Rassemblez vos hommes. On se met en formation...
(Il faut sauver le soldat Ryan, Steven Spielberg)
Grappe: ensemble de fleurs pédicellées sur un axe, le pédicelle étant la petite ramification qui porte la fleur, l'ultime pédoncule en quelque sorte.
Épi: ensemble de fleurs sessiles (dépourvues de pédicelle) sur un axe.
Corymbe: les fleurs, aux pédicelles de plus en plus courts au fur et à mesure qu'on se rapproche du sommet, s'épanouissent toutes sur un même plan.
Ombelle: les fleurs sont portées par des pédicelles rayonnants, égaux ou presque.
Cyme bipare: deux axes secondaires s'insèrent sous l'axe principal (ex: Mouron des oiseaux).
Cyme unipare: sous l'axe principal s'insère une seule ramification secondaire, qui porte elle-même une ramification, etc. Lorsque l'ensemble dessine une «queue de scorpion», on parle de Cyme scorpioïde (ex: Myosotis des champs).
Comme pour les fleurs, la diversité des inflorescences peut être une réponse façonnée par l’évolution à la diversité des insectes qui les fréquentent (et vice versa, les insectes évoluant aussi pour répondre à l’anatomie de leurs fleurs préférées). Ainsi, grappes et épis sont bien adaptés au vol stationnaire de certains insectes, alors que les grandes ombelles forment des pistes d’atterrissage praticables pour les gros coléoptères.
Cette liste n'est bien sûr pas exhaustive, et plusieurs combinaisons sont possibles. Vous connaissiez déjà les feuilles simples et les feuilles composées... Voilà maintenant les inflorescences simples et les inflorescences composées!
Exemple d'inflorescence composée: les grappes de grappes des fleurs du Troène commun (Ligustrum vulgare) qui forment ce qu'on appelle une «panicule». Ce n’est pas les butineurs qui se plaindront d'une telle surenchère, les fleurs du Troène commun étant aussi mellifères que parfumées.
Panicule dense du Troène commun, Poitiers quartier Chilvert
Il est une famille de Sauvages, les Apiaceae ou «Ombellifères», qui s'est fait une spécialité dans la confection d'ombelles sophistiquées. Certains membres du clan vont jusqu'à afficher des ombelles d'ombelles (on parle plutôt d'ombelles d'ombellules), à l'image de l’omniprésent Cerfeuil des bois (Anthriscus sylvestris) au printemps.
Ombelle d'ombellules du Cerfeuil des bois, Poitiers bords de Boivre
Je capitule! Vous m'avez conquis sans résistance!
(La Tulipe noire, Christian-Jacque)
Pourtant, même la plus inspirée des Ombellifères ne peut rivaliser avec l'ingéniosité des Asteracées (les «Composées») qui semblent atteindre des sommets d'astuce en matière d'inflorescence. Il faut dire que les Astéracées sont une des familles les plus récentes dans la grande histoire de l'évolution végétale, et qu'elles bénéficient à ce titre des trouvailles les plus modernes en matière de reproduction.
Les Astéracées ont miniaturisé leurs fleurs, de manière à pouvoir en entasser le plus grand nombre sur un seul réceptacle... Jusque-là, rien d'extraordinaire. Mais elles ont aussi conçu un emballage marketing très particulier à destination des butineurs: les minuscules fleurs (les «fleurons») sont regroupées en une inflorescence qui prend l'apparence d'une grosse fleur unique, nommée capitule. Ainsi, certaines fleurs se chargent d'imiter les pétales à la périphérie (les fleurons ligulés), pendant que les autres dessinent un cœur au centre (les fleurons tubuleux). Le butineur, pensant plonger dans une fleur aux rondeurs généreuses, pollinise d'un coup d'un seul une myriade de fleurs...
Si l'on appelle sépales les feuilles spécialisées qui entourent et protègent une fleur, on appelle bractées les feuilles spécialisées qui entourent et protègent une inflorescence (ou un capitule). La collerette formée par l''ensemble des bractées se nomme involucre.
