Ico Liste des Sauvages par noms
Ico Retrouver une Sauvage par l'image
Ico Initiation à la botanique joyeuse!
Ico Villes, chemins & terrains vagues
Ico Prairies
Ico Haies & forêts
Ico Murs et rocailles
Ico Zone humide
Ico Grand banditisme (invasives)
Ico Bestioles
Ico Rencontres et billets d'humeur

Résultat de votre recherche


1 2 3 4
Petite Pimprenelle, la mignonitude
Date 05/07/2020
Ico Prairies

Poterium sanguisorba, Petite Pimprenelle, Poitiers quartier Chilvert

Petite Primprenelle: la mignonitude au jardin.


Poterium sanguisorba (Pimprenelle à fruits réticulés ou Petite Pimprenelle) appartient à la famille Rosaceae, où elle évolue entre les Roses et les Ronces, mais aussi les célèbres Cerisiers, Pommiers, Poiriers et autres géants; une famille assurément généreuse pour l'homme. Comme bon nombre de ses sœurs de sève (ce n'est pas une règle absolue), la Petite Pimprenelle présente des feuilles alternes, composées et nettement stipulées.


Poterium sanguisorba, Petite Pimprenelle, Biard (86)

Feuilles de la Petite Pimprenelle, composées imparipennées en 9 à 25 folioles dentées.


Les fleurs des Rosacées choisissent souvent d'arborer cinq pétales et cinq sépales, mais la Petite Pimprenelle joue la carte de l'originalité: ses fleurs regroupées en tête sont dénuées de pétales. Strictement mâles, strictement femelles ou hermaphrodites, elles n'en sont pas moins belles! Les fleurs femelles dominent au sommet (elles ressemblent a de minuscules anémones de mer rouges), les fleurs mâles pendouillent en bas, quelques fleurs hermaphrodites (aux étamines jaunes et courtes) assurent parfois la frontière entre dames et messieurs. Le tout formant un brushing rastafari plus flashy que le chignon de Lady Gaga un soir de bal.


Poterium sanguisorba, Petite Pimprenelle, Poitiers quartier Chilvert

Inflorescence de la Petite Pimprenelle : depuis leur calice à quatre sépales verts bordés de blanc, se dressent des stigmates rouges en haut (fleurs femelles). De longues étamines pendent en bas (fleurs mâles).


Alors que la plupart des Rosacées dépendent des insectes pour assurer leur pollinisation, la Petite Pimprenelle compte surtout sur le vent qui caresse ses cheveux (tous les insectes ne la boudent pas pour autant). Vous l'aurez compris : en séparant ainsi ses fleurs mâles et ses fleurs femelles, la Sauvage favorise la pollinisation croisée. D'autant plus que fleurs mâles et femelles n'arrivent pas forcément à maturité en même temps sur un même pied.


Poterium sanguisorba, Petite Pimprenelle, Poitiers quartier Chilvert

Love story de la Petite Pimprenelle: Monsieur au dessus, Madame en dessous, ne manque plus que le souffle du vent pour que ça matche!


La Petite Pimprenelle est une vivace commune qui pousse dans les prairies sèches, au bord des chemins ou dans les rocailles. Elle adapte sa prestance à la richesse de son milieu, se dressant entre 20 et 60 centimètres de hauteur entre mai et septembre. A titre de comparaison, sa grande sœur, la Grande Primprenelle (Sanguisorba officinalis), peut dépasser le mètre et se rencontre dans les milieux humides, avec une répartition très confidentielle en plaine. La Grande Pimprenelle est une espèce rare et déterminante pour tout le Poitou (elle est parfois introduite volontairement dans les jardins d'ornement).


En latin, Sanguisorba pourrait se traduire par «absorber le sang». Ce sont les parties souterraines de la Grande Pimprenelle qui sont inscrites à la liste la liste A de la Pharmacopée française. On leur reconnait des propriétés hémostatique, dues aux tanins concentrés dans les racines.


