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Galeopsis tetrahit: «avec ma gueule de belette...»
Date 30/08/2017
Ico Haies & forêts

Galeopsis tetrahit, Biard (86) bords de Boivre

Galeopsis tetrahit, Biard (86)


Galeopsis tetrahit est une de ces rares Sauvages qui porte le même nom en latin comme en français (d'après le référentiel de l'INPN, elle a bien sûr en pratique des surnoms pittoresques suivant les régions, tels que Chanvre sauvage ou Chanvre bâtard). Membre évident des Lamiaceae, le clan des Sauvages à fleurs en forme de bouche (voir notre article complet sur ce sujet), le Galéopsis tetrahit porte fidèlement, jusque dans son nom, sa gueule grande ouverte: Galeopsis est littéralement en grec «celui qui a l'aspect de la belette».


Galeopsis tetrahit, Biard (86) bords de Boivre

Fleurs purpurines du Galéopsis tetrahit à la fin de l'été: une corolle en tube muni de deux lèvres. La lèvre supérieure est hérissée de poils, comme pour dire aux butineurs: «c'est en dessous qu'il faut se poser!»

Quoi ma gueule? Qu'est-ce qu'elle a ma gueule?

(Johnny Hallyday, Ma gueule!)

Difficile de dire si les fleurs du Sauvageon ressemblent à un museau de mammifère, mais souvenez vous qu'une autre Lamiacée, le Lamier jaune (Lamium galeobdolon), portait déjà le sobriquet de «celle qui pue la belette» (traduction de galeoblolon en grec). Il faut croire que Carl von Linné, le saint patron des botaniste, était dans sa période belette lorsque qu'il baptisa les deux spécimens!


Galeopsis, une gueule de belette? Sauvages du Poitou!


A l'image des nombreux Lamiers, ses proches cousins, on pourrait confondre le Galéopsis tetrahit avec la Grande Ortie (Urtica dioica). Le Lamier jaune (Lamium galeobdolon) est surnommé «Ortie jaune», le Lamier blanc (Lamium album) «Ortie morte», le Lamier pourpre (Lamium purpureum) «Ortie rouge»... Le Galéopsis tetrahit s'en sort mieux que ses congénères puisque beaucoup préfère l’appeler «Ortie royale»! Une référence à son port prestigieux (jusqu'à 1 m de hauteur), ou à ses couronnes d'épines (ses calices) qui peuvent surprendre celui qui s'y frotte.


Galeopsis tetrahit, Biard (86) bords de Boivre

Calice hérissé de 5 pointes du Galéopsis tetrahit (notez le renflement caractéristique de la tige sous les nœuds).


C'est bien sûr un tort que de confondre le Galéopsis tetrahit avec la Grande Ortie. De plus, un œil averti notera quelques excentricités qui démarquent le Galéopsis tetrahit de ses cousins Lamiers: ses feuilles présentent des nervures pennées (rangées comme des arrêtes de poisson), alors que les Lamiers affichent un réseau de nervures complexes (réticulées). Coquetterie supplémentaire, on peut observer un léger renflement sous chaque nœud le long de la tige.


le Galéopsis tetrahit est une annuelle assez polymorphe qui colonise les lisières et les clairières des forêts alluviales. Ailleurs (friches, bord des routes ou dans votre jardin), il signe des sols frais mais lumineux, riches et chargés en matière organique végétale. Son expansion peut se montrer exubérante lors des coupes forestières, le Sauvageon prenant tous ses concurrents de court (jusqu'aux jeunes pousses d'arbres) dès le retour de la lumière. Introduite dans le nord des États-unis au cours du 20ème siècle, sa vigueur lui doit d'être considérée comme une invasive potentielle outre Atlantique.


Galeopsis tetrahit, Biard (86) bords de Boivre
Feuilles ovales et dentées du Galéopsis tetrahit.

Alors je vais tenter de l'anglo-normand. Avec un petit chromosome de tarbais pour améliorer les antérieurs. Qu'est ce que t'en penses?

