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Pétasite odorant, la Sauvage au chapeau
Date 26/02/2016
Ico Zone humide

Petasites pyrenaicus (syn. Petasites fragrans ou Tussilago fragrans), Pétasite odorant, Poitiers bords de Clain

Petasites pyrenaicus, ex-Petasites fragrans, ex-Tussilago fragrans!


Petasites pyrenaicus (Pétasite odorant ou Héliotrope d'hiver) appartient au clan Asteraceae, les plantes aux très nombreuses fleurs réunies en de gros «capitules» (Pâquerettes, Pissenlits, Marguerites...). Les Petasites doivent leur noms à leurs grandes feuilles, petasos désignant un chapeau rond en grec.


Petasites, Sauvages du Poitou


Petasites pyrenaicus, Pétasite odorant, Poitiers bords de Boivre

Feuille radicales, réniforme et denticulées du Pétasite odorant, Poitiers bords de Boivre


Petasites pyrenaicus est une plante vivace, rustique, d'origine méditerranéenne (Sardaigne, Sicile, Afrique du Nord). Introduite dans les jardins français pour son charme et son parfum, la Sauvage semble avoir réussi son évasion: aujourd'hui, il n'est pas rare de la croiser au détour d'un chemin frais et humide, bien loin de ses terres natales.

- Regardez moi Monsieur, regardez moi bien je suis un évadé!

- Moi aussi, du commissariat.

- Ah! Peccadilles! Foutaises! Moi je suis évadé d'un HLM!

(Un idiot à Paris, Serge Korber)

Petasites pyrenaicus, Pétasite odorant, Poitiers bords de Boivre

Pétasite odorant, Poitiers bords de Boivre


Au cœur de l'hiver, Petasites pyrenaicus pointe ses feuilles et ses capitules à l'odeur de vanille, riches en nectar. Un étrange timing: côté butineurs, on ne peut pas dire que ce soit la foule des beaux jours. N'empêche qu'au sortir de l'hiver, entre février et mars, les insectes affamés profitent goulument des dernières fleurs.


Un capitule est un regroupement de nombreuses fleurs de petites tailles (un bouquet de fleur en somme). Ceux de Petasites pyrenaicus rassemblent des fleurs «tubulées» au centre (en forme de tube, couronnées par 5 «dents») et des fleurs prolongées par une grande languette à la périphérie, comme un long pétale unique ouvert vers l’extérieur (on dit de ces dernières qu'elles sont «ligulées»).


Petasites pyrenaicus, Pétasite odorant, Poitiers bords de Boivre

Capitule du Pétasite odorant, Poitiers bords de Boivre


Sur les pieds mâles, les fleurs tubulées au centre assurent la production de pollen, les fleurs ligulées à la périphérie sont parsemées et stériles. A l'inverse, sur les pieds femelles, les fleurs tubulées au centre sont stériles, alors que les nombreuses fleurs ligulées à la périphérie portent les ovaires.


Petasites pyrenaicus, Pétasite odorant, Poitiers bords de Boivre

Fleurons tubuleux (à gauche) et ligulés (à droite) du Pétasite odorant


Ainsi, la Sauvage peut tromper l'apprenti botaniste en lui laissant penser que le capitule (d'un pied mâle ou femelle) qu'il contemple est une grosse et unique fleur couronnée de pétales... Et c'est bien là le but de Petasites pyrenaicus, comme celui des nombreuses Asteracea qui partagent ses caractéristiques! Non pas de nous tromper, mais de tromper les butineurs, et de pallier à la miniaturisation de leurs organes sexuels, qui sans ce stratagème ne constitueraient que de maigres arguments marketings vus du ciel.


Asteracées, Sauvages du Poitou


Il n'est pas rare de lire que les inflorescences (ainsi que les pétioles et les feuilles) de Petasites pyrenaicus sont comestibles après cuisson. Des études indiquent cependant la présence d'alcaloïdes mutagènes, pouvant provoquer des tumeurs hépatiques en cas de consommation soutenue et répétée. Modération et prudence sont donc de rigueur.

De plus, il convient de ne pas confondre Petasites pyrenaicus avec un autre membre du clan, Petasites hybridus (Petasite hybride), généralement considéré comme toxique (sans doute pour des raisons similaires). Ce dernier se distingue par la taille imposante de ses feuilles qui apparaissent en été, bien après ses capitules réunis en grappes serrées (c'est lui le vrai «chapelier»: ses feuilles peuvent atteindre 50cm de diamètre, contre 15 cm seulement pour Petasites pyrenaicus).