La Petite Pimprenelle ravira toutefois les amateurs de salade ou de pesto sauvages: ses feuilles fraiches, comestibles, présentent un léger goût de concombre. On peut éventuellement les laisser infuser à froid toute une nuit (une infusion normale, ou un séchage, risquerait d’anéantir sa saveur délicate) pour obtenir une boisson rafraîchissante et astringente, ses feuilles étant assez tanniques.


Poterium sanguisorba, Petite Pimprenelle, Poitiers quartier Chilvert

Petite Pimprenelle: l'envol d'une fée au jardin!

Tante Flora, Tante Pâquerette Tante Pimprenelle!

(La Belle au bois dormant, Walt Disney)

Surtout, son seul (pré)nom invoque à table ou au jardin une touche indéniable de poésie. Les plus anciens se souviendront de Nounours et de Pimprenelle, la poupée aux cheveux de laine, héroïne de la série Bonne nuit les petits. D'autre penseront à l'une des trois fées (celle qui porte une robe bleue) dans la Belle au bois dormant. Le calendrier républicain lui rend hommage vers le début du mois de mai, le 17ème jour du mois de Floréal. A l'heure où des prénoms comme Rose, Cerise ou Prune (d'autres Rosacées) ont le vent en poupe, Pimprenelle reste un prénom trop rare, fêté le jour de Sainte Fleur, le 5 octobre (ça ne s'invente pas). Alors si ce prénom est le votre, permettez moi de vous féliciter - considérez-vous comme une espèce protégée - et de vous dédicacer ce modeste article!



Poterium sanguisorba, Petite Pimprenelle, Poitiers quartier Chilvert

Orfèvrerie des fruits de la Petite Pimprenelle (akènes tétragones).



Le petit monde de Poterium sanguisorba


Dans les pelouses calcicoles poitevines, il est possible de croiser un petit papillon dont le vol typique, très rapide et bas, nous indique son appartenance à la famille des Hesperiidae (en français : les Hespéries): il s’agit de l’Hespérie des sanguisorbes (Spialia sertorius). Ses faibles dimensions et ses mœurs en rase-mottes en font un hôte discret, qui plus est localisé sur les pelouses maigres où vit sa plante-hôte favorite, la Petite Pimprenelle.

Il existe plusieurs types d’Hespéries et celle-ci fait partie d’un groupe où les individus ont le dessus des ailes gris/marron tachetées de blanc. Elles ne sont pas faciles à identifier. En Poitou, les plus communes de ce groupe sont l’Hespérie des sanguisorbes, l’Hespérie de la mauve (Pyrgus malvae) et l’Hespérie des potentilles (Pyrgus armoricanus). Toutefois, par rapport à ses cousines, l’Hespérie des sanguisorbes peut être reconnaissable avec un peu d’entraînement. D’abord, le dessus de ses ailes est rougeâtre avec des reflets bronze (plus mat et gris chez les deux autres). Ensuite, alors que l’Hespérie de la mauve et l’Hespérie des potentilles ont la quatrième tache blanche apicale des ailes antérieures décalée vers le bord de l’aile par rapport aux trois autres, l’Hespérie des sanguisorbes a les quatre alignées.

 Pyrgus malvae, Hespérie de la mauve (crédit photo Olivier Pouvreau)
Chez le genre Pyrgus (telle cette Hespérie de la mauve, Pyrgus malvae), la 4e tache de l'apex des ailes antérieures est décalée par rapport aux 3 autres.

Spialia sertorius, Hespérie des sanguisorbes (crédit photo Olivier Pouvreau)
Chez l'Hespérie des sanguisorbes, il est aligné, ce qui n'en fait pas un Pyrgus mais un Spialia!


Pour aller plus loin:

- Poterium sanguisorba: identification assistée par ordinateur

 

Hair'borisation parmi les Géraniums
Date 17/02/2020
Ico Villes, chemins & terrains vagues
Geranium robertianum, Herbe-à-Robert, Poitiers bords de Boivre
Herbe-à-Robert en plein Hellfest: cheveux au vent et cornes diaboliques!

Nous avions déjà croisé lors d'un article précédent le Géranium herbe-à-Robert (Geranium robertianum). La sulfureuse Herbe-à-Robert appartient au clan des Geraniaceae. Géranium dérive du grec geranos, la grue, les fruits des Géraniacées présentant généralement des pointes qui évoquent le bec d’un oiseau. A maturité, leurs styles s’enroulent brusquement sous l’effet de la chaleur, catapultant les semences alentour (autochorie).

