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Familles de la flore française (Game of thrones et botanique, épisode 1)
Date 01/09/2016
Ico Initiation à la botanique joyeuse!

Botany is coming... Sur Sauvages du Poitou!


Les botanistes sont souvent passés maîtres dans l'art de ranger. Non pas qu'il soient devenus des champions de Tetris à force de remplir des herbiers, mais plutôt parce que l'approche naturaliste repose beaucoup sur la reconnaissance de ce qui ressemble (on range dans le même tiroir) et de ce qui diffère (c'est le moment d'ouvrir un nouveau tiroir!).


Jusqu'en 1998, la classification dite «classique» des végétaux se basait sur les particularités morphologiques évidentes des plantes (ce qui reste une approche très pertinente sur le terrain). Après cette date, c'est une classification dite «phylogénétique» qui prend le relais (APG): l'approche génétique permet de prendre en compte les liens de parenté entre les végétaux au delà de leur apparence, et de mieux comprendre leur histoire. Cette classification moderne fut révisée, ou plutôt affinée, en 2003 (APG II), en 2009 (APG III) puis en 2016 (APG IV)... Nul doute qu'elle le sera encore à l'avenir!

Mille pardons, messer. Je devais effectuer un léger changement à mon blason afin qu’on ne me confonde pas avec mon méprisable cousin.

(Le chevalier errant, George R.R. Martin)

Bref, classer les plantes revient en quelque sorte à tracer des arbres généalogiques, à déterminer qui ressemble à qui, qui est parent avec qui, à étudier les traits propres (les «armoiries») de chaque lignée de Sauvages.


A chaque Sauvage correspond une espèce. Les membres d'une même espèce se ressemblent comme deux gouttes d'eau et sont interféconds entre eux. Les espèces sont regroupées en genres. Les membres d'un même genre affichent aussi des traits communs évidents, quoique plus lointains. Leurs similitudes rend toutefois les hybridations possibles. Les genres sont regroupés en familles, puis les familles en ordres, etc.


Lamium maculatum et Lamium purpureum, Dagneux (01)
Lamier maculé (Lamium maculatum) et Lamier pourpre (Lamium purpureum): une même famille, un même genre, deux espèces.

Ci dessus, le Lamier maculé (à gauche) et le Lamier pourpre (à droite) sont deux espèces distinctes, appartenant à un même genre, celui des Lamiers. Leur famille commune, les Lamiacées, appartient à l'ordre des Lamiales, qui rassemble plusieurs autres familles comme celle des Plantaginacées (famille des Plantains) ou celle des Verbénacées (famille de la Verveine officinale). Nos besoins immédiats ne nous commandent pas de pousser plus en avant cette investigation, mais on pourrait continuer à parcourir « l’arbre généalogique » de nos Lamiers en remontant successivement les étages de la classe, de l’embranchement, du règne et finalement du domaine.

La taxonomie par Sauvages du Poitou!

Ces classifications ne sont pas faites pour nous dévorer les méninges: elles s'avèrent grandement utiles sur le terrain! La connaissance des qualités propres à chaque famille peut aider le botaniste à cerner un spécimen nouveau croisé au détour d'un chemin. Apprendre à reconnaître les «armoiries» d'une famille est la meilleure porte d'entrée qui soit dans la pratique de l'herborisation. C'est de plus un bon moyen pour réussir à s'orienter dans les flores et les guides botaniques les plus touffus et les plus pointus!
Je me souviens de votre père racontant autour d’un feu de camp comment sa maison avait obtenu son blason...
(Le chevalier errant, George R.R. Martin)
Impossible de citer l'ensemble des nombreuses familles qui composent la flore de notre pays. Mais certaines lignées se détachent, de par leur importance ou leur réputation (Astéracées, Poacées, Fabacées et Rosacées représentent à elles seules un bon tiers de la population végétale française). On se concentrera donc plus particulièrement sur les blasons et les devises (imaginaires, cela va de soi, la tournure de cet article se veut avant tout amusante et pédagogique) des familles botaniques incontournables, à commencer par les cinq plus importantes pour ce premier épisode:

House Asteraceae, Sauvages du Poitou!