Difficile de rendre hommage à la richesse des fleurs à capitule en quelques coups de crayons. Les variations sur ce thème sont nombreuses : les fleurons peuvent être stériles, mâles, femelles ou les deux en même temps. Le dessin ci-dessus pourrait illustrer, par exemple, le capitule du Séneçon jacobée (Jacobaea vulgaris), qui présente des fleurons tubuleux hermaphrodites (mâles et femelles) au centre de ses fleurs, et des fleurons ligulés strictement femelles à leur périphérie.
Capitules du Séneçon jacobée, Poitiers bords de Boivre
En terme de pollinisation (et donc de reproduction) les Astéracées ont en quelque sorte initié l'ère industrielle du règne végétal! Marketing, efficacité, industrie... On ne fait pas dans la poésie champêtre, mais remarquez comme les fleurs à capitules vivent en parfaite adéquation avec leur temps (et donc le notre). Sur les 10 sauvages les plus obersvées dans les villes françaises (source Sauvages de ma rue), la moitié sont des Asteracées: Pissenlit, Laiteron potager, Laitue scariole, Séneçon commun et Vergerette du Canada. Alors si vous découvrez avec cet article les subtilités du capitule, sachez que vous avez forcément observés ceux ci à maintes reprises, et ce depuis votre tendre enfance...
Capitule de la Marguerite commune, Biard (86)
Enfin, regardons de près les fleurs de l'Achillée millefeuille (Achillea millefolium): si cette sauvage a l'allure d'une Ombellifère, elle n'en a que l'allure. Chacune des petites fleurs de ses corymbes est en réalité un capitule constitué de fleurons tubuleux et ligulés blancs (parfois rosés). On peut dire de ce membre de la famille Asteracée que ses inflorescences (composées) sont des corymbes de capitules... Pas moins!
T’es comme Superman, mais sans les collants.
(90210 Beverly Hills, Rob Thomas)
Pourtant, même la légendaire Achillée s'incline devant l’Edelweiss (Leontopodium nivale), une montagnarde qu'on rencontrera peut être si l'on parvient à passer la barre des 1200 mètres d’altitude (même avec une échelle de pompier, c'est impensable dans le Poitou). L'Edelweiss rassemble des capitules jaunes (composés de fleurons tubuleux) par paquet de cinq ou six, et les entoure d'une couronne de feuilles blanches pointues et duveteuses (des bractées) qui revêtent l'allure de pétales. En somme, l’Edelweiss, une super Sauvage, a inventé le capitule de capitules, le super capitule!
D'autres leçons de botanique consacrées aux fleurs sur Sauvages du Poitou:
- Le vocabulaire de la botanique (4): les fleurs régulières
- Le vocabulaire de la botanique (5): les fleurs irrégulières
- Le vocabulaire de la botanique (7): Poacées, herbes, céréales, pelouses et gazons
Articles consacrés à la pollinisation par les insectes sur Sauvages du Poitou:
- Insectes pollinisateurs (1): la Sauvage et le coléoptère
- Insectes pollinisateurs (2): la Sauvage et le diptère
- Insectes pollinisateurs (3): la Sauvage et le papillon
Pour aller plus loin:
- L'inflorescence sur Wikipedia.
Fasciation « smiley » chez l’Herbe de saint Jacques... Une bonne bouille pour une Sauvage qui n'attire pourtant pas les sympathies!
Jacobaea vulgaris (Herbe de saint Jacques, Séneçon jacobée ou Sanisson — pour Séneçon — en Poitevin-saintongeais) appartient à la grande famille Asteraceae, dont les membres présentent une multitude de fleurs minuscules accolées les unes aux autres pour former des capitules (un observateur non averti risque de considérer le capitule comme une fleur unique, mais c'est un trompe l’œil). Longtemps considérée et identifiée comme un Séneçon (d'où son appellation encore utilisée de Séneçon jacobée), la belle a récemment (2005) gagné son titre de noblesse botanique et le droit de porter un nom spécifique: Jacobaea. Une dénomination inspirée de son pic de floraison situé autour de la Saint Jacques (25 Juillet).
