Campi, héros du Petit guide de survie pour plantes rebelles (par Michaël Falkowski)
Nous avons peu l'occasion de parler littérature sur Sauvages du Poitou. Pourtant, un botaniste n'irait pas bien loin sans le soutien d'une bibliothèque bien fournie (à ce propos, j'essaie de tenir à jour la liste de mes principales références bibliographiques sur la page liens de ce blog). L'occasion de vous rappeler que Sauvages du Poitou n'a rien à vendre, et que c'est en toute liberté que je cite de temps à autre un ouvrage.
Ce Petit guide de survie pour plantes rebelles est signé Michaël Falkowski. Si le nom de l'auteur ne vous dit pas grand chose, j'aurai peut-être plus de chance en vous parlant du site La cabane de Tellus, refuge des passionnés de mauvaises herbes sur le web depuis 2006, et dont Michaël est le papa et l'animateur.
«La Genèse de Campi» (par Michaël Falkowski), le tableau qui inspira Michel-Ange!
Michaël Falkowski donne voix à Campi, un Pissenlit urbain et roublard. Coiffé d'un capitule jaune comme d'une crête iroquoise, Campi est à la mauvaise herbe ce que Billy the Kid est au jardinier du Grand Ouest: un héros trouble dont la fleur est mise à prix.
«Si vous n'êtes qu'une frêle plante sans défense, ce manuel est fait pour vous. Je vais vous apprendre tout ce qu'une plante est capable de faire pour survivre et prospérer. Ce n'est pas peu dire, au programme: résistance, esquive, évasion, manipulation, infiltration, self-défense, sabotage, alliance... Bref, tout ce qu'il vous faut pour devenir une authentique mauvaise herbe, rebelle et libre d'aller où bon lui semble.» (Campi, Petit guide de survie pour plantes rebelle)
Campi lance un appel à l'insubordination végétale. Une révolte qui a déjà commencé sous nos chaussures (après le printemps arabe, le printemps sauvage?): arrachée mille fois, brûlée, empoisonnée, l'herbe folle revient planter ses racines, encore et encore. La persévérance des Sauvages, leur robustesse et leur abnégation sont une leçon d'optimisme pour tous ceux qui, comme moi, s'inquiète du sort de la nature face à l'avancée de l'indifférence grise, des grattes-ciel et du macadam.
A travers son personnage, Michaël Falkowski déroule une leçon de botanique amusante et décomplexée, dans laquelle on découvre les secrets des Vagabondes pour voyager discrètement, leurs terrains de prédilection, leurs ressources, leurs armes, leurs stratégies, leurs alliances... Le tout parsemé de dessins colorés dont l'esprit sonnera comme un écho familier aux lecteurs de Sauvages du Poitou (extrait de l'ouvrage via ce lien).
Ce Petit guide de survie pour plantes rebelles est publié en auto-édition (imprimé à la commande) chez Bookelis. Reste qu'il est toujours possible d'aller découvrir la plume et les crayons de Michaël Falkowski sur son site, la Cabane de Tellus, un terrain vague numérique envahi de Sauvages jusque dans le moindre pixel!
Entrez sur les terres de la Cabane de Tellus, refuge de la mauvaise herbe!
Liens utiles:
- Petit guide de survie pour plantes rebelles, chez Bookelis.
- La Cabane de Tellus, refuge de la mauvaise herbe depuis 2006!
- L'actu de la Cabane de Tellus sur Facebook.
Norb au micro de Radio Gâtine a Parthenay
Sauvages du Poitou se décline aussi en une série de chroniques radiophoniques diffusée sur les radios de la Vienne et des Deux-Sèvres. En 2015, Radio Écho des Choucas (103.7 FM à Chauvigny) et Radio D4B (101.4 FM à Niort et 90.4 FM à Melle) plantent les premières graines sonores en invitant les Sauvages sur leur antenne.
Coupez! Bon, OK, elle est bonne! C'est formidable Billy! Aller, préparez moi le décor suivant!