Les Asteracées (ou Composées), représentent la première famille de France avec près de 800 espèces recensées. Leur inflorescence caractéristique, le capitule (voir notre article complet sur le sujet) est la principale marque de leur lignée. Attention: tout ce qui a un capitule n’est pas forcément une Astéracée. Nul doute que l'invention de cette «super fleur» (en fait une fleur faite d'une myriade de fleurs)  les aura aidés à assoir leur suprématie. Ce capitule est entouré d’un involucre de bractées (une sorte de «colorette» de feuilles modifiées qui peuvent être crochues, épineuses, molles…). Leurs feuilles sont souvent alternes ou réunies en rosette basale.

C'est le clan du roi Pissenlit (Taraxacum sect. Ruderalia), de la reine Pâquerette (Bellis perennis), des Marguerites (Leucanthemum spp), des Bleuets (Centaurea spp) ou encore de leur garde rapprochée, les piquants Chardons (Carduus spp et Cirsium spp)...

Involucre de bractées épineuses du Cirse commun (cirsium vulgare)
Je veux de nouveau sentir le vent dans mes cheveux!
(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)

Les membres de cette famille royale produisent souvent des semences à soies (des akènes équipés pour le vol, comme le célèbre «pompon» du Pissenlit) que le vent emporte à la conquête de nouveaux territoires.

Pissenlit, Taraxacum sect. Ruderalia, Béruges (86)
Pissenlit: les rois à venir attendent le vent qui les emportera...

House Poaceae, Sauvages du Poitou!
Étaient-ils vingt, étaient-ils vingt mille?... Sous les arbres se massaient tous les sauvageons du monde.
(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)

Si les Poacées (ou Graminées) ne sont que la deuxième famille de France au regard du nombre d’espèces (470 espèces), elles représentent la lignée la plus importante du point de vue des surfaces couvertes. Il faut dire que ce clan regroupe les «herbes» sous toutes leurs formes, celles des friches, des pelouses, des gazons... Mais également les céréales domptées par l'homme (blé, orge, seigle, maïs..), ou encore les Bambous, leurs rejetons titanesques originaires d'Asie! Bref, les Poacées sont partout, de l’Antarctique jusqu'au fin fond du Poitou, même si l'apprenti botaniste, à force de chercher l'Orchidée rare, finit par ne plus les voir et les considérer comme un simple tapis de sol.

Poa annua, Pâturin annuel, Poitiers bords de Boivre
Pâturin annuel (Poa annua): en tête du top 10 des sauvages les plus observées dans les villes de France!

Notez que tout ce qui ressemble à de l'«herbe» n'est pas forcément Poacée. Il existe deux autres familles qui affichent des silhouettes similaires: les Cyperacées (le clan des Laîches), et les Joncacées (le clan des Joncs). On observera la section des tiges (entre les «nœuds») pour faire le tri:  section ronde et creuse chez les Poacées, section pleine et triangulaire chez les Cyperacées, section ronde et pleine chez les Joncacées. Un article complet est consacré à ces légions chlorophylliennes sur Sauvages du Poitou...

House Fabaceae, Sauvages du Poitou!

Les Fabacées (autrefois Légumineuses, environ 360 espèces en France) qui poussent naturellement sur le sol français dressent généralement des feuilles alternes, stipulées, composées et des fleurs irrégulières caractéristiques dites «papilionacées» (voir notre article complet sur le sujet), composées de 5 pétales: un étendard, deux ailes (tel un papillon) et une carène (deux pétales soudés) .

