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Les Sauvages envahissent la radio!
Date 11/10/2016
Ico Rencontres et billets d'humeur

Norb au micro de Radio Gâtine à Parthenay (photo Olivier Degorce)

Norb au micro de Radio Gâtine a Parthenay


Sauvages du Poitou se décline aussi en une série de chroniques radiophoniques diffusée sur les radios de la Vienne et des Deux-Sèvres. En 2015, Radio Écho des Choucas (103.7 FM à Chauvigny) et Radio D4B (101.4 FM à Niort et 90.4 FM à Melle) plantent les premières graines sonores en invitant les Sauvages sur leur antenne.

Coupez! Bon, OK, elle est bonne! C'est formidable Billy! Aller, préparez moi le décor suivant!

(Le jeu de la mort, Bruce Lee)

En 2016, la chronique s'enracine sur les ondes de Radio Gâtine (88.6 FM à Parthenay) et Radio D4B, au cœur du magazine mensuel Les Fans de Radis animé par Olivier Degorce et Amandine Geers depuis plus de 10 ans... Et ça tombe bien, puisqu'à Sauvages du Poitou aussi on est fan de radis, mais surtout fan de radio et de cette émission libre et militante, consacrée à la nature et au meilleur de la musique, loin des sentiers battus. Toutes les chroniques sont mises à disposition sur la page Soundcloud de Sauvages du Poitou au fur et à mesure de leur diffusion.


Sauvages du Poitou au micro de Médéric Bouillon de France Bleu Poitou!

Sauvages du Poitou en plein air, au micro de Médéric Bouillon de France Bleu Poitou!


En 2017, Norb intervient chaque mercredi sur France Bleu Poitou, (87.6 FM à Poitiers, 103.3 FM à Châtellerault, 101.0 FM à Niort et 106.4 FM à Parthenay), pour parler de la nature ordinaire, mais pas moins extraordinaire, de nos villes et de nos villages! Toutes les chroniques peuvent être réécoutées sur le site de France Bleu Poitou: Hellébore fétide, Fragon, Lierre grimpant, Asplenium, Mercuriale annuelle, Lamier pourpre, Séneçon commun, Pâquerette, Alliaire, Myosotis, Herbe-à-Robert, «Boutons d'or», Cabaret des oiseaux, Grande Ortie, Laitue scariole, Gaillet gratteron, Arum d'Italie, Clématite vigne-blanche, Orchis bouc... Bonne écoute!


 

Familles de la flore française (Game of thrones et botanique, épisode 2)
Date 06/10/2016
Ico Initiation à la botanique joyeuse!



Cet article fait suite à notre premier épisode consacré aux grandes familles en botanique, où nous avions croisé les prestigieuses lignées Asterceae, Poaceae, Fabaceae, Rosaceae et Brassicaceae. Le feuilleton continue, avec six nouvelles familles incontournables...


House Apiaceae, Sauvages du Poitou!

Taratata, c’est le poison qu’y a fait le coup je vous dis, maintint l’aubergiste. Même qu’il a viré noir comme un pruneau, le môme.

(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)

Les Apiacées (ou Ombellifères, environ 180 espèces en France) forment une famille très homogène. Elles présentent souvent des tiges striées ou cannelées, des feuilles alternes, très divisées, aromatiques (ou à odeur marquée) et des gaines bien développées. Elles sont célèbres pour leurs inflorescences en ombelles qui rassemblent des petites fleurs à cinq pétales, majoritairement blanches. Leurs fruits (ovaire infère) sont formés de deux akènes (diakènes) qui se séparent à maturité.


Les ombelles d'ombellules (plusieurs petites ombelles réunies en une grosse ombelle) du  Cerfeuil des bois (Anthriscus sylvestris)


On y retrouve des espèces généreuses domestiquées par l'homme comme la Carotte (Daucus carotta), le Céleri (Apium graveolens), le Panais (Pastinaca sativa), le Persil (Petroselinum crispum) ou la divine Angélique officinale (Angelica archangelica)... Mais aussi de redoutables spécimens comme la titanesque et brûlante Berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) ou la Grande Ciguë (Conium maculatum), une célèbre empoisonneuse. Une famille qui met à mal les adeptes de la cueillette sauvage, tant leur membres se ressemblent faute d'attention, et tant on ne sait jamais si l'on à affaire à un ange... Ou à un démon!


