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Iris des marais, la Sauvage qui murmurait à l'oreille des rois
Date 16/07/2016
Ico Zone humide

Iris pseudocarus, Iris des marais, Poitiers bords de Clain

Iris des marais, Poitiers bords de Clain


Iris pseudacorus (Iris des marais ou Illaille en poitevin saintongeais) appartient à la famille Iridaceae, aux côtés des Crocus ou des Glaïeuls. Les Iris peuvent afficher des couleurs riches et variées. Ils doivent leur nom à la nymphe Iris, messagère des Dieux grecs, dont le passage, lorsqu'elle descendait de l'Olympe vers la terre pour livrer le courrier, dessinait un arc en ciel.


Iris pseudacorus est une vivace qui installe son rhizome au bord des cours d'eau, sur les sols riches, inondés ou engorgés d'eau. Ses feuilles pointues et effilées comme des épées, toutes orientées sur un même plan, égalent ou dépassent parfois en hauteur les tiges robustes qui portent les fleurs jaunes.

- C'est une épée magnifique...

- Je souhaite que l'homme qui l'a forgée fasse preuve d'autant de précision et de dévotion et de précision dans tous les aspects de sa vie.

(Pirate des Caraïbes, Gregor Verbinski)

Iris pseudocarus, Iris des marais, Poitiers bords de Boivre

Colonie d'Iris des marais, Poitiers bords de Boivre


Ses fleurs spectaculaires (mais inodores) se dressent entre juin et juillet, par groupe de 4 à 12, à plus d'un mètre de hauteur. Elles présentent six «tépales», à l'image d'une fleur d’Orchidée (certains Iris sont surnommés les «Orchidées du pauvre»), trois recourbés à l’extérieur et trois dressés à l'intérieur, tous complètement jaunes. Gardez bien l'image de la fleur en tête pour la suite...


Iris pseudacorus, Iris des marais, Brenne (36)

Fleur de l'Iris des marais, Brenne (36)


Iris pseudacorus assure l’expansion des ses colonies par reproduction végétative, via son rhizome, compensant ainsi les pertes dues à la cueillettes de ses belles fleurs éphémères. Lorsque les promeneurs la laisse tranquille, elle se resème via ses fruits, de grosses capsules à trois valves qui renferment de nombreuses graines. Et tant qu'à faire, les capsules flottent, permettant à la belle de se propager au fil de l'eau (hydrochorie).


Iris pseudocarus, Iris des marais, Poitiers bords de Boivre

Capsules flottantes de l'Iris des marais, Poitiers bords de Boivre


A vrai dire, ce ne sont pas les cueillettes intempestives qui freinent les ardeurs d'Iris pseudacorus, mais plutôt les attaques répétées d'un gang de minuscules prédateurs... La Sauvage sert souvent de pouponnière à un coléoptère, le Charançon de l'Iris des marais (Mononychus punctumalbum, qui présente un point blanc caractéristique sur le dos). Ce dernier creuses des trous dans les fruits de l'Iris des marais pour y déposer ses œufs. Les larves se nourrissent des semences avant de se métamorphoser, de sortir du fruit et de s'enterrer dans le sol jusqu'au printemps suivant.


Mononychus punctumalbum sur Iris pseudacorus, Poitiers bords de Boivre

Charançon de l'Iris des marais, Poitiers bords de Boivre

La victoire appartient à celui qui y croit le plus et surtout le plus longtemps.

(Pearl Harbor, Michael Bay)

Mais pas de quoi rabaisser notre Sauvage... Il faut dire qu'une sève royale parcoure ses tiges! C'est en Poitou que l'Iris des marais marque la grande histoire de sa fleur: le célèbre dessin de la fleur de Lys imprimé sur les blasons des rois de France est en réalité une fleur d'Iris. C'est Clovis qui l'érige en symbole en 507, au sortir de la bataille de Vouillé. Les Wisigoths sont écrasées par les armées du roi Franc au cœur des marais viennois. Clovis demande à ce qu'une fleur d'Iris soit dessinée et cousue sur ses vêtement en souvenir du lieu et de la précieuse victoire. Dès lors, la fleur de l'Iris des marais devient symbole de royauté pour Clovis, puis pour tous les rois de France après lui.


Iris des marias, symbole des rois de France, Sauvages du Poitou!

L'Iris des marais tel qu'il fut crayonné par nos ancêtres à Vouillé dans la Vienne, en 507, à la demande de Clovis.


