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Promenade botanique avec Yves Baron (Saint-Benoît, prairies de la Varenne, mai 2019)
Date 01/05/2019
Ico Rencontres et billets d'humeur

Ranunculus acris, Renoncule âcre, Saint-Benoît (86)

Quand sonne l'heure de la Renoncule âcre, Saint Benoît


A l'heure de notre rendez-vous de printemps avec Yves Baron, ancien maître de conférences en biologie végétale à l’université de Poitiers, une vingtaine d'apprentis naturalistes se réunissent au cœur des praires de la Varenne à Saint-Benoît (86) en bord de Clain. On partage le paysage avec quelques pêcheurs, à la lumière des milliers de «boutons d'or» (Renoncule âcre, Ranunculus acris) qui éclairent la prairie.


Yves Baron, Saint-Benoît (2019)

Maestro Baron into the wild (Saint-Benoît, Mai 2019)


Avant d'entamer la promenade, Yves Baron nous montre un cliché de la belle Fritillaire pintade (Fritillaria meleagris) tirée d'un de ses ouvrage. Il faudrait un miracle pour qu'on la croise aujourd'hui (sa floraison est probablement passée d'une ou deux semaines); mais en bons naturalistes, nous sommes prédisposés à croire aux miracles!


Les plantes sauvages et leurs milieux en Poitou-Charentes de Yves Baron

Les plantes sauvages et leurs milieux en Poitou-Charentes de Yves Baron, édité chez Atlantique.


L'entame de l'excursion nous arrête près du tronc très habité d'un Frêne élevé (Fraxinus excelsior). Les graffitis naturels sur l’écorce sont autant d'hépatiques et de lichens; Yves Baron nous rappelle que maints trésors restent probablement à découvrir pour qui veut s'en donner la peine, hépatiques et lichens faisant rarement l'objet de grandes prospections. Avis aux amateurs!


Frêne élevé, hépatiques et lichens, Saint Benoît (86)

Frêne, hépatiques et lichens, Saint Benoît (86)


Les fleurs d'or de la Barbarée commune (Barbarea vulgaris) tentent de rivaliser avec les grandes renoncules. A côté, l’Alliaire (Alliaria petiolata) affiche aussi des fleurs à 4 pétales, une signature de la famille des Brassicacées, anciennement nommées Crucifères à cause de leurs pétales en croix. L'Alliaire, ou «Herbe à l'ail» en Poitou, est une excellente salade sauvage, pour peu qu'on n'en apprécie l'amertume.


Barbarea vulgaris et Alliaria petiolata, Saint-Benoît (86)

Barbarée commune (à gauche) et Alliaire (à droite), Saint Benoît (86)


Les Brassicacées se démarquent aussi de par leurs fruits secs (des siliques) aux formes géométriques variées. C'est le cas de la Capselle Bourse à Pasteur (Capsella bursa-pastoris) qui tire son nom de ses fruits évoquant un porte monnaie de curé selon les anciens... Pour nous, ils ont plutôt la forme d'un cœur ou d'un like, tout est question de génération!


Capsella bursa-pastoris, Capselle Bourse à Pasteur, Saint-Benoît (86)

Capselle Bourse à Pasteur: likez moi ! (Saint Benoît)


Subsistent encore quelques fleurs de Cardamine des prés (Cardamine pratensis), une autre Brassicacée, plus connue sous le nom de Cressonnette pour la saveur piquante de ses feuilles, appréciées en salade de printemps. La Consoude officinale (Symphytum officinale) invite le groupe à échanger quelques recettes qui mettent à l'honneur ses feuilles, en beignets ou en filets panés comme des poissons. Avec les recommandations d'usage qui s'imposent: les alcaloïdes hépatotoxiques contenus dans ses feuilles incitent à faire preuve de modération quant à sa consommation.


Cardamine pratensis et Symphytum officinale, Saint-Benoît (86)

Cardamine des prés (à gauche) et Consoude officinale (à droite), Saint-Benoît (86)


Puisqu’il est question de plantes comestibles, le botaniste nous rappelle que l'exercice d'identification requiert une bonne dose d'entrainement: la famille des Ombellifères par exemple compte dans ses rangs des membres très semblables, tantôt savoureuses, tantôt mortelles. Pour appuyer ses dires, les feuilles d'un Cerfeuil des bois (Anthriscus sylvestris) s'entremêlent avec celles d'un Cerfeuil penché (Chaerophyllum temulum): le premier est comestible, l'autre est toxique.


