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Ail des nounours: une amie pour la vie!
Date 18/07/2015
Ico Haies & forêts

Allium ursinum, Ail des ours, Beceleuf (79)

Ail des ours, Beceleuf (79)


Allium ursinum (Ail des ours) appartient aux Amaryllidaceae, un clan dont les membres sont généralement bien armés pour faire face aux attaques des prédateurs, insectes et animaux. Chez Allium ursinum, la technique de self défense est une odeur et un goût d'ail, rebutants pour les herbivores.

- J’ai été obligé d’me défendre il m’a flairé l’cul !
(Papy fait de la résistance, Jean-Marie Poiré)

Malheureusement pour cette plante, c'est justement ce qui fait son intérêt pour nous! Allium ursinum a toutes les qualités de l'ail cultivé. Et elle n'intéresse pas que l'homme: les ours en seraient friands au sortir de l'hibernation, d'où son nom vernaculaire d'Ail des ours.


Ail des nounours! Sauvages du Poitou


Allium ursinum, Ail des ours, Exireuil (79)

Feuilles de l'Ail des ours: molles, ovales lancéolées, à nervures parallèles et à base engainante.


L'Ail des ours est une vivace des sous-bois frais et ombragés. Ses fleurs réunies en ombelles apparaissent entre avril et mai. La Sauvage fait partie des fleurs vernales (telles la Petite Pervenche ou l'Anémone Sylvie) qui profitent de la lumière printanière, avant le retour du feuillage des grands arbres. Ses parties aériennes disparaissent avant le début de l'été.


Son bulbe supporte les grands froids; elle se ressème chaque année efficacement, malgré un très faible pouvoir de dispersion. Ses colonies s'élargissent surement, mais surtout lentement. Autant dire que les impressionnants parterres que l'en rencontre parfois (on les renifle bien avant de les voir) attestent de l'ancienneté de la forêt.


Allium ursinum, Ail des ours, Beceleuf (79)

Dans la pénombre des sous bois, Ail des ours à perte de vue!


L'Ail des ours est, parmi les Sauvages, un chouchou! Jadis, on lui a attribué des pouvoirs magiques: les femmes enceintes en gardaient dans leurs poches pour protéger l'enfant à naître, on le jetait dans les rivières pour en purifier l'eau. Au néolithique, puis chez les Celtes, on l'utilisait comme élixir, comme épice, comme aliment (Allium ursinum est riche en vitamine C, on peut consommer ses parties aériennes comme ses bulbes). Il serait vermifuge et hypotenseur (comme l'ail cultivée), mais aussi bon pour la mémoire, amincissant...

-  J’ai rien d’exceptionnel. J’suis juste moi quoi.
- Moi j’trouve ça déjà exceptionnel d’être soi.
(Tout pour plaire, Cécile Telerman)


Allium ursinum, Ail des ours, Montreuil bonin (86)

Ombelle de fleurs de l'Ail des ours, Montreuil bonin (86)

Bref, difficile de démêler le vrai de la légende, mais ce qui est sûr, c'est que l'Ail des ours a la cote. C'est une valeur ancestrale, un ami qu'il est bon d'inviter dans son jardin, même s'il vous faudra probablement patienter quelques décennies avant de disposer d'une colonie bien fournie.


Chez vous, tenez la à l'écart des colonies de Muguet (Convallaria majalis), de même attention lors des cueillettes sauvages avec le Colchique d’automne (Colchicum autumnale), car les feuilles ovales lancéolées de ces plantes se ressemblent comme deux gouttes de pluie... Dans l'assiette, l'une est délicieuse, les deux autres (à l'aspect plus coriace) sont mortelles! Un autre piège attend les apprentis cueilleurs: sur la photo suivante, un intrus s'est glissé parmi les feuilles de l'Ail des ours... Vu?


Ail des ours et Arum sp... Sauvages du Poitou!


La feuille en haut à droite (un peu tronquée à la base, et à la nervation non parallèle) est une jeune pousse toxique de Gouet (Arum italicum ou Arum maculatum). Ceux-ci ont tendance à pointer en même temps que celles de notre délicieuse Sauvage. Restez attentif et dans le doute, abstenez vous!

La recette du shérif : Beurre à l'Ail des ours

Malaxez 25 grammes de feuilles hachées avec 100 grammes de beurre ramolli, une pincée de sel et un filet de citron. Découpez en portions et laissez durcir au frais!

