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Prairies
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Muscari à toupet: mi punk, mi oignon
Date 12/05/2017
Ico Prairies

Muscari comosum, Muscari à toupet, Biard Petit Mazay (86)

Muscari à toupet, Biard Petit Mazay (86)


Muscari comosum (Muscari à toupet) appartient à la famille Asparagaceae (ex Liliaceae) dans les classifications récentes, le clan des Asperges, mais aussi de la Dame d'Onze heures, du Muguet de mai ou du Fragon déjà chroniqués dans les pages de Sauvages du Poitou. Les Muscaris doivent leur nom au Muscari musqué (Muscari macrocarpum), une Sauvage moitié turque, moitié crétoise, dont les fleurs jaunes et pourpres dégagent une odeur de «musc». Mais malgré son patronyme, notre Muscari à toupet ne dégage aucun parfum.


Muscari comosum, Muscari à toupet, Biard aéroport (86)

L'incroyable danse des Muscaris à toupet, Biard aéroport (86)


Muscari comosum trouve également ses origines autour du bassin méditerranéen (Turquie, Iran...). La Sauvage en garde un goût prononcé pour la lumière, les sols riches, sablonneux et bien drainés. En France, c'est une locataire des plateaux calcaires et des bords de routes baignés de soleil où elle plante ses bulbes (elle est vivace).


Muscari comosum, Muscari à toupet, Biard Petit Mazay (86)

Épis de fleurs du Muscari à toupet, entre authenticité et contrefaçon végétale...


Entre fin du printemps et début de l'été, l'inflorescence à nulle autre pareille du Muscari à toupet mélange fausses fleurs violettes hérissées (stériles) à son sommet et fleurs fertiles, aux couleurs plus ternes, disposées en grappes lâches en dessous.


Comosum est la «chevelure» en latin: si la Sauvage se coiffe avec un pétard, c'est sans doute pour augmenter ses chances d'attirer les butineurs qui trouveront finalement le précieux nectar dans ses fleurs fertiles, plus discrètes.


Muscari à toupet, la punk attitude! Sauvages du Poitou


Le Muscari à toupet est une monocotylédone qui présente de longues feuilles linéaires, repliées en gouttière. Avant floraison, ses feuilles s'étalent mollement sur le sol, formant un méli-mélo de boucles serpentiformes, ce qui lui vaut le surnom d'Ail-à-la-Serpent en poitevin-saintongeais.


Muscari comosum, Muscari à toupet, Biard Petit Mazay (86)

Feuilles linéaires repliées en gouttière du Muscari à Toupet


À l'image de certaines Liliacées (sa famille dans la classification classique) comme l'oignon, l'ail ou l’échalote, les bulbes du Muscari à toupet sont comestibles après cuisson. Ébouillantés dans de l’eau vinaigrée, ces petits «oignons sauvages» sont salés, poivrés et mis en bocal dans de l'huile d'olive. Ainsi, les «lampascioni» (littéralement les «petites torches») sont des condiments incontournables de la cuisine italienne (région des Pouilles) où ils accompagnent les viandes. Malheureusement, les colonies de Muscaris à toupet que j'observe en Poitou sont peu denses. Tenter une récolte leur serait préjudiciable, mieux vaut se rabattre sur une épicerie italienne qui nous fournira des bulbes issus des cultures!

- Je parie que tu es super jolie les cheveux détachés.

- Mais ils sont détachés...

(Jackpot, Tom Vaughan)

On peut croiser dans les mêmes milieux un autre Muscari, un poil plus précoce dans la saison, aux feuilles filiformes et à la floraison nettement moins spectaculaire: le Muscari à grappes (Muscari neglectum; attention, il existe d'autres espèces proches, c'est un genre assez subtil).


Muscari neglectum, Muscari à grappes, Biard (86)

Le discret Muscari à grappes (Biard, 86)


Ici, pas de punk attitude, juste une petite grappe de fleurs violettes dégageant une légère odeur de prune... Très loin de l'extravagance d'un Muscari comosum 'plumosum', un cultivar monstrueux du Muscari à toupet issu de l'horticulture, dont l'inflorescence explosive (entièrement stérile) ferait passer les membres du groupe The Cramps pour un boys band d'opérette!


