à spores» (et non sac de sport!)


De même, dans la nature, les choses les plus simples cachent souvent des processus élaborés: les spores, en germant, ne deviennent pas directement des bébés fougères... Ils donnent naissance à un organisme intermédiaire, le prothalle, qui se présente un peu comme une mousse. C'est sur ce prothalle qu'apparaissent des organes mâles et femelles, et que la fécondation, en présence d'eau, puis l'apparition d'une jeune fougère, peut avoir lieu.


Les leçons du professeur Fougère, Sauvages du Poitou


Ainsi, grâce à ce long processus et avec l'aide de la météo, nos quatre Asplenium ont traversé l'histoire, jusqu'aux murs de nos villes contemporaines.


Asplenium scolopendrium, Scolopendre, Poitiers bords de Boivre

Jeunes frondes de Scolopendre: les «Langues de cerf!»


De nos quatre Sauvages, Asplenium scolopendrium (Scolopendre) est celle qui affiche de manière la plus évidente son appartenance au clan fougère. Là où la scolopendre dresse ses frondes en forme de longues langues ondulées (son autre nom local est Langue de cerf), l'eau n'est pas loin. La Sauvage s'installe dans les zones humides et fraîches, les abords des fontaines, les parois des vieux puits, les entrées des grottes et des sous-terrains, les murs exposés au nord... La Scolopendre doit son nom courant à ses grands sporanges linéaires, dont la disposition évoque les pattes du célèbre mille-pattes venimeux (Scolopendra).


Ses parties aériennes fraiches ou séchées ont été utilisés en médecine populaire pour leur qualité relaxante (hypotensive) et astringente (la Scolopendre est tannique, donc asséchante et cicatrisante en usage externe).


Asplenium trichomanes, Capillaire des murailles, Poitiers bords de Boivre

Frondes du Capillaire des murailles: linéaires lancéolées, composées pennées.


Asplenium trichomanes (Capillaire des murailles, la fougère doit son nom à l'axe central de ses frondes, fin comme un long cheveux noir) est sans doute la plus répandue parmi nos quatre Asplenium (ce n'est là que ma propre observation). Il faut dire que la Sauvage fait preuve d'une grande polyvalence: on rencontre ses touffes délicates dans les milieux calcaires (murs ou sols riches en calcium et chauds) comme dans les milieux siliceux (acides et frais). Elle s'installera sur les murs humides qu'elle affectionne bien sûr, mais également sur des spots plus secs et plus exposés.


Enfin, le Capillaire des murailles dispose d'un atout de taille pour faire face à la sécheresse: il est capable, en l'absence d'humidité, de recroqueviller ses frondes et de faire le morte.... Jusqu'au retour de la pluie!

- Et tu es mort ?

- Hélas oui... Mais j’ai survécu.

(L’âge de glace 3, Le temps des dinosaures, Carlos Saldanha)

Asplenium ruta-muraria, Doradille rue des murailles, Poitiers cimetière de Chilvert

Frondes bi ou tripennées de la Rue des murailles


Asplenium ruta-muraria (Rue des murailles) colonise les fissures des murs calcaires et des monuments, en situation ensoleillée ou ombragée. Elle doit probablement son nom à sa ressemblance avec une autre Sauvage herbacée, la Rue odorante (Ruta graveolens). Mais si au premier abord les petites feuilles de la Rue des murailles ne font pas penser à une fougère (plutôt à une minuscule salade frisée), la présence de sporanges sous les lobes empêche tout malentendu.


La Rue des murailles est défavorisée par la pollution atmosphérique, aussi, elle est un bon indicateur de la qualité de l'air dans les villes... Lorsque ses populations disparaissent, c'est qu'il ne fait plus bon respirer!

- Mais comment il fait pour respirer, là-dessous?

- Jacques ? Il respire pas...

(Le grand bleu, Luc Besson)

Asplenium ceterach, Ceterach, Biard (86)

Frondes pennatiséquées du Ceterach, Biard (86)


De nos quatre fougères, Asplenium ceterach (Cétérach) est la mieux taillée pour affronter la sécheresse: à l'extrême opposé de la Scolopendre, le Cétérach habite les murs (calcaire ou ciment) secs et ensoleillés. Son nom viendrait d'ailleurs de lointaines contrées arides: Seterak étant le mot arabe pour désigner les fougères.


Asplenium ceterach, Cétérach, Biard (86)

La même colonie de Cétérach quelques jours plus tôt, avant la pluie!


