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Grande Berce, l'herculéenne
Date 08/01/2016
Ico Haies & forêts

Heracleum sphondylium, Grande Berce, Biard (86)

Grande Berce, Biard (86)


Heracleum sphondylium (Grande Berce ou Paquenaude en poitevin-saintongeais) appartient aux Apiaceae, le clan des Ombellifères, les plantes à ombelles. Elle doit son nom au légendaire Hercule, avec qui elle partage une carrure de rugbyman! Difficile de passer à côté de cette Sauvage sans la remarquer, tant elle dépasse toutes les autres de plusieurs têtes (jusqu'à 2 mètres de hauteur à maturité)!


Heracleum sphondylium, Grande Berce, Poitiers bords de Boivre

Grande Berce: des feuilles alternes, composées imparipennées aux découpes très variables, qui valent parfois à la géante le surnom de « Patte d’ours ».


Elle reste moins impressionnante que sa terrible cousine Heracleum mantegazzianum (Berce du Caucase) qui peut faire le double de sa taille (des taches pourpres bien définies le long de la tige et des ombelles à plus de 40 rayons nous permettront d'identifier la funeste et brûlante caucasienne). Heracleum sphondylium est moins dangereuse, même s’il subsiste un risque d'irritation pour les personnes sensibles en cas de contact avec sa sève, combiné avec une exposition au soleil. En cas de cueillette, manches longues, pantalon et gants sont de rigueur.


Heracleum sphondylium, Grande Berce, Poitiers bords de Boivre

Boutons floraux de la Grande Berce qui peuvent se consommer comme des brocolis.


Pourtant, les jeunes pousses et les jeunes feuilles de Heracleum sphondylium sont comestibles cuites à la vapeur, en soupe ou en potage. Elles sont riches en vitamine C, en glucides et en protéines. En Europe orientale, la sauvage était un des ingrédients (le plus souvent remplacé aujourd'hui par le céleri en branche ou la betterave rouge) du potage traditionnel, le Borchtch, peut-être à l’origine du nom vernaculaire «Berce»; alors que les pétioles des feuilles et les très jeunes tiges creuses épluchées et coupées en rondelles font d'excellents bonbons au goût d'agrume.

Ce sont les fameux doubitchous de Sofia (...). Oui, oui, oui, c'est fait à la main, c'est roulé à la main sous les aisselles.

(Le Père Noël est une ordure, Jean-Marie Poiré)

Heracleum sphondylium, Grande Berce, Biard (86)

Ombelle de la Grande Berce, Biard (86)


Avant de se lancer dans la confection du Borchtch sauvage, on prendra le temps de se souvenir des dangers que courent les cueilleurs d'ombellifères (voir article Anthriscus sylvestris), un sport extrême qui ne tolère aucune approximation: outre sa cousine géante dont on a déjà parlé (Berce du Caucase) qui peut provoquer des brûlures graves, Heracleum sphondylium peut être confondue avec d'autres membres mortels de sa famille, dont les membres ont une fâcheuse tendance à se ressembler.


Heracleum sphondylium, Grande Berce, Poitiers bords de Boivre

Ombelles d'ombellules dressées de la Grande Berce, Poitiers bords de Boivre


Heracleum sphondylium est une vivace (parfois bisanuelle) qui affectionne les sols riches et humides. Ses ombelles apparaissent entre juin et septembre et attirent foule d'insectes, qu'on prendra plaisir à observer sans avoir à se pencher! Ses tiges raides subsistent en hiver, tels des squelettes, longtemps après le dessèchement des parties aériennes de la plante.


Heracleum sphondylium, Grande Berce, Poitiers bords de Boivre

Fruits (diakènes) de la Grance Berce, Poitiers bords de Boivre

Je sens que vous êtes insatisfait sexuellement, je pourrais vous soulager...?

(Yes man, Peyton Reed)

La tisane des parties aériennes d'Heracleum sphondylium est réputée digestive et hypotensive (ses racines sont inscrites à la liste B de la pharmacopée française qui recense les plantes médicinales dont les effets indésirables potentiels sont supérieurs au bénéfice thérapeutique attendu). Autrefois, l'usage populaire du breuvage était connu pour ses vertus... Aphrodisiaques! Heracleum sphondylium aurait-elle le pouvoir de transmettre à celui qui la consomme sa vigueur et sa libido herculéenne? Les effets ne s'avèrent bien sûr guère probants, mais reste son goût agréable évoquant un peu la mandarine.