Cytisus scoparius, Genêt à balais, Biard (86)
Grand étendard (en haut), paire d'ailes (en bas sur les côtés) et carène (en bas au centre) de la fleur du Genêt à balais (Cytisus scoparius)

90% des membres de ce clan ont sur leurs racines de petites boules blanches (nodosités) qui logent des bactéries très utiles: ces dernières sont capables d'utiliser l'azote atmosphérique pour fabriquer des ressources qu'elles partagent volontiers avec la plante hôte. Ce partenariat assure un apport d'azote aux Fabacées en toute circonstances, quand bien même les ressources du sol feraient défaut... Bref, les Fabacées sont assises sur coffre à trésor bien rempli, au point qu'elles semblent à jamais à l'abri de la misère!

Luzerne d'Arabie, Medicago arabica, Poitiers Chilvert
Toute la richesse de la Luzerne d'Arabie (Medicago arabica) dans ses nodosités.
A quoi servent les amis riches s’ils ne mettent leurs richesses à votre disposition?
(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)

C'est pourquoi on retrouve dans leurs rangs de nombreux «engrais verts»: Trèfles (Trifolium spp), Luzernes (Medicago spp), Vesces (Vicia spp), Gesses (Lathyrus spp), mais aussi des stars du potager comme les Fèves, les Haricots ou les Pois... Autant de Sauvages ou de plantes domestiquées qui renferment leurs fruits dans des gousses (un fruit sec qui s'ouvre par deux fentes).

Vicia sativa, Vesce cultivée, Montamisé (86)
Gousses de la Vesce cultivée (Vicia sativa).

House Rosaceae, Sauvages du Poitou!

Les Rosacées (environ 250 espèces en France) sont une vaste famille, comptant dans leurs rangs des membres très éclectiques : des herbacées (comme les Fraisiers), en passant par les arbrisseaux (comme les Framboisiers, les Ronces...), jusqu’aux grands arbres (Pruniers, Pommiers, Poiriers, Cerisiers...). Malgré leurs différences, les Rosacées arborent certains airs de famille : leurs fleurs régulières sont bardées de nombreuses étamines et affichent souvent (ce n'est pas une règle absolue) cinq pétales et cinq sépales. Leurs feuilles alternes sont souvent composées ou dentées, généralement stipulées.

Geum urbanum, Benoîte urbaine, Poitiers bords de Boivre
Benoîte urbaine (Geum urbanum): 5 pétales, 5 sépales, des feuilles pennatiséquées, dentées et très nettement stipulées à la base du pétiole.
Et puis il y a les roses. Quel parfum délicat, les roses, n’est-ce pas? Surtout lorsqu’il y en a tant. Cinquante, soixante, soixante-dix mille roses... Je ne saurais vraiment dire combien il en reste, mais trop pour que je me soucie de les dénombrer, de toute façon.
(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)
Le clan Rosacée fait preuve d'une indéfectible loyauté envers l'homme: cette famille fournit l'essentiel des fruits consommés en zone tempérée. La pomme est peut-être sa plus grande réussite (c'est le fruit le plus consommé au monde après les agrumes et la banane). Et puisque l’amour et les lois de l’attraction sont à l'origine de tout fruit, n’oublions pas la Rose, son indétrônable ambassadrice des parcs et des jardins, qui compte plus de 40.000 variétés!

Rosa canina, Rosier des chiens, Poitiers Mérigotte
Rosier des chiens (Rosa canina), un des rosiers «sauvages» les plus communs.

House Brassicaceae, Sauvages du Poitou!
Les gardes postés aux portes du château portaient des justaucorps de cuir et avaient pour emblème deux masses de guerre croisées sur une croix blanche en forme de X.
(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)

Les Brassicacées (environ 250 espèces en France) sont loyales à leur emblème croisé: une fleur à quatre sépales et quatre pétales en croix (d'où leur ancien nom de Crucifères). Elles dressent généralement six étamines, quatre longues et deux courtes. Leurs fleurs sont majoritairement blanches ou jaunes, réunies en grappes. Leurs feuilles sont alternes ou réunies en rosette basale, jamais stipulées. Elles produisent des fruits secs qui s'ouvrent à maturité via quatre fentes pour libérer leur contenu (ovaire supère) : les siliques (ou silicules lorsque les fruits sont aussi larges que longs). Celles-ci peuvent arborer des formes géométriques diverses : d'épées chez la Giroflée des murailles (Erysimum cheiri), de bouclier chez la Monnaie-du-pape (Lunaria annua), de cœurs chez la Capselle bourse-à-pasteur (Capsella bursa pastoris)...

