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Asplenium, l'ancêtre
Date 16/10/2015
Ico Murs et rocailles

Asplenium ceterach, Ceterach, Biard (86)

Cétérach, qui signifie littéralement «fougère» en arabe


Les Asplenium (famille des Aspleniaceae) affichent plusieurs centaines d'espèces, de variétés et d'hybrides de fougères. Bon nombre d'Asplenium se sont taillés une réputation dans le traitement des affections du foie et de la rate; ainsi le clan Asplenium tirerait son nom du grec Splenon qui désigne la rate.


On s'intéressera ici plus particulièrement à quatre habitantes des murs de nos cités: Asplenium trichomanes (Capillaire des murailles), Asplenium scolopendrium (Scolopendre), Asplenium ruta-muraria (Doradille des murailles ou Rue des murailles) et Asplenium ceterach (Cétérach). Mais avant de faire place à ces quatre vénérables anciennes, revenons sur les particularités du peuple Filicophyta — alias peuple fougères —, fier de ses quelques 13.000 espèces recensées à ce jour, terrestres ou aquatiques, discrètes ou géantes (jusqu'à 20m de haut pour certaines espèces arborescentes)!


Les fougères représentent un embranchement dans la grande histoire végétale. Leur règne commence entre celui des algues, des mousses (qui n'ont pas encore de système vasculaire, donc pas de racines, de tiges ou de feuilles) et celui des plantes à graines, puis des plantes à fleurs. Les fougères possèdent donc déjà des racines, des tiges et des feuilles parcourues de vaisseaux (on parle de frondes plutôt que de feuilles), mais précèdent l'«invention» de la graine.


Asplenium adiantum-nigrum, Capillaire noire, Puits d'Enfer (Exireuil, 79)

Capillaire noire (Asplenium adiantum-nigrum), Puits d'Enfer (Exireuil, 79)

La vie trouve toujours son chemin.

(Jurassic park, Steven Spielberg)

Leur perpétuation est assurée par l'intermédiaire de semences primitives, les spores, produites par les sporanges. Les spores sont des cellules simples et microscopiques; contrairement aux graines, produites par les fleurs, qui sont des structures complexes (capables même d'intégrer un stock de nutriments pour la plante à naître) et suffisamment grosses pour être observables à l’œil nu.


La vie déteste les cases trop bien rangées: il y a plus de 300 millions d'années, apparurent des fougère à graines... complètement disparues aujourd'hui!


Asplenium scolopendrium, Scolopendre, Poitiers bords de Boivre

Sous les frondes (feuilles) de la Scolopendre, ses sporanges, c'est à dire «sacs à spores» (et non sac de sport!)


De même, dans la nature, les choses les plus simples cachent souvent des processus élaborés: les spores, en germant, ne deviennent pas directement des bébés fougères... Ils donnent naissance à un organisme intermédiaire, le prothalle, qui se présente un peu comme une mousse. C'est sur ce prothalle qu'apparaissent des organes mâles et femelles, et que la fécondation, en présence d'eau, puis l'apparition d'une jeune fougère, peut avoir lieu.


Les leçons du professeur Fougère, Sauvages du Poitou


Ainsi, grâce à ce long processus et avec l'aide de la météo, nos quatre Asplenium ont traversé l'histoire, jusqu'aux murs de nos villes contemporaines.


Asplenium scolopendrium, Scolopendre, Poitiers bords de Boivre

Jeunes frondes de Scolopendre: les «Langues de cerf!»


De nos quatre Sauvages, Asplenium scolopendrium (Scolopendre) est celle qui affiche de manière la plus évidente son appartenance au clan fougère. Là où la scolopendre dresse ses frondes en forme de longues langues ondulées (son autre nom local est Langue de cerf), l'eau n'est pas loin. La Sauvage s'installe dans les zones humides et fraîches, les abords des fontaines, les parois des vieux puits, les entrées des grottes et des sous-terrains, les murs exposés au nord... La Scolopendre doit son nom courant à ses grands sporanges linéaires, dont la disposition évoque les pattes du célèbre mille-pattes venimeux (Scolopendra).


Ses parties aériennes fraiches ou séchées ont été utilisés en médecine populaire pour leur qualité relaxante (hypotensive) et astringente (la Scolopendre est tannique, donc asséchante et cicatrisante en usage externe).


