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Benoîte des villes, l'exorciste
Date 25/12/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Geum urbanum, Benoîte des villes, Poitiers bords de Boivre

Benoîte des villes, Poitiers bords de Boivre


Geum urbanum (Benoîte des villes) apparient aux Rosaceae, une famille qui joue un rôle central dans l'alimentation (et donc l'économie) humaine; il s'agit du clan des fraisiers, mûriers, framboisiers, mais aussi de célèbres géants comme les cerisiers, pommiers, pêchers, pruniers...


Son nom savant Geum vient du latin Geuô qui signifie «j'assaisonne», à cause de la saveur de clou de girofle dégagée par son rhizome; quant à l'appellation urbanum, «l'urbaine», elle le doit peut être à son affection pour les friches et les décombres... A vrai dire, c'est surtout le moyen de la démarquer de ses deux sœurs de sève, la Benoîte des ruisseaux (Geum rivale) et la Benoîte des montagnes (Geum montanum)!

Si vous n’aimez pas la mer... Si vous n’aimez pas la montagne... Si vous n’aimez pas la ville: allez vous faire foutre !
(À bout de souffle, Jean-Luc Godard)

Geum urbanum, Benoîte des villes, Poitiers gare

Fleur de la Benoîte des villes: 5 pétales arrondis, 5 sépales pointus et tournés vers le bas autour de 30 à 60 étamines.


Geum urbanum est une vivace qui s'installe généralement sur des terres riches en humus, à l'ombre des forêts, des lisières ou des haies. Son rhizome traverse la saison hivernale caché sous terre; ses fleurs à cinq pétales (c'est toujours le cas chez les Rosaceae) apparaissent entre juin et août.


Ses fruits crochus s'accrochent aux poils des animaux et aux bas de pantalon des promeneurs... Un excellent moyen de propager ses semences loin de leur point de départ! La botanique réserve un nom à ce mode particulier de dissémination, via les plumes, les poils ou les vêtements des animaux (que nous sommes): épizoochorie.


Geum urbanum, Benoîte des villes, Poitiers bords de Boivre

Les fruits crochus de la Benoîte des villes: des dizaines d'akènes prêts à agripper vos bas de pantalon.

J’ai vu l’Exorciste 2747 fois! À chaque fois je me marre comme un bossu, qu’est ce qu’il est chouette ce film nom de Dieu!

(Beetlejuice, Tim Burton)

Son nom courant Benoîte est un hommage à Saint Benoît, fondateur de l'ordre bénédictin. Il faut dire que la plante a longtemps été considérée comme une bénédiction végétale: les moines allaient jusqu'à utiliser la plante dans les rituels d'exorcismes pour chasser le diable et son gang! La consommation de Geum urbanum était réputée pour calmer les ardeurs... Jusque dans les monastères où la tisane permettait d'apaiser les fantasmes mal venus des religieux.


Geum urbanum, Benoîte des villes, Poitiers bords de Boivre

Feuilles basales divisées et dentée de la Benoite des villes, Poitiers bords de Boivre


Toujours est-il qu'on lui reconnait certaines vertus médicinales, à tel point qu'ici et là, on continue de la désigner par des noms tels que Herbe de sang, Herbe de cœur ou Herbe de fièvre. La tisane des partie souterraines de Geum urbanum est calmante, légèrement sédative, digestive et astringente (asséchante et anti-diarrhéique). Selon la coryance populaire, mâchouiller un bout de rhizome (nettoyé et séché) - comme on mâchouillerait un clou de girofle - soulagerait les maux de dents; j'imagine que son parfum évoque à certains une séance chez le dentiste? Quoi qu'il en soit, l'odeur du clou de girofle, comme le son de la fraise dentaire, suffira peut-être à mettre en fuite le diable s'il venait à passer!


Geum urbanum, Sauvages du Poitou!



