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Vocabulaire de la botanique (2): nervures et feuilles composées
Date 20/07/2017
Ico Initiation à la botanique joyeuse!

Les cours de botanique de Sauvages du Poitou!


Cet article fait suite au premier billet consacré aux mots de la botanique, «décrire les feuilles (1)». Nous avions, en première exploration, découvert le vocabulaire rocambolesque relatif aux feuilles simples. Pour rappel, une feuille se présente ainsi à nos yeux:


Sauvages du Poitou: la feuille


Regardons maintenant le dessin des nervures qui parcourent le limbe: on appelle nervure principale la nervure qui prolonge le pétiole (c'est généralement la plus épaisse). Les nervures qui s'y rattachent sont les nervures secondaires, celles qui se rattachent à ces dernières les nervures tertiaires, etc. Un peu comme un grand fleuve, ses rivières et leurs petits affluents! La comparaison est intéressante, car chez une plante, la sève élaborée (issue de la photosynthèse) prend sa source au niveau des feuilles avant de s'écouler vers le reste de la plante (à l'inverse de la sève brute qui prend sa source dans les racines pour monter vers la plante et les feuilles).


La géographie, c'est quand même plus simple avec une carte épinglée au mur!


Les nervures des feuilles, Sauvages du Poitou


Pennées: nervures secondaires opposées deux par deux, de chaque côté d'un axe (comme des arrêtes de poisson).

Palmées: nervures primaires bifurquant depuis un seul point, comme les doigts autour de la paume de la main.

Pédalées: deux nervures principales divergent depuis le bout du pétiole.

Parallèles: nervures orientées dans l'axe de la feuille, sans intersection.

Arquées: nervures secondaires arquées vers le sommet de la feuille.

Réticulées: nervures formant un réseau complexe.


Sur la base de cette carte (aux trésors?), partons dénicher les adjectifs qui en découlent, afin de décrire des feuilles toujours plus spectaculaires... Forcément, le vocabulaire aussi risque de devenir spectaculaire!

Apprenez-moi des gros mots justement, c'est important les gros mots quand on découvre une langue!
(Bienvenue chez les Ch'tis, Dany Boon)

L'exercice devrait vous rappeler les briques de LEGO de notre enfance: les mots s'emboitent. Si la feuille présente des nervures pennées et des lobes peu marqués, on peut dire qu'elle est pennatilobée. Le même raisonnement avec une feuille aux nervures palmées aurait abouti à une feuille palmatilobée (palmée et lobée).

La botanique? Une partie de plaisir... Et de LEGO!

Ouvrons le coffre à jouets! Le début du mot décrit les nervures, comme vu précédemment:
Penna...: nervures pennées.
Palma...: nervures palmées.
Péda...: nervures pédalées.
La fin du mot décrit la nature et/ou l'amplitude du découpage de la feuille:
...lobée: feuille doucement lobée.
...fide: feuille découpée (environ jusqu'à la moitié du limbe).
...partite: feuille fortement découpée (au-delà de la moitié du limbe).
...sequée: feuille découpée jusqu'à la nervure principale (ou quasiment).
On pourrait imaginer par exemple lors d’une partie de Scrabble :

Les formes des feuilles, Sauvages du Poitou

Les feuilles au découpage le plus prononcé («-séquées») sont (ou quasiment) divisées en plusieurs parties séparées.

Imaginez maintenant une feuille qui soit vraiment constituée de plusieurs minis feuilles distinctes (possédant généralement leur propre mini pétiole): les «folioles». Une telle feuille n'est plus considérée comme une feuille simple, mais comme une feuille «composée». Notre carte des nervures est également utile pour comprendre le vocabulaire propre aux feuilles composées:


Feuilles composées, Sauvages du Poitou


Composée imparipennée : pennée et composée d'un nombre de folioles impair (présence d'une foliole au sommet).

Composée paripennée : pennée et composée d'un nombre de folioles pair (absence de foliole au sommet).

Composée pectinée : composée de fines lamelles disposées de part et d'autre de l'axe (comme un peigne).


Feuilles composées, Sauvages du Poitou


Composée palmée : composée de plusieurs folioles partant en éventail depuis le sommet du pétiole.

Composée trifoliée : composée de trois folioles (comme le célèbre Trèfle).