Geranium dissectum, Géranium découpé, Vouneuil-sous-Biard (86)
Fruits (becs!) du Géranium découpé, Vouneuil-sous-Biard (86)

Géraniacées, Sauvages du Poitou!

Quant aux célèbres fleurs ornementales de nos balcons, injustement nommées «géraniums», elles sont en réalité des Pélargoniums, également membres de cette famille mais originaires d’Afrique du sud, aux fleurs irrégulières. Ils tirent leur nom du grec pelargos, la cigogne… De la botanique à l’ornithologie, il n’y a qu’un tout petit saut de mésange!

Pelargonium sp, Rochechouart (87)
Fleurs irrégulières d'un Pélargonium horticole

Les oiseaux volent haut dans le ciel mais il faut bien qu’ils redescendent parfois.
(True blood, Alan Ball)

La dentelle des feuilles palmatiséquées, pétiolulées, au contour triangulaire de l'Herbe-à-Robert est reconnaissable au premier coup d’œil (attention, Il existe une espèce proche moins commune, le Géranium pourpre, Geranium purpureum, dont la répartition se concentre au sud d'une diagonale allant de Normandie jusqu’en Savoie). Mais on croise bien d'autres géraniums autour des villes, moins évidents à distinguer les uns des autres. On prêtera attention à leurs feuilles, à leurs fleurs, à leurs fruits et surtout à leurs plumes, c'est à dire à la pilosité de ces drôles d'oiseaux. En avant pour un défilé de chignons; et comme de coutume dans le milieu du cheveu, en avant pour une série de jeux de mots capillaires dignes des enseignes de nos salons de coiffure préférés!

Hair'borisons avec Sauvages du Poitou!

Geranium molle, Géranium mou, Poitiers porte de Paris
Géranium mou: le Hair'Hissé

Entamons cette promenade non exhaustive au pays des Géraniums avec le Géranium mou (Geranium molle), une annuelle qui aime la chaleur et colonise les cultures, les bords des routes et les terrains vagues (sols gavés en azote par les amendements ou les pollutions citadines). Plus que le Sauvageon, c'est son coiffeur qui connait un sérieux coup de mou: ses poils sont denses, relachés, de tailles inégales. Ses petites fleurs affichent cinq pétales échancrés. Ses feuilles douces à silhouette ronde sont souvent alternes, palmatifides, en cinq à sept lobes, chaque lobe étant lui même divisé en trois à son extrémité.


Geranium rotundifolium, Géranium à feuilles rondes, Poitiers sous Blossac

Géranium à feuilles rondes: le Milit'Hair


Le Géranium à feuilles rondes (Geranium rotundifolium) est une annuelle, qui fréquente les mêmes lieux que le Géranium mou. Les feuilles de Geranium rotundifolium présentent aussi des feuilles «rondes» palmatifides, mais opposées. Ses pétales ne sont pas (ou très peu) échancrés, avec un bord presque droit. Son coiffeur a un excellent coup de ciseaux: ses poils sont courts, dressés à la perpendiculaire et assez réguliers (parfois surmontés de minuscules glandes rougeâtres): une jolie brosse!


Geranium pyrenaicum, Géranium des Pyrénées, Angles-sur-l'Anglin (86)

Géranium des Pyrénées: le Fi'Hair


Le Géranium des Pyrénées (Geranium pyrenaicum) est une vivace qui, comme son nom ne l'indique pas et contrairement aux ours, fréquente les décombres, les bords des chemins et les sols enrichis en azote. Ses feuilles opposées ont une silhouette rondes à la base et sont de plus en plus petites en haut des tiges. On peut le confondre avec le Géranium Mou; il s'en distingue par ses fleurs souvent plus grandes (jusqu'à 2cm de diamètre) aux pétales nettement échancrés, deux fois plus longs que les sépales (ces derniers ont tendance à se recourber vers le bas). La pilosité de ses pétioles regroupe des poils minuscules, glanduleux (loupe!) et quelques rares long poils, épars: c'est un coiffé décoiffé.