(Le cave se rebiffe, Gilles Grangier)

Dans la nature, des hybridations entre espèces proches sont toujours possibles. Elles aboutissent le plus souvent à l'apparition de spécimens aussi fascinants que stériles (tout le monde connait le cas du mulet, croisement entre un âne et une jument).


Fascinanates hybridation... Sauvages du Poitou!


Dans le domaine très créatif du végétal, il n'est pas rare que ces hybridations produisent de nouvelles espèces fertiles: c'est le cas pour notre Galéopsis tetrahit, qu'on sait aujourd'hui issu de l'hybridation naturelle entre d'autres Galéopsis (G.speciosa et G.pubescens). Son nom d’espèce, tetrahit, exprime le doublement de ses chromosomes: le Galéopsis tetrahit est «tétraploïde», c'est à dire qu'il possède un double stock de chromosomes issus de ses parents, dont les bagages chromosomiques dissemblables ne pouvaient que s’additionner, pas s'assembler.


Galeopsis tetrahit, Biard (86) bords de Boivre

Très mellifère, l'Ortie royale offre un festin de roi aux butineurs.


Tout hybride qu'il est, le Galéopsis tetrahit n'en reste pas moins une Lamiacée: il est mellifère, aromatique et médicinal. Réputé antianémique, reminéralisant et astringent (pour sa haute teneur en silice et en tannin), le Sauvageon est bien sûr comestible, même si sa consommation n'est pas chose courante. On peut lire dans les ouvrages de l'ethnobotaniste François Couplan que les feuilles du Galéopsis tetrahit auraint été consommées régulièrement en Pologne, bouillies et servies avec de la pomme de terre, de la farine d'avoine et du lait. Reste que sa forte odeur risque de dissuader les cueilleurs: pour certains, le Galéopsis tetrahit se caractéristique d'avantage par un parfum de belette que par une gueule de belette!


Pour aller plus loin

- Galeopsis tetrahit sur Tela-botanica

- Galeopsis tetrahit: identification assistée par ordinateur


Galeopsis angustifolia, Galéopsis à feuilles étroites, Saint-Auvent (87)

Chrysomèles du Galéopsis (Chrysolina fastuosa) dos à dos sur le Galéopsis à feuilles étroites (Galeopsis angustifolia), une des 10 autres espèces de Galéopsis présentes en France.

 

Lamier jaune: ça sent le loup, le renard et la belette!
Date 05/05/2017
Ico Haies & forêts

Lamium galeobdolon, Lamier jaune, Béceleuf (79)

Lamier jaune, Béceleuf (79)


Lamium galeobdolon (Lamier jaune) appartient aux Lamiaceae, le clan des Sauvages à fleur en forme de bouche, dont nous avons déjà parlé en long, en large et en travers (de la gorge) sur Sauvages du Poitou (voir notre article consacré à leurs fleurs). Après avoir épinglé une horde de Lamiers aux fleurs pourpres (Lamium purpureum, Lamium maculatum et Lamium hybridum) ou blanches (Lamium album), voilà un nouveau membre du gang des Lamiers qui se distingue en affichant des gueules ouvertes jaune poussin!


Lamium galeobdolon, Lamier jaune, Saint Benoît (86)

Fleur du Lamier jaune: une lèvre supérieure barbue et une lèvre inférieure divisée en trois lobes inégaux et aigus.


Lamium galeobdolon est une vivace qui s'installe sur les sols riches et ombragés des forêts de feuillus, très répandue en France à l’exception de la région méditerranéenne. Ses tiges souterraines ramifiées assurent la pérennité et l'expansion des ses colonies (reproduction végétative), dont les feuilles ovales et dentées se confondent parmi les Orties en l'absence de fleurs (celles des Lamiers ne piquent jamais). Certaines sous espèces, dont la présence est encouragée par les monstres horticoles échappés des jardins, trahissent ce camouflage en affichant des tâches blanches caractéristiques sur leurs feuilles.