Composée pédalée : chaque foliole semble rattachée au petit pétiole (le pétiolule) de la foliole précédente.


Ce n'est pas tout: une feuille composée pennée, dont chaque partie (ou foliole) est elle même composée de plusieurs petites parties (les foliolules), est dite bipennée (elle est pennée deux fois)... Et si les foliolules sont eux même composées? La feuille est tripennée!


Feuilles bipennées et tripennées, Sauvages du Poitou

Comment savoir s'il l'on observe plusieurs feuilles simples ou une seule feuille composée? C'est la présence ou non d'un bourgeon axillaire au point de jonction entre le pétiole et la tige qui peut nous renseigner (munissez vous d'une loupe). Si on trouve un bourgeon à la base de chaque feuille, il s'agit de plusieurs feuilles simples. Si pour plusieurs limbes distincts, on ne trouve qu'un seul bourgeon, c'est une seule et unique feuille composée.


Pourquoi certaines Sauvages arborent-elles des feuilles ainsi découpées ? Les plantes aux feuilles fortement divisées laissent passer un maximum de lumière vers les étages inférieurs de leur feuillage. Une stratégie d’autant plus pertinente que rien n’est laissé au hasard, la disposition des feuilles sur la tige étant savamment orchestrée, comme nous le verrons dans l'article consacré à la phyllotaxie.


A ce point, vous méritez bien une récompense pour vos efforts studieux! Fermez les yeux (pas trop) et imaginez une feuille dont les nervures sont pennées, et dont les échancrures atteignent (ou presque) la nervure centrale. On pourrait donc dire qu'elle est pennatiséquée. Mais voilà, chaque partie dessinée par les échancrures est aussi découpée en de plus petites parties... Elles mêmes découpées en de minuscules parties... Holà, je crois qu'on tient un joli mot: tripennatiséquée!


Ne jouez jamais au scrabble contre un botaniste! Sauvages du Poitou

Ne vous découragez pas si votre cerveau fume un peu: lorsqu'on compare les descriptions proposées dans les guides et les flores, on découvre qu'il n'existe pas une seule et unique bonne manière de décrire un végétal: tous les moyens sont bons! On fait comme on peut, avec le vocabulaire dont on dispose, l'objectif étant de rapprocher son discours au plus près de ce qui se présente à nous et surtout de réussir à se faire comprendre. Sur ce, je vous souhaite d'agréables promenades botaniques... Entre deux victoires écrasantes au Scrabble!


Les feuilles simples et composées, Sauvages du Poitou!

De gauche à droite et de haut en bas: feuilles palmatifides de la Renoncule à petites fleurs (Ranunculus parviflorus), composées pédalées de l'Hellébore fétide (Helleborus foetidus), composées paripennées (ou imparipennées si on considère que les vrilles comptent pour des folioles!) de la Vesce des haies (Vicia sepium) et tripennatiséquées du Cerfeuil des bois (Anthriscus sylvestris).


D'autres leçons de botanique consacrées aux feuilles sur Sauvages du Poitou:

- Le vocabulaire de la botanique (1): feuilles simples

- Le vocabulaire de la botanique (3): pétiole et phyllotaxie


Pour aller plus loin:

- La feuille sur Wikipedia

- Les formes foliaires sur Wikipédia

- Description générale de la feuille sur le site des Jardins du Gué

 

Dactyle aggloméré, trois doigts de poésie
Date 07/06/2017
Ico Prairies

Dactylis glomerata, Dactyle aggloméré, Poitiers bords de Boivre

Dactyle aggloméré, Poitiers bords de Boivre


Dactylis glomerata (Dactyle aggloméré) appartient aux légions Poaceae, qui représentent sans doute une des familles les plus anciennes et les plus répandues du règne végétal (20% de la couverture végétale de la planète, de l’Antarctique au Poitou!). Et pourtant... Les Poacées, c'est à dire l'herbe, la pelouse, le gazon, au mieux les céréales, ne passionnent guère les foules. C'est à peine si on les remarque sous nos pieds. Quand à l'apprenti botaniste, il préfère souvent les laisser de côté, ce clan étant réputé difficile d’accès et ses membres nombreux et ardus à identifier.
Holmes, vous ne résoudrez jamais cette enquête...
(Sherlock Holmes, Guy Ritchie)

Il est vrai que l'examen attentif d'un brin d'herbe revient un peu à tenter de couper un cheveux en quatre: les Poacées sont passées Maîtres dans l'art de la miniaturisation. Chez elles, le vent fait office de butineur et la danse des minuscules pièces florales tient lieu de parade nuptiale. C'est un chef d’œuvre de mécanique de précision qui attend l’observateur persévérant! Je vous recommande de (re)visiter notre article consacré à leurs inflorescences et au vocabulaire associé avant de vous lancer à la rencontre de notre Sauvage du jour.

