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Insectes pollinisateurs (2): la Sauvage et le diptère
Date 04/12/2018
Ico Bestioles
Ectophasia crassipennis et Daucus carota, Poitiers bords de Boivre
La Sauvage (Daucus carota) et la mouche (Ectophasia crassipennis)...


Les fleurs, comme on le sait, sont des êtres délicats. Or, dans notre premier article consacré aux insectes pollinisateurs, nous avons survolé un gang de rustres plus proches de la tondeuse à étamines que de la paille à nectar: les coléoptères. Nous avons vu que ceux-ci correspondent au stade le plus primitif des butineurs. Heureusement, l’évolution des espèces a donné vie à des amateurs de fleurs plus courtois, j’ai nommé les diptères, c’est-à-dire les mouches et les moustiques. Suceurs, piqueurs, casse-pieds, ces insectes n’ont pas bonne presse chez l’homme mais ce serait commettre un délit de faciès que de les rejeter d’un bloc car si les mouches et les moustiques nous font râler, les fleurs, de leur côté, les considèrent comme des alliés précieux.


Les diptères sont sur Sauvages du Poitou!


Comparés aux coléoptères, les diptères possèdent de nombreux avantages. D’abord, leur poids plume qui n’abîme pas les fleurs. Leur vol est souvent rapide et sûr, faisant d’eux des butineurs précis qui ne perdent pas de temps à chercher le nectar. D’autre part, leur corps est velu, mieux à même de fixer le pollen (certains coléoptères sont glabres). Enfin, leur appareil buccal les apparente plus à des siroteurs qu’à des vaches, ce qui leur évite de ravager l’intérieur des fleurs. Exit les bouches broyeuses, bonjour l’invention de la trompe, brevet qui sera repris par les papillons! Sur ce point, distinguons deux types de diptères:

  1. Les suceurs: leur langue (appelée labium ou proboscis) est terminée par une sorte de suçoir ou d’éponge (les labelles) capable d’humecter des substances solides. Cette langue est observable par exemple chez la célèbre Mouche domestique.
  2. Les piqueurs/suceurs: c’est le type de trompe que l’on rencontre par exemple chez les moustiques.

Stomorhina lunata et Hedera helix, crédit photo: Olivier Pouvreau

Le labium entièrement déployé de cette mouche (Stomorhina lunata) sur le disque nectarifère d’une fleur de Lierre grimpant lui permet de lever une patte tout en gardant l’équilibre!


Hélas pour l’ensemble de nos Sauvages, les diptères n’ont pas tous les mêmes performances de pollinisation. Certains sont même de piètres butineurs car s’ils savent tirer la langue, celle-ci est un poil courte. De fait, ils ne peuvent utiliser que des fleurs aux nectaires (glandes produisant le nectar) facilement accessibles comme celles de certaines Apiacées. A la belle saison, rapprochez vous des ombelles de la Carotte sauvage (Daucus carota) ou de l'Angélique des bois (Angelica sylvestris) pour observer de nombreuses mouches très affairées. Ou mieux: posez vous derrière un massif de Lierre grimpant en automne, les allées et venues autour de ses fleurs généreuses sont incessantes...


Diptères sur Lierre grimpant, crédit photo: Olivier Pouvreau

En l’automne, le nectar du Lierre grimpant attire une foule de diptères: ici un groupe de moucherons (Apiloscatopse flavicollis et des Chironomidae)...


Tachina sp. et Hedera helix, crédit photo: Olivier Pouvreau

...Là une mouche Tachinaire (Tachina sp., probablement Tachina fera)


Je serai toujours présent autour de toi, un peu comme un moucheron. Mais un moucheron bien membré alors.

(Californication, Tom Kapinos)

Parmi ces mouches, remarquons toutefois certaines un peu mieux outillées. Il s’agit de membres de la famille des Syrphidae. Les syrphes possèdent un labium un peu plus long (5-10 mm) que la moyenne des mouches, ce qui leur permet de sonder des fleurs plus profondes et d’élargir la gamme des Sauvages visitées: on les observe ainsi sur un grand nombre de familles de fleurs (Apiacées, Rosacées, Astéracées…). De plus, comme ils sont essentiellement floricoles (alors que de nombreux diptères sont polyphages), les syrphes sont des pollinisateurs plus assidus que les autres mouches. Autre particularité: ils consomment le nectar mais aussi le pollen, comportement plus rare chez les diptères. Tout le monde connaît les plus petits des syrphes, à l'abdomen fin rayé de noir et jaune, qui savent voler sur place, souvent à hauteur d’homme. Les autre syrphes, plus gros, sont souvent confondus avec les guêpes, les bourdons ou les abeilles qu’ils imitent pour dissuader leurs prédateurs.


