Ico Liste des Sauvages par noms
Ico Retrouver une Sauvage par l'image
Ico Initiation à la botanique joyeuse!
Ico Villes, chemins & terrains vagues
Ico Prairies
Ico Haies & forêts
Ico Murs et rocailles
Ico Zone humide
Ico Grand banditisme (invasives)
Ico Bestioles
Ico Rencontres et billets d'humeur

Résultat de votre recherche


1 ... 14 15 16 17 18 ... 36
Muscari à toupet: mi punk, mi oignon
Date 12/05/2017
Ico Prairies

Muscari comosum, Muscari à toupet, Biard Petit Mazay (86)

Muscari à toupet, Biard Petit Mazay (86)


Muscari comosum (Muscari à toupet) appartient à la famille Asparagaceae (ex Liliaceae) dans les classifications récentes, le clan des Asperges, mais aussi de la Dame d'Onze heures, du Muguet de mai ou du Fragon déjà chroniqués dans les pages de Sauvages du Poitou. Les Muscaris doivent leur nom au Muscari musqué (Muscari macrocarpum), une Sauvage moitié turque, moitié crétoise, dont les fleurs jaunes et pourpres dégagent une odeur de «musc». Mais malgré son patronyme, notre Muscari à toupet ne dégage aucun parfum.


Muscari comosum, Muscari à toupet, Biard aéroport (86)

L'incroyable danse des Muscaris à toupet, Biard aéroport (86)


Muscari comosum trouve également ses origines autour du bassin méditerranéen (Turquie, Iran...). La Sauvage en garde un goût prononcé pour la lumière, les sols riches, sablonneux et bien drainés. En France, c'est une locataire des plateaux calcaires et des bords de routes baignés de soleil où elle plante ses bulbes (elle est vivace).


Muscari comosum, Muscari à toupet, Biard Petit Mazay (86)

Épis de fleurs du Muscari à toupet, entre authenticité et contrefaçon végétale...


Entre fin du printemps et début de l'été, l'inflorescence à nulle autre pareille du Muscari à toupet mélange fausses fleurs violettes hérissées (stériles) à son sommet et fleurs fertiles, aux couleurs plus ternes, disposées en grappes lâches en dessous.


Comosum est la «chevelure» en latin: si la Sauvage se coiffe avec un pétard, c'est sans doute pour augmenter ses chances d'attirer les butineurs qui trouveront finalement le précieux nectar dans ses fleurs fertiles, plus discrètes.


Muscari à toupet, la punk attitude! Sauvages du Poitou


Le Muscari à toupet est une monocotylédone qui présente de longues feuilles linéaires, repliées en gouttière. Avant floraison, ses feuilles s'étalent mollement sur le sol, formant un méli-mélo de boucles serpentiformes, ce qui lui vaut le surnom d'Ail-à-la-Serpent en poitevin-saintongeais.


Muscari comosum, Muscari à toupet, Biard Petit Mazay (86)

Feuilles linéaires repliées en gouttière du Muscari à Toupet


À l'image de certaines Liliacées (sa famille dans la classification classique) comme l'oignon, l'ail ou l’échalote, les bulbes du Muscari à toupet sont comestibles après cuisson. Ébouillantés dans de l’eau vinaigrée, ces petits «oignons sauvages» sont salés, poivrés et mis en bocal dans de l'huile d'olive. Ainsi, les «lampascioni» (littéralement les «petites torches») sont des condiments incontournables de la cuisine italienne (région des Pouilles) où ils accompagnent les viandes. Malheureusement, les colonies de Muscaris à toupet que j'observe en Poitou sont peu denses. Tenter une récolte leur serait préjudiciable, mieux vaut se rabattre sur une épicerie italienne qui nous fournira des bulbes issus des cultures!

- Je parie que tu es super jolie les cheveux détachés.

- Mais ils sont détachés...

(Jackpot, Tom Vaughan)

On peut croiser dans les mêmes milieux un autre Muscari, un poil plus précoce dans la saison, aux feuilles filiformes et à la floraison nettement moins spectaculaire: le Muscari à grappes (Muscari neglectum; attention, il existe d'autres espèces proches, c'est un genre assez subtil).


Muscari neglectum, Muscari à grappes, Biard (86)

Le discret Muscari à grappes (Biard, 86)


Ici, pas de punk attitude, juste une petite grappe de fleurs violettes dégageant une légère odeur de prune... Très loin de l'extravagance d'un Muscari comosum 'plumosum', un cultivar monstrueux du Muscari à toupet issu de l'horticulture, dont l'inflorescence explosive (entièrement stérile) ferait passer les membres du groupe The Cramps pour un boys band d'opérette!