Angelica sylvestris, Angélique sylvestre, Poitiers bords de Boivre

Feuilles nettement «engainantes» de l'Angélique sylvestre, une signature de famille.


House Caryophillaceae, Sauvages du Poitou!


Les Caryophyllacées (environ 225 espèces en France) se distinguent généralement par leurs feuilles simples, entières, étroites, opposées, insérées sur des nœuds renflés le long de tiges cassantes; à tel point que plusieurs membres de cette famille étaient considérés autrefois comme des remèdes aux fractures, d’après la rocambolesque théorie des signatures. Leurs inflorescences sont souvent disposées en cymes bipares (deux rameaux opposés naissent en dessous des fleurs terminales), leur conférant une silhouette caractéristique. Leurs fruits sont presque tous des capsules qui libèrent les graines qu'elles renferment en séchant (ovaire supère).


Stellaria holostea, Stellaire holostée, Poitiers bords de Boivre

Tige cassante la Stellaire holostée (Stellaria holostea)


C'est le clan des Saponaires (Saponaria spp), des Silènes (Silene spp), des Stellaires et des Mourons (Stellaria spp)... Autant de Sauvages adeptes de la haute couture sur pétale, aux floraisons parfois discrètes, mais toujours élégantes (souvent 5 pétales finement découpés ou échancrés), et dont les Œillets (Dianthus spp) font offices d'ambassadeurs raffinés auprès des jardiniers!

Il faut que tu sois aujourd’hui plus que jamais belle à couper le souffle, car on annoncera lors du banquet final que vous êtes fiancés...

(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)

Silene latifolia, Lychnis flos-cuculi, Stellaria media et Dianthus carthusianorum

Élégance du Compagnon blanc (Silene latifolia), de la Silène fleur de coucou (Lychnis flos-cuculi), du Mouron des oiseaux (Stellaria media) et de l’Œillet des chartreux (Dianthus carthusianorum).


House Lamiaceae, Sauvages du Poitou!

Là, y a une tête d’ogre, vous voyez?

(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)

Les Lamiacées (ou Labiées, 165 espèces en France) se distinguent avant tout par leurs fleurs caractéristiques, en forme de gueule ouverte (voir l'article complet sur le sujet), à quatre étamines. Elles doivent leur nom à l'ogresse Lamia dans la mythologie grecque, car elles semblent dévorer les insectes qui les visitent. En réalité, les Lamiacées n'ont rien de plantes carnivores; bien au contraire, elles sont souvent mellifères et généreuses à l'égard des butineurs.


Lamium maculatum, Lamier maculé, Beauvoir (86)

Lamier maculé (Lamium maculatum) en train d'avaler (ou plutôt de régaler) un Bourdon!


On retrouve à leur cour aux effluves méditerranéennes (la plupart d’entre elles supportent très bien la chaleur) les Menthes, les Lavandes, les Sauges, les Thyms... Autant de sauvages aux parfums uniques, qui produisent leurs essences pour attirer les pollinisateurs ou pour se protéger des herbivores et des ravageurs. Elles sont largement utilisées pour la cuisine, la cosmétique ou la médecine. On observe généralement chez Lamiacées des tiges carrées ainsi que des feuilles opposées décussées. On déniche au fond de leurs calices persistants quatre akènes (tétrakènes, ovaire supère).


Mentha suaveolens, Menthe à feuilles rondes, Vouneuil-sous-Biard (86)

Feuilles opposées décussées (chaque paire est disposée à 90 degrés par rapport à celle qui la précède) de la Menthe à feuilles rondes (Mentha suaveolens)


House Liliaceae, Sauvages du Poitou!

Il lui a aussi poussé un nouveau nez... Et un plutôt bulbeux, je dirais.

(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)

Du point de vue de l'ancienne classification dite «classique», les Liliacées regroupaient 150 espèces en France. Elles étaient généralement vivaces par leur bulbe ou leur rhizome, et présentaient des feuilles entières à nervures parallèles, ainsi qu'un port non ramifié. Leurs fleurs affichaient souvent six tépales et six étamines. Les Liliacées comptaient dans leurs rangs certaines des Sauvages les plus toxiques pour l'homme, comme le Muguet de mai (Convallaria majalis) ou le Colchique d'automne (Colchicum automnale); mais aussi des spécimens recherchés pour leur valeur gustative tel que l'Ail des ours (Alium ursinum), ou domestiqués au potager, tels que l'Oignon, l'Ail, le Poireau, la Ciboulette...