Geranium molle, Geranium rotundifolium et  Geranium pyrenaicum, Poitiers quartier Chilvert

De gauche à droite, trois coupes de cheveux caractéristiques:

Géranium mou, Géranium à feuilles rondes et Géranium des Pyrénées.


Geranium lucidumn Géranium luisant, Angles-sur-l'Anglin (86)

Géranium luisant: l'Imb'Hair'Be


Le Géranium luisant (Geranium lucidum) est une annuelle qui affectionne les vieux murs; il est plus rare dans le nord est du pays. Lui aussi dresse des feuilles «rondes» palmatifides, mais leur aspect est nettement luisant et charnu. Elles peuvent rougir avec l'âge. Les pétales de ses petites fleurs ne sont pas échancrés, leur bord est arrondi. Ses tiges et ses feuilles sont presque lisses et glabres, parfois rougeâtres. C'est le chauve de la bande!


Geranium dissectum, Géranium découpé, Poitiers bords de Clain

Géranium découpé: Cut Kill'Hair


Avec le Géranium découpé (Geranium dissectum), une annuelle nitrophile, la silhouette des feuilles change de registre: elles sont très découpées (quasiment jusqu'au pétiole), en des lobes linéaires. Cet as du ciseau porte bien son nom! Ses petites fleurs font au plus 5mm et sont brièvement pédonculées. Sur ses pétioles et sur ses feuilles, les poils sont hérissés (parfois glanduleux).


Geranium columbinum, Géranium colombin, Biard (86)

Géranium colombin: Sup'Hair Man


Le Géranium colombin (Geranium columbinum) est une annuelle (parfois bisanuelle) qui dresse également des feuilles très découpées, en des lobes linéaires, mais d'une couleur nettement plus glauque que le Géranum découpé. De plus, ses fleurs sont plus grosses, jusqu'à 10mm, longuement pédonculées. Là aussi, l'observation de sa pilosité peut nous aider: ses poils sont très appliqués sur les pétioles et sur ses feuilles (non glanduleux). Comme superman, c'est un adepte de la gomina!


Ici s'arrête cette série de portraits capillaires. La clientèle des salons de coiffure français mériterait un book bien plus fourni : on recense dans notre pays 27 espèces de Géraniums, le plus souvent nitrophiles (amateurs d'azote). Mais avant que de manquer de pellicule, laissons place à l'objectif de notre lépidoptériste maison, Olivier Pouvreau, qui faute de poux conserve toujours quelques bestioles colorées dans sa forêt de tifs.


Geranium sanguineum, Géranium sanguin, Poitiers Rochers du Porteau Geranium nodosum, Géranium noueux, Lyon (69)

Géranium sanguin (Geranium sanguineum) à gauche;

Géranium noueux (Geranium nodosum) à droite...


Geranium phaeum, Géranium brun, Salilhès (15) Geranium sylvaticum, Géranium des bois, Salilhès (15)

...Géranium brun (Geranium phaeum) à gauche;

Géranium des bois (Geranium sylvaticum) à droite, à suivre!



Le petit monde des Géraniacées


Sur les cheveux de certaines espèces de Géraniums (robertianum, molle, rontudifolium et dissectum) vivent de minuscules chenilles dont l’aspect rappelle celui des cloportes. Elles appartiennent à une petite espèce de Lépidopt'«hair» diurne appelée Collier de corail (Aricia agestis). Pourquoi ce nom? C’est que ce dernier, qu’il soit mâle ou femelle, apparaît décoré d’un superbe collier orange bordant ses ailes.


Aricia agestis, Collier de corail (crédit photo Olivier Pouvreau)

Collier de corail: le mariage de l’entomologie et de la joaillerie.


Cela dit, ce bijou est aussi un piège pour l’observateur car d’autres papillons de la même famille (celle des Lycénidés) exhibent la même breloque (la femelle de l’Azuré commun, Polyommatus icarus par exemple). Conseil de Sauvages du Poitou: méfiez-vous de ces espèces lors de vos identifications sur le terrain!


