Ico Liste des Sauvages par noms
Ico Retrouver une Sauvage par l'image
Ico Initiation à la botanique joyeuse!
Ico Villes, chemins & terrains vagues
Ico Prairies
Ico Haies & forêts
Ico Murs et rocailles
Ico Zone humide
Ico Grand banditisme (invasives)
Ico Bestioles
Ico Rencontres et billets d'humeur

Résultat de votre recherche


1 ... 10 11 12 13 14
Mouron rouge, un clown au jardin
Date 17/07/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Anagallis arvensis, Mouron rouge, Biard (86)

Mouron rouge, Biard (86)


Anagallis arvensis (devenue aujourd’hui Lysimachia arvensis, alias Mouron rouge) appartient aux Primulaceae (selon la classification classique), au même titre que les Primevères (voir Primula vulgaris) ou les Coucous, des plantes à la floraison précoce et printanière (de mai jusqu'à la fin de l'été). Anagallis arvensis aime les terres remuées et riches en nitrates. C'est une annuelle qui ressème spontanément ses nombreuses graines (emmagasinées dans ses capsules). Ses fleurs sont trop discrètes pour tout miser sur l'aide des butineurs; l'évolution l'a donc pourvu d’organes reproducteurs hermaphrodites et autogames (capables de s'autoféconder).


Anagallis arvensis a parfois été surnommée «baromètre des pauvres»: on peut s'attendre, lorsqu'elle referme ses petites fleurs rouges dans la matinée, à de la pluie avant la fin de la journée. Les riches lui préféreront sans doute un véritable baromètre!


Anagallis arvensis, Mouron rouge, Biard (86)

Fleur du Mouron rouge: 5 sépales, 5 pétales, 5 étamines autour de 5 carpelles soudés entre eux... Un joli carré de 5!

Tu prends la pilule rouge, tu restes au Pays des Merveilles.
(The Matrix, Lana Wachowski)

Jadis, on pensait Anagallis arvensis susceptible de soulager les hypocondriaques, les personnes crispées et anxieuses à l'excès quant à leur état de santé, ainsi que les ceux qui souffrent de mélancolie. Son nom Anagallis lui vient d'ailleurs du grec Anagelaô, qui signifie «je ris» ou «je chante»... Peut-être imaginait-on que la plante euphorisait ceux qui la mangeait, hommes ou oiseaux! La Sauvage a aussi été employées dans les traitements contre l'épilepsie.


Anagallis arvensis, Sauvages du Poitou


En vérité, Anagallis arvensis renferme une bonne quantité de saponines; elle est légèrement toxique pour l'homme et mortelle pour les lapins et certains rongeurs (attention à ne pas à glisser dans leur nourriture). Son usage est aujourd'hui abandonné et il convient de ne pas la confondre avec sa fausse cousine aux fleurs blanches, la reine des salades, le Mouron des oiseaux (Stellaria media). En l'absence de fleurs, les petits points bruns sous les feuilles d'Anagallis arvensis peuvent nous aider à identifier la drôle, impropre à la consommation.


Anagallis arvensis, Mouron rouge, Poitiers Chilvert

Fruits (capsules) et feuilles tachées du Mouron rouge: opposées, sessiles, ovales ou lancéolées.


Notre clown végétal n'étant pas à une blague près, en voici une dernière pour la route: le Mouron rouge affiche parfois de petites fleurs... Bleues! S'il n'en reste pas moins Anagallis arvensis, la confusion devient grande avec une autre Sauvage en tout point semblable, aux fleurs habituellement bleues, le Mouron femelle (Anagallis foemina devenue aujourd'hui Lysimachia foemina).

Anagallis arvensis, Mouron rouge, Beauvoir (86)
Quand le Mouron rouge balance sa vanne préférée en virant au bleu...

Les botanistes les plus rigoureux observeront à la loupe les minuscules poils glanduleux sur les bords des pétales pour différencier les deux Sauvages (plus de 30 poils dilatés au sommet pour le Mouron rouge, moins de 30 poils non dilatés au sommet pour le Mouron femelle). Les plus pressés se contenteront d'observer une fleur à maturité: les pétales se chevauchent chez le Mouron rouge, mais pas chez le Mouron femelle... Alors face à un «Mouron bleu», à vous de trancher: s'agit-il du sketch préféré du Mouron rouge, ou d'un Mouron femelle? C'est un peu bleu bonnet et bonnet bleu!

Anagallis foemina, Mouron femelle, Ensoulesse (86)
Mouron femelle, Ensoulesse (86)


Pour aller plus loin:

- Anagallis arvensis sur Tela-botanica

- Anagallis foemina sur Tela-botanica


Anagallis arvensis, Mouron rouge, Biard (86)

Le Mouron rouge, parfois bleu, ne sait décidément pas choisir... Alors va pour le rose!