Ail des ours, Allium ursinum, Poitiers Chilvert

Fleurs en ombelle de l'Ail des ours: 6 pétales, 6 étamines. Une ex-Liliaceae, devenue aujourd'hui Amaryllidaceae...


Les classifications modernes ont pulvérisé ce clan en une multitude de familles, sur la base d'observations génétiques fascinantes quant à leur histoire, mais pas toujours pertinentes sur le terrain (du point de vue de l'identification). Dépouillée à grand coups de microscopes, la vieille lignée Liliacée a tout de même réussi à garder dans ses rangs officiels une des plus célèbres dames du Poitou, alias la Fritillaire Pintade (Fritillaria meleagris)!


Fritillaria meleagris, Frtillaire pintade, Saint Benoît (86)

Les six tépales en forme de clochette et les six étamines de la belle Fritillaire Pintade.


House Ranunculaceae, Sauvages du Poitou!

C’est le plus haut niveau qu’ait atteint la rivière depuis le printemps. Et, si cette pluie persiste, elle montera encore davantage.

(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)

Les Renonculacées (140 espèces en France) tirent leur nom du latin rena, «grenouille», à cause de l'affection pour l'eau de certains membres de la famille. Elles peuvent afficher des atouts très différents d'une espèce à l'autre: «boutons d'or» de la Renoncule rampante (Ranunculus repens), lianes vigoureuse de Clématite vigne-blanche (Clematis vitalba), clochettes vertes de l'Hellébore fétide (Helleborus foetidus), collerette de dentelle de la Nigelle de damas (Nigella damascena)...


Ranunculus repens, Clematis vitalba, Helleborus foetidus et Nigella Damascena

Fleurs de la Renoncule rampante, de la Clématite vigne-blanche, de l'Hellébore fétide et de la Nigelle de Damas.


C'est un clan fait d'exceptions où l'originalité est de rigueur, même s'il existe quelques points communs dans ce grand barnum terrestre et aquatique: les Renonculacées présentent un nombre élevé d'étamines. Leurs fleurs affichent souvent des couleurs vives et spectaculaires. Les feuilles sont alternes ou disposées en rosette basale (à l’exception de la Clématite des haies qui a les feuilles opposées), rarement stipulées. La plupart des Renonculacées sont toxiques, pour l'homme comme pour les animaux.


House Orchidaceae, Sauvages du Poitou!

La seule pensée de votre beauté m’empêche de dormir la nuit.

(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)

Les Orchidacées (120 espèces en France) représentent probablement le clan le plus séduisant pour nombre de botanistes. Elles fascinent, à cause de la beauté, de l'originalité de leurs fleurs et de la sexualité sophistiquée qui les accompagne. La famille doit pourtant son nom à une métaphore peu élégante: orchis est la «testicule» en latin une allusion à leurs paires de tubercules souterrains!


La survie et la reproduction des Orchidées reposent sur un équilibre naturel précis et précaire (voir l'article sur Himantoglossum hircinum, alias l'Orchis bouc pour plus de détails), ce qui fait que la compagnie humaine leur est rarement favorable (en France, une espèce sur six est menacée d'extinction). Si les membres de cette famille peuvent présenter des toilettes variées, leurs feuilles entières, souvent charnues et la structure à six tépales de leurs fleurs sont caractéristiques (voir l'article complet sur le sujet); de même que le pétale inférieur (nommé labelle) aux formes excentriques qui peut aller jusqu'à imiter l'aspect d'un insecte!


Ophrys apifera, Ophrys abeille, Biard aérodrome (86)

Ophrys abeille (Ophrys apifera), dont l'incroyable labelle imite le corps d'une abeille solitaire femelle pour inciter les mâles à venir la butiner!


Je vous donne rendez vous lors du prochain épisode de notre feuilleton qui nous emmènera à la rencontre de six maisons supplémentaires, plus modestes en terme de membres sur notre territoire, mais tout aussi remarquables de par leurs spécificités... Botany is coming!


