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Herbe de saint Jacques, la mal aimée
Date 30/07/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Jacobaea vulgaris, Herbe de saint Jacques (Fasciation), Biard (86)

Fasciation « smiley » chez l’Herbe de saint Jacques... Une bonne bouille pour une Sauvage qui n'attire pourtant pas les sympathies!


Jacobaea vulgaris (Herbe de saint Jacques, Séneçon jacobée ou Sanisson — pour Séneçon — en Poitevin-saintongeais) appartient à la grande famille Asteraceae, dont les membres présentent une multitude de fleurs minuscules accolées les unes aux autres pour former des capitules (un observateur non averti risque de considérer le capitule comme une fleur unique, mais c'est un trompe l’œil). Longtemps considérée et identifiée comme un Séneçon (d'où son appellation encore utilisée de Séneçon jacobée), la belle a récemment (2005) gagné son titre de noblesse botanique et le droit de porter un nom spécifique: Jacobaea. Une dénomination inspirée de son pic de floraison situé autour de la Saint Jacques (25 Juillet).

Mais vous voyez bien que Jacquart c’est mieux que Jacquouille, alors si vous ne comprenez pas ça vous n’avez qu’a prendre de la Juvamine bordel!
(Les visiteurs, Jean-Marie Poiré)

Jacobaea vulgaris, Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre

Capitules de l'Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre


On croise deux Jacobeae proches (aux feuilles assez polymorphes, ce qui ne facilite rien) sur les routes du Poitou: Jacobeae vulgaris (Herbe de saint Jacques ou Séneçon jacobée) en abondance et, plus rarement, Jacobaea erucifolia (Séneçon à feuille de roquette). Un critère de différenciation intéressera les apprentis botanistes: le calicule (petites feuilles spécifiques à la base du calice) du Séneçon jacobée est court et discret alors que celui du Séneçon à feuille de roquette est lâche et très développé.


Jacobaea vulgaris, Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre

Calicule court de l'Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre


Jacobaea vulgaris est une vivace (parfois bisanuelle) pionnière et souvent solitaire qui s'installe principalement sur les bords de route, les friches agricoles, les terrains vagues, les lisières... La Sauvage dresse ses fleurs pendant la saison estivale, entre juin et aout. On racontait autrefois que la longue tige de Jacobaea vulgaris faisait partie des «ramons», les tiges et rameaux sur lesquels chevauchaient les sorcières pour se rendre au sabbat. Par la suite, les ramons se transformèrent en de vulgaires balais dans l'imaginaire collectif.


Jacobaea vulgaris, Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre

Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre


Jacobaea vulgaris est toxique. Sa consommation (fraiche ou fauchée) est dangereuse pour les porcs, les chevaux ou les bovins, les alcaloïde qu'elle contient pouvant léser le foie des animaux; la Sauvage souffre pour cette raison d'une mauvaise réputation, et nombreux sont ceux qui lui font la chasse, à commencer par les éleveurs équins.


Jacobaea vulgaris, Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre

Feuille de l'Herbe de saint Jacques: pennatipartite en segments lobés ou crénelés, les inférieures pétiolées, les supérieures sessiles et embrassantes.


Jacobaea vulgaris est en revanche une ressource de premier choix pour les oiseaux et pour les papillons de nuit. Entre les chenilles tigrées du remarquable Goutte de sang (Tyria jacobaeae) et la Sauvage, c'est une véritable histoire d'amour... Et d'équilibre. Lorsque les chenilles pullulent et dévorent les fleurs (les chenilles en profitent pour se bourrer d'alcaloïdes, dissuadant les oiseaux de les bouloter), Jacobaea vulgaris abonde moins l'année suivante. Les chenilles en manque de nourriture se font plus rares la troisième année, permettant à la plante de proliférer. Les chenilles font alors leur retour en nombre la quatrième année, la boucle est bouclée! A vous d'observer, il y a des années à chenilles et des années à Herbes de saint Jacques...

Chaque espèce possède des instincts qui en fin de compte créent un équilibre avec la nature. Chaque espèce sauf celle dans laquelle je venais de naitre.

(Kyle XY, Eric Bress et J. Mackye Gruber)


Chenille du Goutte de sang sur Herbe de saint Jacques (crédit photo: Olivier Pouvreau)

Chenilles du Goutte de sang sur Herbe de saint Jacques, Biard (86)

Pour aller plus loin:

- Jacobaea vulgaris sur Tela-botanica

- Identification assistée par ordinateur


Tyria jacobeae & Jacobeae vulgaris, Sauvages du Poitou


Senecio inaequidens, Séneçon du Cap, Poitiers gare

Un autre Séneçon à l'allure proche de notre Herbe de saint Jacques, mais dont les feuilles linéaires permettent une identification aisée: le Séneçon du cap (Senecio inaequidens). Une vivace originaire d'Afrique du sud, largement naturalisée dans le sud de la France, qui voyage peu à peu vers le Nord de l'Europe: comme ici, fraîchement débarquée d'un train sur le quai en gare de Poitiers!