Muscari comosum, Muscari à toupet, Biard Petit Mazay (86)

Fruits (capsules) du Muscari à toupet en juin, Biard Petit Mazay (86)


Pour aller plus loin:

- Muscari comosum: identification assistée par ordinateur

- Muscari comosum sur Tela-botanica

- Muscari neglectum: identification assistée par ordinateur

- Muscari neglectum sur Tela-botanica

- Lampascioni, des bulbes mangés dans les Pouilles


Muscari comosum, Muscari à toupet, Biard Petit Mazay (86)

Mélitée du Plantain (Melitaea cinxia) sur Muscari à toupet: on frôle la crise d'épilepsie devant tant de couleurs!

 

Lamier jaune: ça sent le loup, le renard et la belette!
Date 05/05/2017
Ico Haies & forêts

Lamium galeobdolon, Lamier jaune, Béceleuf (79)

Lamier jaune, Béceleuf (79)


Lamium galeobdolon (Lamier jaune) appartient aux Lamiaceae, le clan des Sauvages à fleur en forme de bouche, dont nous avons déjà parlé en long, en large et en travers (de la gorge) sur Sauvages du Poitou (voir notre article consacré à leurs fleurs). Après avoir épinglé une horde de Lamiers aux fleurs pourpres (Lamium purpureum, Lamium maculatum et Lamium hybridum) ou blanches (Lamium album), voilà un nouveau membre du gang des Lamiers qui se distingue en affichant des gueules ouvertes jaune poussin!


Lamium galeobdolon, Lamier jaune, Saint Benoît (86)

Fleur du Lamier jaune: une lèvre supérieure barbue et une lèvre inférieure divisée en trois lobes inégaux et aigus.


Lamium galeobdolon est une vivace qui s'installe sur les sols riches et ombragés des forêts de feuillus, très répandue en France à l’exception de la région méditerranéenne. Ses tiges souterraines ramifiées assurent la pérennité et l'expansion des ses colonies (reproduction végétative), dont les feuilles ovales et dentées se confondent parmi les Orties en l'absence de fleurs (celles des Lamiers ne piquent jamais). Certaines sous espèces, dont la présence est encouragée par les monstres horticoles échappés des jardins, trahissent ce camouflage en affichant des tâches blanches caractéristiques sur leurs feuilles.


Lamium galeobdolon exige le soleil pour montrer ses couleurs: sa floraison est encouragée par les coupes forestières et d'avantage visible le long des lisières ou des chemins de promenade. Fidèle à la réputation des Lamiers, Lamium galeobdolon est une bénédiction pour les bourdons qui sont les mieux lotis pour puiser le nectar caché au fond des gueules ouvertes de la Sauvage.


Lamium galeobdolon, Poitiers bords de Boivre
Lamier jaune: le bar est ouvert pour les butineurs. Difficile rater son enseigne dans la pénombre des sous-bois!

J'entends le loup, le renard et la belette...

(Tri Yann, La jument de Michao)

Comme presque toutes les Lamiacées, les feuilles de Lamium galeobdolon sont parfumés d'une fragrance particulière. Il faut croire que la Sauvage ne remportera pas le prix de la reine du bal, car son nom d’espèce galeobdolon signifie littéralement la «puanteur de la belette» (en grec, galê est la belette, bdolos la puanteur). Je manque malheureusement de vocabulaire pour décrire son parfum et ne saurais reconnaitre une belette par sa simple odeur, mais ne vous arrêtez pas à quelques qualificatifs trop réducteurs tels que «désagréable», «fétide» ou «nauséabond». Certes, l'odeur de Lamium galeobdolon est «sauvage», mais elle est aussi unique, comme le sont les parfums des Lamiacées: une famille qu'il est bon d'apprendre à reconnaître les yeux fermés, à l'aide de son nez! Les feuilles de Lamium galeobdolon sont d'ailleurs comestibles (crues ou cuites)... Mais à l'image de leur odeur, leur appréciation reste une affaire de goût!


Lamium galeobdolon, Sauvages du Poitou!


Lamium galeobdolon, Lamier jaune, Exireuil (79)

Feuilles odorantes, ovales, dentées et décussées du Lamier jaune, Exireuil (79).


Pour aller plus loin:

- Lamium galeobdolon: identification assistée par ordinateur

- Lamium galeobdolon sur Tela-botanica


Lamium galeobdolon, Lamier jaune, Lusignan (86)

Comme les autre Lamiers, le Lamier jaune s'en remet au peuple fourmi pour disperser ses semences (regroupées dans des tétrakènes) sur le territoire (myrmémochorie).

 

Anémone sylvie: un printemps à la fois
Date 19/03/2017
Ico Haies & forêts

Anemone nomorosa, Anémone des bois, Persac (86)

Anémone sylvie, Persac (86)


Anemone nemorosa (Anémone sylvie ou Anémone des bois) appartient au clan éclectique Ranunculaceae, dont la plupart des membres sont toxiques et recherchent la proximité de l'eau (rena est la «grenouille en latin). Anemone nemorosa n'échappe guère aux traditions familiales: sa consommation est proscrite pour l'homme comme pour les animaux, sa sève fraîche pouvant même provoquer des dermites de contact... On raconte que les habitants du Kamtschatka (Russie) badigeonnaient leurs flèches avec le suc extrait de ses racines pour les rendre mortelles!