Muscari comosum, Muscari à toupet, Biard Petit Mazay (86)

Fruits (capsules) du Muscari à toupet en juin, Biard Petit Mazay (86)


Pour aller plus loin:

- Muscari comosum: identification assistée par ordinateur

- Muscari comosum sur Tela-botanica

- Muscari neglectum: identification assistée par ordinateur

- Muscari neglectum sur Tela-botanica

- Lampascioni, des bulbes mangés dans les Pouilles


Muscari comosum, Muscari à toupet, Biard Petit Mazay (86)

Mélitée du Plantain (Melitaea cinxia) sur Muscari à toupet: on frôle la crise d'épilepsie devant tant de couleurs!

 

Valériane officinale: l'Herbe aux chats-rats-vers
Date 13/02/2017
Ico Zone humide

Valériane officinale, Valeriana officinalis, Poitiers bords de Clain

Valériane officinale, Poitiers bords de Clain


Valeriana officinalis (Valériane officinale ou Ervant en poitevin-saintongeais) appartient à la famille Caprifoliaceae, parmi laquelle on trouve la Centranthe rouge ou la Cardère sauvage déjà rencontrées dans nos pages. La Sauvage doit son nom au latin valere, «bien se porter», non pas tant pour sa vigueur que pour son statut de légende parmi les plantes médicinales: jadis, Valeriana officinalis fut même surnommée Herbe-guérit-tout!

- Ce doit être absolument incurable et mortel!
- Mais non, mais non...
- Ah? Il y a un espoir de guérison? Ne me trompez pas docteur je veux savoir la vérité!
(Knock, Guy Lefranc)

Tout à tour philtre d'amour, aphrodisiaque, remède contre l'épilepsie, l'hystérie, la danse de Saint-Guy, l'asthme... L'utilisation médicale de Valeriana officinalis se précise et se recentre au fil des siècles autour de son action calmante et sédative (ce sont ses parties souterraines qui sont utilisées, généralement en tisane ou en lotion relaxante). Aujourd'hui, l'efficacité de Valeriana officinalis est contestée par les scientifiques, les essais cliniques à son sujet aboutissant à des résultats irréguliers et contradictoires. Son usage reste néanmoins répandu et apprécié: il n'est pas rare de retrouver la Sauvage dans les cocktails phytos des sachets de tisane «Bonne nuit»! La Valériane officinale est largement cultivée à des fins commerciales, la plus grosse partie de la production française se situant en Anjou.


Valériane officinale, Poitiers bords de Clain

Fleurs rosées de la Valériane officinale: une corolle en tube, 3 étamines autour d'un pistil surmonté de 3 stigmates.


Mais revenons à nos spécimens sauvages: Valeriana officinalis est une vivace qui fréquente les sols riches engorgés d'eau des prairies et des clairières alluviales. Elle dresse en été ses corymbes amples de fleurs rosées, au bout de longues tiges (plus de 1m de hauteur) creuses et cannelées.


Valériane officinale, Poitiers bords de Clain

Feuilles opposées et pennatiséquées de la Valériane officinale (la tige est creuse et cannelée).


Valeriana officinalis présente des aspects variables selon les régions, les milieux ou selon ses stades de développement. Elle peut être grêle en terrain sec ou robuste sur sol humide; généralement glabrescente, elle peut aussi se montrer très poilue... À tel point que de nombreuses sous espèces sont aujourd'hui recensées, voir de nouvelles espèces, ce qui cause parfois aux botanistes quelques nuits blanches, sapant un peu plus la réputation de somnifère de la Sauvage! Malgré leurs différences, tous ces spécimens conservent les qualités alimentaires (elles sont comestibles), médicinales et bio-indicatrices précitées.


Les fruits de Valeriana officinalis sont de petits akènes que le vent disperse (anémochorie), aux «plumes» finement découpées.


Valériane officinale, Poitiers bords de Clain

Akènes de la Valériane officinale en été.