Dactylis glomerata, Dactyle aggloméré, Poitiers bords de Boivre
Pour reconnaître le Dactyle aggloméré, il suffit de savoir compter jusqu'à trois!

Mais pas de panique, Dactylis glomerata est plutôt aisé à reconnaitre, et ce avec ou sans loupe! Son nom vient du grec daktulos, le «doigt», peut-être à cause de l’extrémité des épis (ou panicules) de la Sauvage, qui forme une sorte de gros doigt (ou pouce) suivi de deux doigts plus petits. Chaque doigt est composé d'un groupe d'épillets serrés et fournis, d'où le Dactyle «aggloméré» ou «pelotonné».

Les trois doigts du Dactyle aggloméré, Sauvages du Poitou!

Dans une autre version, le nom de la sauvage viendrait du «dactyle», un élément métrique en poésie qui désigne une syllabe accentuée suivie de deux syllabes brèves, à l'image des trois phalanges d'un doigt: la première est longue, les deux suivantes courtes. Prononcez son nom à haute voix pour le retenir: DA-cty-le: une syllabe très accentuée suivie de deux syllabes plus discrètes!

Dactylis glomerata, Dactyle aggloméré, Poitiers bords de Boivre
Inflorescence verdâtre-violacée du Dactyle aggloméré: les étamines au filet très allongé à maturité confient leur pollen au vent

D'autres détails peuvent nous renseigner: la tige de Dactylis glomerata (ou plutôt son chaume) est recouverte d'une gaine aplatie, comme si la Sauvage était passée sous presse. Enfin, la ligule longue et déchirée est caractéristique.

Dactylis glomerata, Dactyle aggloméré, Poitiers bords de Boivre
Feuille large, ligule longue et déchirée et gaine aplatie du Dactyle aggloméré

Que les botanistes aguerris en mal d'aventures se rassurent, Dactylis glomerata reste une espèce éminemment complexe: au laboratoire, la Sauvage présente un patrimoine génétique variable, et les débats à son sujet sont loin d'êtres terminés: et si ce taxon n'était que le brin d'herbe qui cache la forêt? Les sous espèces sont nombreuses, même si le tri est quasiment impossible sur le terrain... La biblique Flora Gallica nous propose par exemple d'observer la micro rugosité des feuilles à la lumière rasante et au grossissement x100 pour reconnaitre la méditerranéenne D.glomerata subsp. hispanica!

Loin des laboratoires, Dactylis glomerata est une vivace très commune qui installe ses touffes dans les prairies baignées de soleil, aux bords des routes et des chemins, sur des sols riches en azote (amendements des culture et/ou pollution automobile). Grâce à son système racinaire dense et puissant qui capte l'humidité en profondeur, la Sauvage reste verte jusqu'au cœur de l'été, quand le parterre autour semble réduit à l'état de paillasson cramoisi.

Dactylis glomerata, Dactyle aggloméré, Vouneuil-sous-Biard (86)
Dactyle aggloméré, une Sauvage très fréquentée à la belle saison.
S’il était allergique aux graminées, ça le rendrait plus attachant je trouve.
(L’âge de glace, Chris Wedge et Carlos Saldanha)
Dactylis glomerata est une plante riche en protéines. Si ses touffes grossières sont considérées comme de vulgaires herbes folles au jardin, la Sauvage est une fourragère appréciée dans les prairies de fauche ou les pâturages. Sa résistance à la sécheresse rend sa culture aisée (elle ne craint guère que l'humidité et quelques maladies cryptogamiques, dont le célèbre Ergot du seigle), pour le plus grand bonheur des éleveurs, mais aussi pour celui des vendeurs de mouchoirs: le pollen de Dactylis glomerata, hautement volatile, est en partie responsable des concerts d'éternuements et des rivières de larmes de ceux qui souffrent du rhume des foins à la belle saison!