Petasites pyrenaicus, Pétasite odorant, Poitiers bords de Clain

Pétasite odorant, Poitiers bords de Clain


Les fruits de Petasites pyrenaicus sont de petits akènes plumeux que le vent disperse. En dehors de son bassin natal, il semble que la reproduction sexuée ne soit pas son point fort. Peut-être parce que la répartition des sexes n'est pas toujours équitable au sein de ses colonies (voir même inexistante: chez nos voisins anglais, seul les pieds mâles se sont naturalisés sur l'île).


En revanche, ses couverts vastes et denses illustrent sa capacité à se multiplier via son rhizome charnu; dès la fin de l'hiver, Petasites pyrenaicus sape la concurrence, reléguée à l'ombre de ses feuilles en parasol. Au point que la Sauvage commence à être surveillée de près dans la partie ouest du pays (particulièrement en Bretagne), où ses débordements dans les zones humides sont de plus en plus courants. Quoiqu'il en soit, il convient aujourd'hui de ne pas encourager son implantation en milieu sauvage de manière inconsidérée.

On veut pas de types comme vous dans cette ville: des vagabonds. Parce qu'on en a déjà toute une bande de types comme vous dans cette ville, voilà pourquoi. Et puis toute façon vous ne vous plairiez pas ici: c'est une petite ville tranquille... On peut même dire qu'on s'emmerde ici.

(Rambo, Ted Kotcheff)

Pour aller plus loin:

- Petasites pyrenaicus sur Tela-botanica


Petasites pyrenaicus, Pétasite odorant, Poitiers bords de Clain

Couvert dense du Pétasite odorant, Poitiers bords de Clain

 

Benoîte des villes, l'exorciste
Date 25/12/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Geum urbanum, Benoîte des villes, Poitiers bords de Boivre

Benoîte des villes, Poitiers bords de Boivre


Geum urbanum (Benoîte des villes) apparient aux Rosaceae, une famille qui joue un rôle central dans l'alimentation (et donc l'économie) humaine; il s'agit du clan des fraisiers, mûriers, framboisiers, mais aussi de célèbres géants comme les cerisiers, pommiers, pêchers, pruniers...


Son nom savant Geum vient du latin Geuô qui signifie «j'assaisonne», à cause de la saveur de clou de girofle dégagée par son rhizome; quant à l'appellation urbanum, «l'urbaine», elle le doit peut être à son affection pour les friches et les décombres... A vrai dire, c'est surtout le moyen de la démarquer de ses deux sœurs de sève, la Benoîte des ruisseaux (Geum rivale) et la Benoîte des montagnes (Geum montanum)!

Si vous n’aimez pas la mer... Si vous n’aimez pas la montagne... Si vous n’aimez pas la ville: allez vous faire foutre !
(À bout de souffle, Jean-Luc Godard)

Geum urbanum, Benoîte des villes, Poitiers gare

Fleur de la Benoîte des villes: 5 pétales arrondis, 5 sépales pointus et tournés vers le bas autour de 30 à 60 étamines.


Geum urbanum est une vivace qui s'installe généralement sur des terres riches en humus, à l'ombre des forêts, des lisières ou des haies. Son rhizome traverse la saison hivernale caché sous terre; ses fleurs à cinq pétales (c'est toujours le cas chez les Rosaceae) apparaissent entre juin et août.


Ses fruits crochus s'accrochent aux poils des animaux et aux bas de pantalon des promeneurs... Un excellent moyen de propager ses semences loin de leur point de départ! La botanique réserve un nom à ce mode particulier de dissémination, via les plumes, les poils ou les vêtements des animaux (que nous sommes): épizoochorie.


Geum urbanum, Benoîte des villes, Poitiers bords de Boivre

Les fruits crochus de la Benoîte des villes: des dizaines d'akènes prêts à agripper vos bas de pantalon.

J’ai vu l’Exorciste 2747 fois! À chaque fois je me marre comme un bossu, qu’est ce qu’il est chouette ce film nom de Dieu!