Asplenium trichomanes, Capillaire des murailles, Poitiers bords de Boivre

Frondes du Capillaire des murailles: linéaires lancéolées, composées pennées.


Asplenium trichomanes (Capillaire des murailles, la fougère doit son nom à l'axe central de ses frondes, fin comme un long cheveux noir) est sans doute la plus répandue parmi nos quatre Asplenium (ce n'est là que ma propre observation). Il faut dire que la Sauvage fait preuve d'une grande polyvalence: on rencontre ses touffes délicates dans les milieux calcaires (murs ou sols riches en calcium et chauds) comme dans les milieux siliceux (acides et frais). Elle s'installera sur les murs humides qu'elle affectionne bien sûr, mais également sur des spots plus secs et plus exposés.


Enfin, le Capillaire des murailles dispose d'un atout de taille pour faire face à la sécheresse: il est capable, en l'absence d'humidité, de recroqueviller ses frondes et de faire le morte.... Jusqu'au retour de la pluie!

- Et tu es mort ?

- Hélas oui... Mais j’ai survécu.

(L’âge de glace 3, Le temps des dinosaures, Carlos Saldanha)

Asplenium ruta-muraria, Doradille rue des murailles, Poitiers cimetière de Chilvert

Frondes bi ou tripennées de la Rue des murailles


Asplenium ruta-muraria (Rue des murailles) colonise les fissures des murs calcaires et des monuments, en situation ensoleillée ou ombragée. Elle doit probablement son nom à sa ressemblance avec une autre Sauvage herbacée, la Rue odorante (Ruta graveolens). Mais si au premier abord les petites feuilles de la Rue des murailles ne font pas penser à une fougère (plutôt à une minuscule salade frisée), la présence de sporanges sous les lobes empêche tout malentendu.


La Rue des murailles est défavorisée par la pollution atmosphérique, aussi, elle est un bon indicateur de la qualité de l'air dans les villes... Lorsque ses populations disparaissent, c'est qu'il ne fait plus bon respirer!

- Mais comment il fait pour respirer, là-dessous?

- Jacques ? Il respire pas...

(Le grand bleu, Luc Besson)

Asplenium ceterach, Ceterach, Biard (86)

Frondes pennatiséquées du Ceterach, Biard (86)


De nos quatre fougères, Asplenium ceterach (Cétérach) est la mieux taillée pour affronter la sécheresse: à l'extrême opposé de la Scolopendre, le Cétérach habite les murs (calcaire ou ciment) secs et ensoleillés. Son nom viendrait d'ailleurs de lointaines contrées arides: Seterak étant le mot arabe pour désigner les fougères.


Asplenium ceterach, Cétérach, Biard (86)

La même colonie de Cétérach quelques jours plus tôt, avant la pluie!


Lorsque l'eau vient à manquer,  le Cétérach se desséche et se recroqueville de manière à orienter les «écailles» protectrices cachées sous ses frondes vers le soleil. Au retour de la pluie, la Sauvage reverdit et reprend forme de manière rapide (une résurrection encore plus spectaculaire que celle de la Capillaire des murailles): un phénomène que l'on appelle la reviviscence. En médecine populaire, le Cétérach est utilisé (en une décoction amère) dans le traitement des affections respiratoires (toux, bronchite) et en prévention contre les calculs rénaux.


Asplenium trichomanes, Capillaire des murailles, Poitiers quartier Chilvert

Capillaire des murailles: la naissance d'une pieuvre au jardin!


Les feuillages persistants de ces quatre vagabondes (elles sont vivaces) en font d'excellentes candidates pour l'élection de Miss Sauvage dans les jardins d'ornement. En Grande-Bretagne, à l'époque victorienne, les fougères firent même l'objet d'un brusque phénomène de mode: la ptéridomanie. Des gens de tous milieux sociaux se mirent en quête de fougères rares, pour les ramener dans leurs jardins ou leurs terrariums et épater le voisinage!


Asplenium ruta-muraria, Doradille rue des murailles, Poitiers le Porteau

Les risques du métier de la Rue des murailles: dommages collatéraux lors d'un graffiti!


Et comme la nature aime l'équilibre, et qu'un phénomène exubérant finit toujours par engendrer son contraire, c'est sans doute à partir de la même période qu'apparut une curieuse pathologie: la ptéridophobie, ou phobie des fougères! Le plus célèbre ptéridophobique de l'histoire fut Sigmund Freud. A l'image d'un cordonnier mal chaussé, le psychanalyste ne parvint jamais à surmonter sa frayeur face à une touffe délicate de Capillaire des murailles!