Pour aller plus loin:

- Identification assistée par ordinateur

- Allium ursinium sur Tela-botanica


Ombelle de fleurs de l'Ail des ours, Béceleuf (79)

Fruits (capsules trigones) de l'Ail des ours, Béceleuf (79)

 

Mouron rouge, un clown au jardin
Date 17/07/2015
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Anagallis arvensis, Mouron rouge, Biard (86)

Mouron rouge, Biard (86)


Anagallis arvensis (devenue aujourd’hui Lysimachia arvensis, alias Mouron rouge) appartient aux Primulaceae (selon la classification classique), au même titre que les Primevères (voir Primula vulgaris) ou les Coucous, des plantes à la floraison précoce et printanière (de mai jusqu'à la fin de l'été). Anagallis arvensis aime les terres remuées et riches en nitrates. C'est une annuelle qui ressème spontanément ses nombreuses graines (emmagasinées dans ses capsules). Ses fleurs sont trop discrètes pour tout miser sur l'aide des butineurs; l'évolution l'a donc pourvu d’organes reproducteurs hermaphrodites et autogames (capables de s'autoféconder).


Anagallis arvensis a parfois été surnommée «baromètre des pauvres»: on peut s'attendre, lorsqu'elle referme ses petites fleurs rouges dans la matinée, à de la pluie avant la fin de la journée. Les riches lui préféreront sans doute un véritable baromètre!


Anagallis arvensis, Mouron rouge, Biard (86)

Fleur du Mouron rouge: 5 sépales, 5 pétales, 5 étamines autour de 5 carpelles soudés entre eux... Un joli carré de 5!

Tu prends la pilule rouge, tu restes au Pays des Merveilles.
(The Matrix, Lana Wachowski)

Jadis, on pensait Anagallis arvensis susceptible de soulager les hypocondriaques, les personnes crispées et anxieuses à l'excès quant à leur état de santé, ainsi que les ceux qui souffrent de mélancolie. Son nom Anagallis lui vient d'ailleurs du grec Anagelaô, qui signifie «je ris» ou «je chante»... Peut-être imaginait-on que la plante euphorisait ceux qui la mangeait, hommes ou oiseaux! La Sauvage a aussi été employées dans les traitements contre l'épilepsie.


Anagallis arvensis, Sauvages du Poitou


En vérité, Anagallis arvensis renferme une bonne quantité de saponines; elle est légèrement toxique pour l'homme et mortelle pour les lapins et certains rongeurs (attention à ne pas à glisser dans leur nourriture). Son usage est aujourd'hui abandonné et il convient de ne pas la confondre avec sa fausse cousine aux fleurs blanches, la reine des salades, le Mouron des oiseaux (Stellaria media). En l'absence de fleurs, les petits points bruns sous les feuilles d'Anagallis arvensis peuvent nous aider à identifier la drôle, impropre à la consommation.


Anagallis arvensis, Mouron rouge, Poitiers Chilvert

Fruits (capsules) et feuilles tachées du Mouron rouge: opposées, sessiles, ovales ou lancéolées.


Notre clown végétal n'étant pas à une blague près, en voici une dernière pour la route: le Mouron rouge affiche parfois de petites fleurs... Bleues! S'il n'en reste pas moins Anagallis arvensis, la confusion devient grande avec une autre Sauvage en tout point semblable, aux fleurs habituellement bleues, le Mouron femelle (Anagallis foemina devenue aujourd'hui Lysimachia foemina).

Anagallis arvensis, Mouron rouge, Beauvoir (86)
Quand le Mouron rouge balance sa vanne préférée en virant au bleu...

Les botanistes les plus rigoureux observeront à la loupe les minuscules poils glanduleux sur les bords des pétales pour différencier les deux Sauvages (plus de 30 poils dilatés au sommet pour le Mouron rouge, moins de 30 poils non dilatés au sommet pour le Mouron femelle). Les plus pressés se contenteront d'observer une fleur à maturité: les pétales se chevauchent chez le Mouron rouge, mais pas chez le Mouron femelle... Alors face à un «Mouron bleu», à vous de trancher: s'agit-il du sketch préféré du Mouron rouge, ou d'un Mouron femelle? C'est un peu bleu bonnet et bonnet bleu!

Anagallis foemina, Mouron femelle, Ensoulesse (86)
Mouron femelle, Ensoulesse (86)


Pour aller plus loin:

- Anagallis arvensis sur Tela-botanica

- Anagallis foemina sur Tela-botanica


Anagallis arvensis, Mouron rouge, Biard (86)

Le Mouron rouge, parfois bleu, ne sait décidément pas choisir... Alors va pour le rose!

