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Vipérine commune, la mellifère
Date 07/08/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Echium vulgare, Vipérine commune, Poitiers bords de Boivre

Vipérine commune, Poitiers bords de Boivre


Echium Vulgare (Vipérine commune) appartient aux Boraginaceae, dont la Bourrache fait office de chef de clan; on reconnait d'ailleurs chez Echium Vulgare des traits familiers (je pense à la Bourrache mais aussi à la Buglosse), à commencer par sa grandeur (jusqu'à 1m de hauteur), sa piquante pilosité (évitez de l'empoigner à pleines mains!) et ses abondantes fleurs bleues! Le nom Vipérine (Echium en grec) viendrait de ses fleurs en forme de gueules ouvertes de serpents. Pour d'autres, le nom vient plutôt de l'utilisation ancienne et fantasque de la plante comme remède contre les morsures des reptiles. De toute façon, vous avez infiniment plus de chances de vous faire poinçonner par la Vipérine que par une Vipère : la pilosité de la plante est piquante, évitez de l'empoigner à pleines mains !

T’as pas le choix, faut que tu pisses sur mon pied. Ça tuera le venin. S’il te plaît, pisse dessus! Pipi là, sur mon pied! Fais pipi sur mon pied! Vas-y sinon c’est l’amputation! Pisse dessus!

(Lost les disparus, J.J.Abrams, D.Lindelof et J.Lieber)

Echium vulgare, Vipérine commune, Saint Benoît (86)

Grappe de fleurs de la Vipérine commune, décidément très reptilienne!


Echium Vulgare est bisanuelle. Lors de son premier été, elle développe une simple rosette de feuilles oblongues et lancéolées étalées au sol. Elle fleurit la seconde année, entre avril et août. Sa présence indique souvent un sol pauvre, peu profond, caillouteux, brûlé par le soleil, tant et si bien qu'on pourrait dire qu'elle est le signe (inquiétant ou non, suivant le contexte)... D'une absence de sol!


Echium vulgare, Vipérine commune, Poitiers quartier Chilvert

Jeune rosette de Vipérine commune, Poitiers quartier Chilvert


Echium Vulgare renferme un alcaloïde toxique (la cynoglossine, un paralysant proche du curare) en très petite quantité. Pas de quoi tirer la sonnette d’alarme, mais on évitera d'en faire recette, ne serait-ce qu’à cause de son piquant. Ses fleurs en infusion ont été utilisées pour soulager la toux, mais il faut noter que ses partie aériennes sont inscrites à la liste B de la pharmacopée française qui recense les plantes médicinales dont les effets indésirables potentiels sont supérieures au bénéfice thérapeutique attendu.


Echium vulgare, Vipérine commune, Poitiers bords de Boivre

Étourdie, une Vipérine rompt avec le traditionnel bleu de son clan et enfile des chaussettes blanches! (un phénomène accidentel mais pas forcément rare)


Malgré son surnom, la Vipérine n'intéresse guère les serpents. Ses fleurs attirent en revanche une foule de butineurs: abeilles, bourdons, papillons... L’Osmie crochue pourrait présider ce fan club bien fourni: les femelles de cette abeille noire à pilosité blanche, au vol nerveux, récoltent exclusivement le pollen bleu de la Vipérine pour le stocker dans les cellules de leurs nids d’argile.


Hoplitis adunca, Osmie crochue, Poitiers quatier gare

Osmie crochue (Hoplitis adunca, mâle), Poitiers quartier gare


Echium vulgare, Sauvages du Poitou


Faites l'expérience de vous poser quelques minutes, à la belle saison, devant un pied de Vipérine en fleur: c'est décoiffant tant ça grouille de vie! La Sauvage est mellifère au possible, pendant des semaines durant. On considère qu'un hectare de Vipérines permet aux abeilles de produire 300 à 400 kg de miel!

Où sont les veaux, les rôtis, les saucisses? Où sont les fèves, les pâtés de cerf? Qu'on ripaille à plein ventre pour oublier cette injustice!

(Les Visiteurs, Jean-Marie Poiré)

Incroyable Echium vulgare qui transforme le désert en festin... Si vous disposez d'un coin de terrain sec, caillouteux, très exposé, semez la belle et régalez les butineurs!


Phacélie, Bourrache, Vipérine: les bars à nectar! Sauvages du Poitou

Euplagia quadripunctaria, Écaille chinée, Béruges (86)
Écaille chinée (Euplagia quadripunctaria) sur Vipérine : au festival des mal rasés !