Heraclum sphodylium, Sauvages du Poitou


Pour aller plus loin:

- Heracleum sphondylium sur Tela-botanica

- Identification assistée par ordinateur

 

Clématite vigne-blanche, l'Herbe aux gueux
Date 26/11/2015
Ico Haies & forêts

Clematis vitalba, Clématite vigne-blanche, Poitiers bords de Boivre

Fruits (akènes) de la Clématite vigne-blanche, Poitiers bords de Boivre


Clematis vitalba (Clématite vigne-blanche ou Viouche en poitevin-saintongeais) est une liane appartenant aux Ranunculaceae, un vaste gang de Sauvages toxiques et bigarrées.


Clematis vient du grec klematis qui signifie «sarment», le rameau grimpant de la vigne dont notre Sauvage a l'allure. Vitalba est la fusion des mots latins vitis et alba, littéralement la «vigne blanche», un nom inspiré de la couleur de ses fleurs et de ses fruits.


Clematis vitalba, Clématite vigne-blanche, Poitiers gare

Fleur de Clématite vigne-blanche: 40 à 80 étamines libres! La fleur ne possède en réalité pas de pétales, mais 4 à 5 sépales blancs qui ressemblent à des pétales (pétaloïdes).


Clematis vitalba est une vivace vigoureuse qui aime la richesse des milieux de type forestiers. Elle apprécie également les excès d'azote des milieux urbains (pollution automobile). En ville, malgré ses airs d'envahisseuse, elle est un atout de taille pour la biodiversité: ses fleurs sont susceptibles d'abriter et de nourrir une faune variée: abeilles, bourdons, papillons...


Horisme vitalbata, Horisme rayé, Poitiers quartier Chilvert Eupithecia haworthiata, Eupithécie de la Clématite, Poitiers quartier Chilvert

L'Horisme rayé (Horisme vitalbata) et l'Eupithécie de la Clématite (Eupithecia haworthiata), parmi les nombreuses créatures fantastiques qui dépendent des Clématites, leur plante hôte.


Ses feuilles composées imparipennées affichent des folioles très polymorphes: généralement ovales, lancéolées, un peu en forme de cœur (cordées) à leur base, tantôt entières, crénelées ou dentées... Une palette de formes bien fournie!


Clematis vitalba, Clématite vigne-blanche, Poitiers quartier gare

Feuilles composées de la Clématite vigne-blanche


Ses fruits plumeux (des akènes surnommés «les cheveux de vierge») restent accrochés longtemps, jusqu'au cœur de l'hiver (alors même que la Sauvage a perdu ses feuilles), comme autant de boules argentées qui attendent d'être dispersés par le vent.


Clematis vitalba, Clématite vigne-blanche, Poitiers bords de Clain

Soleil d'hiver sur les fruits de la Clématite vigne-blanche,

Poitiers bords de Clain


Clématite vigne blanche, Sauvages du Poitou!


Les tiges de Clematis vitalba s'épaississent et se lignifient en vieillissant, formant des lianes enchevêtrées, suffisamment épaisses pour supporter le poids d'un enfant! Une aubaine pour les apprentis Tarzans, ou pour les vanniers qui ont parfois utilisée la Sauvage dans la confection de leurs ouvrages.


Clematis vitalba, Clématite vigne-blanche, Poitiers gare  Clématite vigne-blanche, Dagneux (01)

Liane épaisse de la Clématite vigne-blanche


Les lianes s'appuient sur d'autres végétaux, généralement les arbres, pour grimper jusqu'à la lumière. Pour ce faire, elles doivent combiner longueur (il faut être capable d'atteindre la canopée, aussi haute soit elle), souplesse et surtout légèreté, sans quoi elles risqueraient de s'effondrer sous leur propre gigantisme. Les tiges de Clematis vitalba, loin d'être pleines, sont naturellement percées de trous (visibles à l’œil nu): c'est toujours ça de moins à porter.


Clematis vitalba, Clématite vigne-blanche, Poitiers gare  Clématite vigne-blanche, Poitiers

Tiges poreuses de la Clématite vigne-blanche: le secret de la légèreté?


Clematis vitalba est toxique; un contact cutané avec sa sève est irritant. Autrefois, les mendiants se massaient la peau avec ses feuilles fraiches pour s'infliger des plaies et susciter la pitié des passants. Un marketing masochiste qui va valu à la Sauvage le sobriquet d'«Herbe aux gueux».