Lorsque l'eau vient à manquer,  le Cétérach se desséche et se recroqueville de manière à orienter les «écailles» protectrices cachées sous ses frondes vers le soleil. Au retour de la pluie, la Sauvage reverdit et reprend forme de manière rapide (une résurrection encore plus spectaculaire que celle de la Capillaire des murailles): un phénomène que l'on appelle la reviviscence. En médecine populaire, le Cétérach est utilisé (en une décoction amère) dans le traitement des affections respiratoires (toux, bronchite) et en prévention contre les calculs rénaux.


Asplenium trichomanes, Capillaire des murailles, Poitiers quartier Chilvert

Capillaire des murailles: la naissance d'une pieuvre au jardin!


Les feuillages persistants de ces quatre vagabondes (elles sont vivaces) en font d'excellentes candidates pour l'élection de Miss Sauvage dans les jardins d'ornement. En Grande-Bretagne, à l'époque victorienne, les fougères firent même l'objet d'un brusque phénomène de mode: la ptéridomanie. Des gens de tous milieux sociaux se mirent en quête de fougères rares, pour les ramener dans leurs jardins ou leurs terrariums et épater le voisinage!


Asplenium ruta-muraria, Doradille rue des murailles, Poitiers le Porteau

Les risques du métier de la Rue des murailles: dommages collatéraux lors d'un graffiti!


Et comme la nature aime l'équilibre, et qu'un phénomène exubérant finit toujours par engendrer son contraire, c'est sans doute à partir de la même période qu'apparut une curieuse pathologie: la ptéridophobie, ou phobie des fougères! Le plus célèbre ptéridophobique de l'histoire fut Sigmund Freud. A l'image d'un cordonnier mal chaussé, le psychanalyste ne parvint jamais à surmonter sa frayeur face à une touffe délicate de Capillaire des murailles!


Pour aller plus loin:

- Norb de Sauvages du Poitou présente quelques Asplenium de Poitiers au micro de France Bleu Poitou


- Asplenium trichomanes sur Tela-botanica

- Asplenium scolopendrium sur Tela-botanica

- Asplenium ruta-muraria sur Tela-botanica

- Asplenium ceterach sur Tela-botanica

 

Amarantes, les super-héros
Date 29/08/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Amaranthus deflexus, Amarante couchée, Poitiers gare

Amarante couchée: introduite en France au début du 20ème siècle, l'Amarante couchée tend à devenir commune au cœur des villes.


Les Amaranthus (Amarantes ou Argon en poitevin saintongeais) appartiennent au clan qui porte leur nom, Amaranthaceae. Leurs fleurs minuscules sont généralement verdâtres ou rougeâtres, avec un périanthe herbacé, sec ou membraneux. Amarantos en grec signifie «qui ne flétrit pas»: même cueillies, leurs fleurs ne risquent guère de faner.


Le genre Amaranthus compte en France une douzaine d’espèces peu évidentes à différencier et sujettes à hybridation. On peut croiser au cœur des villes, entre autres: Amaranthus deflexus (Amarante couchée),  Amaranthus retroflexus (Amarante réfléchie), Amaranthus hybridus (Amarante hybride) et Amaranthus blitum (Amarante livide).


Amaranthus deflexus, Amarante couchée, Poitiers gare

Amarante couchée, Poitiers quartier gare


L'Amarante couchée (A.deflexus) et l'Amarante livide (A.blitum) présentent des ports étalés sur le sol. Les feuilles nous permettent de les différencier, ovales (ou rhomboïdales) chez l'Amarante couchée, échancrées (émarginées) à leur bout pour l'Amarante livide.


Amaranthus blitum, Amarante livide, Poitiers centre

Feuilles émarginées de l'Amarante livide, Poitiers centre


L'Amarante réfléchie (A.retroflexus) et l'Amarante hybride (A.hybridus) se distinguent par des ports dressés avec presque un mètre de hauteur à pleine maturité. Chez l'Amarante réfléchie, la tige et les pétioles sont fortement pubescents. Les feuilles ont souvent un bord de limbe ondulé. Chez l'Amarante hybride, tige et pétioles sont glabres ou légèrement velus.


