Ico Liste des Sauvages par noms
Ico Retrouver une Sauvage par l'image
Ico Initiation à la botanique joyeuse!
Ico Villes, chemins & terrains vagues
Ico Prairies
Ico Haies & forêts
Ico Murs et rocailles
Ico Zone humide
Ico Grand banditisme (invasives)
Ico Bestioles
Ico Rencontres et billets d'humeur

Résultat de votre recherche


1 ... 11 12 13 14 15 ... 23
Centranthe rouge, la cavalière
Date 08/02/2016
Ico Murs et rocailles

Centranthus ruber, Valériane rouge, Poitiers Chilvert

Centranthe rouge, Poitiers quartier Chilvert


Centranthus ruber (Valériane rouge ou Centranthe rouge) appartient à la famille Caprifoliaceae, aux côtés des Chèvrefeuilles ou des Symphorines. La Sauvage tire son nom des termes grecs kentron «aiguillon» et anthos «fleur»: ses fleurs rouges ou blanches regroupées en corymbes denses sont toutes prolongées d'un «éperon». En botanique, ce terme renvoie à une extension tubulaire à la base d'une fleur dont la forme rappelle celle des éperons à pointe émoussée que les cavaliers portent à leurs bottes.


Centranthus ruber, Valériane rouge, Poitiers chemin de la Cagouillère
Fleur de la Centranthe rouge: une corolle tubulaire toute en longueur, prolongée par un éperon à la base.

Centranthus ruber est une vivace d'origine méditerranéenne (certains la surnomme Lilas d’Espagne). Invitée dans les jardins à des fins ornementales, la belle du midi est aujourd'hui bien présente à l'état sauvage dans tout l'ouest de la France, le réchauffement climatique lui permettant de remonter progressivement vers le nord du pays.


Centranthus ruber, Valériane rouge, Poitiers quartier Chilvert

Jeune pousse de Centranthe rouge sur un mur perchée, Poitiers quartier Chilvert


Centranthus ruber aime les sols secs, même les plus pauvres, du moment qu'ils sont bien ensoleillés. On l'observe souvent à même les vieilles pierres des châteaux en ruine et les rocailles exposées plein sud. En ville, elle tient compagnie à la Pariétaire de Judée (Parietaria judaica) sur les murs, et il n'est pas rare d'en trouver jusque dans les graviers au bord des routes.


Centranthus ruber, Valériane rouge, Poitiers bords de Clain

Feuilles de la Centranthe rouge: opposées, ovales ou elliptiques, lancéolées, entières (ou à peine dentelées), les inférieures pétiolées, les supérieures sessiles.

Je vieillis, docteur. Maintenant, j'ai besoin de chaleur, de soleil... De ciel bleu aussi.

(Le Viager, Pierre Tchernia)

Centranthus ruber pousse en de hautes touffes ramifiées (jusqu'à 1,30 mètre de haut). Ses longues tiges presque lignifiée à la base peuvent courir au sol pour trouver la chaleur et le soleil, qui semblent être ses seules exigences. Insensible aux insolations, elle n’hésite pas à coloniser les murs élevés ou les toits ensauvagés qui lui assurent un accès privilégié vers l'astre solaire. Ses fruits volants, de petits akènes que le vent disperse, lui permettent d'atteindre de nouveaux spots de bronzette sur les hauteurs de la ville.


Centranthus ruber, Valériane rouge, Poitiers quartier Chilvert

Dès l'été, le vent disperse les fruits (des petits akènes plumeux) de la Centranthe rouge.


Au printemps, les fleurs rouges, rosés ou blanches de Centranthus ruber sont très mellifères, mais tous n'en profitent pas. Au jardin, la Sauvage est surtout un aimant à papillons: ces derniers sont les plus à même de profiter du nectar caché au fond des éperons de la Sauvage grâce à leur longue trompe (voir notre article consacré aux rôle des papillons dans la pollinisation).


Centranthus ruber, Sauvages du Poitou


Centranthus ruber est une des fleurs préférées du Moro sphinx - Macroglossum stellatarum -, un papillon qui pratique le vol stationnaire à la manière d'un oiseau-mouche. Quelques espèces d'abeilles solitaires et de bourdons munies de longues langues profitent de la Sauvage à l'occasion. Les bourdons à langue courte peuvent tenter le casse en mordant dans l'éperon pour en dérober le contenu; c'est là un hold-up végétal puisque la fleur fracturée n'est pas pollinisée.