Syrphe ceinturé, Episyrphus balteatus, crédit photo: Olivier Pouvreau

Le Syrphe ceinturé (Episyrphus balteatus) n’a rien à envier à la Patrouille de France : c'est un adepte du vol stationnaire et des pirouettes aériennes!


Eristalis tenax et Senecio inaequidens, crédit photo: Olivier Pouvreau

Parmi les syrphes, les éristales se font passer pour des abeilles… Ici: l’Éristale gluante, Eristalis tenax, sur une fleur de Séneçon du Cap.


Eristales sur Angléique sylvestre, crédit photo: Olivier Pouvreau

Les éristales se ruent vers ce bar à sirops qu’est l’Angélique sylvestre (Angelica sylvestris)!


Enfin, c’est parmi les prédateurs et les parasites - ceux dotés d’une langue bien développée - qu’on trouve les diptères les plus aptes au butinage: ils sont capables de trouver le nectar jusqu’au fond des fleurs à corolle étroite. Il en va ainsi de nos célèbres moustiques dont les mâles (qui ne nous piquent jamais) et les femelles (qui nous piquent à l’occasion) peuvent utiliser leur trompe pour aspirer le nectar au plus profond des fleurs. Toutefois, attention: ce n’est pas parce que l’outil de travail des moustiques est performant qu’ils comptent parmi les plus gros pollinisateurs, loin de là!


Parmi ces champions de l’aspiration en profondeur, la palme d’or revient aux bombyles, ces étranges mouches (et parasites d’autres insectes) à langue effilée (10-12 mm), ultra-réactives et capables de butiner en vol stationnaire comme les colibris! Contrairement à l’ensemble des diptères convoitant des nectars moyennement riches en sucres, syrphes et bombyles ont besoin de beaucoup d’énergie pour effectuer leurs vols virtuoses, ce qui en fait de grands amateurs de nectars concentrés.


Bombylius major et Muscari neglectum, crédit photo: Olivier Pouvreau

Un colibri en peluche (idéal pour ramasser le pollen) avec une épée en guise de bec? Non, un Grand Bombyle (Bombylius major) butinant un Muscari à grappe (Muscari neglectum).


Comment les fleurs font-elles pour attirer mouches et moustiques? Là encore, il faut distinguer deux écoles: celle du bonbon et celle de la crotte.


Myophilie et sapromyophilie, Sauvages du Poitou!


La première, la myophilie, est la plus répandue: c’est la relation entre diptères et fleurs parfumées. Ces dernières offrent souvent un nectar facile d’accès, sont bien ouvertes, plates, et exhalent des odeurs douces mais non sucrées. Elles sont de couleur blanche, jaune, verdâtre ou violette.

Un milliard de mouches ne peuvent pas se tromper: il faut manger de la merde.

(Road house, Rowdy Herrington)

L’autre école nous est ignoble, il s’agit de la sapromyophilie. Dans ce cas, l’attirance des diptères va aux fleurs qui offriront des odeurs similaires à leurs lieux de ponte, à savoir celles de la chair en décomposition, des excréments ou des champignons... Ces fleurs trompent les insectes (les piègent même parfois) car elles n'ont aucun nectar à offrir à leurs visiteurs. Il faut comprendre que de nombreux diptères (à l’exception de certains, strictement floricoles, telle la grande majorité des syrphes) apprécient autant le nectar que le sang (hématophagie, tels les  moustiques) ou que les excréments (coprohpagie, telles de nombreuses mouches). Pour en savoir davantage sur ces amateurs de pestilence, (re)lisez notre article consacré au Gouet d'Italie (Arum italicum), une Sauvage qui kidnappe de petites mouches de la famille des Psychodides pour assurer sa pollinisation.


Le Gouet d'italie ou l'art de kidnapper les mouche, Sauvages du Poitou
Le Gouet d'italie ou l'art de kidnapper les mouche, une histoire à suivre sur Sauvages du Poitou!