Pour aller plus loin:

- Echium vulgare sur Tela-botanica

- Identification assistée par ordinateur


Echium vulgare, Vipérine commune, Buxerolles

La Vipérine commune offre ses nombreux fruits (tétrakènes) à la fin de l'été, Buxerolles (86)

 

Ail des nounours: une amie pour la vie!
Date 18/07/2015
Ico Haies & forêts

Allium ursinum, Ail des ours, Beceleuf (79)

Ail des ours, Beceleuf (79)


Allium ursinum (Ail des ours) appartient aux Amaryllidaceae, un clan dont les membres sont généralement bien armés pour faire face aux attaques des prédateurs, insectes et animaux. Chez Allium ursinum, la technique de self défense est une odeur et un goût d'ail, rebutants pour les herbivores.

- J’ai été obligé d’me défendre il m’a flairé l’cul !
(Papy fait de la résistance, Jean-Marie Poiré)

Malheureusement pour cette plante, c'est justement ce qui fait son intérêt pour nous! Allium ursinum a toutes les qualités de l'ail cultivé. Et elle n'intéresse pas que l'homme: les ours en seraient friands au sortir de l'hibernation, d'où son nom vernaculaire d'Ail des ours.


Ail des nounours! Sauvages du Poitou


Allium ursinum, Ail des ours, Exireuil (79)

Feuilles de l'Ail des ours: molles, ovales lancéolées, à nervures parallèles et à base engainante.


L'Ail des ours est une vivace des sous-bois frais et ombragés. Ses fleurs réunies en ombelles apparaissent entre avril et mai. La Sauvage fait partie des fleurs vernales (telles la Petite Pervenche ou l'Anémone Sylvie) qui profitent de la lumière printanière, avant le retour du feuillage des grands arbres. Ses parties aériennes disparaissent avant le début de l'été.


Son bulbe supporte les grands froids; elle se ressème chaque année efficacement, malgré un très faible pouvoir de dispersion. Ses colonies s'élargissent surement, mais surtout lentement. Autant dire que les impressionnants parterres que l'en rencontre parfois (on les renifle bien avant de les voir) attestent de l'ancienneté de la forêt.


Allium ursinum, Ail des ours, Beceleuf (79)

Dans la pénombre des sous bois, Ail des ours à perte de vue!


L'Ail des ours est, parmi les Sauvages, un chouchou! Jadis, on lui a attribué des pouvoirs magiques: les femmes enceintes en gardaient dans leurs poches pour protéger l'enfant à naître, on le jetait dans les rivières pour en purifier l'eau. Au néolithique, puis chez les Celtes, on l'utilisait comme élixir, comme épice, comme aliment (Allium ursinum est riche en vitamine C, on peut consommer ses parties aériennes comme ses bulbes). Il serait vermifuge et hypotenseur (comme l'ail cultivée), mais aussi bon pour la mémoire, amincissant...

-  J’ai rien d’exceptionnel. J’suis juste moi quoi.
- Moi j’trouve ça déjà exceptionnel d’être soi.
(Tout pour plaire, Cécile Telerman)


Allium ursinum, Ail des ours, Montreuil bonin (86)

Ombelle de fleurs de l'Ail des ours, Montreuil bonin (86)

Bref, difficile de démêler le vrai de la légende, mais ce qui est sûr, c'est que l'Ail des ours a la cote. C'est une valeur ancestrale, un ami qu'il est bon d'inviter dans son jardin, même s'il vous faudra probablement patienter quelques décennies avant de disposer d'une colonie bien fournie.


Chez vous, tenez la à l'écart des colonies de Muguet (Convallaria majalis), de même attention lors des cueillettes sauvages avec le Colchique d’automne (Colchicum autumnale), car les feuilles ovales lancéolées de ces plantes se ressemblent comme deux gouttes de pluie... Dans l'assiette, l'une est délicieuse, les deux autres (à l'aspect plus coriace) sont mortelles! Un autre piège attend les apprentis cueilleurs: sur la photo suivante, un intrus s'est glissé parmi les feuilles de l'Ail des ours... Vu?


Ail des ours et Arum sp... Sauvages du Poitou!


La feuille en haut à droite (un peu tronquée à la base, et à la nervation non parallèle) est une jeune pousse toxique de Gouet (Arum italicum ou Arum maculatum). Ceux-ci ont tendance à pointer en même temps que celles de notre délicieuse Sauvage. Restez attentif et dans le doute, abstenez vous!

La recette du shérif : Beurre à l'Ail des ours

Malaxez 25 grammes de feuilles hachées avec 100 grammes de beurre ramolli, une pincée de sel et un filet de citron. Découpez en portions et laissez durcir au frais!