Centranthus ruber, Valériane rouge, Poitiers Blossac

Moro sphinx (Macroglossum stellatarum) et Centranthe rouge.


L'usage médical populaire rapproche Centranthus ruber de sa sœur de sève, la Valériane officinale (Valériana officinalis): les deux Sauvages sont connues pour leur propriétés sédatives et, accessoirement, anxiolytiques (probablement dans une moindre mesure pour Centranthus ruber). Ce sont leurs parties souterraines qui sont utilisées, généralement en tisane ou en lotion relaxante pour le bain.


Si l'intérêt pharmaceutique des deux plantes reste discuté par le corps scientifique, le parfum caractéristique des racines de Centranthus ruber — parfois surnommée Herbe aux chats se révèle euphorisant et très attractif pour nos félins préférés! Si vous avez la chance d'avoir un bout de jardin bien exposé au soleil, un matou qui s'y promène et que les papillons vous enchantent, la Sauvage vous séduira probablement...


Centranthus ruber, l'Herbe aux chats, Sauvages du Poitou!


 Pour aller plus loin:

- Centranthus ruber sur Tela-botanica

- Centranthus ruber, l'histoire d'une intégration réussie sur le site de Zoom Nature


Centranthus ruber, Valériane rouge, Poitiers Blossac

Corymbes de la Centranthe rouge, tantôt rouges, tantôt blancs!

 

Mercuriale annuelle, a love story
Date 19/01/2016
Ico Villes, chemins & terrains vagues
Mercurialis annua, Mercuriale annuelle, Poitiers quartier Mérigotte
Mercuriale annuelle, Poitiers quartier Mérigotte

Mercurialis annua (Mercuriale annuelle, Vignette ou Foirole en poitevin-saintongeais) appartient au clan Euphorbiaceae,  dont la plupart des membres ont la particularité de contenir du latex dans leurs tiges et leurs feuilles (les Euphorbes en sont les représentantes les plus connues)... La nature ayant horreur des cases trop bien rangées, vous ne trouverez nul latex chez Mercurialis annua!


On qualifie notre Sauvage d'annuelle pour la différencier de sa fausse jumelle, la Mercuriale vivace (Mercurialis perennis) qui préfère les sous bois ombragés et ne fleurit qu'au printemps (cette dernière se distingue par sa racine traçante et son port non ramifié).


Mercurialis perennis, Mercuriale vivace, Poitiers bords de Boivre

Mercuriale vivace, Poitiers bords de Boivre


De son côté, la Mercuriale annuelle s'installe sur les sols riches en azote (pollution ou amendements agricoles), maltraités, les terres retournées ou laissées à nue et fleurit quasiment toute l'année... Si l'on observe les fleurs de la vivace que pendant une courte saison, l'annuelle fleurit quasiment toute l'année dans les milieux habités par l'homme!


Mercurialis annua, Mercuriale annuelle, Louhossoa (64)

Monsieur Mercuriale annuelle, Louhossoa (64)


Mercurialis annua est dioïque: on distingue des pieds mâles qui brandissent leurs petites fleurs vertes au bout de longs épis, et des pieds femelles, aux fleurs cachées sous l'aisselle des feuilles (quelques rares spécimens âgés peuvent présenter les deux sexes).


Mercurialis annua, Mercuriale annuelle, Poitiers bords de Boivre

Madame Mercuriale annuelle, Poitiers bords de Boivre


Mercurialis annua peut compter sur le vent pour propager son pollen. Mais elle n'est guère aidée par les butineurs: il n'y a pas de nectar à récolter dans ses fleurs discrètes. De leur côté, les abeilles en quête de pollen se contentent de fréquenter les pieds mâles (de ce point de vue, les mâles sont de bonnes mellifères pour l'arrière saison).


La Sauvage possède un autre atout pour assurer sa reproduction: lorsque le pollen est mûr, les tissus du pied mâle se gorgent d'eau jusqu'à l'explosion, projetant le pollen sur les femelles alentours pour les féconder (la projection se déclenche généralement le matin, profitant de la rosée). En somme, chez la Mercuriale, l'homme jette un bouquet de fleurs à sa promise pour lui faire la cour.


Mercuriale annuelle, Sauvages du Poitou!