Anthriscus sylvestris et Chaerophyllum temulum, Saint-Benoît (86)

Cerfeuil des bois (au premier plan) et Cerfeuil penché (au second plan): la cueillette sauvage est un sport extrême qui ne se pratique guère à la légère...


Des banquets de chenilles Hyponomeutes (Yoponomeuta sp.) dans les Fusains (Euonymus europaeus) nous rappellent que nous ne sommes pas les seuls à penser casse-croûte en battant la campagne. Un peu plus loin dans les haies se succèdent Cornouillers mâles (Cornus mas) et Amélanchiers (Amelanchier ovalis). Leur présence, peu courante dans la Vienne, réjouit le botaniste, mais leur disposition et leur alternance parfaites nous laissent penser qu'ils ne sont pas arrivés là tout seul...


Euonymus europaeus, Cornus mas et Amelanchier ovalis, Saint-Benoît (86)

Hyponomeutes sur Fusain, Cornouiller mâle et Amélanchier (Saint-Benoît, 86)

Finalement et contre toute attente, la Fritillaire pintade (Fritillaria meleagris) pointe le bout de sa tige au cœur des colonies de Grande Ortie. Mais pas dans sa robe habituelle à damier rose: ne subsistent que ses grosses capsules, promesse d'un spectacle à venir... Au printemps prochain!

Crioceris lilii et Fritillaria meleagris, Saint-Benoît (86)
Le Criocère du lis (Crioceris lilii), dévoreur de Fritillaire, encore plus impatient que nous de retrouver sa fleur favorite!

Ce compte rendu, qui se veut une simple carte postale souvenir, n'a bien sûr rien d’exhaustif. La liste complète des espèces observées ce jour là est à retrouver sur ce lien et sur le site de Vienne Nature.
 

Arabette des dames: une souris verte...
Date 20/03/2019
Ico Murs et rocailles

Arabidopsis thaliana, Arabette des dames, Poitiers chemin de la Cagouillère

Grand meeting de printemps de l'Arabette des Dames, Poitiers chemin de la Cagouillère


Arabidopsis thaliana (Arabette des dames) appartient au clan des Brassicacées (ex Crucifères), dont les membres arborent fièrement quatre pétales en croix. Cette grande famille regroupe quelques célébrités au jardin d'ornement (Monnaie du papeGiroflée des murailles...) comme au potager (Choux, Colzas, Radis, Navets, Roquettes, Moutardes...). Mais pour les apprentis botanistes que nous sommes, ses membres les plus séduisants ne sont pas nécessairement les plus goûtus ou les plus extravagants. D'élégantes et discrètes Brassicacées colonisent les vieux murs ou les trottoirs au printemps, telles la Cardamine hérissée, la Drave de printemps ou le Tabouret perfolié déjà croisés dans les pages de Sauvages du Poitou.


L'Arabette des dames s'inscrit dans cette lignée des p'tites pionnières très costaudes, occupant la scène des milieux perturbés, des champs sablonneux et des murs à l'approche des beaux jours. Elle est très à l'aise en ville, où un bout de macadam suffit à faire son bonheur. Son nom d'Arabette viendrait d'ailleurs de sa faculté à coloniser les lieux les plus misérables, aussi propices à la vie que le désert d'Arabie.


Arabidopsis thaliana, Arabette des dames, Poitiers chemin de la Cagouillère

Grappe de fleurs de l'Arabette des Dames: quatre pétales de 2 à 4 mm et quatre sépales: la signature des Brassicacées.


Comme ses consœurs, cette annuelle pratique la course à la reproduction, son terrain de prédilection étant voué à devenir une fournaise mortelle à l'approche de l'été. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'Arabette des dames est une sprinteuse: entre la levée de sa dormance et l'instant où elle ressème de nouvelles graines (environ 40.000 par pied), six semaines lui suffisent!


Arabidopsis thaliana, Arabette des dames, Poitiers quartier Chilvert

Siliques allongées, cylindriques, recourbées vers le haut de l'Arabette des dames: des bébés vite faits bien faits!

- Pas de sexe?

- Pas de temps pour le sexe.

- Pas de bol.

