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Buddleja du père David, l'Arbre aux papillons
Date 11/09/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Buddleja davidii, Buddleja du père David, Poitiers gare

Feuilles lancéolées et généralement opposées du Buddleja du père David


Buddleja davidii (Buddleja du père David, Arbre aux papillons) est un arbuste originaire de Chine de la famille Loganiaceae dans la classification ancienne ou Scrophulariaceae dans la classification récente.


C'est l'occasion de parler de ces fameuses classifications, au combien nécessaires dans l'étude du vivant: on considère en botanique une classification dite «classique» qui se base sur les particularités morphologiques et chimiques des plantes. Celle ci fut utilisée jusqu'en 1998, année où fut proposé une nouvelle classification dite «phylogénétique». Dans cette dernière, les progrès scientifiques permettaient aussi de prendre en compte les liens de parenté (génétiques) qui existent entre les végétaux, leur histoire sur terre, au delà de leur apparence présente. Cette classification moderne fut révisée, ou plutôt affinée, en 2003, puis en 2009...

À quel famille appartient cet écu?

(Les visiteurs, Jean-Marie Poiré)

Mais peu importe: comprenons simplement que Buddleja davidii, qui appartenait au vaste gang Loganiaceae, aux côté des Digitales ou autres Véroniques, fut récemment expatrié — suite à un test ADN en bonne et due forme — chez les Scrophulariaceae, aux côtés des Molènes, ses sœurs de sèves et de gènes.


Buddleja davidii, Buddleja du père David, gare de Poitiers

Le Buddleja du père David entre en gare de Poitiers,

éloignez vous de la bordure du quai s'il vous plaît!


Quittons les rangs de l'université pour revenir sur le terrain, près de la voie ferrée... Car c'est à cet endroit, et le long des routes, que vous croiserez probablement Buddleja davidii. Importé sous nos latitudes à des fins ornementales, l'arbuste s'est rapidement échappé des jardins. Dans les milieux perturbés par l'homme, il est un pionnier efficace, voire franchement invasif dans certaines régions; il affectionne les terres misérables, ensoleillées, ne craint pas les pollutions citadines et ne connait pas de prédateurs sérieux. La SNCF et Réseau Ferré de France sont des gros consommateurs d'herbicides en France, nécessaires pour l'entretien des voies; pas de quoi faire trembler notre Sauvageon qui a fait des lignes de trains un de ses territoires de prédilection, aux côté des Renouées du Japon, des Ailanthes, des Robiniers faux-accacia et autres hors-la-loi increvables!


Buddleja davidii pousse rapidement (entre 2m et 5m de hauteur à maturité). Ses fleurs violettes disposées en large grappes (panicules) parfument les bosquets entre juin et octobre. Véritable usine à graines, un pied peut produire 3 millions de semences par an que le vent, l'eau (dans les ripisylves qu'il affectionne), les voitures et bien sûr les trains dispersent.


Buddleja davidii, Buddleja du père David, Poitiers gare

Fructification généreuse du Buddleja du père David, Poitiers gare


Le végétal doit son nom Buddleja davidii à deux hommes d'église: celui du pasteur et botaniste anglais Adam Buddle (en guise d'hommage) et celui du Père Armand David, botaniste français et missionnaire; c'est au au 19ème siècle, en Chine, que ce dernier rencontra l'arbuste.


Mais le surnom le plus courant de l'arbuste est Arbre aux papillons. Buddleja davidii est en effet une manne en matière de nectar pour les papillons qu'il attire irrémédiablement.

L’évidence du parfum possède une conviction irrésistible, elle pénètre en nous comme dans nos poumons l’air que nous respirons, elle nous emplit, nous remplit complètement, il n’y a pas moyen de se défendre contre elle.
(Le parfum - Histoire d’un meurtrier, Patrick Süskind)

Vanessa atalanta sur Buddleja davidi, Poitiers bords de Boivre

Vulcain (Vanessa atalanta) au festin de l'Arbre à papillon!


Ses feuilles sont en revanche boudées par les chenilles; malgré son pseudonyme tout en poésie, l'Arbre aux papillons seul ne serait suffire aux bonheurs des papillons.


En milieu urbain, les vastes haies de Buddleja davidi peuvent représenter un déséquilibre écologique: attirant les populations de papillons, l'arbuste ne leur permet pas d'assurer leur reproduction. Si l'arbuste fait preuve d'une générosité bienvenue au cœur d'un paysage végétal riche et varié, il devient un hôte suspect lorsqu'il colonise seul de vastes friches.