Mais vous voyez bien que Jacquart c’est mieux que Jacquouille, alors si vous ne comprenez pas ça vous n’avez qu’a prendre de la Juvamine bordel!
(Les visiteurs, Jean-Marie Poiré)
Capitules de l'Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre
On croise deux Jacobeae proches (aux feuilles assez polymorphes, ce qui ne facilite rien) sur les routes du Poitou: Jacobeae vulgaris (Herbe de saint Jacques ou Séneçon jacobée) en abondance et, plus rarement, Jacobaea erucifolia (Séneçon à feuille de roquette). Un critère de différenciation intéressera les apprentis botanistes: le calicule (petites feuilles spécifiques à la base du calice) du Séneçon jacobée est court et discret alors que celui du Séneçon à feuille de roquette est lâche et très développé.
Calicule court de l'Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre
Jacobaea vulgaris est une vivace (parfois bisanuelle) pionnière et souvent solitaire qui s'installe principalement sur les bords de route, les friches agricoles, les terrains vagues, les lisières... La Sauvage dresse ses fleurs pendant la saison estivale, entre juin et aout. On racontait autrefois que la longue tige de Jacobaea vulgaris faisait partie des «ramons», les tiges et rameaux sur lesquels chevauchaient les sorcières pour se rendre au sabbat. Par la suite, les ramons se transformèrent en de vulgaires balais dans l'imaginaire collectif.
Herbe de saint Jacques, Poitiers bords de Boivre
Jacobaea vulgaris est toxique. Sa consommation (fraiche ou fauchée) est dangereuse pour les porcs, les chevaux ou les bovins, les alcaloïde qu'elle contient pouvant léser le foie des animaux; la Sauvage souffre pour cette raison d'une mauvaise réputation, et nombreux sont ceux qui lui font la chasse, à commencer par les éleveurs équins.
Feuille de l'Herbe de saint Jacques: pennatipartite en segments lobés ou crénelés, les inférieures pétiolées, les supérieures sessiles et embrassantes.
Jacobaea vulgaris est en revanche une ressource de premier choix
pour les oiseaux et pour les papillons de nuit. Entre les chenilles tigrées du remarquable
Goutte de sang (Tyria jacobaeae) et la Sauvage, c'est une véritable histoire d'amour... Et d'équilibre. Lorsque les chenilles pullulent et dévorent les fleurs (les chenilles en profitent pour se bourrer d'alcaloïdes, dissuadant les oiseaux de les bouloter), Jacobaea vulgaris abonde moins l'année suivante. Les chenilles en manque de nourriture se font plus rares la troisième année, permettant à la plante de proliférer. Les chenilles font alors leur retour en nombre la quatrième année, la boucle est bouclée! A vous d'observer, il y a des années à chenilles et des années à Herbes de saint Jacques...
Chaque espèce possède des instincts qui en fin de compte créent un équilibre avec la nature. Chaque espèce sauf celle dans laquelle je venais de naitre.
(Kyle XY, Eric Bress et J. Mackye Gruber)
Chenilles du Goutte de sang sur Herbe de saint Jacques, Biard (86)
Pour aller plus loin:
- Jacobaea vulgaris sur Tela-botanica
- Identification assistée par ordinateur
Un autre Séneçon à l'allure proche de notre Herbe de saint Jacques, mais dont les feuilles linéaires permettent une identification aisée: le Séneçon du cap (Senecio inaequidens). Une vivace originaire d'Afrique du sud, largement naturalisée dans le sud de la France, qui voyage peu à peu vers le Nord de l'Europe: comme ici, fraîchement débarquée d'un train sur le quai en gare de Poitiers!