Pour aller plus loin:

- Iris pseudacorus sur Tela-botanica

- L'Iris des marais, fleur héraldique, sur le blog Books of Dante

 

Compagnon blanc, le noctambule
Date 21/04/2016
Ico Prairies

Silene latifolia, Compagnon blanc, Poitiers bords de Clain

Compagnon blanc, Poitiers bords de Clain


Silene latifolia (Compagnon blanc ou Chipôza-bourru en poitevin saintongeais!) appartient à la famille Caryophyllaceae, au côté de la Stellaire holostée ou de la Saponaire officinale par exemple, déjà croisées dans les pages du blog. A l'inverse de sa fausse jumelle aux fleurs rouges ou roses qui s'active en journée, le Compagnon rouge (Silene dioica), le Compagnon blanc préfère la vie nocturne: ce sont essentiellement les papillons de nuit qui assurent sa pollinisation, attirés par le parfum et le nectar que la Sauvage produit en plus grande quantité la nuit tombée.

La vie est tout de même une chose bien curieuse... Pour qui sait observer entre minuit et trois heures du matin.

(Le quai des brumes, Marcel Carné)

Silene Latifolia, Compagnon blanc, Biard (86)

Jeune pousse de Compagnon blanc, Biard (86)


Les Silènes doivent leur nom à leur à leur calice renflé qui rend hommage au dieu grec Seilênos — père adoptif du truculent Dionysos — qu'on représente généralement avec un gros ventre. Une famille divine qui savait surement bien boire et bien manger, quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit!


Silene latifolia, Compagnon blanc, Poitiers bords de Boivre

Calice velu du Compagnon blanc (Poitiers bords de Clain)


Comagon blanc: la Sauvage qui avait du ventre!


Notez que dans la famille des Silènes, c'est de loin le Silène enflé qui présente le plus grand tour de ceinture (Silène vulgaris, qu'on rencontrera essentiellement en terrain sec, et que les enfants transforment en pétard en éclatant le calice contre le dos de leur main)!


Silene vulgaris, Silène enflée, Poitiers bords de Boivre Silene vulgaris, Silène enflée, Poitiers bords de Boivre

Un autre Silène: le Silène enflé au ventre gonflé comme un ballon de baudruche et aux jeunes feuilles glabres au goût de petit pois!

Moi, j’ai la vie dans mon ventre, alors que toi, t’as que des tacos pourris dans le bide.

(Juno, Jason Reitman)

Compagnon blanc — la sauvage noctambule aux fleurs blanches — et Compagnon rouge — la diurne aux fleurs rouges ou roses — sont deux vivaces peu regardantes quant à la nature du sol; leurs colonies sont toutefois plus éclatantes sur les terres riches en matière organique végétale.


Silene dioica, Compagnon rouge, Béceleuf (79)

Compagnon rouge (Silene dioica), un couche tôt qui préfère les rayons du soleil à ceux de la lune!


Si le Compagnon blanc préfère les sols calcaires, le Compagnon rouge se plaît d'avantage sur les sols siliceux, ce qui n'empêche pas les deux espèces de se rencontrer. Lorsque le soleil a rendez vous avec la lune, les hybridations ne sont pas rares: il peut en résulter une sorte de Compagnon à fleurs... Roses pâles!


Silene dioica, Silene latifolia et hybride, Béceleuf (79)

Compagnon rouge (en haut à gauche), Compagnon blanc (en haut à droite) et hybride (en bas).


Silene Latifolia est une plante dioïque, c'est à dire qu'elle présente des pieds strictement mâles ou strictement femelles. A partir de mai, ce sont les étamines proéminentes qui nous permettent de distinguer les messieurs.


Silene latifolia, Compagnon blanc, Poitiers bords de Clain Silene latifolia, Compagnon blanc, Poitiers bords de Clain

A gauche, fleur femelle du Compagnon blanc: 5 pétales échancrés entourant 5 styles recourbés. A droite, fleur mâle: 5 pétales échancrés entourant 10 étamines dressées.


Les dames quant à elles affichent en leur centre cinq styles recourbés et un calice nettement plus renflé. Leur «ventre dodu» renferme les graines et les générations futures en fin de floraison; la capsule dentée peut, lorsqu'elle est sèche, servir à confectionner un sifflet pour les enfants... A moins que les chenille des Noctuelles (Hadena sp.), qui aiment s'y cacher, ne l'aient croqué entre temps!


