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Laitue scariole, moitié salade, moitié boussole
Date 22/08/2016
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Lactuca serriola, Laitue scariole, Poitiers quartier gare

Laitue scariole, Poitiers quartier gare


Lactuca serriola (Laitue scariole) appartient au clan Asteraceae. Les membres de cette famille optimisent leur reproduction en regroupant leurs minuscules fleurs en une seule inflorescence nommée capitule (comme les Pissenlits, les Pâquerettes, les Laiterons, les Picrides, etc.).


Lactuca serriola, Laitue scariole, Poitiers quartier gare

Capitule de la Laitue scariole, Poitiers quartier gare


La Laitue scariole est une bisanuelle nitratophile. Elle fait d'ailleurs partie du top 10 des Sauvages les plus observées dans nos cités (source: Sauvages de ma rue), à cause de son attirance pour les sols fortement azoté (pollution automobile ou amendements excessifs des cultures).


Si les Asteraceae à fleur jaune, de type «pissenlit», sont délicates à différencier les unes des autres (c'est un des premiers défis pour les apprentis botanistes en milieu urbain), la Laitue scariole cache sous ses feuilles une signature qui peut nous mettre sur la voie: le revers de la nervure médiane est hérissé d'une ligne plus ou moins épineuse, telle la crête d'un iroquois du macadam!

-Je suis le plus vieux punk à chien d'Europe... Et croyez moi: c'est pas évident.

(Le grand soir, Benoît Delépine et Gustave Kervern)

Lactuca serriola, Laitue scariole, Plateau de Thorus (86)

Punk is not dead sous les feuilles de la Laitue scariole!


Deux espèces urbaines sont très proche, prêtant à confusion: la Laitue scariole (Lactuca serriola) et une autre «salade» sauvage, la Laitue vireuse (Lactuca virosa), dont les feuilles tirent légèrement vers le bleu et dégagent une odeur forte lorsque froissées entre les mains.


Lactuca virosa, Laitue vireuse, Poitiers bords de Boivre

Feuilles bleutées de la Laitue vireuse, Poitiers bords de Boivre


Les deux fausses jumelles présentent des feuilles polymorphes (entières à très découpées) et sont tout à fait capables d'échanger certains de leurs aspects en s'hybridant entre elles... Bref, on a une chance sur deux de se tromper en les identifiant, et donc une chance sur deux d'avoir raison! Les plus exigeants examineront les akènes mûrs à l'aide d'une loupe: ceux-ci sont sombres et possèdent une marge saillante chez L.virosa, alors qu’ils sont gris-bruns, ciliés sur le dessus et dépourvus de marge chez L.serriola.


Lactuca virosa, Laitue vireuse, Poitiers bords de Boivre Lactuca serriola, Laitue scariole, Poitiers quartier gare

Akènes de la Laitue vireuse (gauche) versus Laitue scariole (droite).


Une autre caractéristique, peu banale, peut faire infléchir notre intuition du bon côté: La Laitue scariole est à moitié plante... Et à moitié boussole! Surnommé «Laitue boussole» par certains auteurs, elle a tendance à tourner le limbe de ses feuilles supérieures à la verticale, sur un plan est-ouest (le phénomène est moins spectaculaire chez la Laitue vireuse). L'astuce ne fonctionne que si la Sauvage bénéficie d'une bonne exposition: c'est pour réduire les risques de brûlure (ou au moins d'évaporation) que les feuilles se tordent jusqu'à disposer leur pointe en face de l'axe nord-sud. La Laitue scariole évite ainsi le coup de soleil, préférant offrir ses limbes au soleil levant ou au couchant, moins agressifs qu'une exposition plein sud.


Lactuca serriola, Laitue scariole, Poitiers bords de Boivre

Laitue GPS: dans un mètre, tournez à gauche!


Pour le promeneur égaré, cela signifie (en théorie) que le bout des feuilles de la Laitue scariole indique le nord ou le sud. Reste à observer la végétation autour des arbres et des murs, qui signerait la fraicheur au nord ou l’aridité au sud. Comme la pratique m'intéresse d'avantage que la théorie, j'ai testé pour vous cette authentique méthode indienne: armé du livret «Poitiers et ses environs à pied et en VTT» (un guide local que je vous recommande si vous aimez vous perdre), j'ai suivi les instructions jusqu'à l'égarement. Là, au milieu des champs à perte de vue, j'ai compté sur la Laitue scariole seule pour orienter ma carte et me ramener à mon point de départ... Et me suis définitivement perdu! Bref, mieux vaut se munir d'une vraie boussole avant de partir à l'aventure. Je salue au passage la randonneuse (et son smartphone équipé d'un GPS) qui m'a secouru, me permettant de rentrer chez moi avant la nuit: «n'est pas indien qui veut», m'a-t-elle dit.