Game of thrones et botanique, la suite:

- Épisode 1: Asterceae, Poaceae, Fabaceae, Rosaceae et Brassicaceae.

- Épisode 3: Boraginaceae, Rubiaceae, Campanulaceae, Amaranthaceae, Euphorbiaceae et Crassulaceae.

- Épisode 4: Polygonaceae, Geraniaceae, Papaveraceae, Malvaceae, Solanaceae et Plantaginaceae.


Et pour le plaisir, le fil rouge de notre article...

- Le cycle fantasy Le Trône de fer par George R. R. Martin!

 

Lierre grimpant, l'irremplaçable
Date 18/02/2016
Ico Haies & forêts

Hedera helix, Lierre grimpant, Poitiers bords de Clain

Lierre grimpant, Poitiers bords de Clain


Hedera helix (Lierre grimpant ou Herre en poitevin-saintongeais) appartient au clan Araliaceae. Si cette famille exotique compte 1300 espèces à travers le monde (essentiellement des arbres, des buissons et des lianes, dont le célèbre Ginseng), elle ne disposait jusqu’ici que d’une unique espèce indigène sur le sol français, mais pas des moindres : le Lierre grimpant. La classification récente lui accorde la compagnie de quelques Hydrocotyles, des plantes aquatiques ou semi-aquatiques.


Hedera vient du latin hedea, la «corde»; helix est la «spirale». Hedera helix évoque le lasso tournoyant des jeunes rameaux à la recherche d'un support à cramponner. Car il n'aura échappé à personne qu'Hedera helix est une liane grimpante. Pour certains, c'est une liane arbustive, pour d'autres, une liane arborescente. Alors, le Lierre grimpant: arbuste ou arbre? Le suspens repose sur les caractéristiques étonnantes du sauvageon... Difficile, à première vue, de le considérer comme un arbre: il est incapable de tenir debout tout seul. Et pourtant, Hedera helix  peut atteindre une hauteur de 30 mètres de haut. La durée de vie d'un seul pied peut dépasser le siècle! Dans les bois, notre regard admiratif se pose généralement sur les grands arbres centenaires, plutôt que sur le Lierre grimpant, omniprésent... Mais derrière un pied de Lierre se cache peut être un des grands doyens de la forêt.


Hedera helix, Sauvages du Poitou!


Ses tiges ligneuses peuvent épaissir jusqu'à 20cm de diamètre... C'est beaucoup et c'est peu, si  on considère la longueur potentielle du végétal (jusqu'à 30 mètres). Son bois blanc, dur et léger, fournit une ressource honorable en ébénisterie ou en vannerie.


Hedera helix, Lierre grimpant, Migné-Auxance (86)

Pied ligneux et épais du Lierre grimpant, Migné-Auxance (86)


Les hommes ont longtemps porté un regard accusateur sur le Sauvageon (de vieilles croyances erronées subsistent encore). Jadis, on pensait jadis le Lierre capable d'étouffer un arbre, jusqu'à ce que mort s'en suive. Aujourd'hui, on comprend mieux son rôle, et on comprend surtout qu'il est un des maillons indispensables à l'équilibre de nos campagnes et de nos forêts.

Pour commencer, le Lierre n'est pas un parasite. Si ses solides crampons s'agrippent aux arbres, ce n'est pas pour en sucer la moelle, mais simplement pour s'ériger vers la lumière.

Hedera helix, Lierre grimpant, Poitiers gare
Crampons du Lierre grimpant, Poitiers quartier gare

En recouvrant l'arbre, le Lierre grimpant assure à celui ci une protection thermique (les écarts thermiques peuvent mettre les troncs à rude épreuve). Mais surtout, son feuillage persistant abrite une faune riche et variée en toute saison. La biodiversité qu'il protège est profitable à tous: à commencer par les oiseaux qui y trouvent un garde-manger toujours rempli et qui assurent de par la même la régulation des populations parasitaires néfastes aux arbres.

Non seulement le Lierre grimpant ne nuit pas aux forêts qu'il envahit, mais celui ci pallie à la rudesse du milieu à la saison froide. On a vu que son feuillage assurait en tout temps un couvert précieux, au sol comme dans les airs. Cerise sur le gâteau, le sauvageon choisit de fleurir après tout le monde, vers la fin de l'automne. Ses fleurs pourvoient les dernières réserves de nourriture aux insectes pollinisateurs avant d'entrer dans le dur de l'hiver.