Silene latifolia, Compagnon blanc, Poitiers bords de Clain

Capsule à 10 dents du Compagnon blanc, Poitiers bords de Clain


Les voies de la nuit (et surtout celles de la génétique) étant impénétrables, il existe également des pieds de Silene latifolia hermaphrodites qui mêlent pistil et étamines dans leur ventre. Ces spécimens sont capables d'enfanter avec n'importe quel pied autour d'eux, mâle ou femelle, mais restent de piètres reproducteurs, ce qui explique sans doute leur rareté.


Silene Latifolia, Compagnon blanc, Poitiers bords de Clain

Feuilles du Compagnon blanc: opposées, sessiles, poilues, lancéolées et ondulées.


Le taux de saponines (des substances qui permettent aux végétaux qui les produisent de se protéger contre les insectes et les maladies) de Silene latifolia augmente progressivement au fur et à mesure de la croissance: si les jeunes pousses peuvent éventuellement être considérées comme comestibles, les pieds les plus avancés deviennent potentiellement toxiques. A cause de leur teneur en saponines, les parties souterraines de Silene latifolia ont parfois été utilisées pour confectionner savon ou lessive, même si c'est généralement sa consœur Saponaire officinale (Saponaria officinalis) qu'on préférait pour cet usage. Prêts pour une virée nocturne? A vos lampes de poche!


Pour aller plus loin:

- Silene latifolia : identification assistée par ordinateur

- Silene latifolia sur Tela-botanica

- Silene dioica : identification assistée par ordinateur

- Silene dioica sur Tela-botanica

- Silene vulgaris : identification assistée par ordinateur

- Silene vulgaris sur Tela-botanica


Silene nutans, Silène penché, Poitiers Passelourdain

Un autre Silène, habitué des talus herbeux et rocailleux, nommé le Silène penché (Silene nutans) à cause de ses fleurs inclinées en panicule unilatérale.


Silene uniflora, Silène à une fleur, La Tranche sur Mer (85)

Carte postale de vacances : Silène à une fleur ou Silène maritime (Silene uniflora), un Silène au port prostré des rivages ouverts et sablonneux de la côte Atlantique.

 

Grande Mauve: quelques grammes de tendresse...
Date 12/04/2016
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Malva sylvestris, Grande Mauve, Biard (86)

Grande Mauve, bord de champs à Biard (86)


Malva sylvestris (Grande Mauve ou Fouacé en poitevin saintongeais), fait office de reine du bal dans le clan qui porte son nom, Malvaceae. Mauve est la couleur de ses fleurs; mais difficile de dire qui de la couleur ou de la fleur donna son nom à l'autre, tant la Sauvage est emblématique et choyée par l'homme depuis toujours...


Malva syvletris, Grande Mauve, Poitiers bords de Boivre

Fleur à 5 lobes échancrés de la Grande Mauve, Poitiers bords de Boivre


Malva sylvestris est une vivace (qui se comporte souvent en bisanuelle sous nos latitudes), dont les fleurs s'ouvrent entre mai et la fin de l'été. La belle passe difficilement inaperçue: sa tige et ses rameaux poilus peuvent dépasser le mètre de hauteur sur un sol propice.

Malva syvletris, Grande Mauve, Poitiers bords de Boivre

Grande Mauve, Poitiers bords de Boivre


L'ancien nom latin de Malva sylvestris était Omnimorbia, c'est à dire «toutes les maladies»: ses propriétés adoucissantes étaient connus de tous. Ses fleurs et ses feuilles (fraîches ou séchées), en infusion ou en gargarisme, apaiseraient les inflammations comme les toux sèches, les gorges enrouées ou les aphtes. Appliquées en compresse, elles soulageraient panaris, furoncles ou hémorroïdes...


Princesse, t’es tellement douce que même le sel à le gout du sucre avec toi.

(Boulevard de la mort, Quentin Tarentino)


Bref, Malva sylvestris est une caresse rafraîchissante pour le corps qui souffre, mais pas seulement: Pythagore recommandait la tisane bleue à ses élèves pour adoucir les passions et pacifier l'esprit! Pour certains historiens, Malva viendrait d'ailleurs du grec malasso qui signifie «ramollir» ou «adoucir». Les grecs, puis les romains, la considéraient comme une plante sacrée apte à élever les âmes vers la lumière, sans doute inspirés par la faculté de la Sauvage à tourner ses fleurs vers le soleil.