Lactuca serriola, la boussole! Sauvages du Poitou


Si les jeunes pousses des Laitues «sauvages» sont comestibles, leur amertume vous dissuadera peut-être de les inscrire au menu. Les plants adultes deviennent coriaces, épineux, gluants, franchement amers et dégagent une odeur peu amène. Bref, on est loin des tendres et délicieuses laitues pommées de nos marchés. Et pourtant...


Lactuca serriola, Laitue scariole, Poitiers quartier Chilvert

Jeune rosette de la Laitue scariole, la grand mère des laitues au potager.


Toutes les Laitues cultivées par les jardiniers (pommées, batavias, romaines, à couper...) ont sélectionnées à partir de plusieurs espèces de Lactuca sauvages, à commencer par Lactuca serriola. Et c'est là l'occasion d'insister une nouvelle fois sur l'importance de nos herbes folles qui constituent au bord des routes, dans les friches, les jardins, les forêts, un réservoir génétique inégalable pour l'homme (tant pour l'alimentation que pour la médecine).


Les Laitues sauvages recèlent d'ailleurs une autre surprise: le latex visqueux qui coule dans leurs tiges possèdent des qualités narcotiques. De nos deux Sauvages, c'est surtout la Laitue vireuse qui est connue depuis l'antiquité pour ses propriétés hypnotiques. Elle était cultivée autrefois pour produire un substitut (non opiacé) à l'opium: le lactucarium. L'usage medical du lactucarium semble plus ou moins abandonné à ce jour, sans doute à cause d'une efficacité de très loin inférieure au puissant opium. Mais une nouvelle fois, les Sauvages nous offrent leur précieuse leçon: toutes les grandes inventions prennent source dans la nature, et tout reste encore à découvrir. Alors qui sait, la prochaine révolution agricole ou médicale viendra peut-être d'une Sauvage anodine, plantée juste devant notre porte... Il convient de rester humble devant ce patrimoine, et surtout de protéger son ampleur et sa diversité.


Hecatera dysodea, Noctuelle dysodée, Poitiers quartier Chilvert

Les Laitues sauvages sont importantes pour nombre d’espèces (et pas seulement l'homme), comme la superbe Noctuelle dysodée (Hecatera dysodea), dont les chenilles raffolent des Lactuca.



Pour aller plus loin:

- Norb raconte la Laitue scariole au micro de France Bleu Poitou

- Lactuca serriola: identification assistée par ordinateur

- Lactuca serriola sur Tela-botanica

- Lactuta virosa sur Tela-botanica


Lactuca muralis, Laitue des murailles, Poitiers sous Blossac

Une autre Laitue citadine qui s'installe près ou sur les vieux murs ombragés, qu'on identifiera facilement avec ses minuscules capitules à 5 fleurons ligulés seulement (5 pétales en quelque sorte): la Laitue des murailles (Lactuca muralis).


Lactuca saligna, Laitue à feuilles de saule, Poitiers sous Blossac

Tout aussi citadine, mais plus confidentielle: la Laitue à feuilles de saule (Lactuca saligna) dont les feuilles caulinaires sont étroites, lancéolées et nettement hastées.


Lactuca perennis, Laitue vivace, Chezeau (86) Lactuca perennis, Laitue vivace, Chezeau (86)

Enfin, la trop rare Laitue vivace (Lactuca perennis), une espèce déterminante pour tout le Poitou, à ne pas confondre avec la Chicorée amère (la Laitue vivace a des feuilles profondément pennatipartites).

 

Picride fausse vipérine, la mal rasée
Date 26/07/2016
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Helminthotheca echioides, Picride fausse vipérine, Poitiers bords de Boivre

Picride fausse vipérine, Poitiers bords de Boivre


Helminthotheca echioides (Picride fausse vipérine ou Cochet-marocain en poitevin-saintongeais) appartient aux clan Asteraceae, le clan des fleurs à capitules (une inflorescence fournie qui prend l'apparence d'une grosse fleur unique). On continue ce qui pourrait être notre feuilleton de l'été, celui des Sauvages à fleurs jaunes à la mode «Pissenlit» (Taraxacum sect. Ruderalia), à la suite des Séneçons (Senecio vulgaris, Jacobaea vulgaris) ou des Laiterons (Sonchus oleraceus, Sonchus asper) qui ont déjà tenu le haut de l'affiche sur Sauvages du Poitou.