Lamium galeobdolon exige le soleil pour montrer ses couleurs: sa floraison est encouragée par les coupes forestières et d'avantage visible le long des lisières ou des chemins de promenade. Fidèle à la réputation des Lamiers, Lamium galeobdolon est une bénédiction pour les bourdons qui sont les mieux lotis pour puiser le nectar caché au fond des gueules ouvertes de la Sauvage.


Lamium galeobdolon, Poitiers bords de Boivre
Lamier jaune: le bar est ouvert pour les butineurs. Difficile rater son enseigne dans la pénombre des sous-bois!

J'entends le loup, le renard et la belette...

(Tri Yann, La jument de Michao)

Comme presque toutes les Lamiacées, les feuilles de Lamium galeobdolon sont parfumés d'une fragrance particulière. Il faut croire que la Sauvage ne remportera pas le prix de la reine du bal, car son nom d’espèce galeobdolon signifie littéralement la «puanteur de la belette» (en grec, galê est la belette, bdolos la puanteur). Je manque malheureusement de vocabulaire pour décrire son parfum et ne saurais reconnaitre une belette par sa simple odeur, mais ne vous arrêtez pas à quelques qualificatifs trop réducteurs tels que «désagréable», «fétide» ou «nauséabond». Certes, l'odeur de Lamium galeobdolon est «sauvage», mais elle est aussi unique, comme le sont les parfums des Lamiacées: une famille qu'il est bon d'apprendre à reconnaître les yeux fermés, à l'aide de son nez! Les feuilles de Lamium galeobdolon sont d'ailleurs comestibles (crues ou cuites)... Mais à l'image de leur odeur, leur appréciation reste une affaire de goût!


Lamium galeobdolon, Sauvages du Poitou!


Lamium galeobdolon, Lamier jaune, Exireuil (79)

Feuilles odorantes, ovales, dentées et décussées du Lamier jaune, Exireuil (79).


Pour aller plus loin:

- Lamium galeobdolon: identification assistée par ordinateur

- Lamium galeobdolon sur Tela-botanica


Lamium galeobdolon, Lamier jaune, Lusignan (86)

Comme les autre Lamiers, le Lamier jaune s'en remet au peuple fourmi pour disperser ses semences (regroupées dans des tétrakènes) sur le territoire (myrmémochorie).

 

Familles de la flore française (Game of thrones et botanique, épisode 1)
Date 01/09/2016
Ico Initiation à la botanique joyeuse!

Botany is coming... Sur Sauvages du Poitou!


Les botanistes sont souvent passés maîtres dans l'art de ranger. Non pas qu'il soient devenus des champions de Tetris à force de remplir des herbiers, mais plutôt parce que l'approche naturaliste repose beaucoup sur la reconnaissance de ce qui ressemble (on range dans le même tiroir) et de ce qui diffère (c'est le moment d'ouvrir un nouveau tiroir!).


Jusqu'en 1998, la classification dite «classique» des végétaux se basait sur les particularités morphologiques évidentes des plantes (ce qui reste une approche très pertinente sur le terrain). Après cette date, c'est une classification dite «phylogénétique» qui prend le relais (APG): l'approche génétique permet de prendre en compte les liens de parenté entre les végétaux au delà de leur apparence, et de mieux comprendre leur histoire. Cette classification moderne fut révisée, ou plutôt affinée, en 2003 (APG II), en 2009 (APG III) puis en 2016 (APG IV)... Nul doute qu'elle le sera encore à l'avenir!

Mille pardons, messer. Je devais effectuer un léger changement à mon blason afin qu’on ne me confonde pas avec mon méprisable cousin.

(Le chevalier errant, George R.R. Martin)

Bref, classer les plantes revient en quelque sorte à tracer des arbres généalogiques, à déterminer qui ressemble à qui, qui est parent avec qui, à étudier les traits propres (les «armoiries») de chaque lignée de Sauvages.


A chaque Sauvage correspond une espèce. Les membres d'une même espèce se ressemblent comme deux gouttes d'eau et sont interféconds entre eux. Les espèces sont regroupées en genres. Les membres d'un même genre affichent aussi des traits communs évidents, quoique plus lointains. Leurs similitudes rend toutefois les hybridations possibles. Les genres sont regroupés en familles, puis les familles en ordres, etc.