Clematis vitalba, Clématite vigne-blanche, Poitiers gare  Clématite vigne-blanche, Poitiers quartier gare

Clématite vigne-blanche, Poitiers quartier gare


On raconte également que les garnements d'antan se frottaient les feuilles de la Sauvage dans les narines: le saignement qui s'en suivait permettant d'obtenir une excuse pour ne pas se rendre à l'école! Les coquins en profitaient pour courir la campagne, et peut être pour fumer une cigarette sauvage faite d'un bout de liane poreuse de Clematis vitalba... Une bien mauvaise idée! Car aux effets toxiques de la fumée se rajoute le risque d'ulcération des lèvres ou de la bouche.

«La Clématite sauvage sèche, qu'on appelait la Viouche, était plus facile à fumer. On trouvait cette plante aux longues ramifications dans les haies ou le long des vieux murs humides. On en coupait des tiges bien sèches de cinq à dix centimètres qu'on allumait à un bout. Les bâtonnets ainsi confectionnés sont parcourus de long canaux longitudinaux au travers desquels on pouvait aspirer l'air par un bout et entretenir, de cette manière, la braise conique coiffant l'autre extrémité de ces cigarettes rustiques. La fumée avait une saveur piquante et, après quelques tirées, la langue était soumise à une insupportable irritation si bien qu'il était rare de consommer jusqu'au bout une tige de Viouche incandescente.»


(extrait de Pique-Boche, jeune Poitevin des années noires de Jean Daniau, éditions Cheminements)

Clématite vigne blanche, Sauvages du Poitou!



Pour aller plus loin:

- Norb raconte la Clématite vigne-blanche au micro de France Bleu Poitou

- Clematis vitalba sur Tela-botanica

- Identification assistée par ordinateur


Clematis flammula, Clématite flamme, Poitiers quartier gare

La Clématite flamme (Clématis flammula) est une autre liane, aux feuilles non dentées, bipennées, et aux fleurs parfumées. Sa répartition est essentiellement méditerranéenne; croisée ici à la gare de Poitiers, les fruits volants de la Sauvage auront peut-être profité d'un train pour faire le voyage!

 

Romarin officinal: on dirait le Sud...
Date 17/11/2015
Ico Murs et rocailles

Rosmarinus officinalis, Romarin officinal, Poitiers Chilvert

Sus aux fleurs du Romarin officinal! (abeille solitaire, Anthophora sp.)


Rosmarinus officinalis (Romarin officinal ou Roumarin en poitevin saintongeais) est un arbrisseau appartenant au clan Lamiaceae, dont les membres montrent des fleurs en forme de gueule d'ogresse. Sa présence dans les pages du blog est particulière, car le Romarin n'est pas à proprement parler un «Sauvageon du Poitou», mais plutôt un vagabond des maquis méditerranéens. On peut au moins reconnaitre qu'il s'acclimate bien aux jardins et aux balcons du Poitou, comme du reste de la France, où nous sommes nombreux à le cultiver (pour peu qu'on lui trouve un coin de terre à l'abri des excès d'eau).


Rosmarinus officinalis, Romarin officinal, Poitiers sous Notre Dame des Dunes

Le Romarin officinal à l'état spontané s'observe parfois à Poitiers, les long des falaises (au microclimat méditerranéen) sous Notre Dame des Dunes!


Rosmarinus officinalis, Sauvages du Poitou


Rosmarinus est littéralement la rosée (ros en latin) marine (marinus en latin). Dans certaines légendes, cette «Rosée marine» n'est autre qu'une princesse qui pleure son galant noyé dans la mer et se transforme finalement en un arbuste dont les feuilles ont la forme et le goût amer de ses larmes... La saveur piquante du Romarin n'a pourtant rien de triste côté cuisine, où ses fleurs, ses feuilles et ses branches sont utilisées, fraiches ou séchées, pour relever les plats et les desserts.


Rosmarinus officinalis, Romarin officinal, Poitiers Chilvert

Tronc du Romarin officinal, Poitiers quartier Chilvert


Le Romarin affectionne les rocailles, les sols calcaire ensoleillés et bien drainés. Son feuillage (sessile, linéaire à filiforme) coriace et persistant dégage un parfum camphré (l'odeur repousserait les mites, la mouche de la carotte et la piéride du chou).