Pieris napi et Helminthotheca echioides, Picride fausse vipérine, Poitiers bords de Boivre

Picride fausse vipérine, Poitiers bords de Boivre


La Picride fausse vipérine est une annuelle (parfois bisanuelle) peu discrète, dont la silhouette épaisse et velue est bien connue des jardiniers (diantre, de la mauvaise herbe!): la Sauvage fréquente les milieux habités par l'homme, les jardins, les champs cultivés, les vergers, les bords des routes... Autant d'endroit où elle trouvera une terre riche, bien exposée, tassée par le passage des pieds, des véhicules ou des machines (ses colonies les plus denses peuvent signer un sol à tendance calcaire).


Helminthotheca echioides, Picride fausse vipérine, Biard (86)

Feuille rêche, ondulée, embrassante, velue (voir piquante) et «verruqueuse» de la Picride fausse vipérine.

Thérèse n’est pas moche. Elle n’a pas un physique facile... C’est différent.
(Le père Noël est une ordure, Jean-Marie Poiré)
La tige et les feuilles hérissées de poils durs de la Picride fausse vipérine dessinent des contours grossiers (la Sauvage est d'ailleurs surnommé en Angleterre Bristly Oxtongue, la «Langue de bœuf hérissée»!), qui peuvent évoquer les traits de certains membres de la famille Boraginaceae. On peut penser par exemple aux feuilles de la Vipérine (Echium vulgare), dont la Picride fausse vipérine usurpe quelque peu le nom.

Helminthotheca echioides, Picride fausse vipérine, Poitiers quartier Chilvert
Jeune rosette de la Picride fausse vipérine, comme un air de Vipérine?

A vrai dire, les deux Sauvages ne se ressemble pas franchement, si ce n'est lorsque pointent leurs jeunes rosettes de feuilles parsemées de pustules blanches. En revanche, les Sauvages à capitules jaunes de type «Pissenlit» sont bien moins aisées à différencier pour l'apprenti botaniste... Un casse tête dont la solution se trouve souvent sous les fleurs, au niveau des bractées (petites feuilles spécialisées qui entourent l'inflorescence). Celles de la Picride fausse vipérine forment une sorte de coupole (ouverte à maturité) à cinq lobes pointus, qu'il est impossible de confondre.

Helminthotheca echioides, Picride fausse vipérine, Poitiers quartier gare
Capitules de la Picride fausse vipérine, au dessus des coupoles caractéristiques à 5 lobes formées par les bractées inférieures.

La Picride fausse vipérine produit des fruits (akènes) plumeux. La Sauvage a opté pour une double stratégie quant à sa reproduction: les fruits situés le plus à l’extérieur de ses «pompons» blancs sont munis de petits plumeaux (aigrettes) trop réduits pour permettre aux semences de profiter du vent. Ces graines sont donc destinées à tomber au pied même de la plante.

J’appelle pas ça voler, j’appelle ça tomber avec panache.

(Toy Story, John Lasseter)

Au centre du «pompon», les semences sont équipées d'un matériel de vol bien plus fourni et s'envolent au loin pour conquérir de nouveaux territoires.


Helminthotheca echioides, Picride fausse vipérine, Poitiers quartier Chilvert

Akène de la Picride fausse vipérine pris au piège dans une toile d'araignée: rougeâtres, surmontés d'un long pied qui porte les soies plumeuses.


La Picride fausse vipérine côtoie généralement une autre Picride urbaine et annuelle, qui affectionne le même sol et fleurit en même temps, au cœur de l'été: la Picride éperviaire (Picris hieracioide). Cette dernière est plus haute et présente également des feuilles rêches comme du papier de verre, quoique moins hirsutes et dénuées de «verrues» blanches. La Picride épervière dresse aussi sous ses fleurs une couronne caractéristique de bractées poilues, inégales, rangées sur plusieurs rangs et réfléchies à maturité.

Picris hieracioides, Picride éperviaire, Poitiers bords de Boivre
Picride éperviaire, Poitiers bords de Boivre


Les jeunes feuilles de Picride fausse vipérine et Picride épervière sont comestibles, mais elles deviennent rapidement coriaces en gagnant en maturité (on peut alors éventuellement les faire cuire). De par ailleurs, elles doivent leur nom de Picride au suc amer et poisseux contenu dans leurs tiges, picros signifiant «amer» en grec. Vous voilà prévenus!