Par leur travail de pollinisation, l'apport qu'offrent les diptères à l'humanité et à la nature n’est pas mince. Certaines petites fleurs pauvres en nectar, boudées par les autres insectes, ne pourraient pas se reproduire sans l’aide de diptères minuscules. Par ailleurs, les diptères favorisent généreusement quelques pollinisations croisées comme celles des arbres fruitiers ou du colza (où les syrphes jouent un rôle important). Enfin, les diptères occupent une très large variété de milieux et de conditions climatiques défavorables à d’autres insectes pollinisateurs (altitude, froid...), ce qui leur permet d’atteindre des fleurs qui seraient bien seules sans eux. Alors à l’avenir, lorsque vous verrez une mouche sur la tarte ou un moustique près du lit… Faites comme vous voulez!


(article par Olivier Pouvreau)


Les autres articles de Sauvages du Poitou consacrés aux insectes pollinisateurs:

- Insectes pollinisateurs (1): la Sauvage et le coléoptère

- Insectes pollinisateurs (3): la Sauvage et le papillon

- Insectes pollinisateurs (4): la Sauvage et l'abeille, première partie

- Insectes pollinisateurs (5): la Sauvage et l'abeille, seconde partie


Les articles consacrés aux fleurs (botanique) sur Sauvages du Poitou:

- Vocabulaire de la botanique: fleurs régulières

- Vocabulaire de la botanique: fleurs irrégulières

- Vocabulaire de la botanique: inflorescences et capitules


Pour aller plus loin:

- Le Syrphe à ceinture (Episyrphus balteatus) sur le site Quel est cet animal?

- L’Éristale gluante (Eristalis tenax) sur le site Quel est cet animal?

- Le Grand Bombyle (Bombylius major) sur le site Quel est cet animal?

 

Hellébore fétide, le psychiatre
Date 04/03/2016
Ico Haies & forêts

Helleborus foetidus, Hellébore fétide, Vouneuil-sous-Biard (86)

Hellébore fétide, Vouneuil-sous-Biard (86)


Helleborus foetidus (Hellébore fétide, Pied-de-griffon ou Herbe-à-pointes en poitevin saintongeais) appartient au vaste clan Ranunculaceae, dont les membres sont souvent réputés pour leur toxicité. Le Sauvageon fait honore au clan jusque dans son nom, puisque Helleborus vient du grec helein, «faire périr» et bora, «pâture» ou «nourriture»: il est potentiellement mortel pour l'homme. D'un autre côté, le «fétide» ne risque guère de tromper les gourmands, ses feuilles froissées dégageant une odeur peu amène.


Helleborus foetidus, Hellébore fétide, Vouneuil-sous-Biard (86)

Hellébore fétide, Poitiers quartier Bellejouanne


Helleborus foetidus est une vivace qui s'affiche en hiver, dans les forêts clairsemées, les lisières forestières, les haies... Bref, les sols riches en matière organique, plutôt secs, où percent un minimum de lumière. Au cœur des paysages dégarnis de la basse saison, le Sauvageon attire inévitablement les regards; il faut dire que son allure excentrique et ses fleurs pendues comme des clochettes détonnent (ses fleurs en cloches sont un moyen de prémunir ses organes sexuels des dégâts que pourraient causer les chutes de neige).

L'hiver s'installe doucement dans la nuit,

La neige est reine à son tour.

Un royaume de solitude,

Ma place est là pour toujours...

(La Reine des neiges, Disney)

Helleborus foetidus, Hellébore fétide, Poitiers Bellejouanne

Feuille composée pédalée et dentée de l'Hellébore fétide, Poitiers quartier Bellejouanne


Les fleurs d'Helleborus foetidus, observées à la loupe, affichent un ensemble peu conforme: la partie extérieure de la «clochette» est constituée en réalité de cinq sépales (bordés de rouge), c'est à dire de cinq petites feuilles particulières jouant un rôle de protection. Le reste de la fleur se trouve à l'intérieur, bien à l’abri.

La fleur présente cinq courts pétales en forme de «cornet», qui renferment tous un précieux nectar, ainsi qu’une levure qui en fermentant assure une température supérieure de six degrés dans la clochette par rapport à l’extérieur. Chez les Sauvages, les pétales servent généralement à attirer les butineurs, de par leurs formes et leurs couleurs (lorsque les fleurs sont vertes pour l'homme, elles paraissent jaunes pour une abeille). Les pétales d'Helleborus foetidus ne sont guère visibles vus du ciel; ils remplissent tout de même leur rôle d’appât, offrant le chauffage et se comportant comme de véritables cornes d'abondance!
Ah? Parce que vous comptez organiser un grand festin ici?
(Le grand chef, Henri Verneuil)