(Évolution,  Ivan Reitman)

Trop pressée pour attendre les butineurs, l'Arabette des dames est une adepte de l'autofécondation. Miniaturisation, résistance, cycle de reproduction express, autofécondation... Il n'en fallait pas moins pour que le corps scientifique jette son dévolu sur la belle: elle est le sujet d'expérimentation idéal pour étudier le monde végétal, l'évolution ou la génétique. Un autre atout plaide en sa faveur: son patrimoine génétique limité - seulement 157 millions (!) de paires de base réparties sur cinq paires de chromosomes - fut le premier génome de plante à être entièrement séquencé, en 2000. Bref, l'Arabette des dames est une version verte des célèbres souris ou drosophiles qui peuplent malgré elles les laboratoires.


Arabidopsis thaliana, la souris verte. Sauvages du Poitou!


Autant dire que l'Arabette des dames se retrouve au cœur des projets les plus fascinants comme les plus farfelus. Des biologistes danois proposent par exemple de modifier génétiquement la Sauvage pour que sa couleur vire du vert au rouge en cas d'une présence accrue de dioxyde d’azote dans le sol. Puisque la charge explosive des mines anti personnelles enfouies libère du dioxyde d’azote, l'Arabette des dames pourrait sauver des vies en devenant un démineur hors norme, signalant de par sa couleur la présence d'un danger mortel.


Entre 2007 et 2009, des semences de l'Arabette des dames (ainsi que celles du très coriace Liseron des champs) furent invitée à faire le plus grand des voyages à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS). Les graines exposées pendant plus d'une année aux rayonnements et aux températures extrêmes de rigueur dans le vide spatial conservèrent une partie de leur pouvoir de germination. De quoi alimenter les scénarios de terraformation les plus ambitieux?


Arabidopsis thaliana, Arabette des dames, Poitiers quartier Chilvert

Arabette des dames: seule sur Mars?


Revenons sur terre, où notre Arabette des dames ne régale pas que les hommes en blouse blanche. La belle nourrit à l'occasion, entre autres affamés, les chenilles de la Piéride de la rave (Pieris rapae, que l'on avait croisée à l'occasion de notre article sur l'Alliaire). Pour sa défense, la Sauvage peut compter sur les poils étoilés de ses feuilles - susceptibles de servir de barricade face aux plus petits prédateurs (pucerons...) - et sur le cocktail chimique concentré dans ses feuilles capable de couper l’appétit à certaines chenilles.


Ces moyens de défense n'ont rien d’exceptionnels; ils sont simplement mieux connus dans le cas de l'Arabette des dames, sur laquelle sont braquées les optiques des paparazzis du microscope du monde entier. En quelque sorte, cette «souris verte» joue pour nous l'interprète, nous permettant de défricher les innombrables mystères du végétal. Au risque de s'égarer: le rôle des mycorhizes (association symbiotique entre des champignons et les racines des plantes, bénéfique aux deux parties) a longtemps été sous-estimé en biologie végétale, la faute entre autre à l'Arabette des dames, une Sauvage non mycorhizienne, qui pouvait nous laisser penser que les plantes étaient relativement autonomes. C'est en réalité tout l'inverse, la famille des Brassicacées faisant parties des exceptions.


Arabidopsis thaliana, Arabette des dames, Poitiers chemin de la Cagouillère

Arabette des Dames: des rosettes poilues et quelques feuilles caulinaires alternes, ovales et sessiles.


On compte en France une vingtaine d’espèces répondant au nom vernaculaire d'Arabette. Celles-ci présentent quelques similitudes morphologiques mais correspondent en réalité à plusieurs genres distincts (parfois monospécifiques): Arabidopsis, Arabis, Fourraea, Murbeckiella, Pseudoturritis, Turritis... En effet, les botanistes ont mis à jour ces dernières décennies des divergences dans la généalogie des «Arabettes». Vraies sœurs et fausses sœurs ont donc été départagées via des reclassements spectaculaires... A force de chercher la petite bête génétique, on finit par la trouver!


Arabidopsis thaliana, Sauvages du Poitou!


La plus célèbre des Arabettes après notre Arabette des dames, bien connue des amateurs de prairies sèches «à papillons»: l'Arabette hérissée (Arabis hirsuta), une bisanuelle velue de 10 à 80 centimètres de hauteur.


Pour aller plus loin:

- Le site officiel de l'Arabette des dames, première Sauvage à avoir l'intégralité de son génome en ligne (en)!