Pour aller plus loin:

- Identification assistée par ordinateur

- Allium ursinium sur Tela-botanica


Ombelle de fleurs de l'Ail des ours, Béceleuf (79)

Fruits (capsules trigones) de l'Ail des ours, Béceleuf (79)

 

Mouron rouge, un clown au jardin
Date 17/07/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Anagallis arvensis, Mouron rouge, Biard (86)

Mouron rouge, Biard (86)


Anagallis arvensis (devenue aujourd’hui Lysimachia arvensis, alias Mouron rouge) appartient aux Primulaceae (selon la classification classique), au même titre que les Primevères (voir Primula vulgaris) ou les Coucous, des plantes à la floraison précoce et printanière (de mai jusqu'à la fin de l'été). Anagallis arvensis aime les terres remuées et riches en nitrates. C'est une annuelle qui ressème spontanément ses nombreuses graines (emmagasinées dans ses capsules). Ses fleurs sont trop discrètes pour tout miser sur l'aide des butineurs; l'évolution l'a donc pourvu d’organes reproducteurs hermaphrodites et autogames (capables de s'autoféconder).


Anagallis arvensis a parfois été surnommée «baromètre des pauvres»: on peut s'attendre, lorsqu'elle referme ses petites fleurs rouges dans la matinée, à de la pluie avant la fin de la journée. Les riches lui préféreront sans doute un véritable baromètre!


Anagallis arvensis, Mouron rouge, Biard (86)

Fleur du Mouron rouge: 5 sépales, 5 pétales, 5 étamines autour de 5 carpelles soudés entre eux... Un joli carré de 5!

Tu prends la pilule rouge, tu restes au Pays des Merveilles.
(The Matrix, Lana Wachowski)

Jadis, on pensait Anagallis arvensis susceptible de soulager les hypocondriaques, les personnes crispées et anxieuses à l'excès quant à leur état de santé, ainsi que les ceux qui souffrent de mélancolie. Son nom Anagallis lui vient d'ailleurs du grec Anagelaô, qui signifie «je ris» ou «je chante»... Peut-être imaginait-on que la plante euphorisait ceux qui la mangeait, hommes ou oiseaux! La Sauvage a aussi été employées dans les traitements contre l'épilepsie.


Anagallis arvensis, Sauvages du Poitou


En vérité, Anagallis arvensis renferme une bonne quantité de saponines; elle est légèrement toxique pour l'homme et mortelle pour les lapins et certains rongeurs (attention à ne pas à glisser dans leur nourriture). Son usage est aujourd'hui abandonné et il convient de ne pas la confondre avec sa fausse cousine aux fleurs blanches, la reine des salades, le Mouron des oiseaux (Stellaria media). En l'absence de fleurs, les petits points bruns sous les feuilles d'Anagallis arvensis peuvent nous aider à identifier la drôle, impropre à la consommation.


Anagallis arvensis, Mouron rouge, Poitiers Chilvert

Fruits (capsules) et feuilles tachées du Mouron rouge: opposées, sessiles, ovales ou lancéolées.


Notre clown végétal n'étant pas à une blague près, en voici une dernière pour la route: le Mouron rouge affiche parfois de petites fleurs... Bleues! S'il n'en reste pas moins Anagallis arvensis, la confusion devient grande avec une autre Sauvage en tout point semblable, aux fleurs habituellement bleues, le Mouron femelle (Anagallis foemina devenue aujourd'hui Lysimachia foemina).

Anagallis arvensis, Mouron rouge, Beauvoir (86)
Quand le Mouron rouge balance sa vanne préférée en virant au bleu...

Les botanistes les plus rigoureux observeront à la loupe les minuscules poils glanduleux sur les bords des pétales pour différencier les deux Sauvages (plus de 30 poils dilatés au sommet pour le Mouron rouge, moins de 30 poils non dilatés au sommet pour le Mouron femelle). Les plus pressés se contenteront d'observer une fleur à maturité: les pétales se chevauchent chez le Mouron rouge, mais pas chez le Mouron femelle... Alors face à un «Mouron bleu», à vous de trancher: s'agit-il du sketch préféré du Mouron rouge, ou d'un Mouron femelle? C'est un peu bleu bonnet et bonnet bleu!

Anagallis foemina, Mouron femelle, Ensoulesse (86)
Mouron femelle, Ensoulesse (86)


Pour aller plus loin:

- Anagallis arvensis sur Tela-botanica

- Anagallis foemina sur Tela-botanica


Anagallis arvensis, Mouron rouge, Biard (86)

Le Mouron rouge, parfois bleu, ne sait décidément pas choisir... Alors va pour le rose!

 

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