Ico Liste des Sauvages par noms
Ico Retrouver une Sauvage par l'image
Ico Initiation à la botanique joyeuse!
Ico Villes, chemins & terrains vagues
Ico Prairies
Ico Haies & forêts
Ico Murs et rocailles
Ico Zone humide
Ico Grand banditisme (invasives)
Ico Bestioles
Ico Rencontres et billets d'humeur

Résultat de votre recherche


1 ... 20 21 22 23 24 ... 33
Mercuriale annuelle, a love story
Date 19/01/2016
Ico Villes, chemins & terrains vagues
Mercurialis annua, Mercuriale annuelle, Poitiers quartier Mérigotte
Mercuriale annuelle, Poitiers quartier Mérigotte

Mercurialis annua (Mercuriale annuelle, Vignette ou Foirole en poitevin-saintongeais) appartient au clan Euphorbiaceae,  dont la plupart des membres ont la particularité de contenir du latex dans leurs tiges et leurs feuilles (les Euphorbes en sont les représentantes les plus connues)... La nature ayant horreur des cases trop bien rangées, vous ne trouverez nul latex chez Mercurialis annua!


On qualifie notre Sauvage d'annuelle pour la différencier de sa fausse jumelle, la Mercuriale vivace (Mercurialis perennis) qui préfère les sous bois ombragés et ne fleurit qu'au printemps (cette dernière se distingue par sa racine traçante et son port non ramifié).


Mercurialis perennis, Mercuriale vivace, Poitiers bords de Boivre

Mercuriale vivace, Poitiers bords de Boivre


De son côté, la Mercuriale annuelle s'installe sur les sols riches en azote (pollution ou amendements agricoles), maltraités, les terres retournées ou laissées à nue et fleurit quasiment toute l'année... Si l'on observe les fleurs de la vivace que pendant une courte saison, l'annuelle fleurit quasiment toute l'année dans les milieux habités par l'homme!


Mercurialis annua, Mercuriale annuelle, Louhossoa (64)

Monsieur Mercuriale annuelle, Louhossoa (64)


Mercurialis annua est dioïque: on distingue des pieds mâles qui brandissent leurs petites fleurs vertes au bout de longs épis, et des pieds femelles, aux fleurs cachées sous l'aisselle des feuilles (quelques rares spécimens âgés peuvent présenter les deux sexes).


Mercurialis annua, Mercuriale annuelle, Poitiers bords de Boivre

Madame Mercuriale annuelle, Poitiers bords de Boivre


Mercurialis annua peut compter sur le vent pour propager son pollen. Mais elle n'est guère aidée par les butineurs: il n'y a pas de nectar à récolter dans ses fleurs discrètes. De leur côté, les abeilles en quête de pollen se contentent de fréquenter les pieds mâles (de ce point de vue, les mâles sont de bonnes mellifères pour l'arrière saison).


La Sauvage possède un autre atout pour assurer sa reproduction: lorsque le pollen est mûr, les tissus du pied mâle se gorgent d'eau jusqu'à l'explosion, projetant le pollen sur les femelles alentours pour les féconder (la projection se déclenche généralement le matin, profitant de la rosée). En somme, chez la Mercuriale, l'homme jette un bouquet de fleurs à sa promise pour lui faire la cour.


Mercuriale annuelle, Sauvages du Poitou!


Mercurialis annua, Mercuriale annuelle, Poitiers Chilvert

Feuilles de la Mercuriale annuelle: opposées, dentées ou crénelées, elliptiques lancéolées.


Le fruit résultant de l'idylle entre Monsieur et Madame Mercuriale est muni de poils crochus. Il peut s'accrocher aux poils des animaux ou des randonneurs de passage pour se propager sur le territoire (epizoochorie). Les fourmis raffolent également d'une substance que renferme une petite excroissance charnue sur la graine (élaïosome). Elles emportent les fruits jusque dans leur fourmilière pour en extraire la manne, avant de les rejeter un peu plus loin (myrmécochorie)...