- Arabidopsis thaliana sur Tela-botanica

- Arabidopsis thaliana: identification assistée par ordinateur

- La plante qui détecte les mines sur le blog  En quête de science

- Le voyage spatial de l'Arabette des dames sur le site de Sciences et Avenir

- La bombe chimique des Brassicacées sur le site de Zoom Nature

 

Le petit jardin du hasard (plantes pionnières)
Date 26/02/2019
Ico Rencontres et billets d'humeur

On appelle «plantes pionnières» les Sauvages qui colonisent avant les autres un terrain fraichement perturbé (à cause d'un éboulement, d'un incendie, d'un chantier, de la mise en culture récente d'une parcelle...). De telles plantes sont souvent de grandes aventurières, capables de pousser sans sourciller malgré un environnement peu propice à la vie (pauvreté du sol, manque d'eau ou de lumière...). Cette conquête est le tout premier stade d'une longue succession écologique qui tend finalement vers le retour des espèces ligneuses, les arbres. Car à l'opposé de l’espèce humaine, la nature a l'heureuse tendance à transformer les déserts en boisements fertiles (du moins sous nos latitudes). Ainsi, un parking abandonné, laissé à lui même, tend finalement à redevenir forêt, celle-ci étant l'aboutissement et le point d'équilibre (nommé climax) du milieu naturel libéré de ses entraves.

Vous seriez surprise de voir ce avec quoi on peut vivre.

(Docteur House, David Shore)

Mais ne brulons pas les étapes et revenons au commencement: on pourrait partir à la rencontre de nos pionnières en visitant des paysages hostiles à la végétation: terres nues, rocailles, macadam... Les parterres citadins que l'on foule au quotidien sont de bons terrain pour observer l'art de la conquête végétale: lichens, mousses, puis cortège des Sauvages... Inlassablement, la vie répète la même partition, depuis sa victoire sur le minéral il y a 500 millions d'années jusqu'à l'assaut d'un trottoir devant votre arrêt de bus.


Forest is coming! Sauvages du Poitou

* La forêt arrive !


Je vous propose une expérience sur ce thème bien plus absurde, mais je l’espère, tout aussi inspirante: laissons les aventurières venir à nous! Le protocole est assez simple à réaliser puisqu'il s'agit de mettre en place un semblant de misère et de voir ce qu'il advient. Libre à vous d'adapter le principe à votre sauce, il ne s'agit dans le fond que de s'émerveiller à partir de trois fois rien!


Le petit jardin du hasard (1), Sauvages du Poitou!


L'idéal eut été de partir d'un simple caillou et d'attendre le premiers lichens, mais il m'aurait fallu plus d'une vie pour vous livrer cet article. Un récipient rempli de sable ou de graviers permettrait probablement à un substrat de s'installer au fil du temps; le jeu tentera peut-être les plus patients. Partons plutôt d'un substrat déjà bien établi: remplissons quelques godets d'un terreau quelconque. Les plus pressés ramasseront de la terre au bord d'un chemin, en des endroits variés, récoltant de par là même un stock de semences aussi prometteur qu'aléatoire.


Le petit jardin du hasard (2), Sauvages du Poitou!


Les pots sont placés dans des endroits différents (exposition, environnement...), au jardin ou au balcon, et laissés aux bons soins de la météo et du temps qui passe. La terre séchant très rapidement dans les pots ou les godets, un petit coup d’arrosoir de temps en temps favorisera la l'accueil des invitées à venir.


Le petit jardin du hasard (3), Sauvages du Poitou!

L'Euphorbe omblette (Euphorbia peplus), première surprise dans notre petit jardin du hasard!


Le jeu ne manque pas de sel et de magie: nous voilà les heureux propriétaires de mini-jardins dans lesquels on ne plante rien, mais où la vie pointera surement le bout de son nez! La vie surgira autant de l’extérieur que du sol lui même: la terre, toute quelconque qu'elle soit, comporte déjà son lot de semences invisibles en dormance. De plus, les graines peuvent compter sur leurs propres agences de voyage pour atteindre d'elles-mêmes les terra incongnita ainsi laissées à leur disposition (voir notre article sur le Grand voyage des Sauvages).

Le petit jardin du hasard (4), Sauvages du Poitou!
Un akène volant de Pissenlit échoue dans un godet: une promesse de naissance à venir?

Rendez-vous dans quelques semaines/mois/années pour partager nos découvertes (via le Facebook, le Twitter ou l'Instagram de Sauvages du Poitou, vous avez l'embarras du choix)? On pourra même échanger nos doubles, comme on échangeait jadis les images autocollantes des albums Panini. Bonne pioche!

Véronique de Perse, Gaillet Gratteron, Cardamine hérissée et Oxalis corniculé: un tirage printanier ordinaire, mais tellement réjouissant!
 

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