 

Gouet d'Italie, le kidnappeur de mouches
Date 23/07/2015
Ico Haies & forêts

Arum italicum, Gouet d'Italie, Béceleuf (79)

Gouet d'Italie, Béceleuf (79)


Arum italicum (Gouet d'Italie, Arum d'Italie ou Birette en poitevin-saintongeais) appartient à la famille Araceaedont les membres (souvent tropicaux) sont plus réputés pour leurs qualités ornementales que pour leur qualités gustatives.


Chez Arum italicum, feuilles et fleurs sont très toxiques et irritantes. Ses gros tubercules ont été consommés, épluchés et bouillis, en période de famine (révolution française), mais en notre ère d'abondance, on retiendra surtout que la Sauvage fait partie de la liste noire des centres anti-poisons. On ne peut pas dire qu'elle soit d'une apparence très appétissante (tout est affaire de goût!), mais elle abonde et ses baies rouges à maturité (entre juillet et aout) peuvent malheureusement tenter la gourmandise des plus jeunes. Le naturaliste anglais Gilbert White note dans son «Histoire naturelle de Selborne» que les grives sont friandes des racines et qu’elles grattent le sol pour les grignoter.


Arum italicum, Gouet d'Italie, Poitiers bords de Boivre

Baies du Gouet d'Italie, Poitiers bords de Boivre


On croise le plus souvent deux Arums très proches dans nos forêt picto-charentaise: Arum italicum (Gouet d'Italie) et Arum maculatum (Gouet tacheté).


Arum maculatum, Arum tâcheté, Poitiers bords de Boivre

Inflorescence du Gouet tacheté, Poitiers bords de Boivre


Plusieurs détails peuvent nous aider à distinguer notre Sauvage «italienne»: chez Arum italicum, les feuilles matures sont triangulaires, le plus souvent hastées (en forme de fer de hallebarde). Elles apparaissent dès l'automne — elles sont bien visibles en hiver — avec des veines blanches plus ou moins marquées. Arum maculatum, le «tacheté», présente des feuilles parfois tâchées de noir (hastées ou sagittées), visibles à partir du printemps. Si les fleurs sont visibles, la tige (spadice) au centre de l'inflorescence est jaune chez Arum italicum, violette (parfois jaune par hypochromie) chez Arum maculatum... Bref, il convient de croiser un maximum de critères pour parvenir à ses fins!


Arum italicum, Gouet d'Italie, Poitiers bords de Clain

Feuille hastée du Gouet d'Italie...


Arum maculatum, Arum tâcheté, Poitiers bords de Boivre

...Versus feuille sagittée du Gouet tacheté. Attention, les feuilles des deux espèces ne sont pas toujours aussi caricaturales, de nombreux intermédiaires sont possibles!


Arum italicum est une vivace qui se multiplie par son gros tubercule, tout en ressemant spontanément chaque année de nouvelles générations. Elle peut se montrer expansive en terrain forestier, riche en matière organique végétale. Difficile de l'évincer une fois qu'elle s'est installée: elle est capable de repartir depuis le moindre morceau de tubercule laissé en terre.


Arum italicum, Gouet d'Italie, Béceleuf (79)

Inflorescence du Gouet d'Italie, Béceleuf (79)


La curieuse floraison en forme de massue (spadice) a lieu entre avril et mai. La reproduction sexuée d'Arum italicum est forcément croisée (deux plantes sont nécessaires, une plante ne peut se féconder toute seule). Et pour parvenir à ses fins, la Sauvage a mis au point un stratagème digne d'une plante carnivore.

Les vivants puent encore plus que les morts...

(Tremors, Ron Underwood)

Stimulée par les rayons du soleil, Arum italicum laisse échapper une odeur d'excréments et d'urine. Les effluves nauséabonds s'avèrent plaisantes pour les petites mouches qui viennent s'engouffrer jusque dans sa base. Une fois dans la base de l'inflorescence, les mouches se retrouvent piégées: des filaments situés à l'étranglement du «cornet» empêchent les insectes d'en ressortir.


Arum italicum, l'attrape-mouche! Sauvages du Poitou
 


Les mouches capturées s'agitent dans leur prison: ainsi, celles qui sont déjà porteuses du pollen d'un autre Arum fécondent les organes femelles de la plante (1). 24 heures plus tard, les fleurs mâles arrivent à maturité et les insectes captifs se couvrent de pollen (2). Finalement, les filaments flétrissent, libérant les otages qui se jetteront surement dans une autre embuscade végétale, un peu plus loin (3)... Ainsi, d'un kidnapping à un autre, les mouches assurent la fécondation des Arums qu'elles squattent bien malgré elles!


Arum italicum, l'attrape-mouche! Sauvages du Poitou


Pour aller plus loin:

- Norb de Sauvages du Poitou raconte le Gouet d'Italie au micro de France Bleu Poitou

- Arum italicum: identification assistée par ordinateur

- Arum italicum sur Tela-botanica

- Le pollinisation des Aracées sur le site de l'INRA

- La fécondation de l'Arum à la loupe sur le blog botanique Sureaux

 

Lierre terrestre, la plante médecine
Date 22/07/2015
Ico Haies & forêts

Glechoma hederacea, Lierre terrestre, Poitiers Chilvert

Lierre terrestre, Poitiers quartier Chilvert


Glechoma hederacea (Lierre terrestre ou Herbe de la Saint Jean dans le Poitou) fait partie de la grande famille Lamiaceae, les plantes à tige carrée et à fleurs en bouche (lamia signifiant «ogresse» en latin), dont la lèvre inférieure sert de drap d'atterrissage aux insectes pollinisateurs.