(Beetlejuice, Tim Burton)

Son nom courant Benoîte est un hommage à Saint Benoît, fondateur de l'ordre bénédictin. Il faut dire que la plante a longtemps été considérée comme une bénédiction végétale: les moines allaient jusqu'à utiliser la plante dans les rituels d'exorcismes pour chasser le diable et son gang! La consommation de Geum urbanum était réputée pour calmer les ardeurs... Jusque dans les monastères où la tisane permettait d'apaiser les fantasmes mal venus des religieux.


Geum urbanum, Benoîte des villes, Poitiers bords de Boivre

Feuilles basales divisées et dentée de la Benoite des villes, Poitiers bords de Boivre


Toujours est-il qu'on lui reconnait certaines vertus médicinales, à tel point qu'ici et là, on continue de la désigner par des noms tels que Herbe de sang, Herbe de cœur ou Herbe de fièvre. La tisane des partie souterraines de Geum urbanum est calmante, légèrement sédative, digestive et astringente (asséchante et anti-diarrhéique). Selon la coryance populaire, mâchouiller un bout de rhizome (nettoyé et séché) - comme on mâchouillerait un clou de girofle - soulagerait les maux de dents; j'imagine que son parfum évoque à certains une séance chez le dentiste? Quoi qu'il en soit, l'odeur du clou de girofle, comme le son de la fraise dentaire, suffira peut-être à mettre en fuite le diable s'il venait à passer!


Geum urbanum, Sauvages du Poitou!



Geum urbanum, Benoîte des villes, Poitiers gare

Benoîte des villes, Poitiers quartier gare


Geum urbanum aurait également un effet bénéfique sur la lactation des ruminants. Jadis, les paysans du Poitou la fauchaient sur les bords des routes pour la donner aux vaches et booster leur production. Les jeunes feuilles de Geum urbanum sont comestibles, crues en salade. Leur parfum reste subtil. En revanche, les rhizomes charnus de la Sauvage, nettoyés, découpés et mis à sécher à l'ombre, dégagent un léger parfum: ceux-ci peuvent remplacer les clous de girofle dans les recettes (il faut cependant compter d'avantage de parties souterraines de Geum urbanum qu'il faudrait de clous de girofles). Autrefois, on laissait macérer pendant une bonne semaine des rhizomes de Geum urbanum (50 grammes) et quelques zestes d'oranges dans du vin rouge (1 litre) pour produire une boisson aromatisée, sorte de version sauvage du célèbre vin chaud de nos marchés de Noël... Happy and wild Christmas!


Geum urbanum, Benoîte des villes, Poitiers gare

Benoîte des villes: sur les tiges, notez les deux stipules foliacées presque aussi grandes que les feuilles elles mêmes!



Pour aller plus loin:

- Geum urbanum sur Tela-botanica

- Identification assistée par ordinateur

- La Benoîte urbaine sur le blog Books of Dante, où l'on apprend que la grande Hildegarde de Bingen considérait la Sauvage comme un Aphrodisiaque... Comme quoi!


Cecidophyes nudus sur Geum urbanum, Poitiers quartier Chilvert

Chez les Benoites, la ponte d’un acarien spécifique (Cecidophyes nudus) peut provoquer des boursouflures sur les feuilles (une «galle»).

 

Myosotis: Ne m'oublie pas!
Date 04/05/2015
Ico Prairies

Myosotis arvensis, Poitiers bords de Boivre

Myosotis des champs, Poitiers bords de Boivre


Myosotis arvensis (Myosotis des champs ou Aimemou — pour Myosotis — en poitevin-saintongeais) appartient aux Boraginaceae (c'est le clan de la Bourrache). Myosotis vient des termes grecs myos et ous, et signifie littéralement «oreille de souris»; une référence à la forme et au duvet de ses feuilles lancéolées.



Myosotis arvensis, jeune pousse, Poitiers bords de Clain

Myosotis des champs au printemps, Poitiers bords de Clain


Myosotis arvensis est parfois annuelle, souvent bisannuelle. Elle affectionne les sols sablonneux, pauvres en argile, en humus et en matière organique. Dans son milieu naturel originel, Myosotis Arvensis pousse sur les dunes, ou sur les rives ensablées des fleuves et des rivières. Trouver des colonies importantes de la plante en dehors de ce contexte peut être le signe inquiétant d'un sol lessivé, usé, maltraité, en perte grave de cohésion.