Mercurialis annua, Mercuriale annuelle, Poitiers Chilvert

Feuilles de la Mercuriale annuelle: opposées, dentées ou crénelées, elliptiques lancéolées.


Le fruit résultant de l'idylle entre Monsieur et Madame Mercuriale est muni de poils crochus. Il peut s'accrocher aux poils des animaux ou des randonneurs de passage pour se propager sur le territoire (epizoochorie). Les fourmis raffolent également d'une substance que renferme une petite excroissance charnue sur la graine (élaïosome). Elles emportent les fruits jusque dans leur fourmilière pour en extraire la manne, avant de les rejeter un peu plus loin (myrmécochorie)...


La Sauvage doit son nom à Mercure, Dieu protecteur des voyages chez les romains. J'aime raconter que son nom lui vient de sa faculté à voyager à travers le pays, à dos d'homme, de bête ou de fourmi... Mais cette interprétation est sans fondement. C'est en tout cas un bon moyen pour se souvenir de son nom, comme de certaines de ses spécificités botaniques!

- J'ai tout de même pas mal voyagé, ce qui me permet de vous dire, en connaissance de cause, que votre patelin est tarte comme il est pas permis, et qu'il y fait un temps de merde.
- Je suppose que Monsieur plaisante?
- Absolument pas.
(Un singe en hiver, Henri Verneuil)

Mercurialis annua, Mercuriale annuelle, Poitiers bords de Clain

Monsieur (au premier plan) et Madame (derrière)

Mercuriale annuelle, Poitiers bords de Clain


Les deux Mercuriales (l'annuelle et surtout la vivace) sont toxiques pour l'homme comme pour les animaux.


La Mercuriale annuelle a autrefois été utilisé comme remède purgatif, ou pour couper la montée de lait des nourrices. Des recettes fortement déconseillées; mieux vaut garder la Sauvage loin des assiettes... Et rester simple spectateur du sitcom qui raconte les amours de Monsieur et Madame Mercuriale au jardin tout au long de l'année!


Mercurialis annua, Mercuriale annuelle, Poitiers parc des expositions

Fleurs mâles (gauche) et femelle (droite) de la Mercuriale annuelle


Pour aller plus loin:

- Norb de Sauvages du Poitou raconte la Mercuriale annuelle au micro de France Bleu Poitou

- Mercurialis annua sur Tela-botanica

- Mercurialis perrenis sur Tela-botanica


Mercurialis annua et Melampsora pulcherrima, Dinard (35)

Mercuriale annuelle déformée par une rouille. Le cycle biologique de ce genre de maladie fongique se déroule généralement sur deux hôtes différents: ici, Melampsora pulcherrima qui a pour hôtes la Mercuriale annuelle et divers Peupliers (Melampsora rostrupii, une autre espèce, a pour hôtes la Mercuriale vivace et divers Peupliers).

 

Benoîte des villes, l'exorciste
Date 25/12/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Geum urbanum, Benoîte des villes, Poitiers bords de Boivre

Benoîte des villes, Poitiers bords de Boivre


Geum urbanum (Benoîte des villes) apparient aux Rosaceae, une famille qui joue un rôle central dans l'alimentation (et donc l'économie) humaine; il s'agit du clan des fraisiers, mûriers, framboisiers, mais aussi de célèbres géants comme les cerisiers, pommiers, pêchers, pruniers...


Son nom savant Geum vient du latin Geuô qui signifie «j'assaisonne», à cause de la saveur de clou de girofle dégagée par son rhizome; quant à l'appellation urbanum, «l'urbaine», elle le doit peut être à son affection pour les friches et les décombres... A vrai dire, c'est surtout le moyen de la démarquer de ses deux sœurs de sève, la Benoîte des ruisseaux (Geum rivale) et la Benoîte des montagnes (Geum montanum)!

Si vous n’aimez pas la mer... Si vous n’aimez pas la montagne... Si vous n’aimez pas la ville: allez vous faire foutre !
(À bout de souffle, Jean-Luc Godard)

Geum urbanum, Benoîte des villes, Poitiers gare

Fleur de la Benoîte des villes: 5 pétales arrondis, 5 sépales pointus et tournés vers le bas autour de 30 à 60 étamines.