Dactylis glomerata, Sauvages du Poitou!


Le petit monde de Dactylis glomerata


Comme bon nombre de graminées, le Dactyle aggloméré… agglomère bon nombre de papillons qui s’en nourrissent! Entre juin et juillet, dans les lisières forestières et les friches du Poitou, il accueille notamment la chenille d’un papillon aussi minuscule qu’abondant: l’Hespérie de la houque (Thymelicus sylvestris). Celle-ci fait partie d’une grande famille dont les membres ont un aspect si ressemblant les uns des autres que le seul critère fiable pour les distinguer est la reconnaissance de la forme des parties génitales des mâles!

Thymelicus sylvestris, Hespérie de la houque (crédit photo: Olivier Pouvreau)
Hespérie de la houque: des ailes en «biplan» inimitables!

Pas de panique pour notre petite Hespérie, que l’on pourrait seulement confondre avec sa cousine l’Hespérie du dactyle (Thymelicus lineola), une autre mangeuse de dactyle outre-Manche. Les distinguer est un jeu d’enfant, à condition d'aimer les contorsions et de savoir approcher les papillons sans leur faire peur: il faut parvenir à se positionner face à elles afin de vérifier le dessous de l’extrémité de leurs antennes. Si elles sont fauves, il s’agit de l’Hespérie de la houque. Si elles sont noires, vous avez affaire à l’Hespérie du dactyle. Comme avec les Poacées, l'enquête repose sur l'observation des détails!


Bout des antennes fauve à gauche pour l'Hespérie de la Houque, versus bout des antennes noir à droite pour l'Hespérie du Dactyle.

Le Dactyle aggloméré est bien pratique à l’Hespérie de la Houque: la gaine foliaire aplatie de la Sauvage permet au papillon d’y pondre et d'y cacher ses œufs à l’abri des regards. Mieux encore, elle servira d’abri à la chenille qui y passera l’hiver. Celle ci poursuivra sa croissance au printemps, logeant d’abord dans une feuille pliée en gouttière puis, plus grande, se tenant allongée sur le dessus des feuilles: une chenille verte et longue sur une feuille verte et longue reste le meilleur moyen pour passer la belle saison en toute quiétude, loin des importuns.

Thymelicus sylvestris, Hespérie de la houque (crédit photo: Olivier Pouvreau)
Hespérie de la Houque (photo Olivier Pouvreau)



Pour aller plus loin:
- Dactylis glomerata sur Tela-botanica
- Dactylis glomerata sur Botarela
 

Promenade botanique avec Yves Baron (Poitiers, rochers du Porteau, mai 2017)
Date 18/05/2017
Ico Rencontres et billets d'humeur

Geranium sanguineum, Géranium sanguin, Poitiers rochers du Porteau

Yves Baron sur la planète des Géraniums sanguins (Geranium sanguineum)!


Yves Baron, ancien maître de conférences en biologie végétale à l’université de Poitiers, mène en ce mois de mai un groupe d'apprentis sur le site des rochers du Porteau, le temps d'une déambulation botanique organisée par l'association Vienne Nature. «Maître Jedi» de la flore poitevine, Yves Baron a formé maintes «padawans» naturalistes de la région. En ardant défenseur de la nature, l'ancien professeur est également à l'origine de plusieurs centaines de ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique), dont les rochers du Porteau ne représentent qu'un échantillon dans le cosmos picto-charentais.


Professeur Baron, dessine moi un Géranium!


Dès la fin des années 60, Yves Baron réalise l'inventaire de ce petit monde minéral et fleuri caché aux portes de Poitiers. Il connait bien le terrain: sa grand-mère lui décrivait les orchidées qu'on pouvait y croiser il y a un presque siècle (Malheureusement toutes disparues aujourd'hui). Une flore rare et la présence du Scorpion noir à queue jaune (Euscorpius flavicaudis) permettent d'élever le site au rang de ZNIEFF au début des années 80, un espace naturel reconnu pour son caractère exceptionnel.