Monnaie du pape (Lunaria annua) et Giroflée des murailles (Erysimum cheiri)
Fleurs en croix et siliques: une poignée de pièces pour la Monnaie du pape (en haut) et une armée d'épées pour la Giroflée des murailles (en bas)!

On retrouve chez ce clan de nombreuses plantes cultivées dans les potagers: Choux, Colzas, Radis, Navets, Roquettes, Moutardes... Mais aussi d'autres Sauvages très serviables, comme la petite Arabette des dames (Arabidopsis thaliana), célèbre «souris verte» de laboratoire pour les chercheurs en biologie; ou le Pastel des teinturiers (Isatis tinctora), dont on peut tirer une teinture bleu et qui connait aujourd'hui un nouvel essor dans l'industrie textile.

Capsella bursa pastoris, Capselle bourse-à-pasteur, Saint Benoît (86)
Silicules «en cœur» de la Capselle Bourse à Pasteur

Je vous donne rendez vous lors du prochain épisode de notre feuilleton qui nous emmènera à la rencontre de six autres maisons prestigieuses... Botany is coming!

Game of thrones et botanique, les autres épisodes:
- Épisode 2: Apiaceae, Caryophyllaceae, Lamiaceae, Liliaceae, Ranunculaceae et Orchidaceae.
- Épisode 3: Boraginaceae, Rubiaceae, Campanulaceae, Amaranthaceae, Euphorbiaceae et Crassulaceae.
- Épisode 4: Polygonaceae, Geraniaceae, Papaveraceae, Malvaceae, Solanaceae et Plantaginaceae.

Et pour le plaisir, le grand fil rouge littéraire (et télévisé) de notre article...
- Le cycle fantasy Le Trône de fer par George R. R. Martin!
 

Mercuriale annuelle, a love story
Date 19/01/2016
Ico Villes, chemins & terrains vagues
Mercurialis annua, Mercuriale annuelle, Poitiers quartier Mérigotte
Mercuriale annuelle, Poitiers quartier Mérigotte

Mercurialis annua (Mercuriale annuelle, Vignette ou Foirole en poitevin-saintongeais) appartient au clan Euphorbiaceae,  dont la plupart des membres ont la particularité de contenir du latex dans leurs tiges et leurs feuilles (les Euphorbes en sont les représentantes les plus connues)... La nature ayant horreur des cases trop bien rangées, vous ne trouverez nul latex chez Mercurialis annua!


On qualifie notre Sauvage d'annuelle pour la différencier de sa fausse jumelle, la Mercuriale vivace (Mercurialis perennis) qui préfère les sous bois ombragés et ne fleurit qu'au printemps (cette dernière se distingue par sa racine traçante et son port non ramifié).


Mercurialis perennis, Mercuriale vivace, Poitiers bords de Boivre

Mercuriale vivace, Poitiers bords de Boivre


De son côté, la Mercuriale annuelle s'installe sur les sols riches en azote (pollution ou amendements agricoles), maltraités, les terres retournées ou laissées à nue et fleurit quasiment toute l'année... Si l'on observe les fleurs de la vivace que pendant une courte saison, l'annuelle fleurit quasiment toute l'année dans les milieux habités par l'homme!


Mercurialis annua, Mercuriale annuelle, Louhossoa (64)

Monsieur Mercuriale annuelle, Louhossoa (64)


Mercurialis annua est dioïque: on distingue des pieds mâles qui brandissent leurs petites fleurs vertes au bout de longs épis, et des pieds femelles, aux fleurs cachées sous l'aisselle des feuilles (quelques rares spécimens âgés peuvent présenter les deux sexes).