Pour aller plus loin:

- Norb de Sauvages du Poitou présente quelques Asplenium de Poitiers au micro de France Bleu Poitou


- Asplenium trichomanes sur Tela-botanica

- Asplenium scolopendrium sur Tela-botanica

- Asplenium ruta-muraria sur Tela-botanica

- Asplenium ceterach sur Tela-botanica

 

Herbe de saint Jacques, la mal aimée
Date 30/07/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Jacobaea vulgaris, Herbe de saint Jacques (Fasciation), Biard (86)

Fasciation « smiley » chez l’Herbe de saint Jacques... Une bonne bouille pour une Sauvage qui n'attire pourtant pas les sympathies!


Jacobaea vulgaris (Herbe de saint Jacques, Séneçon jacobée ou Sanisson — pour Séneçon — en Poitevin-saintongeais) appartient à la grande famille Asteraceae, dont les membres présentent une multitude de fleurs minuscules accolées les unes aux autres pour former des capitules (un observateur non averti risque de considérer le capitule comme une fleur unique, mais c'est un trompe l’œil). Longtemps considérée et identifiée comme un Séneçon (d'où son appellation encore utilisée de Séneçon jacobée), la belle a récemment (2005) gagné son titre de noblesse botanique et le droit de porter un nom spécifique: Jacobaea. Une dénomination inspirée de son pic de floraison situé autour de la Saint Jacques (25 Juillet).

Mais vous voyez bien que Jacquart c’est mieux que Jacquouille, alors si vous ne comprenez pas ça vous n’avez qu’a prendre de la Juvamine bordel!
(Les visiteurs, Jean-Marie Poiré)

Jacobaea vulgaris, Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre

Capitules de l'Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre


On croise deux Jacobeae proches (aux feuilles assez polymorphes, ce qui ne facilite rien) sur les routes du Poitou: Jacobeae vulgaris (Herbe de saint Jacques ou Séneçon jacobée) en abondance et, plus rarement, Jacobaea erucifolia (Séneçon à feuille de roquette). Un critère de différenciation intéressera les apprentis botanistes: le calicule (petites feuilles spécifiques à la base du calice) du Séneçon jacobée est court et discret alors que celui du Séneçon à feuille de roquette est lâche et très développé.


Jacobaea vulgaris, Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre

Calicule court de l'Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre


Jacobaea vulgaris est une vivace (parfois bisanuelle) pionnière et souvent solitaire qui s'installe principalement sur les bords de route, les friches agricoles, les terrains vagues, les lisières... La Sauvage dresse ses fleurs pendant la saison estivale, entre juin et aout. On racontait autrefois que la longue tige de Jacobaea vulgaris faisait partie des «ramons», les tiges et rameaux sur lesquels chevauchaient les sorcières pour se rendre au sabbat. Par la suite, les ramons se transformèrent en de vulgaires balais dans l'imaginaire collectif.


Jacobaea vulgaris, Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre

Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre


Jacobaea vulgaris est toxique. Sa consommation (fraiche ou fauchée) est dangereuse pour les porcs, les chevaux ou les bovins, les alcaloïde qu'elle contient pouvant léser le foie des animaux; la Sauvage souffre pour cette raison d'une mauvaise réputation, et nombreux sont ceux qui lui font la chasse, à commencer par les éleveurs équins.


Jacobaea vulgaris, Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre

Feuille de l'Herbe de saint Jacques: pennatipartite en segments lobés ou crénelés, les inférieures pétiolées, les supérieures sessiles et embrassantes.


Jacobaea vulgaris est en revanche une ressource de premier choix pour les oiseaux et pour les papillons de nuit. Entre les chenilles tigrées du remarquable Goutte de sang (Tyria jacobaeae) et la Sauvage, c'est une véritable histoire d'amour... Et d'équilibre. Lorsque les chenilles pullulent et dévorent les fleurs (les chenilles en profitent pour se bourrer d'alcaloïdes, dissuadant les oiseaux de les bouloter), Jacobaea vulgaris abonde moins l'année suivante. Les chenilles en manque de nourriture se font plus rares la troisième année, permettant à la plante de proliférer. Les chenilles font alors leur retour en nombre la quatrième année, la boucle est bouclée! A vous d'observer, il y a des années à chenilles et des années à Herbes de saint Jacques...