Noms des Sauvages en français:
Eupatoire à feuilles de chanvre
Giroflée des murailles ou Giroflée ravenelle
Pimprenelle à fruits réticulés
Salicaire à feuilles d'hyssope
Noms des Sauvages en latin:
Petasites pyrenaicus (Petasites fragrans)
Bestioles: papillons, insectes, araignées... :
Aglais urticae (Petite Tortue)
Andrena florea (Andrène de la bryone)
Anthocharis cardamines (Aurore)
Aphantopus hyperantus (Tristan)
Araschnia levana (Carte géographique)
Aricia agestis (Collier de corail)
Aylax papaveris (Galle du Pavot)
Bombylius major (Grand Bombyle)
Brenthis daphne (Nacré de la ronce)
Brenthis ino (Nacré de la sanguisorbe)
Cacyreus marshalli (Brun des pélargoniums)
Carcharodus alceae (Hespérie de l’alcée)
Cassida viridis (Casside verte)
Cecidophyes galii (Phytopte du Gaillet)
Cecidophyes nudus (Galle de la Benoîte)
Celastrina argiolus (Azuré des nerpruns)
Cerambyx scopolii (Petit Capricorne)
Cetonia aurata (Cétoine dorée)
Chrysolina americana (Chrysomèle américaine)
Chrysolina fastuosa (Chrysomèle du galéopsis)
Chrysolina hyperici (Chrysomèle du millepertuis)
Coenonympha pamphilus (Procris)
Colletes hederae (Collète du Lierre)
Crioceris lilii (Criocère du lis)
Cupido argiades (Azuré du trèfle)
Cyaniris semiargus (Demi-argus)
Emmelina monodactyla (Ptérophore commun)
Eupithecia haworthiata (Eupithécie de la Clématite)
Eurydema ornata (Punaise ornée)
Hecatera dysodea (Noctuelle dysodée)
Henosepilachna argus (Coccinelle de la Bryone)
Hoplitis adunca (Osmie crochue)
Horisme vitalbata (Horisme rayé)
Issoria lathonia (Petit Nacré)
Lasiocampa quercus (Bombyx du chêne)
Leptinotarsa decemlineata (Doryphore)
Liparus coronatus (Charançon couronné)
Liposthenes glechomae (Galle du Lierre terrestre)
Lycaena phlaeas (Cuivré commun)
Lycaena tityrus (Cuivré fuligineux)
Macroglossum stellatarum (Moro-sphinx)
Melampsora pulcherrima (Rouille)
Melasoma populi (Chrysomèle du peuplier)
Melitaea athalia (Mélitée du mélampyre)
Melitaea cinxia (Mélitée du plantain)
Melitaea didyma (Mélitée orangée)
Melitaea parthenoides (Mélitée des scabieuses)
Meloe violaceus (Méloé violet)
Musumena varia (Araignée crabe)
Mononychus punctumalbum (Charançon de l'Iris des marais)
Oxythyrea funesta (Drap mortuaire)
Phanacis hypochoeridis (Galle de la Porcelle)
Phengaris arion (Azuré du serpolet)
Pieris napi (Piéride du navet)
Pieris rapae (Piéride de la rave)
Polygonia c-album (Robert-le-Diable)
Polyommatus bellargus (Bel Argus)
Polyommatus coridon (Bleu nacré)
Polyommatus icarus (Azuré commun)
Pseudovadonia livida (Pseudovadonie livide)
Spialia sertorius (Hespérie des sanguisorbes)
Stenopterus rufus (Sténoptère roux)
Thymelicus lineola (Hespérie du dactyle)
Thymelicus sylvestris (Hespérie de la houque)
Timarcha tenebricosa (Crache sang)
Timaspis lampsanae (Galle de la Lampsane)
Tritomegas bicolor (Punaise noire à quatre taches blanches)
Tropinota hirta (Cétoine hérissée)
Tyria jacobaeae (Goutte de sang)
Zygaena transalpina (Zygène transalpine)