Elle vit avec la forêt et mourra avec elle.

(Princesse Mononoké, Hayao Miyazaki)

Si l'Anémone des bois ne cherche pas à avoir les pieds dans l'eau, elle colonise les terres toujours fraiches des sous bois de feuillus. Rappelons au passage que le prénom Sylvie qu'on attribue à la Sauvage trouve ses origines dans le latin silva, la «forêt».


Anemone nomorosa, Anémone des bois, Biard (86) bords de Boivre

Les fleurs de l'Anémone des bois bardées d'étamines, comme de coutume chez les Renonculacées.


Forestière oblige, l'Anémone des bois programme sa floraison tôt dans l'année, dès le mois de mars: il s'agit de profiter des premiers rayons de soleil avant que le milieu ne se ferme avec le retour du feuillage des grands arbres. Histoire de ne pas perdre un photon, ses fleurs blanches suivent la course du soleil tout au long de la journée, un excellent moyen pour réfléchir la lumière et aguicher les premiers butineurs. Ces derniers ne sont pas légions et la Sauvage doit se contenter de syrphes ou de minuscules coléoptères, d'autant plus que ses fleurs dénuées de nectar n'attirent guère les abeilles et les bourdons affamés au sortir de l'hiver.


Anemone nomorosa, Anémone des bois, Persac (86)

Sous chaque fleur de l'Anémone des bois, un trio de folioles palmatisequées.


L'Anémone des bois est une vivace (elle peut vivre plus d'une dizaine d'année) qui boucle son spectacle en quelques mois: fleurs, tiges et feuilles disparaissent bien avant l'arrivée de l'été. Sous le couvert impénétrable des forêts, la Sauvage attend sous terre le retour de la lumière programmé au printemps suivant. Seule sa souche subsiste, et c'est d'ailleurs à partir de ses parties souterraines que l'Anémone des bois assure discrètement sa reproduction végétative, bien plus efficace que sa reproduction sexuée.


A l'image de sa meilleure copine, la Petite Pervenche (Vinca minor), l'Anémone des bois est capable d'occuper d'imposantes parcelles. Ses colonies les plus importantes attestent de l'ancienneté de la forêt (sa souche traçante croît de 2 à 3 centimètres par an). Ses fleurs se déplacent au fur et à mesure de l'avancée de son rhizome, n'apparaissant pas au même endroit d'une année sur l'autre... Qui a dit que l'immobilité est une caractéristique du monde végétal?


Tous en forme avec l'Anémone des bois, Sauvages du Poitou!



Anemone nomorosa, Anémone des bois, Persac (86)

Colonie d'Anémone des bois, Persac (86)


Plus près de l'eau, on peut parfois apercevoir autour des colonies d'Anémones des bois une autre renonculacée, l'Isopyre faux-pigamon (Isopyrum thalictroides), qui fleurit à la même saison. Cette dernière risque fort de passer inaperçue avec ses petites fleurs blanches, regroupées en inflorescences lâches. Les feuilles trilobées de l'Isopyre faux-pigamon (à la manière des ancolies) ne peuvent être confondues avec les feuilles palmatiséquées (en 3 à 5 segments) de l'Anémone des bois. L'Isopyre faux-pigamon est une Sauvage à la silhouette délicate, peu commune en France (absente au nord et dans la région méditerranéenne), à côté de laquelle il serait dommage de passer d'un œil blasé par tant de blanc.

Anemone nomorosa et Isopyrum thalictroides Biard (86) bords de Boivre
Anémone des bois (au premier plan) et Isopyre faux-pigamon (au second plan): deux sœurs vernales (printanières), locataires des forêts toujours fraîches (mais jamais engorgées).
Le bon bois a toujours des fourmis!
(Proverbe camerounais)

Les fruits de l'Anémone des bois sont de petits akènes poilus regroupés au bout d'une tige recourbée. Surplombés d'un appendice huileux (l'élaiosome), les fruits appâtent les fourmis qui entrainent les générations futures vers de nouveaux horizons et de nouvelles aventures forestières (myrmécochorie).


Pour aller plus loin:

- Anemone nemorosa sur Tela-botanica

- Anemone nemorosa: identification assistée par ordinateur

- Isopyrum thalictroides sur Tela-botanica


Isopyrum thalictroides, Isopyre faux-pigamon, Biard bords de Boivre

Isopyre faux-pigamon, Biard bords de Boivre

 

1 ... 14 15 16 17 18 ... 36

MP  Mighty Productions
> Blogs
> Sauvages du Poitou
 
RSS       Mentions légales       Comms  Haut de la page