Hedera helix, Lierre grimpant, Poitiers bords de Cain
Fleurs en étoile à cinq pétales du Lierre grimpant, Poitiers bords de Clain


Si le Lierre grimpant est une bénédiction pour les campagnes et les forêts, c'est encore en ville que sa générosité s'exprime le mieux.

La protection thermique de son couvert fonctionne aussi sur les façades: son feuillage protège les murs de l'érosion des intempéries et régule les écarts de températures usants pour les revêtements (attention, il faut le contrôler près des toitures, car il est capable de soulever des tuiles!). Dans un même ordre d'idée, le Lierre grimpant verdit les vastes surfaces minérales de nos villes qui agissent comme autant de «réservoirs» à chaleur en été et qui sont la cause de micro climats caniculaires.


Hedera helix, Lierre grimpant, Rochefort (17)

Lierre grimpant, une explosion de vie au cœur des villes (Rochefort, 17)


Hedera helix est une Sauvage coriace, qui se contente de trois fois rien (elle a toutefois besoin de soleil et d'un sol riche pour fleurir). Son développement aisé sur terre ou en l'air, en tout lieu, crée des couloirs de circulation et d'échange pour la faune urbaine entre les diverses zones de nature (parcs, jardins, friches, etc.).


Enfin, le Lierre grimpant est une plante dépolluante, capable d’absorber dans l'air des éléments dangereux pour l'homme (comme le benzène des gaz d'échappement).

C’est comme si je ne pouvais pas respirer sans toi.

(Grey’s Anatom, Shonda Rhimes)

Parmi les nombreux butineurs qui comptent sur les fleurs tardives du Lierre grimpant, la Collète du lierre (Colletes hederae), une abeille solitaire qui porte le nom de sa plante favorite, en récolte le pollen pour garnir les loges souterraines qui accueilleront ses larves.


S'il est une caractéristique qui illustre la formidable capacité d'adaptation d'Hedera helix, c'est son feuillage aux mille visages. Le Lierre grimpant est une inépuisable source de divertissement pour celui qui cherche des formes inattendues. Souvenez-vous de notre série d'articles sur la reconnaissance des formes foliaires en botanique: plantez-vous devant un vieux pied de Lierre grimpant et vous aurez toute la matière nécessaire pour commencer un entrainement intensif!


Hedera helix, Lierre grimpant, Poitiers

Échantillon de la palette infiniment variée des feuilles du Lierre grimpant, Poitiers


On considère deux grands types de feuilles du Lierre grimpant (toutes les nuances intermédiaires sont possibles): les feuilles juvéniles, palmées (3 ou 5 lobes plus ou moins prononcés), et les feuilles des rameaux florifères, ovales et aiguës, voir lancéolées.


Les feuilles palmées optimisent la captation de lumière en zone ombragée: pour rappel, le Lierre grimpant a besoin pour fleurir d'une terre riche en matière organique (un sol de type forestier) et surtout d'un bonne dose de soleil (sans expositions aux photons, le pied reste stérile). Au sommet de son escalade, les feuilles lancéolées offrent une moindre prise au vent, et laissent passer la lumière vers les étages inférieures.

Laissons entrer le soleil, la terre vous dit : hello!

(Charlie et la Chocolaterie, Tim Burton)

Les fruits charnus (des drupes), d'abord verts, murissent en hiver et deviennent noirs; les oiseaux, en attendant le retour du printemps, s'en régalent. Les graines germeront au cour de l'été suivant, une fois tombée au sol.


Hedera helix, Lierre grimpant, Poitiers bords de Boivre

Fruits charnus (drupes) du Lierre grimpant à la fin de l'automne: les décorations de Noël sont déjà de sortie?


Chez Hedera helix, les fruits et les feuilles (dans une moindre mesure) sont toxiques. Ce n'est pas une des Sauvage les plus virulentes de la forêt; ses feuilles ont même été utilisées autrefois en tant que remède purgatif. À mois d'être un spécialiste en la matière, on s'abstiendra de consommer la Sauvage, sous quelle que forme que ce soit.