Glechoma hederacea, Lierre terrestre, Béruges (86)

Fleur du Lierre terrestre: une corolle en «tube» droit, formée par une lèvre supérieure plane et échancrée et une lèvre inférieure trilobée.


Glechoma hederacea affectionne la terre fraiche et ombragée des bords de haies et des sous bois. Ses fleurs violettes sont visibles dans le Poitou entre mars et mai. C'est une plante vivace qui s'installe durablement et dont les racines rampantes assurent une colonisation efficace (il lui aura suffit de trois années pour envahir mon jardin à partir d'un pied chétif importé de la forêt). Ses feuilles molles et crénelées sont assez polymorphes, tantôt réniformes, tantôt cordées.


Glechoma hederacea, Lierre terrestre, Poitiers bords de Clain

Phyllotaxie du Lierre terrestre: les feuilles sont décussées, une autre caractéristique du clan Lamiaceae.


Glechoma hederacea est considéré comme étant comestible pour l'homme, bien que contenant du pinocamphone en faible quantité (molécule toxique). Il convient de ne pas en consommer des pleins saladiers, mais son goût prononcé n’encourage pas à en faire un plat principal et il est plutôt utilisé comme condiment. Son nom de genre vient du latin glechon qui désignait autrefois une menthe: il est littéralement «la menthe qui rampe comme le lierre». Son goût et son odeur sont pourtant uniques, assez éloignés de la menthe, nous permettant de l’identifier les yeux fermés et les narines grande ouvertes. Les Vikings et les Celtes l’utilisaient pour aromatiser, préserver et clarifier la bière avant l'usage généralisé du houblon. On profitera de sa saveur inimitable à travers des recettes frugales, par exemple avec une assiette de chips sauvages à partager entre amis à l'heure de l'apéro...

Chips du shérif au Lierre terrestre:  récolter les plus grosses feuilles, couvrir chaque feuille de quelques gouttes d'huile d'olive et d'une pincée de sel, passer quelques minutes au four, à chaleur douce, jusqu'à ce que les feuilles durcissent... Laisser refroidir et croquer!

Chips au Lierre terrestre, Sauvages du Poitou

- Je cherche un remède.

- Quel mal veux tu soigner ?

- Un cœur brisé.

(Once upon a time, Adam Horowitz & Edward Kitsis)

Glechoma hederacea est la plante médicinale par excellence à travers l’histoire. Tout y passe: inflammations oculaires, tintements d’oreille, hémorroïdes, folie (dans l’ordre de votre choix)… Il est au cœur de la magie blanche au moyen-âge. On s’en tresse des couronnes protectrices contre les sorcières et les ennemis, ou pour soulager une migraine avant l’invention de l’aspirine! Plus sérieusement, ses sommités fleuries utilisées contre les affections respiratoires (en usage interne) sont connues depuis la Grèce antique et encore inscrites à la pharmacopée française de nos jours.


Lierre terrestre: l'hippy aspirine! Sauvages du Poitou


Glechoma hederacea, Lierre terrestre, Poitiers bords de Boivre

Feuilles polymorphes du Lierre terrestre, à ne pas confondre avec les jeunes feuilles d'Alliaire.

La médication populaire contre les affections des voies respiratoires (toux, asthme, grippe, bronchite..) : laisser infuser entre 25 et 50 grammes de sommités fleuries de Glechoma hederacea dans un litre d'eau bouillante. Boire trois à quatre tasses par jour, entre les repas.

Liposthenes glechomae, Galle du Lierre terrestre, Roches-Prémarie-Andillé (86)

« La pomme du Lierre terrestre » (Galle, Liposthenes glechomae)


Pour terminer, voilà ce qui fut sans doute l'usage le plus étonnant du Lierre terrestre... Les Galles (rien à voir avec la maladie de peau) sont des excroissances qui peuvent apparaitre sur les végétaux provoquées par des insectes, des acariens, des nématodes, des champignons, des bactéries, des virus ou plus rarement d’autres végétaux. Chez le Lierre terrestre, les galles sont provoquées par la ponte d’une petite guêpe (Liposthenes glechomae), chaque sphère poilue servant de nursery et de garde-manger à une de ses larves. Cette galle a autrefois été consommée comme un fruit, surnommé « la pomme du Lierre terrestre » !


La «pomme du Lierre terrestre», Sauvages du Poitou!


Pour aller plus loin:

- Identification assistée par ordinateur

- Glechoma hederacea sur Tela-botanica


Anthophora plumipes et Glechoma hederacea, Poitiers quartier Chilvert

L’Anthophore aux pattes poilues (Anthophora plumipes), une des abeilles sauvages qui profitent de la floraison printanière du Lierre terrestre.

 

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