Vanessa atalanta sur Buddleja davidi, Poitiers bords de Boivre

Buddleja du père David, Poitiers bords de Boivre


Les racines de Buddleja davidi sont utilisées dans la fabrication de pharmacopées traditionnelles en Chine. La relative toxicité de l'arbuste (sa consommation ne présente à priori pas de danger pour l'homme, ce qui n'en fait pas un arbuste comestible pour autant) devrait cependant nous décourager d'en faire recette, à l'image des chenilles bien avisées.


Misumena vatia sur Buddleja davidi, Poitiers bords de Clain

Un tel afflux de papillons arrange forcément les parties de chasse de la Thomise variable (Misumena vatia)!


Dans son pays d'origine, on nomme l'arbuste Daye Zuiyucao, littéralement «grandes feuilles qui enivrent les poissons»: les fleurs jetées dans un bassin seraient capables d'y enivrer les poissons. En réalité, c'est là le meilleur moyen de les empoisonner! Vous l'aurez compris, Buddleja davidi est un Sauvageon séduisant... Qu'il convient d'apprivoiser avec discernement et surtout parcimonie.


Buddlaja davidii, Sauvages du Poitou


Pour aller plus loin:

- Buddleja davidii sur Tela-botanica

- L'Arbre aux papillons: sympa au jardin mais envahissant dans la nature par Vincent Albouy


Buddleja davidii, Buddleja du père David, Romagne (86)

Buddleja du père David, Romagne (86)

 

Ailanthe, l'hydre végétale
Date 20/08/2015
Ico Grand banditisme (invasives)

Ailanthus altissima, Ailanthe Faux-vernis du Japon, Vouillé (86)

Feuille imparipennée de l'Ailanthe Faux-vernis du Japon


Ailanthus altissima (Ailanthe ou Faux-vernis du japon) appartient à la petite famille d'arbres et de plantes tropicales Simaroubaceae. Ce spécimen nous permet d'ouvrir une nouvelle catégorie sur Sauvages du Poitou, celle du «Grand banditisme». Ici, pas de casses de banques, mais quelques végétaux suffisamment invasifs pour engendrer des inquiétudes environnementales à l'échelle locale (à tort ou à raison). Avec Ailanthus altissima, c'est surtout les chefs de trains qui s'inquiètent, tant la hors-la-loi prolifère le long des lignes de chemin de fer!


Ailanthus altissima, Ailanthe Faux-vernis du Japon, Poitiers Mérigotte

Forêt squelettique d'Ailanthe Faux-vernis du Japon en hiver, Poitiers Mérigotte


Ailanthus altissima est un arbre originaire de Chine, à croissance rapide. Son nom vient de l'expression chinoise Ailanto, «Arbre du paradis». Le végétal ne le doit pas à sa grandeur (en moyenne 15m de hauteur à maturité), mais à sa promptitude à monter au ciel (il peut atteindre sa taille adulte en moins de 25 ans). Dans les grandes villes chinoises, on lui donne également le sobriquet moins sympathique de Chouchun, soit le «Printemps puant»! Il est vrai que les feuilles et les fleurs mâles (l'arbre est dioïque) dégagent une odeur plutôt désagréable...


Ailanthus altissima, Ailanthe Faux-vernis du Japon, Poitiers Mérigotte

Jeune feuille alternes, composée pennée de l'Ailanthe Faux-vernis du Japon


Importé en occident pour «enchinoiser» les jardins, Ailanthus altissima a su se faire apprécier pour son allure et sa culture aisée, tout particulièrement au cœur des cités et des zones industrielles. Car l'arbre est un dur à cuire: il ne craint ni la sécheresse, ni les pollutions comme le dioxyde de soufre, la poussière de ciment, les fumées, l'ozone, le mercure... La SNCF, ou plutôt les compagnies qui l'ont précédée, y ont vu un excellent moyen de verdir les abords misérables des voies ferrées, tout en consolidant les talus qui les longent grâce à ses puissantes racines.


Ailanthus altissima, Ailanthe Faux-vernis du Japon, Poitiers Mérigotte

Ailanthe Faux-vernis-du-Japon: attention danger?

Chéri. J’ai quelque chose à te dire... il y a une famille de chinois dans notre salle de bains.