Geum urbanum est une vivace qui s'installe généralement sur des terres riches en humus, à l'ombre des forêts, des lisières ou des haies. Son rhizome traverse la saison hivernale caché sous terre; ses fleurs à cinq pétales (c'est toujours le cas chez les Rosaceae) apparaissent entre juin et août.


Ses fruits crochus s'accrochent aux poils des animaux et aux bas de pantalon des promeneurs... Un excellent moyen de propager ses semences loin de leur point de départ! La botanique réserve un nom à ce mode particulier de dissémination, via les plumes, les poils ou les vêtements des animaux (que nous sommes): épizoochorie.


Geum urbanum, Benoîte des villes, Poitiers bords de Boivre

Les fruits crochus de la Benoîte des villes: des dizaines d'akènes prêts à agripper vos bas de pantalon.

J’ai vu l’Exorciste 2747 fois! À chaque fois je me marre comme un bossu, qu’est ce qu’il est chouette ce film nom de Dieu!

(Beetlejuice, Tim Burton)

Son nom courant Benoîte est un hommage à Saint Benoît, fondateur de l'ordre bénédictin. Il faut dire que la plante a longtemps été considérée comme une bénédiction végétale: les moines allaient jusqu'à utiliser la plante dans les rituels d'exorcismes pour chasser le diable et son gang! La consommation de Geum urbanum était réputée pour calmer les ardeurs... Jusque dans les monastères où la tisane permettait d'apaiser les fantasmes mal venus des religieux.


Geum urbanum, Benoîte des villes, Poitiers bords de Boivre

Feuilles basales divisées et dentée de la Benoite des villes, Poitiers bords de Boivre


Toujours est-il qu'on lui reconnait certaines vertus médicinales, à tel point qu'ici et là, on continue de la désigner par des noms tels que Herbe de sang, Herbe de cœur ou Herbe de fièvre. La tisane des partie souterraines de Geum urbanum est calmante, légèrement sédative, digestive et astringente (asséchante et anti-diarrhéique). Selon la coryance populaire, mâchouiller un bout de rhizome (nettoyé et séché) - comme on mâchouillerait un clou de girofle - soulagerait les maux de dents; j'imagine que son parfum évoque à certains une séance chez le dentiste? Quoi qu'il en soit, l'odeur du clou de girofle, comme le son de la fraise dentaire, suffira peut-être à mettre en fuite le diable s'il venait à passer!


Geum urbanum, Sauvages du Poitou!



Geum urbanum, Benoîte des villes, Poitiers gare

Benoîte des villes, Poitiers quartier gare


Geum urbanum aurait également un effet bénéfique sur la lactation des ruminants. Jadis, les paysans du Poitou la fauchaient sur les bords des routes pour la donner aux vaches et booster leur production. Les jeunes feuilles de Geum urbanum sont comestibles, crues en salade. Leur parfum reste subtil. En revanche, les rhizomes charnus de la Sauvage, nettoyés, découpés et mis à sécher à l'ombre, dégagent un léger parfum: ceux-ci peuvent remplacer les clous de girofle dans les recettes (il faut cependant compter d'avantage de parties souterraines de Geum urbanum qu'il faudrait de clous de girofles). Autrefois, on laissait macérer pendant une bonne semaine des rhizomes de Geum urbanum (50 grammes) et quelques zestes d'oranges dans du vin rouge (1 litre) pour produire une boisson aromatisée, sorte de version sauvage du célèbre vin chaud de nos marchés de Noël... Happy and wild Christmas!


Geum urbanum, Benoîte des villes, Poitiers gare

Benoîte des villes: sur les tiges, notez les deux stipules foliacées presque aussi grandes que les feuilles elles mêmes!



Pour aller plus loin:

- Geum urbanum sur Tela-botanica

- Identification assistée par ordinateur

- La Benoîte urbaine sur le blog Books of Dante, où l'on apprend que la grande Hildegarde de Bingen considérait la Sauvage comme un Aphrodisiaque... Comme quoi!


Cecidophyes nudus sur Geum urbanum, Poitiers quartier Chilvert

Chez les Benoites, la ponte d’un acarien spécifique (Cecidophyes nudus) peut provoquer des boursouflures sur les feuilles (une «galle»).

 

1 ... 11 12 13 14 15 ... 23

MP  Mighty Productions
> Blogs
> Sauvages du Poitou
 
RSS       Mentions légales       Comms  Haut de la page