Chrysolina americana, Chrysomèle américaine, Poitiers Chilvert

Là où il y a Romarin officinal, la Chrysomèle américaine et ses reflets métalliques ne sont jamais bien loin (ce petit coléoptère se nourrit de ses feuilles)!


Par ses racines, l'arbuste semble avoir un effet inhibiteur sur les plantes annuelles: force est de constater qu'au pied d'un tronc de Romarin, la flore adventice est généralement assez pauvre.


Ses fleurs sont en revanche un hymne à la vie, car très mellifères. Le miel de Romarin  - plus connu sous l’appellation de «miel de Narbonne» - est réputé pour son parfum et sa finesse. Une aubaine, car en Poitou, l'arbrisseau affichera ses fleurs avant l'arrivée du printemps: il est une manne pour les butineurs au sortir de l'hiver.


Rosmarinus officinalis, Romarin officinal, Poitiers Chilvert

Fleur du Romarin officinal: la lèvre supérieure de la corolle forme un casque fendu. La lèvre inférieure possède trois lobes, le central plus large et concave: c'est la «piste d'atterrissage» pour les butineurs.


Son histoire la plus célèbre nous emporte en Europe centrale à la fin du 14ème siècle: Élisabeth, la reine pieuse de Hongrie alors âgée de 72 printemps, souffre de rhumatismes, à moins que ce ne soit de la terrible goutte. Pour la soulager, un ange (dans d'autres récit, c'est un moine) lui propose un élixir à base de plantes, dont le Romarin est l'ingrédient principal. La potion sacrée soigne la sainte reine, tout en lui redonnant jeunesse et beauté!


Elisabeth de Hongrie & le Romarin, Sauvages du Poitou


Le mythe de l'«Eau de Hongrie» fait le tour du vieux continent. En France, l’élixir devient un parfum prisé, de la cour du roi Charles V jusqu'à celle de Louis XIV, où la Marquise de Sévigné en fait promotion. Un onguent réputé pour ses vertus thérapeutiques, mais surtout pour ses pouvoirs esthétiques et revitalisants. Le Romarin entre dans la Légende, jusque dans les contes de Charles Perrault où l'Eau de Hongrie tente (sans succès) de réveiller la Belle au Bois Dormant:

«Elle n'eut pas plus tôt pris le fuseau, que comme elle était fort vive, un peu étourdie, et que d'ailleurs l'arrêt des fées l'ordonnait ainsi, elle s'en perça la main, et tomba évanouie. La bonne vieille, bien embarrassée, crie au secours: on vient de tous côtés, on jette de l'eau au visage de la princesse, on la délace, on lui frappe dans les mains, on lui frotte les tempes avec de l'eau de la reine de Hongrie; mais rien ne la faisait revenir.»

Rosmarinus officinalis et Xylocopa violacea, Poitiers quartier Chilvert

Le Xylocope violet (Xylocopa violacea) en quête de la jeunesse éternelle sur le Romarin officinal.


Le Romarin ne se cantonne pas seulement aux rayon des contes et légendes. Si «Eau de Hongrie» est de nos jours devenu le nom d'un parfum commercial (!), l'arbrisseau conserve une place de choix sur les étals des herboristeries.


Sa valeur cosmétique (anti-oxydant et donc anti vieillissement) est souvent mise en avant en usage externe comme en usage interne. Le Romarin est également considéré comme un stimulant cérébral: on raconte que pendant la Grèce antique, les intellectuels s'en tressaient des couronnes pour aiguiser leur réflexion et leur mémoire. La plante aurait aussi son utilité dans la prévention et l'accompagnement des douleurs rhumatismales, de la goutte, des troubles gastro-intestinaux et permettrait de lutter contre les états de fatigue en général... La liste n'est pas exhaustive, la palette thérapeutique du Romarin est aussi variée que sophistiquée dans ses modes d'administration (avec toutes les précautions d'usage habituelles): infusion légère, teinture alcoolique, huiles essentielles, etc. L'arbrisseau est décidément très plébiscité, par les hommes comme par les butineurs!

Si son parfum n’est plus dans l’air, à quoi bon encore respirer?

(Fanfan la Tulipe, Christian-Jaque)

Pour aller plus loin:

- Rosmarinus officinalis sur Tela-botanica

- Étude chimique pour une utilisation médicinale de la plante sur Phytomania

- Identification des Chrysomèles sur le site Les insectes

 

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