(500 jours ensemble, Marc Webb)

Et c'est là que la nature échappe au bon vouloir de l'homme... La formidable adaptation d'Ailanthus altissima aux milieux pollués, où la concurrence végétale est forcément réduite à peau de chagrin, combinée à sa croissance rapide, l'on promu sur la liste rouge des invasives dans de nombreux pays (Danemark,  Hongrie, Suisse,  Espagne,  Canada  et  USA; en France, on s'en méfie plus ou moins selon les régions). De plus, Ailanthus altissima affiche une efficacité insolente dans ses modes de reproduction: véritable usine à graines (celles ci sont dispersées par le vent), l'arbre est capable de propager de nombreux rejets ou de se cloner depuis un fragment de racine (reproduction végétative). Fauché à la base du tronc, il drageonne et repart de plus belle, se multipliant, telle une hydre!


Ailanthus altissima, Sauvages du Poitou


Ailanthus altissima, Ailanthe Faux-vernis du Japon, Poitiers quartier gare

Samares de l'Ailanthe Faux-vernis-du-Japon, Poitiers quartier gare


Ailanthus altissima peut se montrer très pénible dans les jardins particuliers. Sa prolifération spectaculaire en milieu citadin devrait surtout nous inciter à nous inquiéter sur le triste état des sols, d'avantage que sur le Sauvageon lui-même: Ailanthus altissima pousse souvent là où rien ne pousse, à l’exception d'autres gangsters increvables comme la Renouée du Japon, le Robinier faux-accacia ou le Buddleia de David...


Ailanthus altissima, Ailanthe Faux-vernis du Japon, Poitiers bords de Clain

Petits bourgeons hémisphériques et cicatrices foliaires en forme de cœur de l'Ailanthe Faux-vernis du Japon.


Et dans la mesure où les villes restent souvent des lieux peu propices à une végétation diversifiée, reconnaissons au moins une qualité à Ailanthus altissima: une enquête récente («Les pieds d'arbre en ville», par Vigie Nature) portant sur la biodiversité au pieds des arbres citadins montre que Ailanthus altissima n'est pas le plus hostile lorsqu'il s'agit de cohabiter avec les autres Sauvages. C'est même à son pied, et au pied du Platane (Platanus hispanica), que l'on trouve le plus grand nombre d’espèces spontanées.


Les chinois d'hier et d'aujourd'hui utilisent leur «Arbre du paradis» pour fabriquer bon nombre de pharmacopées médicales traditionnelles. La toxicité de la Sauvage (feuilles et écorces peuvent donner des irritations allergiques) nous incite cependant à couper court et à en déconseiller tout usage, interne ou externe.


Ailanthus altissima, Ailanthe Faux-vernis du Japon, Poitiers bords de Clain

Ailanthe Faux-vernis du Japon dans la force de l'âge.


Les interactions entre Ailanthus altissima et l'homme à travers l'histoire sont remarquables, qu'elles soient volontaires, accidentelles, amicales ou conflictuelles. Le rôle que l'arbre a joué dans l'industrie textile en est une illustration: l'arbre est la plante hôte des chenilles du Bombyx de l'Ailanthe (Samia cynthia). Les cocons de ces dernier permettent de confectionner une soie meilleure marché (bien que plus grossière) que la soie véritable (celle des Bombyx du mûrier, Bombyx mori). Des colonies d'Ailanthus altissima furent ainsi installées dans les Cévennes au 19ème siècle pour accueillir sur notre territoire le Bombyx de l'Ailanthe et remplacer les célèbres vers à soie, alors ravagés par la maladie. L'industrie ne remporta pas un franc succès, les européens préférant la finesse et la brillance de la véritable soie. Subsistent aujourd'hui au cœur des Cévennes, à l'heure des tissus de synthèse, de vastes colonies d'Ailanthus altissima.


Quant à son papillon exotique, le Bombyx de l'Ailanthe, il vole encore ici et là. Il y a cependant peu de chances de le croiser dans le Poitou: les derniers spécimens observés en France se cantonnent autour de Paris, dans les régions bordelaise et alsacienne.