Aricia agestis, Collier de corail (crédit photo Olivier Pouvreau) Polyommatus icarus, Azuré commun (crédit photo Olivier Pouvreau)

Collier de corail à gauche et Azuré commun femelle à droite: le jeu des différences.


Si le Collier de corail a choisi quelques espèces de géraniums comme plantes nourricières pour ses chenilles, nous ne pouvons pas passer sous silence un autre papillon amateur de Géraniacées: le Brun des pélargoniums (Cacyreus marshalli) dont le nom indique sans équivoque la plante-hôte larvaire.


Cacyreus marshalli, Brun des pélargoniums (crédit photo Olivier Pouvreau)

Brun des pélargoniums: commun en ville non loin des parterres fleuris, des jardinières...


S’il est aujourd’hui bien établi dans le Poitou, son arrivée date de la fin des années 1990 en France, venu d’Afrique du sud par bateaux transportant des pieds de sa plante favorite. Alors, le petit brun, nous direz-vous, est-il une nouvelle espèce invasive? En réalité, si la législation française le considère comme «nuisible», il n’est franchement pas dommageable pour vos jardinières. Et puis avec son dessous marbré et sa petite queue aux ailes postérieures, il ne manque pas d'«Hair»!


Cacyreus marshalli, Brun des pélargoniums (crédit photo Olivier Pouvreau)

Œufs de Brun des pélargoniums sur bouton floral de Pélargonium


Cacyreus marshalli, Brun des pélargoniums (crédit photo Olivier Pouvreau)

Des crottes sur des feuilles de Pélargonium? Le petit brun a encore frappé! Avez-vous trouvé la chenille sur la photo?


Pour aller plus loin:

- Geranium molle : identification assistée par ordinateur

- Geranium rotundifolium : identification assistée par ordinateur

- Geranium pyrenaicum sur Tela-botanica

- Geranium lucidum : identification assistée par ordinateur

- Geranium dissectum : identification assistée par ordinateur

- Geranium columbinum sur Tela-botanica

 

Vocabulaire de la botanique (8) : des fruits, des pommes, des poires et des scoubidous!
Date 14/10/2018
Ico Initiation à la botanique joyeuse!

Des fruits et des faux fruits sur Sauvages du Poitou!


Forts de notre vocabulaire permettant de décrire les feuilles simples ou composées, leur disposition sur la tige, les fleurs régulières, irrégulières et leur agencement (inflorescences), nous sommes fin prêts à aborder l'automne, saison des fruits s'il en est une. Si les fleurs l'emportent généralement dans le cœur des promeneurs, les fruits qui leurs succèdent n'en sont pas moins pourvus d'élégance ou d'ingéniosité: souvenez-vous de notre comédie musicale consacrée aux grand voyage des semences, où il était question des milles et une ruses inventées par les Sauvages pour propulser leurs graines vers de nouveaux horizons.

Au jour, on est partis chez moi discuter de l'amour et des fruits (...)

Des pommes, des poires et des scoubidoubi-ou ah!

(Des pommes des poires, Sacha Distel)

En botanique, le fruit est un organe végétal contenant une ou plusieurs graines. Il est issu de la transformation du pistil - c'est à dire du (ou des) carpelle(s) - après la fécondation des ovules. Souvenez-vous de notre fleur «vraie»: après fécondation, les ovules deviennent des graines alors que les parois carpellaires deviennent l'enveloppe protectrice des graines qu'on appelle péricarpe. Considérons une cerise:


La Cerise, un fruit simple... Sauvages du Poitou!


Si la cerise est un fruit simple (ce qui n'enlève rien à ses qualités), la métamorphose d'autres fruits peut-être plus tarabiscotée. Ainsi, chez la fraise, la partie charnue est issue de la transformation du réceptacle floral. Les petits points jaunes à sa surface correspondent à chaque carpelle et sont pour ainsi dire les véritables fruits... Pour la fraise, on parle de «faux fruit», car ce qu'on considère communément comme étant le fruit ne résulte pas seulement de la transformation du pistil.


Fraise: vrai fruit ou faux fruit? Sauvages du Poitou!