Lamium maculatum et Lamium purpureum, Dagneux (01)
Lamier maculé (Lamium maculatum) et Lamier pourpre (Lamium purpureum): une même famille, un même genre, deux espèces.

Ci dessus, le Lamier maculé (à gauche) et le Lamier pourpre (à droite) sont deux espèces distinctes, appartenant à un même genre, celui des Lamiers. Leur famille commune, les Lamiacées, appartient à l'ordre des Lamiales, qui rassemble plusieurs autres familles comme celle des Plantaginacées (famille des Plantains) ou celle des Verbénacées (famille de la Verveine officinale). Nos besoins immédiats ne nous commandent pas de pousser plus en avant cette investigation, mais on pourrait continuer à parcourir « l’arbre généalogique » de nos Lamiers en remontant successivement les étages de la classe, de l’embranchement, du règne et finalement du domaine.

La taxonomie par Sauvages du Poitou!

Ces classifications ne sont pas faites pour nous dévorer les méninges: elles s'avèrent grandement utiles sur le terrain! La connaissance des qualités propres à chaque famille peut aider le botaniste à cerner un spécimen nouveau croisé au détour d'un chemin. Apprendre à reconnaître les «armoiries» d'une famille est la meilleure porte d'entrée qui soit dans la pratique de l'herborisation. C'est de plus un bon moyen pour réussir à s'orienter dans les flores et les guides botaniques les plus touffus et les plus pointus!
Je me souviens de votre père racontant autour d’un feu de camp comment sa maison avait obtenu son blason...
(Le chevalier errant, George R.R. Martin)
Impossible de citer l'ensemble des nombreuses familles qui composent la flore de notre pays. Mais certaines lignées se détachent, de par leur importance ou leur réputation (Astéracées, Poacées, Fabacées et Rosacées représentent à elles seules un bon tiers de la population végétale française). On se concentrera donc plus particulièrement sur les blasons et les devises (imaginaires, cela va de soi, la tournure de cet article se veut avant tout amusante et pédagogique) des familles botaniques incontournables, à commencer par les cinq plus importantes pour ce premier épisode:

House Asteraceae, Sauvages du Poitou!

Les Asteracées (ou Composées), représentent la première famille de France avec près de 800 espèces recensées. Leur inflorescence caractéristique, le capitule (voir notre article complet sur le sujet) est la principale marque de leur lignée. Attention: tout ce qui a un capitule n’est pas forcément une Astéracée. Nul doute que l'invention de cette «super fleur» (en fait une fleur faite d'une myriade de fleurs)  les aura aidés à assoir leur suprématie. Ce capitule est entouré d’un involucre de bractées (une sorte de «colorette» de feuilles modifiées qui peuvent être crochues, épineuses, molles…). Leurs feuilles sont souvent alternes ou réunies en rosette basale.

C'est le clan du roi Pissenlit (Taraxacum sect. Ruderalia), de la reine Pâquerette (Bellis perennis), des Marguerites (Leucanthemum spp), des Bleuets (Centaurea spp) ou encore de leur garde rapprochée, les piquants Chardons (Carduus spp et Cirsium spp)...

Involucre de bractées épineuses du Cirse commun (cirsium vulgare)
Je veux de nouveau sentir le vent dans mes cheveux!
(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)

Les membres de cette famille royale produisent souvent des semences à soies (des akènes équipés pour le vol, comme le célèbre «pompon» du Pissenlit) que le vent emporte à la conquête de nouveaux territoires.

Pissenlit, Taraxacum sect. Ruderalia, Béruges (86)
Pissenlit: les rois à venir attendent le vent qui les emportera...