Geum urbanum, Benoîte des villes, Poitiers gare

Benoîte des villes, Poitiers quartier gare


Geum urbanum aurait également un effet bénéfique sur la lactation des ruminants. Jadis, les paysans du Poitou la fauchaient sur les bords des routes pour la donner aux vaches et booster leur production. Les jeunes feuilles de Geum urbanum sont comestibles, crues en salade. Leur parfum reste subtil. En revanche, les rhizomes charnus de la Sauvage, nettoyés, découpés et mis à sécher à l'ombre, dégagent un léger parfum: ceux-ci peuvent remplacer les clous de girofle dans les recettes (il faut cependant compter d'avantage de parties souterraines de Geum urbanum qu'il faudrait de clous de girofles). Autrefois, on laissait macérer pendant une bonne semaine des rhizomes de Geum urbanum (50 grammes) et quelques zestes d'oranges dans du vin rouge (1 litre) pour produire une boisson aromatisée, sorte de version sauvage du célèbre vin chaud de nos marchés de Noël... Happy and wild Christmas!


Geum urbanum, Benoîte des villes, Poitiers gare

Benoîte des villes: sur les tiges, notez les deux stipules foliacées presque aussi grandes que les feuilles elles mêmes!



Pour aller plus loin:

- Geum urbanum sur Tela-botanica

- Identification assistée par ordinateur

- La Benoîte urbaine sur le blog Books of Dante, où l'on apprend que la grande Hildegarde de Bingen considérait la Sauvage comme un Aphrodisiaque... Comme quoi!


Cecidophyes nudus sur Geum urbanum, Poitiers quartier Chilvert

Chez les Benoites, la ponte d’un acarien spécifique (Cecidophyes nudus) peut provoquer des boursouflures sur les feuilles (une «galle»).

 

Salicaire commune, la conquistador
Date 03/12/2015
Ico Zone humide

Lythrum salicaria, Salicaire commune, Poitiers bords de Boivre

Fleurs en épis de la Salicaire commune


Lythrum salicaria (Salicaire commune) appartient à la famille Lythraceae, dont certains membres sont des plantes aquatiques, comme la célèbre Châtaigne d'eau (Trapa natans). C'est sur terre que pousse la Salicaire, même si va falloir se rapprocher dangereusement du bord de la rivière pour l'observer.

- Ah non messire, j’ai déjà pris un bain y a deux mois dans la rivière!

(Les Visiteurs, Jean-Marie Poiré)

Lythrum salicaria, Salicaire commune, Poitiers bords de Boivre

Son nom, elle le signe à la pointe de la fleur, d'un L qui signifie Lythrum! (Salicaire commune, Poitiers bords de Boivre)

La Salicaire commune est une vivace robuste qui s’installe au bord des lacs, des rivières, dans les marécages et sur les sols riches et gorgés d'eau des forêts humides. C'est à ses feuilles lancéolées que la Sauvage doit son nom, car celles ci ressemblent à celles du Saule (Salix).


Lythrum salicaria, Salicaire commune, Poitiers bords de Clain

Feuilles de la de la Salicaire commune: opposées (les supérieurs alternes), sessiles, lancéolées et cordées à leur base.


Ses fleurs mellifères pourpres (Lythrum est tiré du grec lythron, «sang», pour la couleur), regroupées en épis, se dressent jusqu'à un bon mètre de hauteur entre juin et septembre. Le biologiste Charles Darwin mit en avant (dans Forms of Flowers, 1877) la particularité des fleurs de la Salicaire commune. A vos loupes... Prêts? Observez!

- Je suppose que vous n’avez pas la moindre compétence dans le domaine scientifique!

- J’ai disséqué une grenouille, une fois...

(Avatar, James Cameron)

Les colonies de la Sauvage présentent trois type de pieds (répartis dans des proportions équilibrées): certains présentent au centre de leurs fleurs un style (partie allongée de l'organe reproducteur femelle) long, d'autres un style moyen et les derniers un style court. Les étamines (organes reproducteurs mâles) suivent un schéma opposé: un style long est entouré d'étamines courtes (6) et moyennes (6), un style moyen est entouré d'étamines courtes (6) et longues (6), et enfin, un style court est entouré d'étamines moyennes (6) et longues (6)...


Accrochez vous, la mécanique est ingénieuse: une fleur peut difficilement s'autoféconder, les organes reproducteurs mâles et femelles étant placés à des hauteurs différentes. Mieux encore: Charles Darwin observa qu'un style long n'est réceptif que pour les grains de pollens issus d'une étamine de même longueur que lui. De même, un style moyen n'est réceptif que pour les grains de pollens issus d'une étamine moyenne, etc. La pollinisation s'opère donc à partir d'individus distincts et le brassage génétique (et donc la capacité d'adaptation sur le terrain) de la Salicaire commune est garanti.