Nous avions déjà évoqué l'effet attractif et euphorisant que produisent les effluves des racines des Valérianes chez les chats (voir Centranthus ruber, la Valériane rouge); c'est aussi le cas pour Valeriana officinalis, surnommée à l'occasion Herbe aux chats. Certains jardins botaniques cultivent leurs pieds de Valériane sous un grillage pour éviter que les félins accrocs ne les déterrent!


Les rats se passionneraient aussi pour la Sauvage. Vous connaissez l'histoire du joueur de flûte de Hamelin: le musicien libéra sa ville d'une invasion de rats en entrainant les rongeurs jusque dans une rivière, où ils se noyèrent. Selon la légende, le musicien tirait ses pouvoirs de sa flûte. Dans d'autres versions, on raconte que le musicien cachait dans ses poches quelques plantes pour appâter les rongeurs: Valériane?


Valeriana officinalis et le Joueur de flûte de Hamelin, Sauvages du Poitou!


Enfin, certains jardiniers pulvérisent des purins ou des infusions de Valeriana officinalis (diluées au 1/20) sur leurs planches ou sur leur compost pour encourager la présence de vers de terre. Si quelqu'un est à même de m'expliquer le pourquoi du comment en commentaire, j'en serais ravi. L'occasion de rappeler le rôle essentiel de ces ouvriers invisibles: les vers de terre recyclent, compostent, retournent, aèrent et fertilisent le sol. Les «turricules», leurs déjections, sont très riches en azote, en phosphore, en potassium, en calcaire, en magnésium. Quoi qu'il en soit, les préparations à base de Valeriana officinalis sont elles aussi riches en phosphore et donc intéressantes pour la croissance et la floraison de certaines plantes au jardin.


Turricule en hiver: le ver Noël est passé au jardin, ho ho ho!


Pour aller plus loin:

- Valeriana officinalis sur Tela-botanica

- Valériana officinalis: identification assistée par ordinateur

- La Valériane à travers l'histoire sur le blog Books of Dante

- Données pharmacologiques sur l’utilisation de la Valériane dans les troubles du sommeil de El Ouazani Mehdi


Valériane officinale, Poitiers bords de Clain

Valériane officinale, Poitiers bords de Clain

 

Lunaire annuelle: décrochez la Lune
Date 10/12/2016
Ico Villes, chemins & terrains vagues

Lunaria annua, Lunaire annuelle, Poitiers

Lunaire annuelle ou Monnaie-du-Pape, Poitiers


Lunaria annua (Lunaire annuelle ou Clefs-de-montre en poitevin saintongeais) appartient à la grande famille Brassicaceae (ex Crucifères, pour leurs fleurs en croix), aux côtés des célèbres choux, colzas, radis, navets, roquettes ou moutardes... La Sauvage doit son nom à ses fruits circulaires (un botaniste dirait «orbiculaires»), ronds comme la lune. Lorsqu'ils s'ouvrent en automne, subsiste la cloison centrale seule, quasi translucide. Outre manche, on nomme la Sauvage Honesty («honnêteté»), pour ses sachets de graines transparents qui ne mentent pas quant à leur contenu!


Quand le sage montre la lune... Sauvages du Poitou!


Lunaria annua, Lunaire annuelle, Poitiers gare

Siliques de la Lunaire annuelle: on parle plutôt de silicules lorsque ceux-ci sont aussi large que haut, ce qui est la cas ici.

Tous les trésors ne sont pas d'argent et d'or...

(Pirates des Caraibes - la malédiction du Black Pearl, Gore Verbinski)

Mais peut-être vous a-t-on présenté la Sauvage sous un autre nom: si elle est la Lunaire annuelle pour les poètes et les loups garous, elle est plus connue auprès des banquiers et des curés comme étant la Monnaie-du-Pape! Peut-être pour plaisanter sur le côté factice de ce trésor, à l'image des pièces frappées par l’État pontifical qui avaient peu de valeur en dehors de leur juridiction... D'autres auraient dit Chinese coins («pièce de monnaie chinoise», c'est à dire pas grand chose), un des noms de la Sauvage aux États-Unis. L'expression des richesses de Dame Nature étant généralement regardée d'un œil suspicieux — quand bien même celles ci prennent l'apparence d'argent sonnant et trébuchant — Lunaria annua est également surnommée Médaille de Judas: une référence aux pièces d'argent que Judas reçu pour trahir Jésus. Mauvaise herbe, mauvaise monnaie?