Carte postale non datée du Porteau à Poitiers (droits réservés)

Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre!


Comme de tradition lors des sorties botaniques, les premières observations commencent dès le parking où le groupe s'est donné rendez-vous... la passion n'attend pas: nous nous penchons sur la flore banale des villes en ce début de promenade. Mais comme nous le découvrirons bientôt, la frontière entre l'ordinaire et l’extraordinaire reste mince dès qu'il s'agit de nature!


Campanula portenschlagiana, Campanule des murailles, Poitiers quartier du Porteau

Quel que soit votre âge, la botanique finit toujours par vous mettre à quatre pattes! (Campanule des murailles, Campanula portenschlagiana, une échappée des jardins)


Ainsi, la Grande Chélidoine (Chelidonium majus) anime les premiers échanges: son latex jaune est-il capable de soigner les verrues, ou s'agit-il d'une légende urbaine? Chacun y va de son témoignage. La Capselle bourse-à-pasteur (Capsella bursa-pastoris) montre ses fruits triangulaires, comme autrefois le porte-monnaie des bergers. Le Dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), une Poacée (famille difficile d'approche s'il en est une), dresse des inflorescences (épillets) qui ressemblent à un gros doigt suivi de deux autres plus petits (dactylis est le «doigt» en latin). L'occasion pour Yves Baron de rappeler que le nom des plantes cache souvent des indices permettant de les reconnaitre. Comme pour affirmer le contraire, une Valériane rouge (Centranthus ruber) quelques pas plus loin affiche des fleurs d'un blanc éclatant!


Chelidonium majus, Capsella bursa-pastoris, Dactylis glomerata, Centranthus ruber, Poitiers quartier du Porteau

De gauche à droite et de haut en bas : Grande chélidoine, fruits de la Capselle bourse-à-pasteur, Dactyle aggloméré et Valériane rouge.


Les «parasols» blancs de la Grande Berce (Heracleum sphondylium) dominent nettement ceux plus nombreux du Cerfeuil des bois (Anthriscus sylvestris). Si ces Sauvages peuvent décourager les débutants à cause de la ressemblance de leur inflorescence, Yves Baron note qu'il est déjà bon de savoir repérer leur famille: les Apiacées (ex Ombellifères) sont célèbres pour leurs ombelles composées de petites fleurs à cinq pétales. C'est le premier clan cité dans l'histoire des classifications botaniques (par le grec Théophraste, 300 années avant l'ère chrétienne), car c'est surement la famille qui saute le plus aux yeux.


Heracleum sphondylium et Anthriscus sylvestris, Poitiers quartier du Porteau

Ombelles de la Grande Berce en haut, du Cerfeuil des bois en bas: deux Apiacées (ex Ombellifères) communes de nos cités.


Quelques joyeux spécimens urbains plus tard (Benoîte des villes, Compagnon blanc, Gaillet gratteron, Herbe-à-RobertLaitue scarioleLierre grimpant, Millepertuis perforé, Myosotis des champs, Orchis bouc, Pariétaire de Judée, Ruine de Rome...) il est temps de se rapprocher de notre terre promise du jour. Mais c'est sans compter sur un Figuier (Ficus carica) qui nous barre la route, nous commandant de répondre à une énigme énoncée par notre guide, moitié botaniste, moitié Sphinx...


Quelle fleur ne voit jamais la lumière du jour? Réponse sur Sauvages du Poitou!


Le botaniste Yves Baron, Poitiers quartier du Porteau 2017 (crédit photo: Olivier Pouvreau)

Le botaniste Yves Baron (Poitiers quartier du Porteau, 2017)


Quelle fleur ne voit jamais la lumière du jour? La figue bien sûr! La figue est une inflorescence (et non un fruit) en forme d'urne dont les parois intérieures sont tapissées de milliers de fleurs minuscules. Celles-ci ne voient jamais la lumière du jour et ne peuvent être fécondées par une intervention extérieure... Elles seront donc pollinisées par des guêpes lilliputiennes qui vivent recluses, telles des nonnes, à l'intérieur des inflorescences!


Une autre surprise nous attend lorsqu'un curieux demande d'où vient la bave que l'on observe sur les tiges des Sauvages alentour: c'est le «Crachat de coucou», l'abri de la sympathique larve d'une Cicadelle écumeuse qui suce la sève des plantes (sans toutefois leur causer de grands dommages). Yves Baron nous propose d'en déloger délicatement un spécimen à la pointe du couteau pour faire plus ample connaissance!