Chaque espèce possède des instincts qui en fin de compte créent un équilibre avec la nature. Chaque espèce sauf celle dans laquelle je venais de naitre.

(Kyle XY, Eric Bress et J. Mackye Gruber)


Chenille du Goutte de sang sur Herbe de saint Jacques (crédit photo: Olivier Pouvreau)

Chenilles du Goutte de sang sur Herbe de saint Jacques, Biard (86)

Pour aller plus loin:

- Jacobaea vulgaris sur Tela-botanica

- Identification assistée par ordinateur


Tyria jacobeae & Jacobeae vulgaris, Sauvages du Poitou


Senecio inaequidens, Séneçon du Cap, Poitiers gare

Un autre Séneçon à l'allure proche de notre Herbe de saint Jacques, mais dont les feuilles linéaires permettent une identification aisée: le Séneçon du cap (Senecio inaequidens). Une vivace originaire d'Afrique du sud, largement naturalisée dans le sud de la France, qui voyage peu à peu vers le Nord de l'Europe: comme ici, fraîchement débarquée d'un train sur le quai en gare de Poitiers!

 

Pissenlit dent de lion, la Star
Date 14/06/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Taraxacum sect. Ruderalia, Pissenlit, Poitiers Chilvert

Pissenlit, Poitiers quartier Chilvert


Taraxacum sect. Ruderalia (Pissenlit, Pissenlit dent de lion ou Cochet en poitevin-saintongeais) appartient aux Asteraceae; tous les membres de ce clan possèdent une multitude de fleurs minuscules regroupées en capitule (ici, le capitule est ce qu'on considère habituellement comme la fleur jaune du Pissenlit, alors qu'il s'agit de 200 à 300 fleurs accolées les unes aux autres). Les «dents de lion» sont celles de ses feuilles, découpées comme les mâchoires du roi de la jungle.


Taraxacum sect. Ruderalia, Pissenlit, Poitiers Chilvert

Pissenlit, le roi de la pop au jardin : Can you feel it?


Les botanistes envisagent généralement les Pissenlits comme des groupes plutôt que des espèces, car plusieurs « micro » espèces distinctes (certaines ne comptent qu’une unique station connue), difficilement différenciables sur le terrain, se cachent derrière les taxons les plus connus. Pour faire simple, et parce qu'il y a déjà tellement à dire, nous considérerons ici les espèces rangées dans le tiroir Taraxacum sect. Ruderalia comme une seule et même sauvage… Et quelle sauvage !

Taraxacum sect. Ruderalia, Pissenlit, Poitiers quartier gare

Pissenlit: ce n'est pas la nature qui pousse sur la ville, mais la ville qui a poussé sur la nature! Notez les bractées (petites feuilles sous le capitule) caractéristiques, réfléchies après floraison.

Je suis un des rares mythes vivants du 21ème siècle.

(Alain Delon)

Le Pissenlit est assurément la star de nos jardins, prairies, chemins et terrains vagues... Présente sur les cinq continents, elle est sans doute la fleur la plus populaire de la planète. En France, elle est en tête du top 10 des Sauvages les plus observées dans nos cités (source: Sauvages de ma rue).


Taraxacum sect. Ruderalia, Pissenlit, Poitiers quartier gare

Avis aux voisins, agents municipaux et jardiniers! (Pissenlit)


Pour montrer ses premières fleurs de l'année, le Pissenlit prend en compte une multitude de facteurs: précipitations, ensoleillement, température, humidité atmosphérique... La Sauvage se révèle être un véritable ingénieur météo; les jardiniers peuvent se fier à sa floraison pour savoir que le printemps est de retour, quelle que soit la date affichée sur le calendrier.


Les 4 saisons du Pissenlit, Sauvages du Poitou!


Gonepteryx rhamni sur Taraxacum sect. Ruderalia, Pissenlit, Poitiers bords de Boivre

Un des premiers visiteurs des établissements Pissenlit au sortir de l'hiver: le Citron (Gonepteryx rhamni)


A partir de là, la floraison se poursuit d'une manière continue, jusqu'à l'automne. Une étude en Allemagne a dénombré le nombre d’espèces visitant le capitule mellifère : 93 espèces d'insectes! C’est sans compter les oiseaux ou les petits mammifères qui picorent ses graines. Plus que sur la quantité ou la qualité de nectar, le succès des établissements «Pissenlit» repose surtout sur la longueur de la floraison au fil des saisons: il ouvre sa table à des périodes de l’année où les autres Sauvages gardent la porte close.