House Poaceae, Sauvages du Poitou!
Étaient-ils vingt, étaient-ils vingt mille?... Sous les arbres se massaient tous les sauvageons du monde.
(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)

Si les Poacées (ou Graminées) ne sont que la deuxième famille de France au regard du nombre d’espèces (470 espèces), elles représentent la lignée la plus importante du point de vue des surfaces couvertes. Il faut dire que ce clan regroupe les «herbes» sous toutes leurs formes, celles des friches, des pelouses, des gazons... Mais également les céréales domptées par l'homme (blé, orge, seigle, maïs..), ou encore les Bambous, leurs rejetons titanesques originaires d'Asie! Bref, les Poacées sont partout, de l’Antarctique jusqu'au fin fond du Poitou, même si l'apprenti botaniste, à force de chercher l'Orchidée rare, finit par ne plus les voir et les considérer comme un simple tapis de sol.

Poa annua, Pâturin annuel, Poitiers bords de Boivre
Pâturin annuel (Poa annua): en tête du top 10 des sauvages les plus observées dans les villes de France!

Notez que tout ce qui ressemble à de l'«herbe» n'est pas forcément Poacée. Il existe deux autres familles qui affichent des silhouettes similaires: les Cyperacées (le clan des Laîches), et les Joncacées (le clan des Joncs). On observera la section des tiges (entre les «nœuds») pour faire le tri:  section ronde et creuse chez les Poacées, section pleine et triangulaire chez les Cyperacées, section ronde et pleine chez les Joncacées. Un article complet est consacré à ces légions chlorophylliennes sur Sauvages du Poitou...

House Fabaceae, Sauvages du Poitou!

Les Fabacées (autrefois Légumineuses, environ 360 espèces en France) qui poussent naturellement sur le sol français dressent généralement des feuilles alternes, stipulées, composées et des fleurs irrégulières caractéristiques dites «papilionacées» (voir notre article complet sur le sujet), composées de 5 pétales: un étendard, deux ailes (tel un papillon) et une carène (deux pétales soudés) .

Cytisus scoparius, Genêt à balais, Biard (86)
Grand étendard (en haut), paire d'ailes (en bas sur les côtés) et carène (en bas au centre) de la fleur du Genêt à balais (Cytisus scoparius)

90% des membres de ce clan ont sur leurs racines de petites boules blanches (nodosités) qui logent des bactéries très utiles: ces dernières sont capables d'utiliser l'azote atmosphérique pour fabriquer des ressources qu'elles partagent volontiers avec la plante hôte. Ce partenariat assure un apport d'azote aux Fabacées en toute circonstances, quand bien même les ressources du sol feraient défaut... Bref, les Fabacées sont assises sur coffre à trésor bien rempli, au point qu'elles semblent à jamais à l'abri de la misère!

Luzerne d'Arabie, Medicago arabica, Poitiers Chilvert
Toute la richesse de la Luzerne d'Arabie (Medicago arabica) dans ses nodosités.
A quoi servent les amis riches s’ils ne mettent leurs richesses à votre disposition?
(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)

C'est pourquoi on retrouve dans leurs rangs de nombreux «engrais verts»: Trèfles (Trifolium spp), Luzernes (Medicago spp), Vesces (Vicia spp), Gesses (Lathyrus spp), mais aussi des stars du potager comme les Fèves, les Haricots ou les Pois... Autant de Sauvages ou de plantes domestiquées qui renferment leurs fruits dans des gousses (un fruit sec qui s'ouvre par deux fentes).

Vicia sativa, Vesce cultivée, Montamisé (86)
Gousses de la Vesce cultivée (Vicia sativa).

House Rosaceae, Sauvages du Poitou!

Les Rosacées (environ 250 espèces en France) sont une vaste famille, comptant dans leurs rangs des membres très éclectiques : des herbacées (comme les Fraisiers), en passant par les arbrisseaux (comme les Framboisiers, les Ronces...), jusqu’aux grands arbres (Pruniers, Pommiers, Poiriers, Cerisiers...). Malgré leurs différences, les Rosacées arborent certains airs de famille : leurs fleurs régulières sont bardées de nombreuses étamines et affichent souvent (ce n'est pas une règle absolue) cinq pétales et cinq sépales. Leurs feuilles alternes sont souvent composées ou dentées, généralement stipulées.