La Sauvage doit son nom à Mercure, Dieu protecteur des voyages chez les romains. J'aime raconter que son nom lui vient de sa faculté à voyager à travers le pays, à dos d'homme, de bête ou de fourmi... Mais cette interprétation est sans fondement. C'est en tout cas un bon moyen pour se souvenir de son nom, comme de certaines de ses spécificités botaniques!

- J'ai tout de même pas mal voyagé, ce qui me permet de vous dire, en connaissance de cause, que votre patelin est tarte comme il est pas permis, et qu'il y fait un temps de merde.
- Je suppose que Monsieur plaisante?
- Absolument pas.
(Un singe en hiver, Henri Verneuil)

Mercurialis annua, Mercuriale annuelle, Poitiers bords de Clain

Monsieur (au premier plan) et Madame (derrière)

Mercuriale annuelle, Poitiers bords de Clain


Les deux Mercuriales (l'annuelle et surtout la vivace) sont toxiques pour l'homme comme pour les animaux.


La Mercuriale annuelle a autrefois été utilisé comme remède purgatif, ou pour couper la montée de lait des nourrices. Des recettes fortement déconseillées; mieux vaut garder la Sauvage loin des assiettes... Et rester simple spectateur du sitcom qui raconte les amours de Monsieur et Madame Mercuriale au jardin tout au long de l'année!


Mercurialis annua, Mercuriale annuelle, Poitiers parc des expositions

Fleurs mâles (gauche) et femelle (droite) de la Mercuriale annuelle


Pour aller plus loin:

- Norb de Sauvages du Poitou raconte la Mercuriale annuelle au micro de France Bleu Poitou

- Mercurialis annua sur Tela-botanica

- Mercurialis perrenis sur Tela-botanica


Mercurialis annua et Melampsora pulcherrima, Dinard (35)

Mercuriale annuelle déformée par une rouille. Le cycle biologique de ce genre de maladie fongique se déroule généralement sur deux hôtes différents: ici, Melampsora pulcherrima qui a pour hôtes la Mercuriale annuelle et divers Peupliers (Melampsora rostrupii, une autre espèce, a pour hôtes la Mercuriale vivace et divers Peupliers).

 

Grande Berce, l'herculéenne
Date 08/01/2016
Ico Haies & forêts

Heracleum sphondylium, Grande Berce, Biard (86)

Grande Berce, Biard (86)


Heracleum sphondylium (Grande Berce ou Paquenaude en poitevin-saintongeais) appartient aux Apiaceae, le clan des Ombellifères, les plantes à ombelles. Elle doit son nom au légendaire Hercule, avec qui elle partage une carrure de rugbyman! Difficile de passer à côté de cette Sauvage sans la remarquer, tant elle dépasse toutes les autres de plusieurs têtes (jusqu'à 2 mètres de hauteur à maturité)!


Heracleum sphondylium, Grande Berce, Poitiers bords de Boivre

Grande Berce: des feuilles alternes, composées imparipennées aux découpes très variables, qui valent parfois à la géante le surnom de « Patte d’ours ».


Elle reste moins impressionnante que sa terrible cousine Heracleum mantegazzianum (Berce du Caucase) qui peut faire le double de sa taille (des taches pourpres bien définies le long de la tige et des ombelles à plus de 40 rayons nous permettront d'identifier la funeste et brûlante caucasienne). Heracleum sphondylium est moins dangereuse, même s’il subsiste un risque d'irritation pour les personnes sensibles en cas de contact avec sa sève, combiné avec une exposition au soleil. En cas de cueillette, manches longues, pantalon et gants sont de rigueur.


Heracleum sphondylium, Grande Berce, Poitiers bords de Boivre

Boutons floraux de la Grande Berce qui peuvent se consommer comme des brocolis.


Pourtant, les jeunes pousses et les jeunes feuilles de Heracleum sphondylium sont comestibles cuites à la vapeur, en soupe ou en potage. Elles sont riches en vitamine C, en glucides et en protéines. En Europe orientale, la sauvage était un des ingrédients (le plus souvent remplacé aujourd'hui par le céleri en branche ou la betterave rouge) du potage traditionnel, le Borchtch, peut-être à l’origine du nom vernaculaire «Berce»; alors que les pétioles des feuilles et les très jeunes tiges creuses épluchées et coupées en rondelles font d'excellents bonbons au goût d'agrume.