Pour aller plus loin:

- Ailanthus altissima sur Tela-botanica

 

Vipérine commune, la mellifère
Date 07/08/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Echium vulgare, Vipérine commune, Poitiers bords de Boivre

Vipérine commune, Poitiers bords de Boivre


Echium Vulgare (Vipérine commune) appartient aux Boraginaceae, dont la Bourrache fait office de chef de clan; on reconnait d'ailleurs chez Echium Vulgare des traits familiers (je pense à la Bourrache mais aussi à la Buglosse), à commencer par sa grandeur (jusqu'à 1m de hauteur), sa piquante pilosité (évitez de l'empoigner à pleines mains!) et ses abondantes fleurs bleues! Le nom Vipérine (Echium en grec) viendrait de ses fleurs en forme de gueules ouvertes de serpents. Pour d'autres, le nom vient plutôt de l'utilisation ancienne et fantasque de la plante comme remède contre les morsures des reptiles. De toute façon, vous avez infiniment plus de chances de vous faire poinçonner par la Vipérine que par une Vipère : la pilosité de la plante est piquante, évitez de l'empoigner à pleines mains !

T’as pas le choix, faut que tu pisses sur mon pied. Ça tuera le venin. S’il te plaît, pisse dessus! Pipi là, sur mon pied! Fais pipi sur mon pied! Vas-y sinon c’est l’amputation! Pisse dessus!

(Lost les disparus, J.J.Abrams, D.Lindelof et J.Lieber)

Echium vulgare, Vipérine commune, Saint Benoît (86)

Grappe de fleurs de la Vipérine commune, décidément très reptilienne!


Echium Vulgare est bisanuelle. Lors de son premier été, elle développe une simple rosette de feuilles oblongues et lancéolées étalées au sol. Elle fleurit la seconde année, entre avril et août. Sa présence indique souvent un sol pauvre, peu profond, caillouteux, brûlé par le soleil, tant et si bien qu'on pourrait dire qu'elle est le signe (inquiétant ou non, suivant le contexte)... D'une absence de sol!


Echium vulgare, Vipérine commune, Poitiers quartier Chilvert

Jeune rosette de Vipérine commune, Poitiers quartier Chilvert


Echium Vulgare renferme un alcaloïde toxique (la cynoglossine, un paralysant proche du curare) en très petite quantité. Pas de quoi tirer la sonnette d’alarme, mais on évitera d'en faire recette, ne serait-ce qu’à cause de son piquant. Ses fleurs en infusion ont été utilisées pour soulager la toux, mais il faut noter que ses partie aériennes sont inscrites à la liste B de la pharmacopée française qui recense les plantes médicinales dont les effets indésirables potentiels sont supérieures au bénéfice thérapeutique attendu.


Echium vulgare, Vipérine commune, Poitiers bords de Boivre

Étourdie, une Vipérine rompt avec le traditionnel bleu de son clan et enfile des chaussettes blanches! (un phénomène accidentel mais pas forcément rare)


Malgré son surnom, la Vipérine n'intéresse guère les serpents. Ses fleurs attirent en revanche une foule de butineurs: abeilles, bourdons, papillons... L’Osmie crochue pourrait présider ce fan club bien fourni: les femelles de cette abeille noire à pilosité blanche, au vol nerveux, récoltent exclusivement le pollen bleu de la Vipérine pour le stocker dans les cellules de leurs nids d’argile.


Hoplitis adunca, Osmie crochue, Poitiers quatier gare

Osmie crochue (Hoplitis adunca, mâle), Poitiers quartier gare


Echium vulgare, Sauvages du Poitou


Faites l'expérience de vous poser quelques minutes, à la belle saison, devant un pied de Vipérine en fleur: c'est décoiffant tant ça grouille de vie! La Sauvage est mellifère au possible, pendant des semaines durant. On considère qu'un hectare de Vipérines permet aux abeilles de produire 300 à 400 kg de miel!

Où sont les veaux, les rôtis, les saucisses? Où sont les fèves, les pâtés de cerf? Qu'on ripaille à plein ventre pour oublier cette injustice!

(Les Visiteurs, Jean-Marie Poiré)

Incroyable Echium vulgare qui transforme le désert en festin... Si vous disposez d'un coin de terrain sec, caillouteux, très exposé, semez la belle et régalez les butineurs!


Phacélie, Bourrache, Vipérine: les bars à nectar! Sauvages du Poitou

Euplagia quadripunctaria, Écaille chinée, Béruges (86)
Écaille chinée (Euplagia quadripunctaria) sur Vipérine : au festival des mal rasés !


Pour aller plus loin:

- Echium vulgare sur Tela-botanica

- Identification assistée par ordinateur


Echium vulgare, Vipérine commune, Buxerolles

La Vipérine commune offre ses nombreux fruits (tétrakènes) à la fin de l'été, Buxerolles (86)

 

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