Geum urbanum, Benoîte urbaine, Poitiers bords de Boivre
Benoîte urbaine (Geum urbanum): 5 pétales, 5 sépales, des feuilles pennatiséquées, dentées et très nettement stipulées à la base du pétiole.
Et puis il y a les roses. Quel parfum délicat, les roses, n’est-ce pas? Surtout lorsqu’il y en a tant. Cinquante, soixante, soixante-dix mille roses... Je ne saurais vraiment dire combien il en reste, mais trop pour que je me soucie de les dénombrer, de toute façon.
(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)
Le clan Rosacée fait preuve d'une indéfectible loyauté envers l'homme: cette famille fournit l'essentiel des fruits consommés en zone tempérée. La pomme est peut-être sa plus grande réussite (c'est le fruit le plus consommé au monde après les agrumes et la banane). Et puisque l’amour et les lois de l’attraction sont à l'origine de tout fruit, n’oublions pas la Rose, son indétrônable ambassadrice des parcs et des jardins, qui compte plus de 40.000 variétés!

Rosa canina, Rosier des chiens, Poitiers Mérigotte
Rosier des chiens (Rosa canina), un des rosiers «sauvages» les plus communs.

House Brassicaceae, Sauvages du Poitou!
Les gardes postés aux portes du château portaient des justaucorps de cuir et avaient pour emblème deux masses de guerre croisées sur une croix blanche en forme de X.
(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)

Les Brassicacées (environ 250 espèces en France) sont loyales à leur emblème croisé: une fleur à quatre sépales et quatre pétales en croix (d'où leur ancien nom de Crucifères). Elles dressent généralement six étamines, quatre longues et deux courtes. Leurs fleurs sont majoritairement blanches ou jaunes, réunies en grappes. Leurs feuilles sont alternes ou réunies en rosette basale, jamais stipulées. Elles produisent des fruits secs qui s'ouvrent à maturité via quatre fentes pour libérer leur contenu (ovaire supère) : les siliques (ou silicules lorsque les fruits sont aussi larges que longs). Celles-ci peuvent arborer des formes géométriques diverses : d'épées chez la Giroflée des murailles (Erysimum cheiri), de bouclier chez la Monnaie-du-pape (Lunaria annua), de cœurs chez la Capselle bourse-à-pasteur (Capsella bursa pastoris)...

Monnaie du pape (Lunaria annua) et Giroflée des murailles (Erysimum cheiri)
Fleurs en croix et siliques: une poignée de pièces pour la Monnaie du pape (en haut) et une armée d'épées pour la Giroflée des murailles (en bas)!

On retrouve chez ce clan de nombreuses plantes cultivées dans les potagers: Choux, Colzas, Radis, Navets, Roquettes, Moutardes... Mais aussi d'autres Sauvages très serviables, comme la petite Arabette des dames (Arabidopsis thaliana), célèbre «souris verte» de laboratoire pour les chercheurs en biologie; ou le Pastel des teinturiers (Isatis tinctora), dont on peut tirer une teinture bleu et qui connait aujourd'hui un nouvel essor dans l'industrie textile.

Capsella bursa pastoris, Capselle bourse-à-pasteur, Saint Benoît (86)
Silicules «en cœur» de la Capselle Bourse à Pasteur

Je vous donne rendez vous lors du prochain épisode de notre feuilleton qui nous emmènera à la rencontre de six autres maisons prestigieuses... Botany is coming!

Game of thrones et botanique, les autres épisodes:
- Épisode 2: Apiaceae, Caryophyllaceae, Lamiaceae, Liliaceae, Ranunculaceae et Orchidaceae.
- Épisode 3: Boraginaceae, Rubiaceae, Campanulaceae, Amaranthaceae, Euphorbiaceae et Crassulaceae.
- Épisode 4: Polygonaceae, Geraniaceae, Papaveraceae, Malvaceae, Solanaceae et Plantaginaceae.

Et pour le plaisir, le grand fil rouge littéraire (et télévisé) de notre article...
- Le cycle fantasy Le Trône de fer par George R. R. Martin!
 


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