Helleborus foetidus, Hellébore fétide, Poitiers Bellejouanne
Les incroyables pétales de l'Hellébore fétide

Si les fleurs vertes d'Helleborus foetidus étonnent plus qu'elles ne séduisent, celles-ci s'avèrent très mellifères. Leur présence hors saison est importante pour nombre d'insectes, le Sauvageon étant visité en premier lieu par des diptères (mouches, moucherons, syrphes, moustiques, taons...). Helleborus foetidus ne fleurit qu'à partir de sa seconde année (le plus souvent lors de sa cinquième année). Il ne refleurit ensuite qu'une seule année supplémentaire... Avant de se faner définitivement.

Helleborus foetidus, Hellébore fétide, Poitiers Chilvert

Hellébore fétide: pas besoin de moon boots!


Les fruits qui pointent au cœur des sépales sont équipés d'une excroissance (élaïosome) dont raffolent les fourmis. Ces dernières emportent les graines jusque dans leur fourmilière (ou abandonnent leur fardeau en cours de route) pour en extraire la manne; le Sauvageon profite du voyage pour propager ses rejetons sur le territoire.


Helleborus foetidus, Hellébore fétide, Poitiers bords de Boivre

Fruits (follicules) de l'Hellébore fétide, Poitiers bords de Boivre


En un temps où l'homme n'était guère à un empoisonnement près, Helleborus foetidus aurait été utilisé pour traiter les cas de démence (ainsi que dans certains rituels d'exorcisme)... Peut-être que certains d'entre vous se souviennent avoir récité un jour ces quelques vers:

Rien ne sert de courir; il faut partir à point:

Le lièvre et la tortue en sont un témoignage.

«Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez point

Sitôt que moi ce but. - Sitôt? Êtes-vous sage?

Repartit l'animal léger:

Ma commère, il vous faut purger

Avec quatre grains d'ellébore.

- Sage ou non, je parie encore.»

(Le Lièvre et la tortue, Jean de La Fontaine)

Le Lièvre utilise sans doute une expression en vogue à l'époque, «il vous faut purger avec quatre grains d'ellébore», invitant la tortue à soigner ses folles ambitions via une thérapie végétale lourde (avec quatre grains — ou quatre mesures — d'une telle potion, la tortue risque surtout de reposer d'un sommeil raisonnable et définitif!).

Helleborus foetidus, Sauvages du Poitou!

Même le génial Peyo y va de sa référence dans Les Schtroumpfs noirs, où le Grand Schtroumpf tente de guérir, à l'aide de la Sauvage, un mal mystérieux et contagieux qui rend fou les habitants de son village!


Le grand schtroumpf et l'hellebore! (Peyo, D.R.)

Les Schtroumpfs noirs (Peyo, 1963)


A vrai dire, il est difficile de savoir à quoi faisait référence nos ancêtres (et le Grand Schtroumpf) lorsqu'ils parlaient d'«Ellebore»: Helleborus foetidus (Hellébore fétide), Helleborus viridis (Hellébore vert), Helleborus niger (Hellébore noir, la célèbre Rose de Noël) ou même Veratrum album (Varaire, parfois surnommé Hellébore blanc)? Et quelle que soit la plante qu'ils récoltaient, il est encore plus difficile de comprendre en quoi la médication pouvait soulager la folie. Le voyageur et botaniste français Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) proposait une hypothèse malicieuse: les documents les plus anciens racontent que c'est autour de la ville d'Anticyre que les grecs récoltaient l’Hellébore pour soigner les mélancoliques (on dit aussi qu'un habitant de cette cité soigna Hercule de la démence grâce à la plante). Pour Tournefort, la guérison ne venait peut être pas du végétal: la beauté enchanteresse d'Anticyre et la magnificence du paysage alentour suffisaient sans doute à influencer positivement les esprits qui s'y promenaient!

Si vous avez de la peine, si la vie est méchante avec vous, réfugiez-vous au cœur de la forêt, elle ne vous décevra jamais.

(Sissi, Ernst Marischka)

Si son usage médical périlleux est vite tombé aux oubliettes, Helleborus foetidus a longtemps conservé une aura de magie. Avec sa dégaine abracadabrante, le Sauvageon a alimenté nombre de superstitions croustillantes: on le pendait dans les porcheries, les étables ou les bergeries pour éloigner les maladies, les serpents, les rats ou les crapauds (accusés de téter les chèvres!); on disait de la poudre confectionnée à partir de ses racines qu'elle pouvait rendre invisible le sorcier qui la piétinait... Mais gare aux apprentis mages: c'est dans les racines que se concentre la plus grande dangerosité (70g de racine sèche suffisent à tuer un bœuf... Et je vous laisse consulter les commentaires sous cet article quant aux risques de contact avec sa sève).