 

Alliaire, l'Herbe à l'ail
Date 05/07/2015
Ico Haies & forêts

Alliaria petiolata, Alliaire, Poitiers bords de Boivre

Alliaire, Poitiers bords de Boivre


Alliaria petiolata (Alliaire) appartient à la famille Brassicaceae, dont les membres, souvent cultivés par l'homme, se démarquent par leurs saveurs remarquables et recherchées (choux, navet, moutarde, raifort, roquette, cresson...).

Rien ne vaut le chou pour accompagner le chou.

(Charlie et la chocolaterie, Tim burton)

Alliaria petiola, Alliaire, Poitiers le Porteau

Alliaire, Poitiers le Porteau


Les feuilles dentées et cordées à son sommet (mais réniformes et crénelées à la base de la plante) pourraient, faute d'attention, faire penser à la piquante Ortie... Ses petites fleurs blanches à quatre pétales empêchent toute confusion, de même que l'odeur d'ail dégagée par ses feuilles lorsqu'elles sont froissées entre les doigts. En effet, Allium en latin, c'est l'ail. Dans le Poitou, on fait preuve de simplicité quand il s'agit de nommer la belle: Alliaria petiolata est l'«Herbe à l'ail».


Alliaria petiolata, Alliaire, Poitiers bords de Boivre

Grappes de fleurs de l'Alliaire: 4 sépales, 4 pétales, 6 étamines autour du pistil.


L'Alliaire est une bisannuelle qui colonise les terres fraîches, ombragées, riches en matière organique végétale. Elle laisse ses feuilles seules apparaître la première année. La seconde année, elle montre ses fleurs puis ses longs fruits (siliques) porteurs des générations à venir; à la suite de quoi elle entame une dernière phase de reproduction via un bourgeonnement sous-terrain. La méthode s'avère efficace, lui permettant de s'installer durablement sur de vastes territoires. A tel point qu'aux États-Unis, à la suite de son introduction par l'homme, et en l'absence de ses prédateurs naturels européens (insectes, herbivores...), l'Alliaire est devenue une invasive redoutée.

Toi tu commences à me baver sur les rouleaux...

(Invasion U.S.A., Joseph Zito)

Alliaria petiolata, Alliaire, Poitiers bords de Boivre

Colonie d'Alliaire, Poitiers bords de Boivre


A l'image de l'Ail, on lui reconnait des vertus antiseptiques (désinfectantes) lorsqu'elle est appliquée en cataplasme, sur des plaies mineures ou des piqures d'insectes. Mais c'est surtout en bouche que la Sauvage se démarque.


L'Alliaire est une comestible prisée, riche en vitamine C. Son odeur ne trompe pas: ses jeunes feuilles crues et hachées (et seulement crues, elles n'ont que peu d'intérêt gustatif une fois séchées ou cuites) offrent un léger goût aillé; sans les désavantages de l'ail, c'est à dire sans laisser une haleine délicate à celui qui la consomme!

J’aime bien votre haleine, mais vous aurez la même demain?
(RRRrrrr, Alain Chabat)

Alliaria petiolata, Alliaire, Poitiers bords de Boivre

Jeune feuille (réniforme et cordée) d'Alliaire la première année,

à ne pas confondre avec le Lierre terrestre! (Poitiers bords de Boivre)


Alliaria petiolata, Sauvages du Poitou!


Les graines contenues dans ses longs fruits (siliques), une fois écrasées, peuvent également remplacer les graines de moutarde dans la préparation de sauces. La recette est connue de longue date, puisqu'on a retrouvé des semences d'Alliaire, sous forme de micro-fossiles de cellules végétales, dans des poteries préhistoriques qui servaient à stocker la nourriture il y a environ 6000 ans!

La recette du shérif : Beurre d'Alliaire

- Mixer 100 grammes de feuilles crues (sans le pétiole) avec 200 grammes de beurre. Rajouter huile d'olive, jus de citron et sel à votre convenance... Tartinez et dégustez!


Le petit monde d'Alliaria petiolata


Dans la famille des Piérides (papillons diurnes de taille moyenne, souvent blancs tachetés de noir), certaines espèces se nourrissent de divers «choux», autrement dit, de crucifères, parmi lesquelles se trouve notre Alliaire...


Personnages:

Madame Piéride du navet (Pieris napi), Madame Piéride de la rave (Pieris rapae), Madame Aurore (Anthocharis cardamines).


La scène se déroule dans un fossé humide au mois d'avril.


Pieris napi (crédit photo Olivier Pouvreau)

Madame Piéride du navet en tenue estivale (les nervures des ailes postérieures sont moins soulignées de gris que pour les individus de printemps)


SCÈNE UNIQUE


Madame Piéride du navet, rencontrant Madame Aurore

Tiens! Comment va?


Madame Aurore

Mission réussie! Pas moins de trois messieurs pour me courtiser! J'ai finalement accepté les avances de celui dont le parfum m'a le plus grisé. Ah, ces phéromones! Les deux autres m'ont poursuivi mais j'ai utilisé ma technique habituelle pour les dissuader de m'approcher: je lève l'abdomen pour leur signifier «halte-là!»