Mercurialis annua, Mercuriale annuelle, Poitiers bords de Boivre

Madame Mercuriale annuelle, Poitiers bords de Boivre


Mercurialis annua peut compter sur le vent pour propager son pollen. Mais elle n'est guère aidée par les butineurs: il n'y a pas de nectar à récolter dans ses fleurs discrètes. De leur côté, les abeilles en quête de pollen se contentent de fréquenter les pieds mâles (de ce point de vue, les mâles sont de bonnes mellifères pour l'arrière saison).


La Sauvage possède un autre atout pour assurer sa reproduction: lorsque le pollen est mûr, les tissus du pied mâle se gorgent d'eau jusqu'à l'explosion, projetant le pollen sur les femelles alentours pour les féconder (la projection se déclenche généralement le matin, profitant de la rosée). En somme, chez la Mercuriale, l'homme jette un bouquet de fleurs à sa promise pour lui faire la cour.


Mercuriale annuelle, Sauvages du Poitou!


Mercurialis annua, Mercuriale annuelle, Poitiers Chilvert

Feuilles de la Mercuriale annuelle: opposées, dentées ou crénelées, elliptiques lancéolées.


Le fruit résultant de l'idylle entre Monsieur et Madame Mercuriale est muni de poils crochus. Il peut s'accrocher aux poils des animaux ou des randonneurs de passage pour se propager sur le territoire (epizoochorie). Les fourmis raffolent également d'une substance que renferme une petite excroissance charnue sur la graine (élaïosome). Elles emportent les fruits jusque dans leur fourmilière pour en extraire la manne, avant de les rejeter un peu plus loin (myrmécochorie)...


La Sauvage doit son nom à Mercure, Dieu protecteur des voyages chez les romains. J'aime raconter que son nom lui vient de sa faculté à voyager à travers le pays, à dos d'homme, de bête ou de fourmi... Mais cette interprétation est sans fondement. C'est en tout cas un bon moyen pour se souvenir de son nom, comme de certaines de ses spécificités botaniques!

- J'ai tout de même pas mal voyagé, ce qui me permet de vous dire, en connaissance de cause, que votre patelin est tarte comme il est pas permis, et qu'il y fait un temps de merde.
- Je suppose que Monsieur plaisante?
- Absolument pas.
(Un singe en hiver, Henri Verneuil)

Mercurialis annua, Mercuriale annuelle, Poitiers bords de Clain

Monsieur (au premier plan) et Madame (derrière)

Mercuriale annuelle, Poitiers bords de Clain


Les deux Mercuriales (l'annuelle et surtout la vivace) sont toxiques pour l'homme comme pour les animaux.


La Mercuriale annuelle a autrefois été utilisé comme remède purgatif, ou pour couper la montée de lait des nourrices. Des recettes fortement déconseillées; mieux vaut garder la Sauvage loin des assiettes... Et rester simple spectateur du sitcom qui raconte les amours de Monsieur et Madame Mercuriale au jardin tout au long de l'année!


Mercurialis annua, Mercuriale annuelle, Poitiers parc des expositions

Fleurs mâles (gauche) et femelle (droite) de la Mercuriale annuelle


Pour aller plus loin:

- Norb de Sauvages du Poitou raconte la Mercuriale annuelle au micro de France Bleu Poitou

- Mercurialis annua sur Tela-botanica

- Mercurialis perrenis sur Tela-botanica


Mercurialis annua et Melampsora pulcherrima, Dinard (35)

Mercuriale annuelle déformée par une rouille. Le cycle biologique de ce genre de maladie fongique se déroule généralement sur deux hôtes différents: ici, Melampsora pulcherrima qui a pour hôtes la Mercuriale annuelle et divers Peupliers (Melampsora rostrupii, une autre espèce, a pour hôtes la Mercuriale vivace et divers Peupliers).