Taraxacum sect. Ruderalia, Pissenlit, Poitiers Porteau

En guise d'île pour ce Robinson du Macadam (Pissenlit): des feuilles sessiles (rétrécies à la base), toutes radicales (en «rosette»), pennatifides ou pennatipartites en segments triangulaires.


Indéniablement, le Pissenlit se démarque parmi les herbes folles ; ne serait-ce qu'à cause des modes de reproduction variés de ses «micro» espèces sous-jacentes. Vivace, il peut se multiplier par bouturage de ses racines pivotantes (qui s'enfoncent jusqu'à 50cm — exceptionnellement 1m — dans les sols, d'où sa surprenante résistance face à la sécheresse et aux grands froids). Certains Pissenlits se reproduisent aussi par voix sexuée, grâce à la fécondation de leurs fleurons. Enfin, d’autres peuvent féconder leurs organes femelles sans avoir recours à des semences mâles. Ce phénomène rare (nommé parthénogenèse) revient à faire des bébés tout seul ! Il n'y a alors pas de brassage génétique, contrairement à la reproduction sexuée.

C'était dans ces années un peu folles
Où les papas n'étaient plus à  la mode
Elle a fait un bébé toute seule

(Jean-Jacques Goldman, Elle a fait un bébé toute seule)

Ce phénomène rare (nommé parthénogenèse) revient à un clonage (il n'y a pas de brassage génétique, contrairement à la reproduction sexuée). Ses fruits (des akènes), profilés pour assurer une bonne dispersion par le vent, peuvent voler jusqu'à 10km depuis leur tige de décollage. Avec un tel arsenal, le Pissenlit s'assure une belle descendance, quelles que soient les conditions rencontrées.


Cueillir un pissenlit en fruit pour souffler sur la boule floconneuse est un jeu aussi ancien qu'universel, dont l'objectif est de disperser les graines d'un seul souffle, tel les bougies d'un gâteau d'anniversaire. Les jeunes filles racontaient jadis que le nombre d'expirations nécessaires pour détacher l'ensemble des plumets correspondait au nombre d'années qu'elles devraient attendre pour se marier... Dans le Poitou, on pensait que les flocons s'envolaient dans la direction du futur bien-aimé!


Taraxacum sect. Ruderalia, Pissenlit, Poitiers Chilvert

Ah ! Ces jeunes tardent à se séparer du domicile familial... (Akène du Pissenlit, Poitiers quartier Chilvert)


Inutile de revenir sur les qualités gastronomiques du Pissenlit, elles sont connues de tous et surtout des amateurs des régimes de printemps «détox» et revitalisants. Le sauvageon est réputé diurétique: il est le «pisse au lit», inutile de vous faire un dessin ! Il semblerait pourtant qu'il n'ait jamais été domestiquée et cultivée avant le 19ème siècle; il était sans doute autrefois répandue et récoltée à l'état sauvage.


L'utilisation de ses épaisses racines est en revanche moins courante... Celles ci sont pourtant goûteuses et nutritives: découpées et grillées à la poêle, elles se révèlent être un excellent succédané de café. Cuites, elles peuvent compléter harmonieusement une purée de pommes de terre ou de topinambours. Ne cherchez pas, chez le Pissenlit il n'y a rien à jeter.


Taraxacum sect. Ruderalia: Punk is not dead!

Pissenlit, la rock-star des herbes folles!



Taraxacum section Erythrosperma, Vouneuil-sous-Biard (86)

Taraxacum section Erythrosperma, une des autres sections (dont les membres se distinguent de par la petite protubérance accrochée à la pointe des bractées) de ce genre très fourni: la liste des espèces de Pissenlits (Taraxacum spp.) à travers le monde est longue et incertaine: 60 à 2000 selon les auteurs!


Taraxacum palustre, Pissenlit des marais, Montreuil-Bonnin

Pissenlit des marais (Taraxacum palustre), un Pissenlit des zones humides, aux feuilles étroites, peu dentées et aux bractées appliquées contre le capitule.

 


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