Lasiocampa quercus sur Hedera helix, Poitiers bords de Boivre

Toxique pour l'homme, le Lierre grimpant n'en reste pas moins une aubaine pour la chenille du Bombyx du chêne (Lasiocampa quercus) au cœur de l'hiver !


Pour rendre un hommage en fanfare au merveilleux Lierre grimpant, et avant de lever le rideau sur une bien curieuse scène de théâtre, je vous propose une toute autre utilisation, garantie 100% inoffensive (à moins que le ridicule tue, mais au dernière nouvelle, ce n'était pas le cas)!


Le sifflet du shérif! (nunus)

Le sifflet du Shérif (ou nunu en poitevin saintongeais)!

Réunir le matériel suivant:

- Un morceau de branche de Noisetier (15 cm de long sur 1,5 cm de diamètre)

- 3 belles feuilles de Lierre grimpant

- Une étoile de shérif (ingrédient optionnel)

Fendre la branche de noisetier sur 4 cm dans le sens de la longueur. Insérer dans la fente 3 belles feuilles de Lierre grimpant superposées. A l'aide d'une lame tranchante, couper très proprement la partie des feuilles qui dépasse de la branche. Souffler de toutes ses forces! Si le sifflet ne produit aucun son, c'est que nos trois «anches» de Lierre grimpant ont été mal taillées; recommencer, et s'appliquer à une découpe nette et précise. Prêts pour une démonstration?



Le petit monde d'Hedera helix


Personnages:

Lierre grimpant centenaire (rôle tenu par Hedera helix).

Azuré des nerpruns femelle (rôle tenu par Celastrina argiolus).


La scène se déroule dans une haie, l'été, quelque part dans le Poitou.


Celastrina argiolus sur Hedera helix, Saint Benoît (86), crédit photo : Olivier Pouvreau


SCÈNE UNIQUE


LIERRE GRIMPANT

Madame, vous revoilà! Sommes-nous déjà en septembre?


AZURÉ DES NERPRUNS

Eh oui, comme toutes les fins d’été, au moment où vous allez fleurir, je viens vous rendre visite!


LIERRE GRIMPANT

Vous ne me manquiez pas!


AZURÉ DES NERPRUNS, ironique

Vous, si. Savez-vous que vous êtes à croquer, même si pour beaucoup, vous n'êtes qu'un infect poison?


LIERRE GRIMPANT

Ce sont vos flatteries qui sont infectes! Il se dit d'ailleurs que vous pondez sur des dizaines de plantes réparties sur quinze familles!


AZURÉ DES NERPRUNS

Dont vous...


LIERRE GRIMPANT

Trop souvent!


AZURÉ DES NERPRUNS

Mais je vous aime!


LIERRE GRIMPANT

Aimez les autres, faites tourner la liste, dispersez-vous, fichez-moi la paix!


AZURÉ DES NERPRUNS

Allons, raisonnons: vos fleurs et votre feuillage sont si luxuriants et mes larves si modestes que mes affaires à votre égard ressemblent davantage à des chatouilles qu'à de cruelles morsures.


LIERRE GRIMPANT
Diable, Madame, que me valent ces raisonnements puisqu'à la fin, c'est moi qu'on mange? Mais, que vois-je, coquine, voici que vous pondez sur mes boutons floraux!

AZURÉ DES NERPRUNS
C'est que je suis pressée! Nous autres, papillons, ne vivons pas des siècles comme vous mais une saison seulement. Alors pestez tant que vous voulez: quoi qu'il advienne, votre immobilité toute végétale vous obligera à souffrir ma descendance!

Elle s'envole.

Celastrina argiolus sur Hedera helix, Saint Benoît (86), crédit photo : Olivier Pouvreau
Azuré des nerpruns pondant sur Lierre grimpant, œuf sur bouton floral



Pour aller plus loin:

- Norb de Sauvages du Poitou raconte le Lierre grimpant au micro de France Bleu Poitou

- Hedera helix sur tela-botanica

- Hedera helix: identification assistée par ordinateur


Lecture recommandée:

- La Hulotte numéro 106 et 107, entièrement consacré au Lierre grimpant


Hedera helix, Lierre grimpant, Ile d'Aix (17)

Le Lierre grimpant, ou comment transformer un piquet de clôture en hôtel-restaurant 5 étoiles pour insectes et oiseaux!



 

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