Coupons maintenant les cheveux en quatre, ou plus exactement une pomme en deux. La partie que l'on croque se compose de l'ancien réceptacle floral ET de la paroi carpellaire, formant ensemble une masse charnue continue.


Mangez des pommes avec Sauvages du Poitou!


Le péricarpe (l'ensemble de l'enveloppe protectrice des graines) est toujours formé de trois couches distinctes. Dans le cas de cette pomme, la première couche est la peau à l'extérieure, ou épicarpe. La seconde est la partie médiane charnue, ou mésocarpe. Enfin, au cœur, l'endocarpe cartilagineux délimite les loges qui renferment les graines.


Vous frôlez la compotée de méninges? Ce vocabulaire de base nous sera pourtant très utile pour définir les fruits. Retenons aussi que de nombreux scénarios sont possibles: il arrive même que des parties de la fleur soient recyclées en des gadgets surprenants. Par exemple, chaque style des fleurs de la Clématite vigne blanche (Clematis vitalba) devient un appendice plumeux qui permettra au fruit de voyager avec le vent (anémochorie).


Clematis vitalba, Clématite vigne blanche, Vouneuil-sous-Biard (86)

La crête iroquoise des akènes plumeux de la Clématite vigne blanche


Mais laissons pour l'heure le récit de ces incroyables métamorphoses pour observer quelques spécimens sauvages sur le terrain. On distingue deux grands types de fruits: les fruits charnus et les fruits secs.


Les fruits charnus, Sauvages du Poitou!


Les fruits charnus sont de deux sortes: les drupes et les baies. C'est la qualité de l'endocarpe, la couche la plus proche de la graine, qui nous permet de distinguer l'une de l'autre. Si l'endocarpe est dur, autrement dit si un noyau protège les graines, c'est une drupe (cerise, olive, noix...). A l'inverse, si l'endocarpe est tendre, autrement dit si la graine est directement en contact avec la partie charnue, c'est une baie (tomate, raisin, concombre...).


Prunus spinosa, Prunellier, Biard (86) Arum italicum, Gouet d'Italie, Poitiers bords de Boivre

Drupes du Prunellier (Prunus spinosa) à gauche versus baies toxiques du Gouet d'Italie (Arum italicum) à droite.


A moins d'autopsier minutieusement les fruits, la distinction n'est pas toujours pas évidente... De plus, certains spécimens viennent compliquer l'examen. Une datte ou un avocat, pour les exemples les plus connus, ne possèdent pas de noyau, mais une grosse graine très dure: ce sont des baies. Une mûre est composée d'un amas de petits «fruits» contenant un minuscule noyau (suffisamment gros pour se coincer dans nos dents). On parle dans ce cas d'un amas de drupes, ou plus exactement de polydrupe.


Rubus sp, Ronce, Poitiers quartier Chilvert

Fruit de la Ronce (Rubus sp): une polydrupe... La mûre (l'amour?) est plus fort que tout!


Intéressons-nous maintenant aux fruits secs; pas tant les raisins ou les bananes séchées que vous cachez dans votre besace, mais aux fruits dont le péricarpe est constitué de tissus durs et minces. Là aussi, on distingue deux sortes de fruits secs: les fruits secs déhiscents et les fruits secs indéhiscents.


Fruits secs, Sauvages du Poitou!


Les fruits secs déhiscents sont des fruits secs qui s'ouvrent spontanément pour libérer leurs graines, avant même d'être tombé sur le sol. La palette des possibilités est riche, on ne donnera ici que quelques exemples courants:


Coronille changeante, Coronilla varia, Buxerolles (86)

La gousse (que les botanistes appellent aussi «légume», ça se complique sur la carte du menu) est typique des «légumineuses» et s'ouvre par deux fentes de chaque côté. Ici les gousses toxiques de la Coronille changeante (Coronilla varia).


Helleborus foetidus, Hellébore fétide, Poitiers bords de Boivre

Le follicule, qui ne s'ouvre que par une seule fente. Ici, les follicules de l’Hellébore fétide (Helleborus foetidus).


Enfin, la capsule qui s'ouvre selon des fentes (ou des dents, des pores, des clapets, des couvercles...) multiples, spécifiques et/ou successives... A titre d'exemple et pour faire court - les capsules mériteraient un article à elles seules - ne citons ici que la modalité d'ouverture la plus courante chez les capsules des Brassicacées, nommées siliques.