Lithrum salicaria, Sauvages du Poitou


Cette arrangement complexe ne freine pas sa propagation: La Salicaire commune peut produire jusqu'à deux millions de graines par pied. Ce sont les oiseaux aquatiques et le fil du courant qui dispersent les semences le long des berges, les graines collantes adhèrant aux pattes et aux plumes des volatiles (zoochorie).


Lythrum salicaria et Polyommatus coridon, Poitiers bords de Boivre

Fleurs de la Salicaire communecalice en tube à 12 dents inégales, 4 à 6 pétales chiffonnés, 10 à 12 étamines inégales autour du pistil.


La Salicaire commune est comestible: ses jeunes pousses et ses feuilles peuvent se consommer crues ou cuites, alors que ses fleurs peuvent servir à décorer les plats. Jadis, celles ci ont été utilisées comme colorant rouge dans la confection de confiseries.


En médecine populaire, on lui reconnait des qualités astringentes, antidiarrhéiques (elle est tannique); on prescrivait autrefois la décoction de ses sommités fleuries contre la colique des nourrissons, d'où son surnom d'«Herbe aux coliques». Ses fleurs et ses feuilles ont été consommées comme substitut au thé; c'est pourquoi en poitevin-saintongeais, on la connait surtout sous le nom de Thé des marais.


Lythrum salicaria, Salicaire commune, Poitiers bords de Clain

Calices persistants qui renferment les fruits de la Salicaire commune


La Sauvage évoque dans le Poitou la douceur des promenades au bord de l'eau; en Allemagne, on aime raconter qu'elle est le refuge des Kobolds, les lutins gardiens des mines d'or. Mais de l'autre côté de l'Atlantique, Lythrum salicaria (alias Purple Loosestrife en V.O.) est l'actrice principale d'un western bien moins sympathique...

Lythrum salicaria, Sauvages du Poitou


Importée sur le sol nord américain pour ses qualités ornementales et apicoles au milieu du 19ème siècle, La Salicaire commune bouleverse aujourd'hui l'équilibre des zones humides qu'elle conquiert (elle peut y atteindre une densité de 200 tiges à l'hectare!).


Aux États-Unis, on estime que sa propagation effrénée représente un coût de 45 millions de dollars par an pour le contribuable! Pour comparaison, c'est plus que le coût (38 millions d'euros par an) estimé pour la lutte et la réparation des dommages causés par l'ensemble des espèces invasives dans notre pays (Renouée du Japon, Moustique tigre, Écrevisse de Californie…); mais nous ne vivons pas sur les même échelles territoriales. Au delà des considérations pécuniaires, la Salicaire commune concurrence fortement les espèces locales, comme Lythrum alatum (la Salicaire ailée), jugée moins appétissante par les butineurs Yankee, et battue dans le petit jeu des hybridations et des brassages génétiques.


Lythrum salicaria, Salicaire commune, Coulombiers (86)

Salicaire commune, Coulombiers (86)


Le scénario est bien connu: après sa traversée forcée outre-Atlantique, la Salicaire commune s'est retrouvée loin de ses ennemis biologiques (essentiellement des Chrysomèles, des Charançons et diverses chenilles de papillons de nuit), restés sur le vieux continent. Malheureusement, la réaction naturelle d'un milieu face à l'arrivée d'une nouvelle espèce peut parfois se faire attendre. En attendant le retour à l'équilibre, les cartes sont forcément redistribuées pour les espèces autochtones. Pour l'heure, un programme d'introduction de quelques prédateurs naturels de la Salicaire commune sur le continent américain semble commencer à porter ses fruits...

- Combien t’a-t-il payé pour m’abattre?

- Pas loin de mille dollars...

- Tiens, en voilà deux mille pour toi.

- Deux mille dollars... La moitié en or! Plutôt intéressant. Mais... L’ennui, c’est que j’finis toujours l’travail pour l’quel on m’paie...