 

Lamier blanc, le shampouineur
Date 23/10/2015
Ico Haies & forêts

Lamium album, Ortie blanche, Poitiers Chilvert

Lamier blanc, Poitiers quartier Chilvert


Lamium album (Lamier blanc) appartient à la famille Lamiaceae, les plantes à tige carrée. Dans la mythologie grecque, la jeune Lamia était l'amante de Zeus. La femme du Dieu, Héra la jalouse, tua leur enfant illégitime. Lamia, inconsolable, décida qu'aucune mère n'avait le droit d'être heureuse, et se transforma en une ogresse qui mangeait les enfants des autres! Ainsi, les Lamiaceae doivent leur nom à la terrible dévoreuse et à leurs fleurs en forme de gueule ouverte, qui semblent avaler les butineurs qui les visitent!


De toutes les Lamiers (pourpre, maculé, jaune...), le Lamier blanc est celle qui souffre le plus du délit de faciès qui consiste à les confondre avec les piquantes Orties (et pour que la confusion soit complète, il n'est pas rare que le Sauvageon pousse au beau milieu des Orties). A tel point que le Lamier blanc est très souvent nommée Ortie morte (car elle ne pique pas) ou encore Ortie blanche, et donc Ortige blanche en poitevin-saintongeais. En l'absence de fleurs, la reconnaitre au milieu d'une colonie d'Ortie demande un peu de familiarisation!


Lamium album, Ortie blanche, Angles-sur-l'Anglin (86)

Fleur du Lamier blanc: une corolle en tube recourbé, une lèvre supérieure entière, bordée de longs cils, une lèvre inférieure trilobée (les deux lobes latéraux ne forment guère plus que deux petites dents; le lobe médian, beaucoup plus large, sert de piste d’atterrissage pour le butineurs).


Le Lamier blanc est une vivace qui s'installe généralement sur les terres fraîches et riches en azote. A l'image des autres Lamiers (voir nos articles sur les Lamier pourpre et Lamier jaune), ce sont les fourmis qui disséminent ses graines et dispersent les générations à venir sur le territoire (les fruits du Lamier blanc contiennent huiles et substances appréciées des fourmis pour nourrir leur couvain). Autour du pied, le rhizome multiplie les rejets, assurant l'expansion de la colonie.


Malgré sa propagation efficace, le Sauvageon se montre plutôt sympathique à côtoyer au jardin. Ses fleurs agréablement à l'odeur de miel sont riches en nectar et régalent les bourdons d'avril à septembre. De plus, entre les rangs de pomme de terre au potager, le parfum du Lamier blanc a la réputation de repousser les doryphores.


Lamium album, Lamier blanc, Persac (86)

«Ortie blanche», Persac (86)


Et si le Lamier blanc prend trop ses aises, reste à en faire la récolte! Il est une riche comestible (au goût peu marqué cependant): ses feuilles peuvent être consommées crues en salade, ou cuites (comme des épinards).


Lamium album, Ortie blanche, Angles-sur-l'Anglin (86)

Feuilles du Lamier blancopposées décussées, fortement dentées, de forme générale ovale, deltoïdes ou cordées.

- C’est pour quel type de cheveux?

- Euh... cheveux sales!

(Chouchou, Merzak Allouache)

En médecine populaire, le Lamier blanc était recommandé (en décoction ou en infusion) pour remédier à des problèmes intimes et féminins, tels que les règles trop abondantes, douloureuses ou irrégulières, ainsi que les leucorrhées (pertes blanches).


Le Sauvageon est également apprécié au rayon cosmétique: il permet de confectionner des shampoings «maison», utiles face aux problèmes de séborrhée du cuir chevelu (cheveux gras, démangeaisons, pellicules...). L'infusion filtrée d'un bouquet de Lamier blanc peut s'appliquer directement, comme en shampoing. Son parfum n'étant pas spécialement sexy, on peut agrémenter de quelques clous de girofle. On peut aussi épaissir la solution avec de l'agar-agar en poudre, c'est plus pratique! (Comme toute préparation végétale, conserver au frigo, mais jamais au delà d'une semaine).


Lamier blanc, le shampouineur! Sauvages du Poitou


Pour aller plus loin:

- Lamium album: identification assistée par ordinateur

- Lamium album sur Tela-botanica

 

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