 

Pariétaire de Judée, la foreuse
Date 01/07/2015
Ico Murs et rocailles

Parietaria judaica, Pariétaire de Judée, Paris (Les Grands Voisins, 14ème)

Mais quelle est cette Sauvage qui envahit les murs et les trottoirs de la ville? (Pariétaire de Judée)


Parietaria judaica (Pariétaire de Judée) appartient aux Urticaceae, la famille des piquantes Orties. C'est une Sauvage qui vous est certainement familière — au moins de visu — si vous vivez à proximité de falaises ou de vieux remparts... Son nom vient du latin Paries, c'est à dire «mur» ou «paroi». C'est là qu'elle préfère s'installer et pousser. Plus généralement, elle est très courante au cœur des villes; elle fait partie du prestigieux top 10 des Sauvages les plus observées dans nos cités (source: Sauvages de ma rue).


Parietaria judaica, Pariétaire de Judée, Poitiers bords de Boivre

Pariétaire de Judée: la Garde de Nuit veille au pied du Mur...


Parietaria judaica est une vivace au port ramifié et couché (ou partiellement dressé). Ses racines sécrètent une substance capable de dissoudre la roche pour s'y enfoncer d'avantage et y puiser sa maigre nourriture. C'est peut-être ce qui lui vaut son appellation local: dans le Poitou, elle est surnommée la Perce-pierre.

Des clôtures de pierres ne sauraient barrer la route à l’amour.
(Roméo + Juliette, Baz Luhrmann)

Parietaria judaica, Pariétaire de Judée, Poitiers gare

Jeunes feuilles de la Pariétaire de Judée: alternes, ovales ou obovales, acuminées.


Il faut ramener le forage de Parietaria judaica à la juste échelle végétale, lente et discrète, pas de quoi écrouler des châteaux forts! Plus que ses racines, ce sont les fleurs de la Sauvage qui lui cause une mauvaise presse: son pollen fait partie des grands allergisants de notre temps. Il peut être la cause d’asthmes, de démangeaisons, de rhinites... Transporté par le vent, celui ci ne va toutefois généralement pas bien loin, et c'est à proximité des plantes que les symptômes se font le plus sentir.

Atchoum! Oh je suis désolé, je suis allergique aux conneries!
(I, robot, Alex Proyas)

Parieteria judaicia, Pariétaire de Judée, Poitiers quartier gare

Fleurs discrètes de la Pariétaire de Judée, Poitiers quartier gare


Différencier la Pariétaire de judée de la Pariétaire officinale demande un examen minutieux des inflorescences à la loupe ou à la binoculaire (les bractées sont soudées chez la Pariétaire de Judée, libres entre elles chez l'officinale). La Pariétaire officinale, plus rare sur le territoire, préfère la proximité de l'eau. Elle présente à maturité un port plus haut, dressé, non ramifié et des feuilles plus longues (feuilles jusqu'à 10cm contre feuilles de 3 à 4 cm maximum pour la Pariétaire de Judée). La confusion n'est toutefois pas dramatique, les deux Sauvages étant d'excellentes comestibles, appréciées de l'homme comme des chenilles et des papillons (les vanesses vouent parfois une véritable passion aux urticacées, voir notre article sur la Grande Ortie).


Parieteria officinalis, Pariétaire officinale, Jardin botanique de Lyon

Pariétaire officinale (Parieteria officinalis), Jardin botanique de Lyon


Au même titre que l'Ortie (mais en beaucoup moins goûteuses), les jeunes pousses de Parietaria judaica sont bonnes en salade (crues), en gratin ou en soupe (cuites). Si elle manque un peu de caractère en bouche, il est bon de noter que son usage permet d'adoucir le goût prononcé d'autres plantes dans les recettes, tout en apportant sa richesse en mucilages (adoucissants), tanins (asséchants et usage externe) et nitrates de potassium (diurétiques).


Autrefois, on utilisait les Pariétaires pour récurer la vaisselle. On la disait capable de rendre leur brillant au verre et au cristal. Une poignée de ses feuilles rêches et abrasives servait à gratter assiettes et casseroles à froid, la plante absorbant les corps gras grâce à sa teneur en nitrate de potassium… Une fois ce service rendu, la Sauvage était offerte aux poules qui s’en régalaient !


Pariétaire de Judée, Sauvages du Poitou!


Pour aller plus loin :

- Parietaria judaica sur Tela-botanica

- La Pariétaire: Ange ou démon? sur le site Zoom Nature


Parieteria judaicia, Pariétaire de Judée, Poitiers quartier gare

Pariétaire de Judée: un îlot de verdure sur un océan de macadam.

 

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