Le silique, Sauvages du Poitou
(1) Au cœur de l'ovaire, une loge unique renferme les graines. (2) Pendant la maturation du fruit, une cloison se forme, délimitant deux loges distinctes. (3) Les parois externes se fendent et se soulèvent progressivement, du bas vers le haut, puis se détachent. (4) Reste la cloison qui porte les graines. Ces dernières ne tardent pas à se disperser.

Alliaria petiolata, Alliaire, Poitiers bords de Boivre
Silique de l'Alliaire (Alliaria petiolata)

De l'autre côté, les fruits secs indéhiscents sont des fruits secs qui ne s'ouvrent pas spontanément pour libérer leurs graines. Il faudra donc que l'embryon de la plante déchire son enveloppe en germant ou que l'enveloppe se décompose. Le plus grand représentant des fruits secs indéhiscents est l'akène, qui est constitué d'une graine unique (on parlera plutôt de caryopse chez les Poacées).


Chez les Astéracées, l’akène est souvent équipé de soies (réunies en un bouquet nommé aigrette) permettant aux semences de voler. Le fruit étant un critère d’identification important, il n’est pas rare de lire dans les flores des descriptifs poussés sur leur aspect: sont-ils lisses, ridés, glabres, pubescents…? De même, on peut dépeindre avec précision jusqu’aux soies d’un akène volant: sont-elles lisses, denticulées, plumeuses (hérissées de poils fins)…?


Akènes des Asteracées au jardin, Sauvages du Poitou!

Observons quelques akènes pris au piège dans une toile d'araignée au jardin... de haut en bas et de gauche à droite: plumeux pour la Picride éperviaire (Picris hieracioides) / Rougeâtres, surmontés d'un long pied qui porte les soies plumeuses pour la Picride fausse viéprine (Helminthotheca echioides) / Ovales, écrasés et surmontés de plusieurs rangées de soies lisses pour le Laiteron potager (Sonchus oleraceus) / Allongés avec un sommet épineux, surmontés d'un long pied qui porte les soies lisses pour le roi Pissenlit (Taraxacum sect. Ruderalia).


Acer platanoides, Erable plane, Sauvages du Poitou!

Lorsque l'akène porte une grosse aile membraneuse (formée par le péricarpe), on parle de samare. Ici, on s'marre avec les samares de l’Érable plane (Acer platanoides)!

Malva sylvestris, Grande Mauve, Poitiers quartier Chilvert
Enfin, lorsque le fruit est réuni plusieurs loges contenant chacune une graine, qui se séparent à maturité en autant d'akènes, on parle de schizocarpe. Ainsi, le fruit des Ombellifères se divise en deux akènes à maturité (diakène), celui des Lamiacées ou des Boraginacées en quatre (tétrakène)... Ici, le schizocarpe de la Grande Mauve (Malva sylvestris) qui ressemble à un fromage dont chaque portion est un akène.

Reste à prendre son temps pour assimiler ce vocable fourni (qui est pourtant loin d'être exhaustif en la matière). Les fruits nous ouvrent un festival méconnu, spectaculaire, à l'heure où la plupart des fleurs ont quitté la scène... Ainsi parés, il n'y a plus guère le temps de s'ennuyer, et mille raisons de battre la campagne, quelle que soit la saison. Belle exploration!

D'autres leçons de botanique sur Sauvages du Poitou:
- Le vocabulaire de la botanique : les feuilles, première leçon
- Le vocabulaire de la botanique : les fleurs, première leçon
- Le vocabulaire de la botanique : les bourgeons
- Le vocabulaire de la botanique : racines et rhizomes
- Le grand voyage des Sauvages (dissémination des graines)

Pour aller plus loin:

- Le fruit sur Wikipedia

- Les différents types de fruits sur le site de l'université de la Sorbonne

- Les différents type de fruits sur le site Floranet

 

1 2 3 4

MP  Mighty Productions
> Blogs
> Sauvages du Poitou
 
RSS       Mentions légales       Comms  Haut de la page