Maintenant que l’incroyable est fait, passons à l’impossible.

(Les Aventures Extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec,  Luc Besson)

Ces révélations nous permettent enfin d'accéder aux pieds des falaises calcaires qui dominent le cours du Clain et la très fréquentée «route de Paris». Orientés sud-est, les rochers et les pelouses thermophiles rases du Porteau abritent un monde méridional qui contraste avec la ville autour. Le Porteau doit peut-être son nom à la corporation des porteurs d'eau qui remontaient vers le château de la «ville haute» l'eau des fontaines au bord du Clain. Yves Baron invite ses élèves à emprunter leur pas en grimpant les escaliers taillés dans la roche.


Cacyreus marshalli sur Geranium sanguineum, Poitiers rochers du Porteau (crédit photo: Olivier Pouvreau)

Du haut de ces falaises, pas moins de cinq espèces de Géraniums vous contemplent... Dont l'emblématique Géranium sanguin (Geranium sanguineum), espèce rare et déterminante pour la Vienne. Un paradis pour le Brun du pelargonium (Cacyreus marshalli) qui confie précisément ses chenilles aux divers Geraniums.


Grand habitué des milieux calcaires, l'Hyppocrepide à toupet (Hippocrepis comosa) attire autour de ses fleurs jaunes dites «papilionacées» un carnaval de papillons: la nature est bien faite! La plus discrète Euphorbe de séguier (Euphorbia seguieriana, pas encore en fleur à cette saison) est une autre espèce rare en Vienne. Les jeunes feuilles piquantes du Panicaut champêtre (Eryngium campestre) pourraient laisser penser à un «chardon»; il n'en est rien, le Panicaut champêtre appartenant étrangement à la famille des Apiacées (Ombellifères). L'Hélianthème des apennins (Helianthemum apenninum), dont le nom pourrait se traduire par «fleur du soleil» en grec, cherche toujours plus de lumière pendant que nous cherchons désespérément un peu d'ombre!


Hippocrepis comosa, Euphorbia seguieriana, Eryngium campestreHelianthemum apenninum, Poitiers rochers du Porteau

De gauche à droite et de haut en bas : Bel argus (Lysandra bellargus) sur Hyppocrépide à toupet (sa plante hôte), Euphorbe de séguier, jeunes pousses de Panicaut champêtre, Hélianthème des apenins.


Sous le soleil de midi, le groupe se réfugie sous les arbres qui poussent alentour, parfois à flanc de falaise. L'ambiance est méridionale à souhait: on reconnait le Chêne pubescent (Quercus pubescens), une espèce réputée pour sa résistance face à la sécheresse. Les feuilles coriaces du Chêne vert (Quercus ilex) et celles à nervures saillantes du Nerprun alaterne (Rhamnus alaternus) apportent la touche finale à cette garrigue sauce poitevine!


Quercus pubescens, Quercus ilex, Rhamnus alaternus, Poitiers rochers du Porteau

De gauche à droite: Chêne pubescent, Chêne vert et Nerprun alaterne.


C'est à l'ombre d'un Érable de Montpellier (Acer monspessulanum), un autre locataire des garrigues et des maquis méditerranéens, que Yves Baron conclue la promenade. Le botaniste n'a jamais observé d'autres spécimens de cet arbre plus au nord que ce point dans toute la Vienne. Cet Érable marque en quelque sorte la frontière entre sud et nord, tout un symbole pour la ville de Poitiers qui est à la fois la dernière ville du sud et la première ville du nord de la France... A moins que ce ne soit l'inverse!


Acer monspessulanum, Érable de Montpellier, Poitiers le Porteau

Attention, au delà de cette feuilles à trois lobes (Érable de Montpellier)...

«C'est le NORD!» (Bienvenue chez les Ch'tis, Dany Boon)


Consulter le compte rendu de François Lefebvre (un grand merci à lui pour l’organisation de la promenade) avec la liste complète des espèces observées.


Pour aller plus loin

- Fiche descriptive de la ZNIEFF des rochers du Porteau

 

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