Helleborus foetidus, Hellébore fétide, Poitiers bords de Boivre

Hellébore fétide, un forestier qui apprécie la lumière.



Pour aller plus loin:

- Norb de Sauvages du Poitou raconte l'Hellébore fétide au micro de France Bleu Poitou

- Helleborus foetidus sur Tela-botanica

 

Ficaire, la petite baigneuse
Date 29/03/2015
Ico Zone humide

Ranunculus ficaria, Ficaire, Poitiers bords de Clain

Ficaire, Poitiers bords de Clain


Ranunculus ficaria (ou Ficaria verna, Ficaire) appartient à la vaste famille des Ranunculaceae, dont les membres bigarrés ont pour point commun leur toxicité (Ranuculus ficaria n'étant pas la plus virulente du gang, étant même comestible sous forme de jeune pousse).


Elle colonise les bords de rivières, les sous bois et les fossés gorgés d'eau; elle indique souvent un sol riche mais mal drainé en dehors de ces contextes.


Ranunculus ficaria, Ficaire, Poitiers bords de Boivre

Feuilles charnues de la Ficaire en hiver: entières, réniformes ou cordées.


La Ficaire n'est visible qu'en hiver et au printemps, se cachant sous terre le reste de l'année sous forme de racines tubérisées (c'est une vivace). Elle manque donc la grande fête estivale du monde végétal.

- Vous êtes en retard!
- Un magicien n’est jamais en retard, ni en avance d’ailleurs. Il arrive précisément à l’heure prévue.

(Le seigneur des anneaux I, J.R.R. Tolkien)

Ranunculus ficaria, Ficaire, Poitiers bords de Boivre

Fleur de la Ficaire: 6 à 12 pétales, 20 à 40 étamines libres entourent de nombreuses carpelles au centre.


Ses surnoms sont légions à travers le pays: Billonée, Clair-bassin, Ganille, Jaunereau, Petit bassinet, Éclairette, Pot au beurre, Épinard des bûcherons (ce qui nous laisse à penser qu'elle fut consommée jadis), Herbe aux hémorroïdes (car elle a la réputation de pouvoir les soigner), Grenouillette (sans doute à cause de son attirance pour l'eau, le nom de famille Ranunculus trouverait d'ailleurs ses origines dans le mot latin Rena, «grenouille».)...

- Pour rendre une chose magique, vois-tu, il faut découvrir son vrai nom. Dans mon pays, nous gardons caché notre vrai nom, toute la vie durant, de tous, sauf ceux en qui nous avons entière confiance; car un nom recèle un grand pouvoir...

(Terremer, Ursula Le Guin)

Sans doute est-ce là la rançon de son succès; la Ficaire choisit de briller à l'heure où la nature manque encore de couleurs. Lors des promenades au sortir de l'hiver, on ne croise guère que ses boutons dorés et ses feuilles en cœur (simples, entières, à base engainante).

Ranunculus ficaria, Sauvages du Poitou


Ranunculus ficaria, Ficaire, Roches-Prémarie-Andillé (86)

Au sortir de l'hiver, première fleur (Ficaire) et premier butineur (Éristale).


Ce sont les fourmis qui disséminent ses petits fruits (akènes), mais la floraison précoce de la Ficaire ne lui permet pas de trop miser sur la reproduction sexuée; les insectes pollinisateurs sont encore peu nombreux en début de printemps. Elle s'appuie d'avantage sur ses tubercules en forme de figues pour assurer son clonage; ce qui peut la laisser paraître envahissante, pourvu qu'elle déniche un coin de terre frais et humide.


Ranunculus ficaria, Ficaire, Poitiers bords de Boivre

Ficaire, Poitiers bords de Boivre


Pour aller plus loin:

- Identification assistée par ordinateur

- Ranunculus ficaria sur Tela-botanica

- Petite Éclaire, la messagère du printemps sur le site de Zoom Nature


(Meloe violaceus, Méloé violet, Saint Benoît (86)

Le Méloé violet (Meloe violaceus), un gros coléoptère, « brouteur » de feuilles de Ficaire, son menu de printemps préféré!

 


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