(Le jeu de la mort, Bruce Lee)
Sauvages du Poitou en plein air, au micro de Médéric Bouillon de France Bleu Poitou!
En 2017, Norb intervient chaque mercredi sur France Bleu Poitou, (87.6 FM à Poitiers, 103.3 FM à Châtellerault, 101.0 FM à Niort et 106.4 FM à Parthenay), pour parler de la nature ordinaire, mais pas moins extraordinaire, de nos villes et de nos villages! Toutes les chroniques peuvent être réécoutées sur le site de France Bleu Poitou: Hellébore fétide, Fragon, Lierre grimpant, Asplenium, Mercuriale annuelle, Lamier pourpre, Séneçon commun, Pâquerette, Alliaire, Myosotis, Herbe-à-Robert, «Boutons d'or», Cabaret des oiseaux, Grande Ortie, Laitue scariole, Gaillet gratteron, Arum d'Italie, Clématite vigne-blanche, Orchis bouc... Bonne écoute!
S'il n'y en avait que 10! La liste est loin d’être exhaustive: il y a très peu de végétaux spontanés qui nécessitent de déclencher une guerre des tranchées au jardin... Disons qu'en guise d'illustration (et d'introduction à une manière de repenser ses espaces verts paisiblement), voilà 10 Sauvages communes qui méritent toute notre hospitalité, qu'on n'arrachera plus sans égards, qu'on ne désherbera plus à coup de potions chimiques ou bio-magiques, qu'on se contentera de regarder avec des yeux d'abeilles, heureux, émerveillés de leur simple présence et... Plein de gourmandises!
Il y a trois choses inévitables dans la vie : la mort, les impôts... Et la paix.
(Prison Break, Paul Scheuring)
1 - Le Lamier pourpre (Lamium purpurum), une annuelle qui régale les premiers butineurs affamés au printemps (merci pour eux), qui couvre et protège les sols laissés à nus en hiver... Et qui — lorsqu'elle prolifère — s'avère excellente en salade, riche en sels minéraux et en fer!
Lamier pourpre, Poitiers quartier Chilvert
2 - Le Mouron des oiseaux (Stellaria media), une annuelle qui n'a pas volé son surnom tant ses nombreuses graines régalent le peuple à plume... Mais pas seulement, c'est aussi la reine des salades sauvages, délicieuse, riche en calcium, en silice, en magnésium et en vitamine! Elle est souvent le signe d'un sol riche et sain; au jardin, vous pouvez la considérer comme un compliment fleuri!
Mouron des oiseaux, Poitiers quartier Chilvert
3 - Le Myosotis des champs (Myosotis arvensis), une poésie jetée à la face du désert... Cette belle annuelle s'installera de préférence dans les recoins les plus pauvres du jardin, comme pour sublimer les parcelles stériles (à l'inverse du Mouron des oiseaux, lorsque le Myosotis des champs prolifère, c'est le signe inquiétant de l'état misérable du sol; l'arracher n'aidera surement pas à améliorer la situation!). De plus, sa tisane aurait des vertus relaxantes pour le système nerveux... Avec le Myosotis, tout le monde se détend!
Myosotis des champs, Poitiers quartier Chilvert
4 - La Pâquerette (Bellis perennis), une vivace qui égaie les pelouses chaque printemps; elle aussi est une comestible, riche en calcium. Ses fleurs aux nombreuses vertus médicinales (calmante, antalgique...) devraient nous inciter à la faire pousser directement dans les trousses à pharmacie! Les pollinisateurs apprécieront sa floraison prolongée (elle fleurit quasiment toute l'année, en dehors des périodes de gel).
Pâquerette, Poitiers quartier Chilvert
5 - La Cardamine hérissée (Cardamina hirsuta), une annuelle solitaire, capable de se nicher dans le moindre interstice... Une Sauvage comestible, tonique, riche en vitamine A et C, au goût piquant (comme le Cresson). La belle est une invité timide, à l'image de ses fleurs blanches, étroites et délicates. On peut lui faire belle place au jardin: aucun risque de se faire déborder!