Grande Mauve, Sauvages du Poitou!

Dire que Malva Syvestris est une plante comestible est une litote... Il serait plus juste de la considérer comme un véritable légume tant elle a été cultivée et consommée depuis les temps préhistoriques! Arabes, chinois, européens l'ont mangée crue en salade, cuite en soupe, en farce ou en ragoût. Elle est riche en sels minéraux, vitamines A, B1, B2 et C, en protéines complètes, en fer et en calcium.


Malva sylvestris, Grande Mauve, Poitiers Le Porteau Podagrica fuscipes, Altise des Mauves, Poitiers Le Porteau
Les feuilles glabres, palmatifides et crénelées de la Grande Mauve ont tendance à se transformer en passoire avec le temps. Il faut se pencher pour dénicher le serial poinçonneur qui ne mesure que quelques millimètres: l’Altise des mauves (il existe plusieurs espèces proches, ici Podagrica fuscipes qui a la tête rousse et les pattes noires).

On préfère généralement les fleurs et les jeunes feuilles, car ces dernières en vieillissant feront d'avantage sentir la qualité mucilagineuse (visqueuse et humidifiante) de la Sauvage... Tout le monde n’apprécie pas, mais c'est une particularité utile en cuisine: les parties aériennes de Malva sylvestris (ou une décoction des parties souterraines) peuvent épaissir un velouté ou une crème maison (en lieu et place de produits industriels de type Maïzena).

Les jeunes fruits circulaires (surnommés les «fromages» à cause de leur forme, pas de leur goût) sont tendres et se grignotent en salade (après les avoir débarrassés de leurs calices).

Malva sylvestris, Grande Mauve, Poitiers Chilvert

«Fromage» (fruit, un schizocarpe) de la Grande Mauve,

Poitiers quartier Chilvert


Sa culture aisée devrait nous inciter à la réintégrer dans les potagers, à l'image des romains qui préféraient garder la belle à portée de ciseau au fond de leurs jardins plutôt que de lui courir après à travers la campagne.

    «Con un huerto y un malva hay medicina para un hogar» (Un jardin potager et de la Mauve constituent des remèdes suffisants pour un foyer)
    (Maxime populaire espagnole)


Malva sylvestris, Grande Mauve, Poitiers quartier gare

Dans un cornet constitué d'un double calice, des pétales enroulés comme une glace à l'italienne: une signature de la famille des Malvacées (Grande Mauve, Poitiers)



Le petit monde de Malva sylvestris


Si les Anciens estimaient la Grande mauve comme apte à élever les âmes vers la lumière, deux papillons de nos régions ont bien compris que la Sauvage pouvait aussi aider leurs chenilles à s’envoler vers le ciel une fois leur métamorphose réalisée! Car la Grande mauve est aussi le garde-manger larvaire de l’Hespérie de l’alcée (ou Grisette, Carcharodus alceae) et de la Belle dame (Vanessa cardui).


Carcharodus alceae, Hespérie de l'alcée, Migné-Auxances (86), crédit photo: Springfield

Hespérie de l’alcée, Migné-Auxances (86)


A vrai dire, nos deux papillons n'ont pas que la Sauvage comme casse-croûte. En effet, l’Hespérie de l’alcée s’intéresse également à d’autres membre du clan Malvaceae (telle la Mauve musquée, Malva moschata) tandis que la Belle dame disperse ses œufs sur pas moins de... 70 espèces de plantes appartenant à 8 familles végétales!


Vanessa cardui, Belle dame, forêt de Vouillé (86), crédit photo: Springflield

Belle Dame, forêt de Vouillé (86)





Pour aller plus loin:
- Malva sylvestris sur Tela-botanica
- Identification assistée par ordinateur

- La Grande Mauve à travers l'histoire, un article du blog Books of dante


Malva neglecta, Petite Mauve, Rochechouart (87)
Une autre Malvaceae urbaine, la Petite Mauve (Malva neglecta), une annuelle qui se distingue de la Grande Mauve avec ses fleurs blanches et ses feuilles moins découpées, presque rondes.

Malva setigera, Mauve hérissée, Biard (86) Malva moschata, Mauve musquée, Salilhès (15)
Deux autres Mauves typiques des prairies à papillons: la discrète Mauve hérissée (Malva setigera), à la pilosité dense et raide, et la superbe Mauve musquée (Malva moschata), aux feuilles caulinaires profondément découpées en lobes étroits.
 


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