Pour aller plus loin:

- Helminthotheca echioides sur Tela botanica

- Helminthotheca echioides: identification assistée par ordinateur

- Picris hieracioides sur Tela botanica

- Picris hieracioides: identification assistée par ordinateur


Orobanche picridis, Orobanche de la Picride, Chezeau (86)

L’Orobanche de la Picride (Orobanche picridis) est une plante parasite dépourvue de feuilles vertes (et donc de chlorophylle) qui plante ses suçoirs sur les racines de nos Picrides. Il existe de nombreuses espèces d’Orobanches aux floraisons spectaculaires (très difficiles à différencier les unes des autres); elles parasitent de manière quasi spécifique d’autres Sauvages: Orobanche du Lierre, du Trèfle, du Thym…



Picride ou Helminthie?

Picride ou Helminthie? Sauvages du Poitou!


«Helminthotheca echioides»... Voilà un nom qui risque de ne pas vous encourager à retenir les noms latins de nos Sauvages! La Picride fausse vipérine s’appelait pourtant Picris echioides il y a quelques siècles (ce qui peut sembler plus évident pour une Picride). Au milieu du 18ème siècle, des études approfondies, menées à grands coups de loupes, ont abouti à la conclusion que la Sauvage méritait de quitter le genre des Picrides pour rejoindre un genre à part, celui des Helminthies... Et la voilà devenue Helminthie fausse vipérine (Helminthotheca echioides). Au 19ème siècle, certains chercheurs trouvent la distinction un peu tirée par les poils, et souhaitent réintégrer la Sauvage chez les Picrides. Fin 20ème siècle, les examens génétiques surpassent les loupes dans les laboratoires, et la démarcation entre Picrides et Helminthies trouve de nouveaux défenseurs et de nouveaux arguments. A suivre?



 

Laiteron potager, la Sauvage et le pot au lait
Date 09/06/2016
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Sonchus oleraceus, Laiteron potager, Poitiers bords de Boivre

Laiteron potager, Poitiers bords de Boivre


Sonchus oleraceus (Laiteron potager ou Laitrin en poitevin-saintongeais) appartient à la famille Asteraceae, les plantes aux très nombreuses fleurs réunies en de gros «capitules» (un observateur non averti risque de considérer le capitule comme une fleur unique, mais c'est un trompe l’œil), telles que les Pâquerettes, Marguerites, Pissenlits... C'est d'ailleurs aux grosses fleurs jaunes de ces derniers qu'on risque de penser en croisant le Laiteron: comme chez le Pissenlit, chacune des nombreuses fleurs constituant le capitule est une simple languette (on dit qu'elles sont toutes «ligulées»).


Sonchus oleraceus, Laiteron potager, Poitiers bords de Clain

Laiteron potager: des bractées appliquées parsemées de poils mous (parfois glabres).

Te caille pas le lait mon Patrick, je boirai du Nesquik!

(Camping, Fabien Onteniente)

Si l'on casse les tiges lisses et épaisses de la Sauvage, un suc blanc, laiteux et collant s'en écoule. Il n'en fallait pas moins à l'homme pour offrir à la Sauvage son nom: Laiteron. Les botanistes préféreront peut-être la désigner par son nom latin, Sonchus, qui évoque une autre plante, un Chardon, dans une langue ancienne et oubliée (l'elfique?... Plus probablement une vieille langue méditerranéenne). S'il est vrai que certains Laiterons ressemblent un peu aux chardons, ils n'en ont pas le piquant.


Le latex de Sonchus oleraceus ne semble pas avoir de propriétés unanimement reconnues (des dermites de contact sont possible chez certaines personnes sensibles, prudence). Certains l'auraient utilisé autrefois en application pour traiter les verrues... Une médication sans doute un poil fantaisiste, mais qui a le mérite de soulever une question à laquelle la crème de l’ethnobotanique devra répondre un jour: pourquoi diantre, dès qu'une Sauvage transpire un latex quel qu'il soit, l'homme cherche-t-il à s'en badigeonner les verrues?!


Sonchus oleraceus, Laiteron potager, Poitiers quartier gare

Laiteron potager, Poitiers quartier gare: le lait de la rue.


Sonchus oleraceus est une annuelle des jardins familiaux, des cultures, des vergers et des terrains vagues. Elle affectionne l'humidité, ainsi que les excès d'azote inhérents aux amendements et à la pollution automobile: elle fait partie du top 10 des Sauvages les plus observées dans nos cités selon les données fournies par le programme Sauvages de ma rue.