Myosotis ramosissima, Myosotis rameux, Poitiers sous Blossac

Myosotis rameux, Poitiers sous Blossac


On peut croiser plusieurs Myosotis de petite taille dans le même genre de milieu. Le Myosotis des champs (Myosotis arvensis) s'en distingue essentiellement par les longs pédicelles qui portent ses fleurs à maturité, nettement plus longs que ses calices. Chez le Myosotis rameux (Myosotis ramosissima), le plus velu, les pédicelles égalent au plus les calices. Les pédicelles du Myosotis raide (Myosotis stricta) ne sont quasiment pas visibles, comme si ses minuscules fleurs (2mm au plus) étaient directement fixées sur la tige. Enfin, le Myosotis bicolore (Myosotis discolor) est le seul a présenter des fleurs de différentes couleurs, allant du blanc au bleu, en passant par le jaune.


Myosotis discolor, Myosotis bicolore, Biard aérodrome (86)

Les minuscules fleurs aux couleurs variées du Myosotis bicolore, Biard aérodrome (86)


Chez tous ces Myosotis, l'inflorescence (la partie haute de l'ensemble des fleurs sur la tige) est courte lorsque les fleurs sont encore en bouton, enroulée en spirale. Elle se déplie et se redresse au fil du temps, à l'image d'une queue de scorpion... D'où l'un des nombreux surnoms des Myosotis: «herbe aux scorpions».


Myosotis arvensis, Myosotis des champs, Poitiers bords de Clain

Inflorescence caractéristique (cyme scorpioïde) du Myosotis des champs, alias «Herbe aux scorpions».


Mais le surnom le plus célèbre des Myosotis est sans doute «Ne m’oublie pas». Ils sont le symbole du souvenir et de la mémoire, et pas seulement en France; les allemands les appellent «Vergissmeinnicht», les anglais «forget-me-not»!


Myosotis arvensis, Sauvages du Poitou


On raconte l'histoire suivante: un jour, un chevalier en armure voulut offrir une fleur sauvage à l'élue de son cœur. Il se pencha au bord d'une rivière pour cueillir un Myosotis, mais le poids de l'armure le fit basculer dans l'eau... Alors qu'il se noyait, le chevalier amoureux lança toutefois la fleur bleu azur à sa dame en lui criant: ne m'oublie pas! La belle, dans sa candeur, s'imagina que le vaillant en détresse lui criait le nom de la fleur!


Myosotis scorpioides, Myosotis des marais, Nouaillé-Maupertuis (86)

Au bord de l'eau, un Myosotis de belle taille, le Myosotis des marais (Myosotis scorpioides), une vivace aux fleurs pâles de 5 à 10mm, les sépales recouverts de poils appliqués.


La Sauvage entretient une curieuse conversation avec les insectes qui la visite: l'aspect de ses fleurs évolue en même temps que sa maturité sexuelle. Au fur et à mesure que sa production de nectar avance, ses pétales, d'abord roses, deviennent bleus, et la collerette au centre de la fleur passe du jaune à l'orange. Ainsi, à son pic de fertilité, Myosotis arvensis affiche (fleur bleu et collerette orange) sa richesse en nectar invitant les insectes à approcher pour assurer sa fécondation. Finalement, une fois fécondée, la collerette blanchit, prévenant les butineurs qu'ils peuvent directement passer leur chemin!

Myosotis arvensis, Ne m'oublie pas, Poitiers bords de Boivre

Myosotis des champs: la Sauvages qui murmurait à l'oreille des butineurs...



Myosotis sylvatica, Myosotis des forêts, Poitiers bords de Boivre

Un Myosotis taille XL (jusqu'à 50cm): le Myosotis des forêts (Myosotis sylvativa), une vivace aux fleurs bleu intense de 5 à 10mm, les sépales couverts de poils crochus, les feuilles du bas rétrécies à leur base en un pétiole ailé.


Pour aller plus loin:

- Norb de Sauvages du Poitou raconte le Myosotis au micro de France Bleu Poitou

- Myosotis arvensis sur Tela-botanica

- Myosotis arvensis: identification assistée par ordinateur

- Myosotis ramosissima sur Tela-botanica

- Myosotis ramosissima: identification assistée par ordinateur

- Myosotis stricta sur Tela-botanica

- Myosotis discolor sur Tela-botanica

- Myosotis discolor: identification assistée par ordinateur

- Myosotis sylvatica sur Tela-botanica

- Myosotis scorpioides sur Tela-botanica

- Myosotis scorpioides: identification assistée par ordinateur

- Comment le Myosotis communique avec les insectes sur le blog Des fleurs à notre porte

 

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