Ce sont les fameux doubitchous de Sofia (...). Oui, oui, oui, c'est fait à la main, c'est roulé à la main sous les aisselles.

(Le Père Noël est une ordure, Jean-Marie Poiré)

Heracleum sphondylium, Grande Berce, Biard (86)

Ombelle de la Grande Berce, Biard (86)


Avant de se lancer dans la confection du Borchtch sauvage, on prendra le temps de se souvenir des dangers que courent les cueilleurs d'ombellifères (voir article Anthriscus sylvestris), un sport extrême qui ne tolère aucune approximation: outre sa cousine géante dont on a déjà parlé (Berce du Caucase) qui peut provoquer des brûlures graves, Heracleum sphondylium peut être confondue avec d'autres membres mortels de sa famille, dont les membres ont une fâcheuse tendance à se ressembler.


Heracleum sphondylium, Grande Berce, Poitiers bords de Boivre

Ombelles d'ombellules dressées de la Grande Berce, Poitiers bords de Boivre


Heracleum sphondylium est une vivace (parfois bisanuelle) qui affectionne les sols riches et humides. Ses ombelles apparaissent entre juin et septembre et attirent foule d'insectes, qu'on prendra plaisir à observer sans avoir à se pencher! Ses tiges raides subsistent en hiver, tels des squelettes, longtemps après le dessèchement des parties aériennes de la plante.


Heracleum sphondylium, Grande Berce, Poitiers bords de Boivre

Fruits (diakènes) de la Grance Berce, Poitiers bords de Boivre

Je sens que vous êtes insatisfait sexuellement, je pourrais vous soulager...?

(Yes man, Peyton Reed)

La tisane des parties aériennes d'Heracleum sphondylium est réputée digestive et hypotensive (ses racines sont inscrites à la liste B de la pharmacopée française qui recense les plantes médicinales dont les effets indésirables potentiels sont supérieurs au bénéfice thérapeutique attendu). Autrefois, l'usage populaire du breuvage était connu pour ses vertus... Aphrodisiaques! Heracleum sphondylium aurait-elle le pouvoir de transmettre à celui qui la consomme sa vigueur et sa libido herculéenne? Les effets ne s'avèrent bien sûr guère probants, mais reste son goût agréable évoquant un peu la mandarine.


Heraclum sphodylium, Sauvages du Poitou


Pour aller plus loin:

- Heracleum sphondylium sur Tela-botanica

- Identification assistée par ordinateur

 

Verveine officinale, la garante
Date 03/01/2016
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Verbena officinalis, Verveine officinale, Poitiers Porteau

Verveine officinale, Poitiers Porteau


Verbena officinalis (Verveine officinale ou Varvoine en poitevin-saintongeais) fait office de chef de clan chez les Verbenaceae. Elle est la vraie verveine, la verveine sauvage! Évidemment, il n'existe pas de «fausse» verveine, mais nos sachets d'infusions sont généralement confectionnés avec une toute autre plante: la Verveine citronnée (Aloysia citrodora), un arbrisseau aromatique importé des terres péruviennes et chiliennes, qui n'existe pas à l'état sauvage de notre côté du globe.


Verbena officinalis est le plus souvent considérée comme une simple «mauvaise herbe», même si les jardiniers font rarement preuve d'hostilité à la vue de sa silhouette fragile. Elle n'est bien sûr pas dénuée d'intérêt (voir plus bas), mais son goût amer et âpre n'en fait certainement pas un premier choix pour la tisane.


Verbena officinalis, Verveine officinale, Poitiers bords de Boivre

Fleurs sessiles (en épis) de la Verveine officinale, Poitiers bords de Boivre


Verbena officinalis a pourtant connu la gloire sous l'Empire romain: elle doit son nom à Vénus, déesse de l'amour, de la séduction et de la beauté. Les romains l'avaient élevée au rang de plante sacré: ils brandissaient les tiges séchées de la Sauvage pour signer les contrats ou prêter serment; l'«Herbe de Venus» (traduction littérale de Verbana en latin) prouvait la validité d'un engagement, puisqu'à travers elle, les Dieux eux-mêmes en étaient témoins.