Sonchus oleraceus, Laiteron potager, Poitiers sous Blossac

Des coulures de lait sur le Laiteron potager? Que nenni, ces lignes sinueuses et blanchâtres sont des galeries creusées par la larve d'une petite mouche dite «mineuse», de la famille des Agromyzidae, qui se régale des feuilles de la Sauvage. Il existe de nombreuses espèces de «mineuses», la plupart étant très spécifiques dans le choix de leur plante hôte.


Au-delà de ses fleurs, aucun risque de confondre le Laiteron avec un pied de Pissenlit: il dépasse largement le mètre de hauteur à maturité. Mais dans la famille, d'autres membres à la stature imposante et aux fleurs jaunes de type «Pissenlit» peuvent égarer l'apprenti botaniste. On remarquera chez Sonchus oleraceus les feuilles supérieures glabres, molles, découpées en lobes aigus (les lobes se chevauchent parfois), qui embrassent la tige par deux oreillettes droites.


Sonchus oleraceus, Laiteron potager, Poitiers bords de ClainSonchus oleraceus, Laiteron potager, Poitiers bords de Boivre

Jeune rosette de Laiteron potager, Poitiers bords de Boivre


Un autre Laiteron commun, à l'allure proche, fréquente les mêmes bords de trottoirs: Sonchus asper ou le Laiteron épineux. Ce dernier se différencie du Laiteron potager par ses feuilles (aux découpes assez variables) robustes et brillantes comme du plastique, presque épineuses sur les bords, qui embrassent la tige via deux oreillettes enroulées sur elles-mêmes.


Sonchus asper, Laiteron épineux, Poitiers bords de Clain

Laiteron épineux: des oreillettes enroulées sur elles-mêmes et des bractées recouvertes de courtes épines molles.


Si le Laiteron est «potager», c'est parce qu'il fut cultivé (ainsi que le Laiteron épineux) par l'homme dès l'antiquité, consommé en salade ou cuit comme les épinards. Plus récemment, les Laiterons furent surtout considérés comme d’excellentes plantes fourragères, de l'«herbe à lapin» (un des ses surnoms) ou un met de premier choix pour le bétail: ses feuilles sont riches en vitamine C, en glucides et en protéines. Le Laiteron serait donc un légume oublié avant que d'être de la mauvaise graine, encore un me direz-vous, qui peut rejoindre les rangs des oubliés des assiettes aux côtés des Pissenlits, de la Grande Ortie ou de la Grande Mauve...


Sonchus oleraceus, Laiteron potager, un légume oublié, Sauvages du Poitou!


Si les Laiterons sont aujourd'hui passés de mode au potager, le sol conserve un véritable stock de graines constitué au fil des siècles; des semences qui ne demande qu'à exploser dès que la terre est retournée par l'homme (labours ou chantiers). Il faut dire que la Sauvage affiche une efficacité industrielle, propre au clan Asteraceae, quand il s'agit de reproduction: un seul pied peut produire plusieurs dizaines de millier de graines à la belle saison (de petits akènes que le vent disperse).


Sonchus oleraceus, Laiteron potager, Poitiers quartier Chilvert

Akène ovale et écrasé, aux soies lisses, du Laiteron potager pris au piège d'une toile d'araignée.


Les Laiterons ont un goût nettement moins amer que celui des Pissenlit (s'ils sont parfois amers, c'est qu'ils ont poussé dans des conditions difficiles). En salade, on préférera les jeunes pousses, et surtout les feuilles souples du Laiteron potager; celles du Laiteron épineux deviennent rapidement coriaces avec l'âge, voir franchement épineuses. Les petits capitules, en bouton ou en fleur, peuvent rejoindre les feuilles dans les salades, pour le plaisir des papilles comme celui des yeux. Quant à vos recettes maisons, elles sont les bienvenues, n'hésitez pas à les partager via le fil des commentaires!


Sonchus arvensis, Laiteron des champs, Poitiers bords de Clain Sonchus arvensis, Laiteron des champs, Poitiers bords de Clain

Il y a les Laiterons des ville, et le Laiteron des champs (Sonchus arvensis)! Ce dernier est une vivace qui affectionne les sols engorgés d'eau. Il se distingue par les nombreux poils glanduleux jaunes qui recouvre ses bractées.


Pour aller plus loin:

- Sonchus oleraceus sur Tela-botanica

- Sonchus oleraceus : identification assistée par ordinateur

- Sonchus asper sur Tela-botanica

- Sonchus asper : identification assistée par ordinateur

- Sonchus arvensis sur Tela-botanica

- Sonchus arvensis : identification assistée par ordinateur

 

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