Madame Piéride du navet

Vous avez bien de la chance. Pour ma part, je viens juste d'émerger et j'attends que des messieurs viennent me tourner autour mais... (un vol vif la surprend)


Madame Piéride de la rave

Hello les filles! Je suis un peu essoufflée car je viens d'échapper à deux mâles harcelants. Entre nous, l'un d'eux a été plus gentil que l'autre, hi hi!


Madame Aurore

Je vois... Cela dit, je suis comme toi, fécondée! Ça te dit de suivre le fossé? J'irais bien pondre sur l'Alliaire, son goût d'ail ravit les chenilles.


Madame Piéride de la rave

Bonne idée! (S'adressant à Madame Piéride du navet) Tu viens? Tu trouveras peut-être ton adonis dans le coin?


Madame Piéride du navet

D’accord, allons chercher l'Alliaire, c'est la saison! Vous savez ce que chantent les piérides de mon espèce?

«Nous, Piérides,

Qui aimons les crucifères

Par dessus tout,

Nous sommes vraiment

Trop chou!»

Anthocharis cardamines et Pieris rapae (crédits photos Olivier Pouvreau)

À gauche, Madame Aurore en train de se refuser à un mâle; à droite, Monsieur Piéride de la rave, faute d'avoir réussi à photographier Madame! (ce papillon, bien que commun, ne se pose presque jamais et est extrêmement farouche)


Anthocharis cardamines et Alliaria petiolata, Poitiers (crédit photo: Olivier Pouvreau)

Chenille d'Aurore boulottant une silique d'Alliaire: tout le génie de la nature dans ce mimétisme.




Pour aller plus loin:

- Norb de Sauvages du Poitou raconte l'Alliaire au micro de Sauvages du Poitou

- Identification assistée par ordinateur

- Alliaria petiolata sur Tela-botanica



Alliaria petiolata, Alliaire, Poitiers bords de Boivre

Siliques de l'Alliaire, Poitiers bords de Boivre


 

Buglosse toujours verte, en rouge et bleu
Date 24/06/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Pentaglottis sempervirens, Buglosse toujours verte, Poitiers bords de Clain

Buglosse toujours verte, Poitiers bords de Clain

- Quoi la vache ? C’est toi la vache !

(La Haine, Mathieu Kassovitz)

Pentaglottis sempervirens (Buglosse toujours verte) appartient aux Boraginaceae, le clan de la Bourrache ou de la Consoude. Pentaglottis sempervirens partage d'ailleurs avec ses deux sœurs le goût de la majesté, puisqu'à maturité, elle peut atteindre un bon mètre de hauteur. Son nom courant, Buglosse, tire son origine du grec et signifie «langue de bœuf», une référence à la forme de ses feuilles raides et longues (jusqu'à 30cm de long), ovales, acuminées (se terminant brusquement en pointe à leur extrémité), sessiles en haut de la tige et longuement pétiolées à la base.


La Buglosse toujours verte apprécie les terres humides, ombragées et riches en azote. Ses grappes de fleurs bleues apparaissent entre avril et septembre. C'est une vivace qui se multiplie abondamment chaque année par semis spontanés et par bourgeonnement des racines. Et pourtant... Vous n'en croiserez pas à tout bout de champs.


Pentaglottis sempervirens, Buglosse toujours verte, Poitiers bords de Clain

Feuille de Buglosse toujours verte: un air de Consoude... Poitiers bords de Clain


Si la Buglosse toujours verte est assez courante dans le nord ouest de notre pays et en Bretagne, sa présence est moins marquée dans le Poitou. Chez nos voisins des Pays de Loire, elle est devenue si rare qu'un arrêté (1993) l'a placée en espèce protégée. Dans le sud ouest, il faut être un sacré veinard pour la croiser; quand aux promeneurs de l'est de la France, ils n'ont quasiment aucune chance de rencontrer la belle...


Pentaglottis sempervirens, Buglosse toujours verte, Poitiers bords de Clain

Petites fleurs bleues de la Buglosse toujours verte, Poitiers bords de Clain

Tu as la main, verte, mais de quelle couleur est le reste ?
(Batman & Robin, Joel Schumacher)

On nomme Pentaglottis sempervirens la «toujours verte» à cause de ses feuilles (les plus jeunes sont agréables en salade ou en potage), mais c'est de la teinture rouge qu'on peut fabriquer à partir de ses racines. Ses fleurs bleues comestibles sont parfois utilisées dans la cuisine sauvage comme décorations;  leur goût séduit cependant bien moins que celui de sa sœur de sève, la Bourrache.


Pentaglottis sempervirens, Buglosse toujours verte, Poitiers bords de Clain

Buglosse toujours verte, Poitiers bords de Clain


Pentaglottis sempervirens, Sauvages du Poitou


Pour aller plus loin:

- Pentaglottis sempervirens sur Tela-botanica

 

1 ... 10 11 12 13 14

MP  Mighty Productions
> Blogs
> Sauvages du Poitou
 
RSS       Mentions légales       Comms  Haut de la page