(Le bon, la brute et le truand, Sergio Leone)

Pour aller plus loin:

- Lythrum salicaira: identification assistée par ordinateur

- Lythrum salicaria sur Tela-botanica


Lythrum hyssopifolia, Salicaire à feuilles d'hyssope, Vouneuil-sur-Vienne (86)

Salicaire à feuilles d'hyssope (Lythrum hyssopifolia), une autre Salicaire annuelle et discrète (10 à 40 cm) qui colonise les sols et les fossés humides.

 

Saponaire officinale, la lessive
Date 06/11/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Saponaria officinalis, Saponaire officinale, Poitiers bords de Boivre

Saponaire officinale, Poitiers bords de Boivre


Saponaria officinalis (Saponaire officinale) appartient à la grande famille Caryophyllaceae, aux côtés des Silènes. Saponaria officinalis partage avec ces dernières un certain penchant pour la vie nocturne; entre juin et septembre, la Sauvage parfume agréablement ses fleurs roses pâles et active sa production de nectar après le coucher du soleil pour attirer les papillons de nuit qui participent à sa pollinisation.

La vie est tout de même une chose bien curieuse... Pour qui sait observer entre minuit et trois heures du matin.

(Le quai des brumes, Marcel Carné)

Saponaria officinalis, Saponaire officinale, Buxerolles (86)

Fleur de la Saponaire officinale: un calice en tube à 5 dents, 5 pétales, 10 étamines libres autour d'un pistil à 2 styles.


Saponaria officinalis est une vivace dont les rhizomes et les semis spontanés assurent une expansion efficace sur les terres riches, humides et baignées de soleil.


Saponaria officinalis, Saponaire officinale, Poitiers bords de Boivre

Feuilles de la Saponaire officinaleopposées, ovales avec un sommet pointu, entières.


Son usage interne (en tant que médicament ou en tant qu'aliment) peut soulever des problèmes (elle est hémolytique, c'est à dire qu'elle détruit les globules rouges); par prudence, on retiendra qu'il convient d'éviter de consommer la belle en dehors d'un cadre botanique ou médical averti.


En revanche, on aurait tort de se priver des vertus astringentes de Saponaria officinalis en usage externe: les romains en mettaient des feuilles dans leur bain pour soigner les maladies de peau. La Sauvage était recommandée pour nettoyer les plaies des lépreux. Les chinois s'en servaient pour traiter la gale. Plus proche de nous, la décoction de Saponaria officinalis s'utilise en massage pour traiter les problèmes dermatologiques, comme l’eczéma, le zona, le psoriasis ou l’acné.


Saponaria officinalis, Saponaire officinale, Poitiers Chilvert

Saponaire officinale, Poitiers quartier Chilvert


Sapo en latin est le «savon»: la plante contient des saponines en grande quantité, des substances qui permettent aux végétaux qui les produisent de se protéger contre les insectes et les maladies... Et qui ont la propriété, lorsque frottées avec de l'eau, de mousser comme du savon (la mousse est verte, forcément)! Dans le Poitou, la Sauvage est surnommée Savonnette!

Je fabrique et je vends du savon, l’objet qui indique le degré de civilisation.
(Fight Club, David Fincher)

Saponaire officinale, Sauvages du Poitou

Se laver les mains avec une poignée de feuilles de Saponaire officinale!


Une décoction (10mn à ébullition) de racines de Saponaria officinalis (les saponines y sont plus concentrées que dans les parties aériennes) permet de fabriquer un savon liquide qui a été utilisée autrefois pour se laver les mains, les cheveux, ou le linge délicat; il doit en revanche être utilisé rapidement. Pour une longue conservation, on préférera confectionner une poudre, en séchant les racines avant de les broyer. Celle ci pourra faire office de lessive dans le tambour de la machine à laver! La méthode est ancienne, mais le résultat risque de décevoir les habitués de la chimie moderne que nous sommes: le pouvoir détachant de la plante s'avère nettement moins efficace que celui des nouvelles lessives de synthèse.


Saponaria officinalis, Sauvages du Poitou


Pour aller plus loin:

- Saponaria officinalis sur Tela-botanica

- Identification assistée par ordinateur


Saponaria officinalis, Saponaire officinale, Buxerolles (86)

Fruits (capsules allongées) de la Saponaire officinale à la fin de l'été, Buxerolles (86)

 

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