Amaranthus retroflexus, Amarante réfléchie, Nouaillé-Maupertuis (86)

Amarante réfléchie, Nouaillé-Maupertuis (86)


Vous l'aurez compris, ces quelques conseils d'identification sont loin d'être suffisants ou exhaustifs! D'autant plus que les différences s'amenuisent lorsqu'on observe des Amarantes sur un bout de trottoir misérable, ou la plante pousse et se développe comme elle peut, à partir du peu qu'elle trouve... L'examen minutieux de leurs fleurs minuscules, assisté d'une flore experte, sont souvent nécessaires pour aller jusqu'à l’espèce.


Amarnthus hybridus, Amarante hybride, Buxerolles (86)

Amarante hybride, Buxerolles (86)


Les Amarantes réfléchie (A.retroflexus), hybride (A.hybridus) et livide (A.blitum) sont des annuelles, principalement pollinisée par le vent. Elles se resèment abondamment, produisant plusieurs milliers de graines par pied.


L'Amarante couchée (A.deflexus) est une vivace solidement enracinée. Au jardin, cette dernière peut se montrer envahissante... Il faut dire qu'elle ne craint guère que les limaces et les escargots, ces derniers n'étant pas légions à l'heure estivale où la Sauvage pointe le bout de ses feuilles.

J’ai un ami coincé dans l’œsophage d’une limace.

(Epic la bataille du royaume secret, Chris Wedge)

Pourtant, d'autres variétés d'Amarantes spécialement sélectionnées pour la culture ou l'ornement peuvent se révéler intéressantes à côtoyer.


Amaranthus deflexus, Amarante couchée, Poitiers quartier Chilvert

Amarante couchée: une usine à graines.


Car les Amarantes étaient cultivées par les amérindiens (Arizona), les Incas, les Mayas ou encore les Aztèques pour leurs graines avec lesquelles ils confectionnaient une farine (sans gluten) et des galettes. Les civilisations précolombiennes considéraient d'ailleurs la Sauvage (alors domestiquée) comme une plante sacrée et lui réservait une place de choix jusque dans leurs rituels.


C’est en tant que légumes (ainsi que pour leurs qualités ornementales) que nombre d’Amarantes furent introduites en Europe. Leurs grains et leurs jeunes feuilles riches en protéines, en vitamines A, C et en sels minéraux, sont consommées crues ou cuites comme des épinards.


Les Amarantes ont finalement quitté les jardins pour trouver la liberté au cœur des villes et des champs cultivés où elles apprécient les excès d’azote. Les espèces les plus rudérales, comme l’Amarante couchée (A.deflexus), furent probablement importées accidentellement, leurs graines s’étant introduites clandestinement via les transports de marchandises.


Amaranthus deflexus, Amarante couchée, Poitiers quartier gare

Amarante couchée: aux sombres héros du caniveau.

Et je voudrais remercier ma grand-mère pour avoir toujours été aussi gentille avec moi, et de m’avoir aidé à sauver le monde et puis tout ça.
(Mars Attacks, Tim Burton)

La culture de l'Amarante reste d'actualité dans des pays comme le Kenya, l'Ouganda, la Zambie ou le Zimbabwe. Sont généralement retenues des variétés annuelles à grandes feuilles, comme l'Amarante fournaise (A.tricolor), ou à graines, comme l'Amarante élégante (A.hypochondriacus), l'Amarante hybride (A.hybridus), l'Amarante à queue de renard (A.caudatus) ou encore l'Amarante rouge (A.cruentus).


Amaranthus caudatus, Amarante à queue de renard, Poitiers quartier Chilvert

La spectaculaire Amarante à queue de renard


Une O.N.G. kényane - Strategic Poverty Alleviation Systems - invite à considérer la culture de l'Amarante comme une solution face aux problèmes de malnutrition du continent africain: plus nutritive que le soja, plus facile à cultiver, elle tolère les sols pauvres, secs, se montre résistante face aux prédateurs et aux maladies et requiert peu d'eau...


Alors la prochaine fois que vous croisez un membre du clan Amaranthus, regardez de plus près: il se pourrait que derrière un masque de mauvaise herbe citadine, incognito sur un bout de trottoir, se cache le membre d'une famille de super Sauvages. Même si certaines d'entre elles (A.deflexus, A.retroflexus, A.hybridus) sont surveillées dans certaines régions françaises: il ne faudrait pas que, basculant du côté obscure de la force, leurs supers pouvoirs transforment ces globe-trotteuses en de nouvelles invasives sur notre sol!


Amaranthus, Sauvages du Poitou


Pour aller plus loin:

- Amaranthus deflexus sur Tela-botanica

- Amaranthus retroflexus sur Tela-botanica

 

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