Cardamine hérissée, Poitiers quartier Gare
6 - Le Grand Plantain (Plantago major) — ainsi que les autres Plantains —, des vivaces qu'on trouvera souvent installées près des sols compactés, les passages fréquents (voitures ou chaussures). Le Plantain réussit à pousser là où il n'y a guère que les les cailloux qui tirent leur épingle du jeu... Sauf que contrairement à ces derniers, la Sauvage se révèle être une excellente comestible, dont les jeunes feuilles au goût de sous bois et de champignons agrémentent merveilleusement les soupes! Puis c'est une plante-médecine, cicatrisante et anti inflammatoire. Près du garage, entre une poignée de graviers poussiéreux et un bouquet de Plantain, mon choix est fait!
Grand plantain, Poitiers quartier gare
7 - Le Lierre terrestre (Glechoma hederacea), une vivace rampante à ne pas confondre avec le Lierre grimpant (Hedera helix), qui peut proliférer dans les recoins ombragés du jardin... Malgré son expansion, je n'en ai jamais assez! Depuis la Grèce antique, l'homme pense la Sauvage capable de nous guérir de tous les maux. Dans mon armoire à pharmacie, ses feuilles récoltée et séchées rejoignent les remèdes d'hiver: sa tisane fait merveille contre les affections
pulmonaires en tout genre (toux, asthme, grippe, bronchite..). Le lierre terrestre, c'est un peu le bon docteur!
Lierre terrestre, Poitiers quartier Chilvert
8 - Le Géranium Herbe-à-Robert (Geranium robertianum), un véritable Géranium sauvage, annuel le plus souvent. Laisser la belle s'installer au jardin est un parti-pris qui ne fera pas forcément l'unanimité: elle dégage une allure — et une odeur qui repousse les moustiques — terriblement sauvage. C'est un petit bout de forêt à elle seule. Elle assure un couvre sol fleurit du début du printemps à la fin de l'automne. L'Herbe-à-Robert s'adapte à tous les sols; ses feuilles prennent une coloration rouge vermillon en cas de sécheresse: une coquetterie estivale qui me console lorsque la pluie se fait rare et que le reste de la végétation grille au jardin!
Géranium Herbe-à-Robert, Poitiers bords de Boivre
9 - Le Trèfle des prés (Trifolium pratense), une célèbre vivace pour représenter le clan des Légumineuses sauvages, ses sœurs de sève: Trèfles, Luzernes ou encore Vesces... Autant de plantes dont il faut parfois contrôler l'occupation géographique, mais qui sont une véritable bénédiction pour les sols. Ces plantes sont capables d'utiliser l'azote atmosphérique pour assurer leurs propres ressources (richesse qu'elles offrent au sol lorsqu'elles sont fauchées sur place, voir Medicago arabica). Certaines d'entre elles supportent sans broncher le piétinement (Trèfle blanc nain par exemple), restent vertes en hiver comme en été, structurent et enrichissent le sol, nourrissent les butineurs... Je me demande parfois en quoi on peut leur préférer une pelouse bien proprette et bien rangée? Vive le trèfle, à trois ou à quatre feuilles pour les plus chanceux!
Trèfle des prés, Poitiers bords de Boivre
10 - Le Pissenlit (Taraxacum sect. Ruderalia), une vivace qu'on ne présente plus, une fleur aux couleurs dorées de l'enfance... Pas toujours la bienvenue au jardin: parfois envahissante, toujours solidement enracinée. Pourtant, s'il je devais n'en garder qu'une seule, ce serait elle! Tout le monde connait ses qualités gustatives, des racines jusqu'aux fleurs... Mais considérez ceci: entre le printemps et la fin de l'automne, c'est pas moins de 93 espèces d'insectes qui auront profité de ses fleurs très mellifères. Le Pissenlit est une chance pour la biodiversité, et s'il prolifère au jardin, ou dans le reste du monde, c'est parce que la nature est bien faite!
Pissenlit, Poitiers