Lunaria annua, Lunaire annuelle, Poitiers bords de Boivre

Lunaire annuelle, Poitiers bords de Boivre


Mais revenons à notre latin: Lunaria annua, comme son nom ne l'indique pas, est une bisanuelle (c'est pourquoi certains préfèrent la nommer Lunaria biennis). Elle produit de larges feuilles la première année (un peu à l'image de l'Alliaire officinale, une autre brassicacée), puis dresse ses tiges fleuries (jusqu'à 1 mètre de hauteur) au printemps la deuxième année.


Lunaria annua, Lunaire annuelle, Poitiers bords de Boivre

Feuilles de la Lunaire annuelle la première année: longuement pétiolées, ovales, cordiformes, inégalement (plus ou moins) et grossièrement dentées.


Lunaria annua apprécie les sols riches et bien drainés. Si la Sauvage est originaire du bassin méditerranéen, elle s'est naturalisé de partout sur la planète en climat tempéré (son expansion doit beaucoup à son importation dans les jardins d'ornement). Notons toutefois que Lunaria annua n'est pas une espèce problématique ou envahissante, malgré ses semis spontanés efficaces qui assurent la pérennité de ses colonies d'une année à l'autre.


Lunaria rediviva, Lunaire vivace, Salilhès (15)

Lunaire vivace (Lunaria rediviva), l'autre sélénite!


Il existe une autre Lunaire vivace, Lunaria rediviva aux feuilles finement dentées, toujours pétiolées (les feuilles supérieures de Lunaria annua sont sessiles), aux fleurs odorantes et aux fruits lancéolés. Mais la répartition de Lunaria rediviva reste très limitée: on peut la dénicher, avec beaucoup de chance, à l'ombre des forêts pyrénéennes, alpines, du Massif central ou de l'extrême est de la France (elle est placée sous un statut de protection dans bon nombre de régions françaises, et n'a jamais été recensée à l'état sauvage en Poitou).


Lunaria annua, Lunaire annuelle, Poitiers bords de Boivre

Fleurs pourpres et inodores de la Lunaire annuelle: 4 grands pétales en croix et 4 sépales dressés.

Moi je veux des clairs de lune, des fleurs, des douceurs et des mecs qui me serrent dans leurs bras!

(Grey’s Anatomy, Shonda Rhimes)

Lunaria annua intéresse les papillons, et plus particulièrement certains Piéridés qui ont pour habitude d'abandonner leur progéniture aux bons soins des Brassicacées. Ainsi, il n'est pas rare de voir l'Aurore (Anthocharis cardamines) marcher sur la Lune; un papillon de jour dont on a déjà conté quelques amours, us et coutumes dans les articles consacrés à la Cardamine des prés (Cardamine pratensis) et à l'Alliaire officinale (Alliaria petiolata).


Liriomyza brassicae sur Lunaria annua, Poitiers quartier Chilvert

Une cartographie de la Lune dessinée à même la Lunaire annuelle par une «Mineuse», la larve d'une petite mouche (peut-être Liriomyza brassicae qui se régale des feuilles de certaines Brassicacées).


Lunaria annua est comestible, bien que très amère, riche en vitamine C. Mais la Sauvage doit surtout sa réputation à sa beauté plastique: ses cultivars monstrueux (dans le sens botanique, je n'ai rien contre eux) aux fleurs blanches ou aux feuilles veinées de blanc sont aujourd'hui «monnaie courante» dans les parcs et les jardins. Ses fruits circulaires, lorsqu'ils ne sont pas picorés par les oiseaux, sont récoltés pour dresser de jolis bouquet secs, évoquant une guirlande de lunes aux uns ou une bourse bien remplie aux autres!


Quand le sage montre la lune... Sauvages du Poitou!


Pour aller plus loin:

- Lunaria annua sur Tela-botanica


Lunaria annua, Lunaire annuelle, Poitiers bords de Boivre

Monnaie-du-Pape: je suis riche!

 

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