Verbena officinalis, Sauvages du Poitou

Les ambassadeurs tressaient leurs couronnes officielles avec les tiges fleuries, pendant que les prêtres purifiaient les autels consacrés à Jupiter, le Dieu en chef, à l'aide d'une décoction à base de Verveine.

Verbena officinalis, Verveine officinale, Poitiers bords de Boivre
Telle la déesse Vénus incarnée, une Piéride (Pieris napi) se jette sur un tapis de Verveine officinale.

La fabuleuse histoire de Verbena officinalis ne se cantonne pas à l'Empire romain. La Sauvage est une véritable «plante sorcière» sur le continent européen, au cœur des superstitions populaires et des grimoires de magie: on s'en frotte les mains avant de toucher la personne dont on veut conquérir le cœur (un pouvoir hérité de Vénus?); on la porte pour tenir à l'écart les démons, à moins que ce ne soit pour les invoquer... En Charentes-Maritime, on raconte que les diablotins s'en font des jarretières pour pouvoir danser sans se fatiguer! Bref, chacun y va de sa petite histoire rocambolesque. Au bout du compte, on peut au moins reconnaître une qualité à la Sauvage: elle enflamme les imaginations!
Verveine : herbe sacrée dont on se servait (...) pour chasser des maisons les malins esprits (...). Les démonographes croient qu'il faut être couronné de verveine pour évoquer les démons.
(Dictionnaire infernal de Jacques Collin de Plancy, 1818)

Verbena officinalis, Verveine officinale, Poitiers bords de Boivre

Feuilles dentées ou pennatifides de la Verveine officinale, Poitiers bords de Boivre


Ou plutôt, elle enflammait les imaginations... Car aujourd'hui, sur son bord de route, Verbena officinalis semble bien insignifiante.

On est les enfants oubliés de l’histoire mes amis.

(Fight Club, David Fincher)

La belle est une petite vivace (15 à 40cm); à moins de profiter d'un abri hivernal (une serre par exemple), elle se comporte souvent comme une annuelle, tout en se resemant efficacement chaque année. Elle affectionne les décombres, les prairies piétinées et les bords des chemins baignés de soleil... Ses petites fleurs inodores, violettes ou bleuâtres, rangées en épis, se montrent à la belle saison (entre juin et octobre).


Verbena officinalis, Verveine officinale, Poitiers bords de Boivre

Verveine officinale, Poitiers bords de Boivre


L’utilisation à des fins thérapeutiques de Verbena officinalis reste d'actualité, même si sa célébrité n'arrive pas à la tige de l'autre verveine, la citronnée. L'infusion des sommités fleuries de Verbena officinalis est réputée digestive, anti-inflammatoire à la manière de l'aspirine... Elle aurait aussi une action positive sur le système nerveux (anxiété ou vertiges). Mais il y a des contre-indications: sa consommation est déconseillée aux femmes enceintes (ou qui allaitent), ainsi qu'au personne ayant des problèmes ou des traitements liés à la tension et au sang (insuffisance hépatique ou sous anticoagulants).


Bref, les précautions usuelles sont nécessaires: mieux vaut prendre conseil auprès d'un spécialiste avant se lancer dans une cure. Mais pour ce qui est d'invoquer Venus l'amoureuse, un brin de verveine à la main, pas besoin d'expert, il suffit de lever les yeux au ciel et de se jeter à l'eau!

Ton pouvoir m’a ensorcelé! Il me laisse sans défense! Allez viens je t’emmène ce soir, laisse moi te vénérer comme une déesse! Viens dans mes bras!

(Willow, Ron Howard)

Pour aller plus loin:

- Verbena officinalis sur tela-botanica

- La grande histoire de la Verveine sur le blog Books of Dante

 

1 ... 20 21 22 23 24 ... 33

MP  Mighty Productions
> Blogs
> Sauvages du Poitou
 
RSS       Mentions légales       Comms  Haut de la page